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Économie Publié le mardi 31 janvier 2012 | L’expression

Dossier/Privatisation des banques publiques : Ce qui attend les Ivoiriens

La privatisation des banques publiques a été annoncée par le chef de l’Etat. Une mesure qui induit des changements auxquels agents des banques et usagers des services bancaires seront confrontés.

Le président Ouattara, lors de sa visite d’Etat à Paris, a annoncé, au cours d’une conférence de presse, devant le Medef International, le principal mouvement du patronat français, que la Côte d’Ivoire allait procéder à la privatisation des banques publiques nationales. Pour justifier cette décision, l’hôte du président Nicolas Sarkozy a fait remarquer que pendant longtemps, les banques nationales ont constitué un terreau au dysfonctionnement du système bancaire public, gangrené par la corruption, le clientélisme et ‘’ servant à financer des partis politiques’’. La privatisation permettrait donc, selon le numéro un ivoirien, à l’Etat, de se retirer du système bancaire pour le laisser au privé. Mais qu’est-ce que la privatisation et quels sont les effets qu’elle induit ? Cette opération est un transfert de la propriété d’une partie ou de la totalité du capital d’une entreprise du secteur public vers le privé. Une entreprise privatisée peut rester sous le contrôle complet ou partiel de l’Etat, si ce dernier décide de rester actionnaire. Sur la question, le gouvernement en dira, sans doute, davantage le moment venu. Pour l’instant, des banques telles que la Banque nationale d’investissement (Bni), la Banque de l’habitat de Côte d’Ivoire (Bhci), Versus Bank et la Caisse d’épargne se retrouvent dans le viseur. Cependant, au-delà de cette décision, la question qui se pose est l’impact économique et social de ces privatisations. Premièrement, sur les employés des banques concernées et ensuite les usagers de services bancaires.
Promouvoir le libéralisme
Selon un agent de la Banque internationale pour l’Afrique de l’Ouest (Biao), qui a requis l’anonymat, ce n’est pas la sérénité du côté des banques susceptibles d’être touchées par la mesure. En effet, toute privatisation induit des changements dans la structure. A en croire un Ivoirien reconverti dans l’enseignement supérieur, « le souci du privé étant la rentabilité et le résultat, les effectifs des banques seront forcément réduits, car il est de notoriété publique que le public est très souvent truffé de personnel dont on peut se passer. Alors, les nouveaux dirigeants vont certainement réduire les charges de l’entreprise», explique-t-il. La gestion budgétaire, la concentration des tâches et la gestion sociale même de l’entreprise peuvent être profondément remaniées, contraignant à un licenciement du personnel jugé non essentiel. Cela fera forcément des victimes. D’où, l’inquiétude que suscite cette privatisation. Et pourtant, la privatisation n’a pas toujours été mauvaise pour les employés. Des possibilités de reconversion ne sont pas à exclure comme c’est le cas dans certains pays, où en cas de privatisation d’une structure publique, le nouvel employeur garde les travailleurs déjà embauchés, avec leurs avantages, jusqu’à la retraite, et octroie le statut de privé aux nouveaux employés. Outre les travailleurs des banques, les usagers, particuliers et entreprises devront s’accommoder aux futurs changements. Toute banque, selon un chef d’entreprise à Abidjan, établit une stratégie de conquête du marché. D’où, les différences d’avantages et de qualité de services observées dans les institutions financières. Cela va des taux des agios aux transactions financières, en passant par la souplesse des opérations bancaires. Un autre sachant du dossier pense que, contrairement aux employés, les usagers pourront eux aussi avoir des avantages, avec des politiques marketing plus attrayantes, et l’ouverture de plus d’agences. C’est dire que la privatisation comporte ses avantages et ses inconvénients. Et pour un homme d’affaires ivoirien, le chef de l’Etat sait ce qu’il fait.


Tirer des leçons du passé

Le président Ouattara n’est pas passé par quatre chemins pour justifier la décision de privatisation des banques publiques. Pour lui, ‘’ les banques nationales ont constitué pendant longtemps la caisse à sous de dirigeants politiques. Et le premier des Ivoiriens est loin d’avoir tort. On en veut pour preuve la Banque nationale de développement agricole (Bnda), qui a été liquidée en 1991 après avoir failli à son objectif et constitué un gouffre financier pour l’Etat ivoirien. En effet, la banque qui était censée encadrer les paysans, en leur octroyant des prêts, a plutôt profité à des fonctionnaires qui n’avaient rien à voir avec le secteur agricole. Des crédits faramineux ont été faits à ces pseudos agriculteurs qui, au finish, ont laissé, selon des sources, une ardoise de près de 15 milliards de Fcfa de créances non remboursées. Plus près de nous, l’Etat a dû voler au secours de certaines banques dont la trésorerie était mal en point. Ce sont, sans doute, autant d’expériences qui ont amené Alassane Ouattara, attaché au libéralisme, à faire ce choix avec les inconvénients que cela comporte, mais aussi les avantages qu’elle pourrait induire si elle est bien menée.

K.A
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