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Politique Publié le lundi 16 janvier 2012 | Trait d’Union

Interview Exclusive : Ce que Blé Goudé n’a jamais dit / 16 réponses à 16 questions directes

© Trait d’Union Par DR
Crise post-électoralé : Meeting de soutien aux FDS et aux travailleurs
Photo: Charles Blé Goudé
Charles Blé Goudé, depuis son exil, suit la politique nationale. Dans cette interview exclusive, il donne les raisons de son appel au consensus et réitère son attachement aux idéaux de Laurent Gbagbo, tout en appelant les partisans de l’ex-président à la cohésion. M. Blé Goudé, que cachent vos incessants appels au consensus national ? Qu’est-ce qui vous motive ? Rien d’autre que de voir la vie politique reprendre son cours normal. Ce à quoi nous assistons en ce moment ne me paraît pas digne de mon pays. La situation socio-économique, sécuritaire de mon pays laisse à désirer. Il faut faire en sorte que les libertés individuelles et collectives retrouvent leur droit et que le débat politique reprenne. Mais, certaines personnes estiment que c’est le désir d’exister et de rentrer au pays qui vous ronge. Que répondez-vous ? Même s’il est vrai qu’on se sent toujours mieux chez soi, il me semble important de préciser que mon retour au pays n’est pas à l’ordre jour. Retourner au pays dans quelles conditions et pour quoi faire ? Le retour d’exil suppose que les raisons qui ont motivé votre départ ont changé ; ce qui n’est pas le cas en ce moment. Le dialogue sincère et franc que j’ai proposé ne se résume pas à ma personne. J’ai demandé que ces larges consultations aient lieu à plusieurs paliers. D’une part, entre le pouvoir et l’opposition plurielle, d’autre part avec les forces militaires. Ce que demande d’ailleurs le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo. Ces pourparlers peuvent se tenir sans moi, même si la proposition est de moi. Dites donc à ceux qui pensent que j’ai lancé l’appel au consensus national, parce que j’aurais un mal du pays, qu’ils ne me connaissent pas du tout. Ils n’imaginent pas le moral d’acier que j’ai, d’autant que la situation actuelle que je vis fait partie des différentes étapes de ma formation liée au métier, la politique, que j’ai librement choisie. Mon maitre, Laurent Gbagbo, dont je me réclame est le père du « asseyons nous et discutons », le père du « dialogue direct ». Ce que j’ai appris de lui, c’est le dialogue, toujours le dialogue pour régler les conflits politiques. Même aux mains des soldats français le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo réclamait toujours le dialogue. Il serait là qu’il aurait conseillé la voie du dialogue pour demander à ses opposants de se rapprocher de lui. Il semble que vous êtes dans l’indigence et vous voulez finalement abandonner la résistance dont vous vous faisiez le héraut ? L’auteur de cet article de presse, auquel vous faites allusion, gagnerait à changer de lunettes pour me regarder. Car, non seulement son article m’a amusé. Mais, il véhicule une image antipodale à celle qui est la mienne. Me connaît-il ? Me suit-il de près depuis le déclenchement de cette crise ? Je crois que non ! Que représente ma situation personnelle face à tous ces morts ? Tous ces élèves et étudiants qui ne vont plus à l’école ? Le regard de ces orphelins de guerre, ces veuves, ces réfugiés qui ont perdu leur dignité, nous interpelle. Ils se demandent jusqu’à quand durera encore cette haine qui a atteint l’animosité ? A y regarder de près, nos considérations personnelles risquent de nous perdre, si ce n’est déjà le cas. Pour transformer la vie, il faut avoir la vie. J’ai eu la chance d’avoir la vie, j’ai la possibilité de la transformer dans la dignité et l’honneur. En tout cas, ma progéniture n’héritera pas d’un patronyme de traitre et de lâche ; plutôt de quelqu’un de constant dans sa pensée, dans sa parole et ses actes. La philosophie qui soutient mon action politique est basée sur la résistance aux mains nues et la non-violence comme force de combat. Rien ne m’oblige à y déroger. Comment se passe votre vie d’exilé? Comme la vie d’un exilé sous sanctions onusiennes et sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Voilà comment se passe ma vie d’exilé que vous cherchez tant à savoir. Je ne sais pas ce que cela apporterait au débat politique. ‘’Côte d’Ivoire: traquenard électoral’’ est le dernier livre que vous venez de mettre sur le marché. Pourquoi et comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre ? L’histoire des crises qui ont secoué le monde nous enseigne que les vainqueurs écrivent toujours l’histoire contre les vaincus. C’est pourquoi l’Allemagne a été jugée et condamné sur son propre sol à Nuremberg, après les deux guerres mondiales. Elle n’a retrouvé sa réunification que 45 ans plus tard. Poumon de l’économie de l’Union Européenne, l’Allemagne ne jouit pas du droit de véto au Conseil de sécurité de l’ONU. Le traitement que nous font subir ceux qui gèrent la réalité du pouvoir en Côte d’Ivoire et l’image de criminels de guerre qu’ils présentent de nous à travers les media, mis à leur disposition par leurs alliés, n’échappe pas à cette règle. C’est pourquoi j’ai écrit afin que nul n’en ignore. Dans cette œuvre, les faits sont