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Société Publié le mardi 13 décembre 2011 | Le Nouveau Réveil

Escroquerie, abus de confiance et de pouvoir : L’époux d’Ago Marthe arrache la société d’un jeune ingénieur

© Le Nouveau Réveil Par Nathan Koné
Cinquantenaire / colloque international pluridisciplinaire : les travaux, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix
Mardi 3 août 2010. Yamoussoukro, Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Photo: Mme Amon Ago Marthe, 1ère vice-présidente de l`Assemblée nationale (ext. g)
L’affaire se trouve devant les tribunaux. M. Amon Fermand Raoul, époux de Mme Ago Marthe, 1ère vice-présidente de l’Assemblée nationale sous Laurent Gbagbo, par des manœuvres dont lui seul a le secret, a arraché l’entreprise d’un jeune ingénieur de formation (ex-Inset) alors qu’ils étaient associés dans cette société spécialisée dans la «déshydratation de l’attiéké en vue de son exportation». Tapé Gboablé Clément s’en veut aujourd’hui pour avoir fait confiance au couple Amon dont il avait demandé l’aide pour la réalisation de son unité de production et qui lui avait proposé d’abord d’y être associé. Or, Monsieur et Madame avaient leur idée derrière la tête : laisser prospérer la société et en prendre possession.

Là où tout a commencé
C’était en 2004, alors qu’il venait de perdre son emploi à la compagnie des caoutchoucs du Pakidié (CCP), une société de production d’hévéa, que en jeune Tapé Gboablé Clément (né en juin 1963), ingénieur de formation (ex-INSET), trouva l’idée de monter une unité de transformation de denrées alimentaires en produits manufacturés. Le projet porta alors sur «une unité de déshydratation de l’attiéké en vue de son exportation». Mais comment trouver les moyens pour la réalisation de son projet dont il s’est dit rentable à tous les coups surtout pour les femmes du milieu rural ? La solution, il l’a trouva dans le "Fonds National de solidarité". Il sollicita pour cela, Mme Amon née Ago Marthe, 1ère vice-présidente de l’Assemblée nationale sous Laurent Gbagbo, pour l’aider à obtenir un financement via ce fonds. Trouvant le projet intéressant, elle accepta, mais à deux conditions : «Y associer son époux, M. Amon Ferdinand Raoul, et choisir sa circonscription électorale Bingerville pour installer cette unité». Le 16 février 2004, «il a été créé par devant Maître Sacko Blanche, notaire à Abidjan, la société Manioc industrie dite Somi Sarl dont le siège social est sis à Bingerville». Elle est spécialisée dans la production et la commercialisation de l’attiéké déshydraté de marque «Grain d’ivoire». M. Amon F. Raoul a été désigné associé-gérant, et M. Tapé Gboablé Clément en sa qualité de promoteur et de détenteur de l’expertise, responsable de production». Etant étendu que les deux associés avaient 50% des parts sociales du capital de la société avec comme apport de 2004 à décembre 2005 : «Amon Ferdinand Raoul 46.000.000F et Tapé Gboablé Clément : 5.750.000F Cfa»

Mettre à genoux la SOMI pour en pendre possession
Dès la mise en exploitation de la société en 2006, M. Amon commença ses manœuvres pour mettre à genoux la société, pour en prendre possession. D’abord, en violation de ses obligations statutaires, il dépose «les bilans des exercices 2004/2005 et 2006 aux impôts sans les faire adopter au probable en assemblée générale, alors qu’il déclare un déficit cumulé sur les deux exercices de 29 millions». Malgré les injonctions de son associé, Tapé Gboablé, de «faire transmettre une copie des états financiers et de procéder à leur adoption en assemblée conformément aux dispositions de l’article 28 des statuts de la société», rien n’y fit. D’ailleurs, selon M. Tapé, les problèmes de trésorerie évoqués par M. Amon face aux paiements de salaires et des charges sont «la conséquence d’une mauvaise gestion consistant en une surfacturation des charges, des déclarations partielles de recettes de ventes et le détournement (35 millions) consenti à la société par la Fiden pour son fonctionnement». A preuve, «sur 35 millions accordés à la société par le Fiden en 2005, selon l’exposé des faits, le gérant n’a déclaré que 22 millions et pour les ventes d’une valeur de 54 millions en 2006, le gérant n’a déclaré que 47 millions». Selon toujours M. Tapé, «le matériel de production a été surfacturé de 15 millions F Cfa». Pis, au dire de M. Tapé, «M. Amon a déclaré avoir apporté en compte courant associé la somme de 55 millions au 31 décembre 2006, alors qu’officiellement, c’est 46 millions qu’il a apportés». Pour avoir demandé la reprise des états financiers par un cabinet comptable pour corriger les irrégularités, Tapé Gboablé a vu son salaire gelé par Monsieur et Madame Amon. C’est le début de la descente aux enfers du promoteur de la SOMI Sarl. Le piège tendu venait de prendre Tapé Gboalé déclaré désormais persona non grata à la SOMI. La stratégie est connue : affaiblir l’entreprise, pousser l’associé au conflit pour le mettre dehors par des manœuvres juridiques. Depuis, Tapé Gboablé s’enfonce dans les méandres de procès interminables, le temps jouant en faveur de M. Amon.

