x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mercredi 11 janvier 2012 | Nord-Sud

Réconciliation nationale, Où va Banny ?

© Nord-Sud Par FN
Activités de la CDVR: les ressortissants de la CEDEAO chez le président Charles Konan Banny
Lundi 12 décembre 2011. Abidjan. Résidence du président Charles Konan Banny, de la Commission Dialogue vérité et réconciliation. Les ressortissants de la Cedeao, chefs de communauté étrangères et responsables d`organisations actives dans le domaine de la réconciliation se mettent au service de la CDVR
Alors que la Commission dialogue, vérité et réconciliation boucle bientôt un an d’existence, les Ivoiriens semblent n’avoir aucune véritable visibilité sur le processus au terme duquel ils sont censés tourner la page de la division.


La visibilité n’est pas encore nette ! Quatre mois après la composition de l’équipe de la Commission dialogue, vérité et réconciliation et, près d’un an, après que l’ancien Premier ministre, Charles Konan Banny, a été porté à la tête de l’institution, les Ivoiriens continuent de se poser des questions sur la manière dont ils se réconcilieront. Pour l’essentiel, leurs préoccupations tournent autour du manque de visibilité sur le travail que doit réaliser en amont Charles Konan Banny pour les réconcilier. « Comment va-t-il procéder et avec quels moyens ? Quel sera la mission exacte des membres de la commission ? Quel modèle de réconciliation allons-nous adopter ? Allons-nous faire comme en 2000 lors du forum de réconciliation nationale ? », sont quelques unes des questions que l’opinion nationale se pose. En réalité, ces questions ne sont pas, en tant que telles, nouvelles. « A ceux qui se les posaient, quelques semaines après sa nomination, Charles Konan Banny répondait souvent qu’il n’avait pas encore reçu sa feuille de route. Mais, depuis que le chef de l’Etat l’a reçu et a validé la composition de la commission, on n’a pas l’impression que les choses ont sérieusement avancé. Bien au contraire, elles semblent traîner », fustige un haut responsable d’un parti, membre du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Une critique que partage Patrick N’Gouan, le coordonnateur de la Convention de la société civile ivoirienne (Csci), qui reste d’ailleurs un des premiers Ivoiriens à se poser des questions sur l’unanimité autour du choix de Charles Konan Banny pour diriger la Cdvr.

La méthodologie, l’éternel problème
Aujourd’hui encore, c’est un bilan en demi-teinte que l’homme de la société civile dresse de l’action de la Cdvr. « Sur la méthodologie de la réconciliation, la Csci ne peut pas dire qu’elle a connu beaucoup de succès. Nous ne savons pas comment elle fonctionne. Nous ne connaissons pas son programme de travail, sa méthodologie de travail. Nous ignorons tout », critique-t-il de nouveau. Mais, plus que la méthodologie de travail de M. Banny, ce qui semble ulcérer notre interlocuteur, membre du Rhdp, c’est la situation des victimes des crimes post-électoraux qui semblent abandonnées à leur sort. « La souffrance des victimes est telle que M. Banny doit aller plus vite. Son mandat qui est de deux ans, est déjà largement entamé. Comment va-t-il soulager les personnes meurtries ? Comment compte-t-il amener les bourreaux à demander pardon à leurs victimes et comment pense-t-il convaincre les victimes de pardonner à ceux qui les ont faits souffrir ? Il faut qu’il nous éclaire  », exhorte l’acteur politique qui ne décolère pas contre ce qu’il qualifie de cosmétique. « Personne n’a demandé au Premier ministre Banny d’organiser des audiences au cours desquelles ses hôtes viendraient faire ses éloges. Pour l’heure, il va dans tous les sens. Des journaux de la place ont même rapporté que certains vice-présidents de la commission ne savent pas concrètement ce qu’ils ont à faire. C’est très grave. S’il réussit à réconcilier les Ivoiriens, il vera comment ses compatriotes font le célébrer. Tant qu’il continuera à faire du folklore, personne ne le suivra », peste-t-il.
Non sans admettre implicitement que le processus de réconciliation traîne, Geoffroy Julien Kouao, politologue, pense quant à lui que le président de la République, Alassane Ouattara, doit nécessairement mettre les pieds dans le plat. « Il est important d’accélérer le processus parce que la paix est à l’Etat ce que la santé est au corps humain. Il faut donc que le chef de l’Etat prenne les devants », conseille Julien Kouao qui suggère à Alassane Ouattara de créer un ministère en charge du processus de réconciliation. « Le président de la République pourrait créer un ministère d’Etat dans ce sens. Son mandat serait de coordonner et de centraliser les actions et activités des différentes structures œuvrant dans le cadre de la réconciliation », recommande-t-il.

Ouattara doit voler au secours
Mieux, il pense que, relativement au dialogue républicain qui devrait être repris en main par le chef de l’exécutif, ce département à créer lors du prochain remaniement ministériel siérait au Front populaire ivoirien (Fpi). « En le faisant, il contribuera non seulement à booster le processus de réconciliation de façon globale mais, en plus, il réchauffera ses relations avec son opposition parce que le plus important, pour lui, c’est d’éviter les erreurs commises par ses prédécesseurs. Au lieu de créer un bon cadre de collaboration avec leur opposition, ils ont tenté de la fragiliser en procédant notamment à des débauchages », poursuit Julien Kouao qui croit savoir pourquoi la Cdvr donne l’impression d’être plombée. « Un des problèmes qui font qu’on a l’impression que rien ne bouge, est la coexistence d’un trop grand nombre de structures œuvrant dans la recherche de la vérité, de la justice ou de la réconciliation », diagnostique-t-il. Puis de terminer par une autre proposition : « il faut que toutes ces structures adoptent une stratégie chronologique qui va consister, par exemple, à laisser la justice finir de situer les responsabilités avant que le processus de réconciliation ne soit enclenchée. Car, si en Afrique du Sud, les choses ont été faciles, c’est parce que dans l’imagerie populaire, les coupables étaient les Blancs, et les Noirs, les victimes ». Que répond Charles Konan Banny à toutes ces critiques ? Difficile de répondre puisque nos tentatives pour joindre son cabinet sont restées vaines. Jusqu’à ce que nous mettions sous presse, l’un de ses conseillers qui avait promis apporter des éclairages, n’a pas donné suite à notre sollicitation.

Marc Dossa
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