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Politique Publié le lundi 9 janvier 2012 | Le Temps

Réconciliation nationale : Le ministre Kahé Eric interpelle le pouvoir Alassane Ouattara

© Le Temps Par Emma
Audiences du ministre d`Etat, ministre de l’Intérieur : Hamed Bakayoko a reçu les partis pro-Gbagbo
Dimanche 4 décembre 2011. Abidjan. Cabinet du Ministre de l’Intérieur, au Plateau. Le ministre Hamed Bakayoko reçoit les partis membres du Congrès national de résistance à la démocratie (CNRD). Photo: de g. à dr. Kahé Eric Kplohourou, Hamed Bakayoko et Gervais Coulibaly
A l'aube de la nouvelle année, force est de constater qu'en plus de 50 ans d'existence, la Côte d'Ivoire a la particularité de n'avoir jamais vu de passation de service entre un Président de la République sortant et le rentrant. Ni entre les Présidents Fhb et Konan Bédié (pour des raisons évidentes), ni entre les Présidents Bédié et Gueï, ni entre les Présidents Gueï et Laurent Gbagbo, encore moins entre ce dernier et l'actuel Président. En Côte d'Ivoire, à une exception près où la Constitution a prévalu sous le regard bienveillant de la tutelle, si ce n'est la rue, ce sont les armes qui décident de la succession.
Suite à la crise postélectorale qui n'a pas échappé à cette logique successorale, la situation socio politique ivoirienne est une pyramide de prises en otage et de chantages. Du sommet à la base, chaque supérieur hiérarchique est l'otage de ses subalternes.
De telle sorte que l'année 2011 qui vient de finir dont la fin pointe, aura été celle des pires souffrances des Ivoiriens avec en prime une grave situation sécuritaire, une fracture sociale d'un niveau jamais atteint, des arrestations et emprisonnements, des violations récurrentes des droits de l'Homme, des exilés par centaines de milliers, un pouvoir à l'épreuve de la légitimité. Malheureusement, les dernières alertes en provenance de chancelleries parmi les plus amies, laissent à penser que les situations politique et sécuritaire sont précaires. Ce n'est pas en nous exerçant, pouvoir et opposition, à nous faire mutuellement peur, sur des bases subjectives que nous lèverons cette précarité. Mais plutôt, en nous mettant, chacun, face à ses responsabilités.
Ce n'est pas non plus en rusant avec les réalités que nous avancerons. Ainsi, Sa Sainteté le Pape Benoît xvi, nous invitait en novembre dernier à "ne pas avoir peur de la vérité sur les crimes". Il a aussi placé sa visite pastorale de novembre dernier au Bénin, visite rendue à toute l'Afrique, sous le signe d'un message global à l'Afrique fondé sur la "Justice, la Réconciliation et la Paix". L'Eglise qui a été officiellement mise en mission à l'occasion de cette visite, et plus particulièrement le Clergé Catholique ivoirien, devra jouer sa partition, sans peur de la vérité. Cette mission devra être élargie à tous les hommes de Dieu de notre pays. Aucune initiative ne sera de trop. Du moins, telles sont les prières l'Aird.
L'Alliance Ivoirienne pour la République et la Démocratie (Aird), membre fondateur du Congrès National de la Résistance pour la Démocratie (Cnrd) est fondée à penser que seul un dialogue républicain, dans l'humilité et la responsabilité, sera de nature à lever l'hypothèque qui pèse sur la nation menacée et ébranlée dans ses fondements. Entre la politique de l'autruche destinée à des partisans jouissifs d'une victoire qu'ils voudraient avant tout ethnique et le recadrage d'un pouvoir au service de tous les Ivoiriens, il n'y a pas d'autre choix. Il en est de même d'une Opposition qui, au nom de l'intérêt supérieur de la Nation devra dépasser ses meurtrissures désormais connues du monde entier et rassurer sur la stabilité politique, à condition qu'on lui en donne l'opportunité, sincèrement et dans la dignité.