S’approprier la société par de faux documents.
Dès le 1er couac, M. Tapé saisit le tribunal du travail pour réclamation de son salaire. Le tribunal, par jugement contradictoire N°1083/CS05/2008 du 04 juillet 2008, à condamné la SOMI SARL à payer à Monsieur Tapé Gboablé Clément la somme de 11.875.000 F CFA au titre de ses arriérés de salaire. Comme il fallait s’y attendre, la SOMI Sarl a interjeté appel contre ce jugement. Allant plus loin, Tapé Gboablé a saisi, courant mai 2008, le tribunal de 1ère instance d’Abidjan Plateau, pour «demander la nomination d’un administrateur provisoire» à l’effet de gérer la société et faire le point de la situation financière. Le tribunal de 1ère instance d’Abidjan Plateau, en son audience du 19 décembre 2008, a nommé M. Mylonoyamnis Solon François, expert comptable en qualité d’administrateur provisoire avec pour missions de gérer la société SOMI Sarl, auditer les comptes et établir les bilans des exercices 2004/2005, 2006 et 2007.
Mais, le jour de l’installation de l’administrateur provisoire, les portes de la société étaient fermées à double tour. L’ordonnance n’a donc pu être exécutée et la cour d’appel saisie par M. Amon a rendu un arrêt de défense à exécution de ladite ordonnance. Pour brouiller complètement les pistes et couper l’herbe sous les pieds de Tapé Gboablé, et surtout contourner l’exécution des décisions du tribunal, M. Amon F. Raoul signe, en juillet 2008, un «contrat de location de la société Manioc industrie à la société Attiéké Ivoire (CC N° 0820854,RCCM : CI-ABJ-2008-B-532) et ouvre un autre compte en son nom personnel pour recevoir les paiements de la société Attiéké Ivoire. «Depuis la signature de ce contrat qui ne m’a jamais été notifié en ma qualité d’associé, la société Attiéké Ivoire a installé son siège dans les locaux de la Somi Sarl et assure l’exploitation de l’usine. Et depuis la cession de la gestion de la société Somi à la société Attiéké Ivoire par le gérant, l’accès à l’usine m’a été interdit», témoigne Tapé Gboablé. Même la proposition d’Attiéké Ivoire de régler le litige soit par le rachat des dettes dues à Tapé, soit par son entrée dans le capital de la société n’a jamais abouti. Pour contourner les choses, il a convoqué des assemblées générales de recapitalisation. D’ailleurs, ces assemblées n’ont non plus jamais pu se tenir, selon Tapé Gboablé, pour «non respect des procédures : mise à disposition des états financiers et leur adoption préalable». En plus, malgré le déficit de 91 millions déclarés qui démontre que la société est en cessation de paiement, M. Amon refuse de rendre compte, selon Tapé, mais souhaite «recapitaliser la société sur la base des états financiers non adoptés et qui sont sujet à contestation». En clair, M. Amon Ferdinand Raoul s’est approprié la SOMI sur la base de faux documents.

Amon Fernand Raoul refuse de parler
Joint au téléphone pour avoir sa réaction sur l’accusation portée contre lui de vouloir s’approprier la Société de Manioc industrie, M. Amon Fernand Raoul a dit qu’il ne parle pas dans la presse : «Depuis lors, lui, s’étale dans les journaux. Moi, je ne parle pas dans les journaux. Nous sommes au tribunal. C’est au tribunal que ça se passe. Je ne m’adresse donc pas à la presse» a-t-il réagi.
François Konan
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