rois. Je fais parler les faits, tels que je les ai vécus, et tels qu’ils se sont déroulés dans mon pays. Sous nos yeux, nos adversaires tentent de tordre le coup aux faits. Ce que je refuse. C’est une œuvre de refus et de révélations. Certains de vos partisans ne comprennent pas votre propension à écrire des livres, là où ils souhaiteraient vous voir dans des actions contre le régime Ouattara. Que leur répondez-vous ? ‘’Verba vonlente, scripte malente’’, disent les latins. Ecrire pour faire place à la vérité me semble un devoir, après une crise aussi incomprise qui est la marque d’un véritable art de manipulation, dont les maîtres sont les grandes puissances de ce monde, au-delà des adversaires apparents ou supposés. Dans ma philosophie et dans ma démarche politique, je me suis imposé de ne pas travailler contre des personnes. Je travaille pour mon pays et pour ce que je crois être juste. M. Blé Goudé, avouez que vous avez beaucoup changé. Vous le pensez vraiment ? Parenthèse de bilan et de perspectives, l’exil est formateur et transformateur. Mais l’essentiel est de rester fidèle à ma vision, ma philosophie, mes principes et à mes idéaux de départ. Que dites-vous des palabres qui déchirent actuellement les partisans de Gbagbo au plan national ? Quand vous êtes des orphelins politiques, l’absence de votre père doit servir de ciment de solidarité entre vous. Cette propension à régler les contradictions dans la presse doit immédiatement cesser. Les Ivoiriens nous attendent sur d’autres fronts. Ne gaspillons pas et ne dispersons pas notre énergie. L’alliance Bédié/Ouattara devrait nous servir de leçon. L’adversaire nous mène déjà une guerre à plusieurs visages. Nous avons perdu Tagro, nous venons de perdre Gnan Raymond et Bohoun Bouabré qui sont morts, faute de moyens pour faire face aux frais de soins, parce que le pouvoir a gelé les comptes des cadres pro-Gbagbo. Tout cela devrait nous interpeller. J’appelle à l’union sacrée des pro- Gbagbo. Les pro-Gbagbo en exil se livrent également une guéguerre sournoise de positionnement. Où vous situez-vous ? La guerre de positionnement fait partie des causes qui nous ont conduit en exil. Soyons capables d’un minimum de bilan et d’introspection. Que celui qui est trop fort nous fasse le plaisir de libérer Gbagbo. Je suis occupé à autre chose que recommande la difficile situation que nous vivons. Pensons à tous ces Ivoiriens qui souffrent dans les camps de refugiés et qui croient en nous. Positivons et utilisons notre énergie autrement. Avez-vous des contacts avec Charles Konan Banny, le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation ? Non. Le jour où il mettra à son programme ceux qui font partie soit de la solution , soit du problème, je suppose qu’il trouvera la voie qui mène à nous. Et le président Ouattara, avez-vous eu des contacts directs ou indirects avec lui ? Non Du temps de l’accord de Ouaga, vous étiez proche de Soro et de certains chefs de guerre dont Wattao, Morou etc, quelles sont vos relations aujourd’hui ? Moi j’ai usé de mon influence pour faire accepter ceux que vous venez de citer aux extrémistes de notre camp, afin de faire avancer le processus de paix. Rappelez-vous la cérémonie de l’apothéose de la Caravane de la Paix à Yopougon, la réception des jeunes de la rébellion dans mon village, l’accueil triomphal de Guillaume Soro par mes parents à Gagnoa. Souvenez-vous aussi de toutes ces tournées que j’ai faites à son temps, pour convaincre les Ivoiriens du camp Gbagbo de la nécessité d’accepter ces frères qui venaient de la rébellion. Mais, la crise post-électorale est passée par là et les lignes ont bougé. Même si les portes sont fermées, les fenêtres restent ouvertes. C’est cela aussi la politique; ce qui est vrai aujourd’hui, n’est pas forcément vrai demain. Avec le recul, l’accord de Ouaga a-t-il donc été un échec pour Gbagbo ? Non, pas du tout. Le Président Gbagbo a fait ce qu’il croyait juste pour rassurer ceux qui avaient pris les armes, afin que son peuple retrouve la paix. Il a ouvert ses bras et son cœur à ceux qui voulaient le tuer. Il a fait sa part, et ce n’était pas mauvais. En face, ils disent aujourd’hui qu’ils se sont joués de Gbagbo pour avoir le pouvoir. C’est ici que votre question trouvera sa réponse. Le Président Gbagbo Laurent cherchait la paix, pendant que ses adversaires cherchaient le pouvoir. Devons-nous regretter d’avoir fait des sacrifices pour que les Ivoiriens aient la paix ? Je crois que non. Nous devons plutôt tirer les leçons de l’attitude de ceux avec qui nous croyions chercher la paix. Mais, c’est cela aussi la politique et ses paradoxes. A quand remonte votre dernier entretien avec Laurent Gbagbo ? Lisez mon dernier livre et vous trouverez satisfaction à votre question. Croyez-vous, comme certains, que l’ancien chef de l’Etat reviendra un jour en Côte d’Ivoire puis au pouvoir ? A l’Eglise, on croit. En politique, on travaille à réaliser ce que l’on croit être juste. M. Blé Goudé, à quand votre retour en Côte d’Ivoire ? Je reviendrai au pays quand les causes qui m’ont conduit en exil auront changé. Mon retour n’est pas à l’ordre du jour

Interview réalisée au téléphone par Valéry Foungbé
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