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Société Publié le mercredi 28 décembre 2011 | L’expression

De janvier à décembre 2011 : Les faits marquants de l’année écoulée

Entre janvier et décembre 2011, la Côte d’Ivoire a vécu le chaud et le froid. De la crise postélectorale à la reconstruction post-crise, en passant par la capture de l’ancien président, Laurent Gbagbo, à son transfèrement et à son audition à La Haye, le monde entier a suivi avec attention une crise sans précédent dans ce pays phare d’Afrique de l’Ouest.
La Côte d’Ivoire est entrée en 2011 avec la peur au ventre. Déjà, à partir du 16 décembre 2009, les miliciens et mercenaires de l’ancien président, Laurent Gbagbo, avaient entrepris de décapiter les défenseurs de la démocratie. Des morts et des morts enregistrés dans le camp d’Alassane Ouattara, reconnu par la Communauté internationale, comme le président élu du pays. Face à la montée de la tension, l’Union africaine (UA) dépêche le Premier ministre kenyan, Raïla Odinga, à Abidjan.

Le panel s’embourbe dans la lagune Ebrié

Celui-ci rencontre le 3 janvier, les deux camps qui se disputent le pouvoir, sans parvenir à un consensus. Il reviendra deux semaines plus tard, c’est-à-dire le 17 janvier, avec le même objectif : celui de raisonner le perdant, Gbagbo. Peine perdue, puisque l’ancien président refuse d’entendre raison. Une semaine plus tard, soit le 25 janvier, le président malawite, Bingu Wa Mutharika, alors président en exercice de l’UA, arrive à Abidjan. Comme le Premier ministre kenyan qu’il a commis par deux fois dans la capitale politique ivoirienne sans succès, le chef de l’Etat malawite ne parvient pas à convaincre Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à son rival. L’Union africaine, qui reste jusque là divisée sur la palabre ivoiro-ivoirienne, profite de son sommet des 30 et 31 janvier, pour mettre en place un panel composé de cinq dirigeants de pays africains. Mohamed Ould Abdel Aziz de Mauritanie qui est à la tête de ce panel, représente le Magrheb, Blaise Compaoré du Burkina Faso l’Afrique de l’Ouest, Jakaya Kikwete de Tanzanie pour l’Afrique orientale, Idriss Déby Itno du Tchad pour l’Afrique centrale, et Jacob Zuma d’Afrique du Sud pour l’Afrique australe pour trouver une solution négociée à la crise ivoirienne n’y parviendront pas. La violence prend le pas. Les partisans d’Alassane Ouattara, las de se faire tuer par dizaine par les forces de son adversaire, constituent eux aussi une force de résistance, voire une force de défense. Le Commando invisible entre en scène le 18 janvier. Attaqué sur ses bases du quartier Pk 18 à Abobo ce mardi matin par les forces militaires acquises à l’ex-président, les ‘’invisibles’’ feront subir une grosse perte dans les rangs des combattants au service du pouvoir mourant.

