x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Art et Culture Publié le jeudi 19 janvier 2012 | L’expression

Interview : Taxi-Conteur (Conteur) : «Le conte peut aider à la réconciliation»

Artiste mondialement connu, Adam Adépoju, dit Taxi-Conteur, a pris part au Festival du conte organisé récemment par les Centres cultures d’Abidjan et de Dakar. Il réaffirme, dans cet entretien, l’importance du conte et ce que cette forme d’art peut apporter au processus de réconciliation nationale.

Vous avez participé à la 1ère édition du festival sur le conte, initié par les instituts Goethe de Dakar et d’Abidjan. Quels ont été les temps forts de ces rencontres ?
Tout au long de ce festival à Dakar comme à Abidjan, nous avons assisté à des échanges formidables. Au Sénégal, nous avons enregistré 37 participants pour le séminaire sur l’art de l’oralité dans l’enseignement. La même mobilisation été également observée à Abidjan au niveau des enseignants et des assistants sociaux. Tous les participants ont compris qu’il était important pour eux d’utiliser le conte comme outil pédagogique. L’autre retombée positive enregistrée pour ce festival de conte est la confirmation que le conte à belle et bien un public. J’avais des appréhensions sur la mobilisation attendue. Mais pendant trois jours, le Centre culturel allemand d’Abidjan n’a pas désempli. Certains connaissaient déjà. Mais ils étaient nombreux ceux qui découvraient pour la première fois le conte. Beaucoup d’Ivoiriens ignoraient par exemple que des acteurs vivaient de cet art et qu’ils représentaient dignement la Côte d’Ivoire hors de nos frontières.

Il est important que le public du conteur soit en harmonie pour que le message puisse être transmis. Pensez-vous que les Ivoiriens qui renouent avec cet art s’inscrivent dans ces échanges ?
Le conteur raconte son histoire. Il s’adresse à un public. Le conteur interpelle son public pour lui montrer qu’il n’existe pas de mur entre eux. C’est un véritable moment de partage. Cependant, il y a des conteurs que j’ai rencontrés qui racontent simplement leurs histoires. Cette méthode marche également. Dans tous les cas, que le conteur interpelle ou pas le public, son principal souci est d’établir un lien. Tout est possible, car nous sommes dans le monde de l’imaginaire qui s’appuie sur le réel.

Quel pourrait être l’apport du conte dans le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire ?
Les Ivoiriens dans leur grande majorité ne veulent plus vivre ce qui est arrivé après les élections présidentielles. Nous avons lancé, à travers cette caravane Abidjan-Dakar, la flamme de la renaissance du conte ivoirien. Nous allons maintenant nous mobiliser autour de cette flamme. Très bientôt, des soirées seront organisées un peu partout autour du conte. Il s’agit de proposer des spectacles de qualité aux spectateurs. C’est comme cela qu’on pourra réconcilier les Ivoiriens entre eux et avec le conte.

Vous devez votre renommée à la pièce «L'histoire de la création du monde». Comment se comporte aujourd’hui ce spectacle que de nombreux Ivoiriens ne connaissent pas ?
C’est dommage que mon pays ne sache rien de ce spectacle. Je reviens de Limoges et du Théâtre 13 de Paris en France où nous avons encore joué ce spectacle. Nous avons monté ce conte ici en Côte d’Ivoire. Et ce spectacle parlait déjà à l’époque de notre situation. Le conte tirait sur la sonnette d’alarme pour demander aux Ivoiriens de faire attention, car nous allions droit dans le mur. Mais malheureusement, nul n’est prophète chez soi. Grâce à ce spectacle, nous avons pu prouver au monde que la Côte d’Ivoire n’allait pas sombrer malgré les crises. Beaucoup d’humoristes nous accusaient d’avoir fui le pays aux heures chaudes. Mais ceux qui étaient hors de la Côte d’Ivoire ont mené la lutte pour la survie de nos valeurs, notamment de notre conte. C’était notre contribution au retour de la paix. Grace à cette caravane, les Ivoiriens ont été surpris de constater que certains de leurs compatriotes vivent du conte et également font la promotion du pays dans le monde. Ces artistes sont désormais des habitués des scènes internationales. Je ne parle pas de ceux qui jouent dans les boites de nuit à 4 heures du matin au 18ème Arrondissement et qui reviennent dire aux Ivoiriens qu’ils viennent de boucler une tournée internationale. L’occasion est belle pour moi de rendre un hommage appuyé à l’artiste Ruth Tondey qui faisait partie de la troupe. C’est elle qui a commencé ce spectacle avec moi. Nous avons beaucoup voyagé à travers la France pour présenter le spectacle. Le spectacle a également été présenté au Burkina Faso.

Entre la comédie et le conte, il n’y a qu’un pas. Quelle est la différence entre un conteur et un comédien ou humoriste ?

A cette question, je cite toujours le professeur Zadi Zaourou : «Le conte africain est la cuvette qui renferme toutes les autres formes d’arts». Lorsque vous observez un conteur, on se rend compte qu’il peut être humoriste quand il le veut. Le conteur sait raconter des blagues. Il sait également danser. Mais dans le conte, à la différence des artistes comédiens, en même temps qu’on fait rire le spectateur, il se dégage un vrai message derrière. Je travaille par exemple sur ce qu’on appelle le conte musical. Sur la scène, le musicien ne vient pas pour illustrer. Mais il fait partie intégrante de l’histoire. Si on le retire du tableau, on aura faussé la règle d’or du conte.

Fofana Ali (Stagiaire)

Légende : Taxi-Conteur veut relancer les activités du conte en Côte d’Ivoire afin d’aider à la réconciliation.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Art et Culture

Toutes les vidéos Art et Culture à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