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Société Publié le samedi 24 décembre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton : Travail et motivation

C’est le moment des fêtes de Noël et du nouvel An. Tous les travailleurs du monde attendent de leur employeur des faveurs sonnantes et trébuchantes. Beaucoup seront appelés et peu élus. Comme d’habitude, les grands bénéficiaires seront ceux qui travaillent dans les domaines des finances, des banques et des assurances. Beaucoup d’autres se contenteront de leur salaire du mois et encore s’ils l’obtiennent avant la fin du mois. Et c’est avec beaucoup de surprise et de joie que j’ai appris que les fonctionnaires, des jours avant la fête de Noël, ont bénéficié déjà de leur salaire mensuel.

Les pauvres, très peu parmi eux bénéficient de primes et encore moins de treizième, quatorzième mois ou encore de gratification. Mais les payer avant les fêtes représente pour eux une forte prime. Autrefois, de nombreuses personnes choisissaient la Fonction publique pour la garantie de l’emploi. Dans la Fonction publique, on ne parlait pas de compression de personnel ou de faillite de l’entreprise. Le salaire était bas mais la paresse, l’absentéisme et les pots de vin étaient garantis. Paradoxalement, de nombreux fonctionnaires étaient beaucoup plus riches que ceux qui travaillaient dans des entreprises du privé.

Et voilà qu’il semble qu’avec le nouveau pouvoir, la Fonction publique ne sera plus à l’image d’hier. Si le fonctionnaire est obligé de venir à l’heure, de ne pouvoir s’absenter quand il veut, de prendre des pots de vin et de partir à l’heure qu’il veut, de quoi bénéficiera t-il en compensation ? Grave question ! On sait que pour que les choses marchent ou bougent, le travailleur ne se donne que s’il est motivé. La motivation se trouve essentiellement dans ce qu’il gagne en plus de son salaire. Dans le privé, le travailleur a un sursalaire et il a beaucoup d’autres avantages.

C’est vrai qu’il existe des fonctionnaires qui ont des « sursalaires » exorbitants, mais ils sont peu nombreux. Comment augmenter la productivité de la Fonction publique, comme dans le privé, si les avantages ne se voient pas ? Le privé cité souvent en exemple sait motiver ses travailleurs. L’homme étant égoïste de nature et porté sur les biens matériels, il est évident qu’il ne se donnera pleinement dans sa tâche qu’en espérant gagner un superflu dans son travail quotidien. Est-ce ce manque de motivation qui explique la léthargie constatée dans la plupart des administrations publiques africaines sauf aux endroits où les primes et les pots de vin sont nombreux ? Le défi des gouvernements africains est de résoudre en permanence cette question de la motivation de ses travailleurs.

Cette semaine, le ministre Bakayoko vient de nous donner une piste qui si elle est appliquée dans tous les ministères va changer totalement le comportement du fonctionnaire. Donner chaque année une maison ou une voiture à un agent de police performant est la meilleure forme de motivation. Il serait souhaité qu’au lieu d’un ou deux policiers par an, qu’on augmente le nombre même si la récompense ne sera pas forcément une maison ou une voiture mais quelque chose de durable. Il est possible de distribuer, tous les trois mois, des réfrigérateurs ou des télévisions à des centaines de travailleurs avec l’apport de grands groupes industriels. La proposition d’Ahmed Bakayoko, le ministre d’Etat, mérite que tous les ministères s’en emparent pour motiver leurs agents pour une plus grande productivité. Le salaire quel que soit son montant ne suffira jamais. Plus on gagne, plus les dépenses s’élèvent. Le travailleur a besoin de « salaires complémentaires » pour se sentir motivé.

Et ce supplément ne coûte pas vraiment cher. Les résultats catastrophiques de nombreuses entreprises s’expliquent par un employeur âpre au gain. L’employé, sans motivation, fera son travail et c’est tout. Or, cela n’est pas suffisant, c’est le plus de travail qui fait la différence. Faire plus, c’est travailler plus que les heures de travail normales et c’est aussi aimer ce qu’on fait. Comment aimer ce qu’on fait si on n’en voit pas les avantages ? Au niveau du peuple, la motivation est toute autre.

Et ce sont les Romains de l’Antiquité qui l’ont compris. Dans la Rome des Césars on donnait les pains mais on l’accompagnait obligatoirement avec les jeux. Un peuple doit beaucoup « s’amuser » pour qu’il se sente stimulé et heureux. Abidjan qui sera une ville lumière pour un mois va illuminer les cœurs et donner plus de motivation.

Mais cela ne pourra pas occuper tous les jours de l’année. Il faudrait trouver chaque mois des « fêtes. » Heureusement pour tous les chefs d’Etat africains, les mois de janvier et février sont du pain béni. Il n’y a pas plus de motivation pour un peuple qu’une coupe d’Afrique des nations. Que le pays soit éliminé ou qu’il ne participe pas à cette compétition.

Ce sont toutes les populations africaines qui vont vivre une excitation de quelques semaines. Avant, pendant et après la compétition. Jean Yann dans son film : «Les Chinois en France» avaient su illustrer comment un peuple perd son enthousiasme et le retrouve. Il suffit vraiment de peu, ce qu’on ne considère pas au niveau des partenaires au développement pour augmenter la productivité d’un pays ou d’un citoyen. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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