Le Commando invisible et Tci au front

Le même soir, au rond point d’Abobo, devant la mairie, plusieurs hommes en armes, prêts à patrouiller, sont surpris par les membres du Commando invisible. Le bilan est lourd. Les combats s’intensifient à Abobo, mais se propagent dans presque tout le district d’Abidjan. Reclus à l’Hôtel du Golf avec ses partisans du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Alassane Ouattara et ses soutiens créent Télé Côte d’Ivoire (Tci) qui commence à émettre le 22 janvier. Les ondes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti) et leurs installations sont endommagées. La télévision pro-Ouattara a pignon sur rue, et la bataille de l’information et de la communication en voie d’être gagnée. Pendant que le panel de l’UA traine le pas, les combats internes font rage. Le 25 février, des combats éclatent à l’Ouest du pays, entre l’ex-rébellion des Forces armées des Forces nouvelles (Fafn) et les Forces de défense et de sécurité (Fds), proches de Laurent Gbagbo, et soutenues par des miliciens et mercenaires libériens. Les forces qui soutiennent le nouveau président en profitent pour prendre la ville de Zouan-Hounien, jusque là, aux mains des forces pro-Gbagbo. Le 3 mars, alors que le panel hésite à se décider, les forces loyales à Laurent Gbagbo tuent par obus, sept femmes à Abobo, lors d’une marche pacifique de soutien au président Ouattara. La communauté internationale est choquée. Alassane Ouattara, d’ordinaire très calme, s’énerve. Il menace de prendre ses responsabilités, si les Africains ne veulent rien faire pour rétablir l’ordre. L’UA comprend qu’il faut rompre avec les tergiversations du panel, et convoque une réunion d’urgence pour le 10 mars à Addis-Abeba, pour rendre public les conclusions dudit panel. Invité, Laurent Gbagbo refuse de s’y rendre. Alassane Ouattara effectue le voyage. Le verdict lui est encore favorable. L’UA le confirme vainqueur, et le reconnaît comme le seul président élu. Guillaume Soro, son Premier ministre, n’attend pas longtemps. En qualité de ministre de la Défense, le chef de l’ex-rébellion lance le même jour, à l’Ouest du pays, plus précisément à Man, une vaste opération de sécurisation de cette partie. Les miliciens, et surtout les mercenaires libériens pro-Gbagbo, semaient la pagaille au sein de la population civile.

Les Frci marchent sur Abidjan…

Reconnu par l’Onu, la Cedeao, puis par l’UA, Alassane Ouattara, dans ses habits de président adoubé par la communauté internationale, prend le 17 mars une ordonnance de création des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). C’est la fusion des forces militaires de l’ancienne rébellion et des forces régulières, anciennement acquises à Laurent Gbagbo. Le Colonel Kouassi Patrice, porte-parole de cette force, devant Ouattara à l’Hôtel du Golf, rassure : ‘’Ordonnez, nous obéirons ; commandez, nous exécuterons’’. Le lundi 28 mars, devant l’entêtement de Laurent Gbagbo à confisquer le pouvoir, avec l’aide de ses miliciens et mercenaires, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire qui soutiennent le président Ouattara lancent la plus grande offensive depuis le début de la crise postélectorale. Après Zouan-Hounien, Bin-houyé, Toulepleu, Guiglo et Bloléquin, la ville de Duékoué, carrefour stratégique de l’Ouest du pays, est attaquée. Les combattants pro-Ouattara affrontaient celles de Laurent Gbagbo, appuyés par des miliciens, qui tenaient l’agglomération. ‘’Nous avons engagé les hostilités, pour sécuriser le grand-Ouest, en particulier Duékoué et Guiglo, où des miliciens sèment la terreur’’, indiquait à l’Afp le porte-parole militaire de ces Forces, le commissaire principal, Ouattara Seydou. C’est cette volonté de sécuriser les populations civiles qui mouraient par centaines, qui précipite l’avancée des troupes vers la capitale politique ivoirienne Abidjan. Dans la nuit du lundi 28 au mardi 29 mars, les combattants Frci de Bouaké lancent l’offensive par Tiébissou. Yamoussoukro et Toumodi tombent sans résistance. Par l’Est, une compagnie des Frci passe par M’bahiakro, Ouellé, Daoukro, Abengourou, Bondoukou, Arrah, Adzopé, Aboisso, Bassam, ne résistent pas. De même que les villes du Sud-Ouest, et du Centre-Ouest. Le 30 mars, la grande Abidjan est encerclée. ‘’Le fruit est mûr et peut maintenant être cueilli’’, affirment certains diplomates en fonction à Abidjan. La bataille pour la prise de la capitale ivoirienne pouvait dès lors débuter.