La création d'une armée véritablement républicaine est du domaine du possible si nous savons nous détourner d'une gestion tribale du pouvoir d'état. C'est même une exigence de bonne gouvernance, de réconciliation et d'unité nationales. L'armée qui est l'émanation du peuple ne saurait reposer sur une ou deux ethnies. Or, le reflexe de la protection tribale dénote d'un risque d'instabilité et de l'absence d'institutions républicaines fortes et démocratiques, l'armée étant elle-même une de ces institutions. D'où cette sorte de quadrature du cercle.
Le message des Ivoiriens lors des récentes élections Législatives est clair et destiné à toute la classe politique. Ce message attend des actions concrètes et urgentes qui ne sauraient se limiter à la dissimulation d'un "désert électoral". A condition de se poser les bonnes questions.
En s'abstenant massivement de voter, les militants Rhdp, qui pourtant étaient les premiers concernés par ces élections, n'ont-ils pas voulu protester contre l'usage qui est fait de leur vote du 28 novembre? N'ont-ils pas voulu prendre une certaine distance par rapport à la ligne de haine en cours et prendre en même temps part au deuil de ces nombreuses familles si imbriquées? N'ont-ils pas voulu s'indigner du sort réservé à ceux de leurs frères et sœurs qui meurent en exil dans des camps de refugiés? Chacune de ces morts est un élargissement de la fracture sociale.
N'ont-ils pas ainsi donné raison à l'Aird qui relevait le 7 Août dernier qu'"un espace géographique dans lequel des citoyens rient des malheurs d'autres citoyens, représentant la moitié des habitants de cet espace, n'est pas une Nation"?
Au niveau économique, des centaines d’entreprises ont fait faillite des suites de pillages et des effets de la crise postélectorale, auxquelles sont venus s'ajouter de nombreux petits commerces rasés par l'opération "ville propre". Il convient d'apporter des réponses adéquates à leur quête légitime de dédommagement qui ne doit pas s'arrêter à une seule catégorie d'entreprises ou de personnes. Ni les sacrifier sur l'autel d'une illumination sans impact économique. L'assistance aux populations en détresse est un impératif de solidarité nationale et de justice politique.
La fracture sociale en Côte d’Ivoire est très profonde. Elle n'est pas une vue de l'esprit. Elle est même visible sur les réseaux sociaux où, notre jeunesse dont on attend des débats et des exercices intellectuels, se livre à un véritable pugilat, tentant de justifier l'injustifiable et de défendre l'indéfendable. L'apologie de la mort et des actes criminels, la délectation devant le sang et la laideur morale semblent devenir la norme tandis qu'une partie de cette jeunesse politiquement identifiable se spécialise dans la foire aux injures et dans un fanatisme inquiétant qui rappelle malheureusement l’endoctrinement. Quel gâchis collectif et quel vilain héritage à nos jeunes générations!
Notre histoire n'est pas si belle mais il faut l'assumer. Devant l'urgence de faire la paix et de garantir la stabilité politique, à l’effet de reconstruire une Côte d’Ivoire fraternelle, il convient de prendre, sans effet d'annonce, les mesures que commandent la gravité de la situation sécuritaire et la profondeur de la fracture sociale aggravée par la poursuite des exactions dans un climat d'impunité, mettant en évidence une justice sélective.
La réconciliation ne doit donc pas être un exercice d'émotions sporadiques devant le constat de la catastrophe sociale et des horreurs pour ensuite en prendre le contrepied le lendemain. L'hypocrisie et les démarches politiciennes de notre processus de réconciliation hypothèquent les chances de réussite de la Cdvr.
Malgré et sans doute à cause de ce décor, l'Alliance Ivoirienne pour la République et la Démocratie (Aird) présente, aux Ivoiriens et à tous les peuples des pays frères d'accueil et à leurs dirigeants, ses Vœux les meilleurs pour une Bonne et Heureuse Année 2012. Puisse l'année 2012 être une année de dialogue républicain accouchant de résultats concrets restituables aux bases, de stabilité politique, de retrouvailles inter-ivoiriennes, de réconciliation sincère et de restauration de la vraie fraternité. Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire.
Le ministre Eric Kahé, Président de l'Aird.
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