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Politique Publié le vendredi 23 décembre 2011 | L’Inter

Chasse aux faux FRCI : Une bombe entre les mains de Zakaria

© L’Inter Par Nathan Koné
Investiture du Président de la République: Yamoussoukro a vécu des moments inoubliables
Samedi 21 mai 2011. Yamoussoukro. Le monde entier, représenté par plus d`une vingtaine de chefs d`état, s`est donné rendez-vous en Côte d`Ivoire pour célébrer la victoire de la démocratie et le sacre du Président Alassane Ouattara. Photo: le commandant Koné Zakaria
Mission noble, mais à la fois difficile et risquée. La chasse aux faux éléments des Forces républicaines de Côte d`Ivoire (Frci) confiée au commandant Koné Zakaria, propulse le mystique chef de guerre au coeur du bouillant et complexe système militaire ivoirien issu de la guerre. Où la désagrégation de la chaîne de commandement rivalise avec l`indiscipline observée au sein de la troupe. Installé mercredi à la tête de la Police Militaire (PM), le désormais gendarme des soldats, Koné Zakaria, est appelé à mettre de l`ordre dans ce bourbier militaire. L`ancien com-zone de Séguéla a-t-il le coffre nécessaire pour désamorcer cette bombe déposée entre ses mains ? N`y a-t-il pas de risque d`affrontement avec les autres chefs militaires ou leurs éléments qui règnent sur des territoires en Abidjan ? Comment va-t-il procéder pour mettre en pratique les décisions du chef de l`Etat, sans toutefois heurter les sensibilités et faire des frustrés ? Autant de questions que tout observateur de la crise ivoirienne est en droit de se poser, au regard des activités des FRCI sur le terrain. Dans tous les cas, Zakaria est à la tâche. Certes, il est investi d`une mission étatique, et oint par le chef de l`Etat lui-même, qui affiche son désir de discipliner son armée. Zakaria ne devrait donc pas avoir de difficulté à accomplir cette mission, vu qu`il part, en principe, avec le soutien de la hiérarchie militaire. Mais à la pratique, les choses pourraient être différentes. Le désordre qui s`est installé dans l`armée, à la faveur de la crise post-électorale, est de nature à compliquer sérieusement la tâche de « Djakis » (le petit nom de Koné Zakaria). Il n`y a qu`à observer le terrain militaire pour se rendre compte de la complexité de la mission. Premier constat: les chefs de guerre, anciens commandants de zone, dont Zakaria lui-même, gonflés par la victoire sur les ex-Forces de défense et de sécurité après la bataille d`Abidjan, se sont installés, chacun avec ses éléments, sur une parcelle de la capitale économique. Ils y règnent discrètement, avec une petite dose de subtilité, comparé à ce qui se passait dans les zones Centre Nord et Ouest. Mais l`habitude ayant la peau dure, les rodéo et autres parades de véhicules, parfois confisqués ou volés, sont le fait des éléments de ces chefs de guerre. Certains disent avoir acquis ces biens sur le terrain, et se disent en droit de les garder. D`autres sont devenus des roitelets dans leur quartier ou commune par la force des armes et espèrent bien le rester. Zakaria les aura en face. De plus, le partage de la ville d`Abidjan signifie que les parkings sont partagés et que chaque zone a un maître, qui y fait appliquer ses lois. Cela pourrait également coincer le patron de la Police Militaire dans son action, s`il ne bénéficie pas d`une collaboration forte et d`un soutien sans faille de ses collègues chefs de guerre et leurs éléments. Sur cette question, des campagnes de sensibilisation, parfois sur fond de menace, sont menées par le commandant adjoint de la Garde Républicaine, Wattao, auprès des différents chefs militaires et de leurs hommes. Le message est clair: accepter d`entrer dans les rangs, ou être contraint de le faire. Disons-le tout net, la Police Militaire est appelée à désamorcer une bombe, et à casser des réseaux mafieux qui se sont constitués à la faveur de la guerre post-électorale, et qui échappaient jusqu`ici au contrôle de l`Etat.

La question des supplétifs des FRCI

Cette même crise post-électorale a occasionné l`engagement de nombreux volontaires, souvent des désoeuvrés ou des chômeurs, qui ont offert leur poitrine dans la bataille finale. Mais surtout dans la perspective d`avoir un mieux-être qui mettrait fin à leur calvaire. Ces supplétifs, qui revendiquent légitimement une place au soleil, après avoir mouillé le maillot, constituent une véritable bombe à retardement. Dieu sait s`ils sont nombreux. Certains sont bien souvent liés à des chefs de guerre, pour qui ils accomplissent des tâches spécifiques à divers endroits de la Cité. D`autres ont décidé d`agir en free-lance pour se faire une place dans la société. De la gestion de leur cas, dépendent en grande partie la sécurité et la stabilité dans le pays. Ils sont eux aussi inscrits comme des cibles du chef de la Police Militaire, Koné Zakaria. La question de ces supplétifs des FRCI, soupçonnés d`être les auteurs de la plupart des exactions commises depuis l`arrivée du président Ouattara au pouvoir, inquiète au plus haut point les autorités ivoiriennes. Récemment, le ministre de l`Intérieur, Hamed Bakayoko, relevait à une tribune « qu`il est temps de régler définitivement la question des supplétifs des FRCI », traduisant ainsi l`agacement face aux attitudes répréhensibles d`éléments FRCI. Le week-end dernier, au cours d`une rencontre à laquelle le commandant Zakaria avait pris part, le ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi, est revenu sur le cas de ces jeunes, qui ont prêté main forte aux troupes des FRCI pendant les heures de braise de la crise post-électorale. Le ministre a surtout plaidé pour une implication des chefs de guerre dans la sensibilisation et la réinsertion des éléments qui n`ont pas été absorbés par la grande muette. Signe que la question des supplétifs était déjà en examen. Zakaria ne fera donc qu`enfoncer une porte déjà ouverte. Mais il devra y entrer avec beaucoup de tact et de précaution pour éviter que la maison explose.

Hamadou ZIAO
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