11 avril, Gbagbo est pris dans le Bunker

Les cibles visées sont la résidence de l’ancien président, le palais présidentiel et la maison de la télévision nationale. Le vendredi 1er avril, les combats dans Abidjan commencent et font rage. Ce qu’il convient d’appeler le ‘’western ivoirien’’, rend l’atmosphère encore plus lourde. Le président Ouattara décrète un couvre-feu diurne et nocturne. A partir de 12 h locales (Gmt), aucun abidjanais ne doit se retrouver dans les rues. Le 6 avril, la résidence de Gbagbo est prise d’assaut. Les Frci se heurtent à une forte résistance des combattants de l’ex-président, et retrouvent leur base à l’entrée Ouest d’Abidjan. Chaque jour, les soldats dirigés par les chefs militaires Chérif Ousmane, Wattao, Koné Zakaria, Morou… vont et reviennent. Sans grand succès. Leur mérite reste celui d’affaiblir au maximum les combattants pro-Gbagbo qui perdent du terrain. Mais dans la nuit du dimanche 10 avril, l’Onu et la France entrent en scène. Les armes de destruction que les hommes de l’ancien président utilisent contre les populations civiles sont détruites par les bombardements aériens de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) et de l’armée française. Le lendemain 11 avril, les Frci prennent d’assaut la résidence présidentielle, sans grande résistance, et sortent de terre, tel un rat, Laurent Gbagbo qui s’était barricadé avec une cinquantaine de partisans, dans le bunker de sa résidence. Conduits à l’Hôtel du Golf avec son épouse et ses nombreux partisans, Laurent Gbagbo et son épouse Simone quittent le Golf, le 13 avril. L’homme est assigné à résidence à Korhogo, quand la femme l’est à Odienné. Les suiveurs, eux, seront orientés plus tard vers Boundiali, Bouna, Katiola et Bouaké. La préoccupation majeure reste la libération totale d’Abidjan. Celle-ci commence par la bataille contre le sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit IB, qui refusait de déposer les armes. Le 21 avril, il perd la vie au combat, face à ses frères d’arme au Pk 18 à Abobo. Cette partie libérée, les Frci se dirigent vers Yopougon, considéré comme le fief du président déchu, où fourmillent miliciens et mercenaires à sa solde.

Côte d’Ivoire is back !

Après quelques jours d’affrontements, ponctués par des périodes de négociation infructueuse, la base navale de Yopougon, dernier repère des miliciens et mercenaires, tombe sous la détermination et le courage des Frci le mercredi 4 mai. On découvre alors dans cette cité, des fosses communes qui contiennent très certainement des restes de personnes, supposées proches du Rhdp et d’Alassane Ouattara. Des semaines plus tard, Alassane Ouattara est investi le samedi 21 mai, président de la République de Côte d’Ivoire à Yamoussoukro. Le gouvernement post-crise est formé le 1er juin et compte 36 membres. L’homme d’Etat remet la Côte d’Ivoire au travail. Sept mois après, le pays renait. Abidjan et les villes de l’intérieur sont en chantier. Plus de nids de poule sur les routes. La Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (Cdvr), présidée par l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny, créée par le président de la République, est investie le mercredi 5 octobre toujours à Yamoussoukro. La mission assignée à la Cdvr est de réconcilier les Ivoiriens dans la vérité. Politiquement, Alassane Ouattara est en train de conforter cette idée de travailleur acharné que l’opinion a gardée de lui, depuis son passage à la tête du gouvernement entre 1990 et 1993. Les élections législatives qu’il souhaitait voir se tenir avant la fin de l’année, se sont déroulées dans un climat de paix le 11 décembre. La Côte d’Ivoire s’est ainsi dotée d’une Assemblée nationale digne du nom, après les dernières élections de 2000, et après la fin du mandat des députés en décembre 2005.

Ouattara Abdoul Karim

Légendes :

1. Le Premier ministre kenyan, Raila Odinga, et le président malawite, Bingu Wa Mutharika, ont conduit les premières négociations.
2. Un nuage de fumée pendant les combats d’Abidjan.
3. La grande voie d’Abobo, menant à Anyama, totalement vide dans la journée. Ça s’explique. On est en pleine crise.
4. Un char des combattants pro-Gbagbo détruit.
5. Les combats pour libération d’Abidjan ont fait rage.
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