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Editorial Publié le lundi 6 février 2012 | Soir Info

Editorial/Ces morts dans nos isoloirs

Des morts et aussi des absents ont pris part aux dernières élections législatives en Côte d’Ivoire. Ils ont voté. C’est le président du Conseil constitutionnel, Francis Wangah Wodié, lui-même, qui a donné cette information pour le moins bouleversante, voire déshonorante pour la Côte d’Ivoire. «Des personnes décédées ont voté. Ceux qui ont fait voter des morts ont oublié qu’ils s’exposent eux-mêmes à la mort… à la mort politique s’entend », a-t-il dit après qu’il a invalidé le scrutin dans 11 circonscriptions.
Les irrégularités constatées à l’occasion de ces élections législatives rappellent au souvenir des Ivoiriens, celles dénoncées par La majorité présidentielle (Lmp) lors de la présidentielle en Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo et son camp avaient refusé de céder le pouvoir sous-prétexte qu’il y avait eu de nombreuses irrégularités dans le scrutin au nord du pays, considéré comme le bastion du Rassemblement des républicains (Rdr), le parti du président Alassane Ouattara. Sur cette base, le Conseil constitutionnel présidé par Yao N’Dré avait déclaré nul le scrutin dans sept circonscriptions dont les départements de Bouaké, Dabakala et Katiola (région Vallée du Bandama), ceux de Korhogo, Ferkessédougou, et Boundiali (Savanes) et celui de Séguéla (Wordodougou). Cette annulation portait sur le vote de 606 354 ivoiriens. Ils avaient évoqué entre autres irrégularités, l’absence des représentants du candidat Gbagbo et autres délégués dans les bureaux de vote, le bourrage des urnes, le transport des PV par des personnes non autorisées, l’empêchement de vote des électeurs, l’absence d’isoloirs, la majoration des suffrages exprimés… D’un scrutin à un autre, les choses ne semblent pas avoir fondamentalement changé. Ces mêmes faits, ou presque, viennent d’être constatés par le Conseil constitutionnel présidé par Francis Wodié à l’occasion des législatives du 11 décembre 2011. Mettant ainsi à l’index, la commission électorale indépendante, la structure chargée de coordonner les scrutins dans le pays. S’il a été prouvé que des morts et des personnes absentes du pays ont voté, cela donne une preuve palpable de ce que le système électoral ivoirien est poreux, traîne des faiblesses et pose par ailleurs un problème de fiabilité. Du coup, l’on se retrouve à se poser des questions. Les morts qui ont voté, sont-ils des personnes décédées lors de la crise post-électorale, ou avant les élections présidentielles ? Comment ces morts ont-ils pu voter alors que le fichier électoral apparemment ne permet pas qu’une personne jouisse du droit de vote d’une autre personne ? Qui sont ceux qui ont favorisé cette situation ? Etaient-ils à leur premier coup ? Le président du Conseil constitutionnel donne presqu’un début de réponse à certaines de ces interrogations : «La tricherie entre dans la stratégie de victoire de certains partis politiques». En tout état de cause, la sortie de Francis Wodié, vient apporter de l’eau au moulin de tous ceux qui jusqu’à ce jour émettaient des réserves sur la crédibilité du système électoral en Côte d’Ivoire. Le président du Conseil constitutionnel n’a pas fait que dénoncer la participation des morts au scrutin du 11 décembre 2011. Il s’en est également pris aux candidats qui ont eu recours à des hommes armés dans le cadre de leur campagne. «Dans le déroulement de la campagne, on relève l’intervention des forces armées, des Frci ou des dozos, des forces armées au service de certains candidats…» a critiqué le professeur Francis Wodié. Faut-il en rire ou pleurer ? La question du désarmement avant les élections générales en Côte d’Ivoire avait longtemps divisé la classe politique dans le pays. Il y avait d’un côté ceux qui ne souhaitaient pas que les élections se déroulent avec des hommes en armes un peu partout dans les rues et d’un autre côté ceux qui ne voyaient aucun inconvénient à ce que les élections se déroulent avant le désarmement. Aujourd’hui, que l’on soit d’un camp ou de l’autre, après deux scrutins le constat est amer. Plus de 3000 morts, pour la présidentielle, plusieurs personnes tuées également aux législatives avec en prime pour le dernier scrutin, la reprise des élections dans 11 circonscriptions. Que nous réservent les élections municipales à venir ? C’est en tout cas la principale question que se posent nombre d’observateurs de la scène politique en Côte d’Ivoire au moment où certains candidats se préparent dans l’ombre. C’est dans cette atmosphère, presque d’inquiétude générale, que les Eléphants de Côte d’Ivoire, conduits par Zahoui François ont apporté du baume au cœur des Ivoiriens en compostant de fort belle manière, samedi dernier au stade de Malabo, leur ticket pour les demi-finales de la 28è Coupe d’Afrique des nations de football. Au coup de sifflet final de l’arbitre seychellois, Abidjan avait l’allure d’une ville en fête. L’on avait le sentiment que les Eléphants ont remporté le trophée. Les Ivoiriens venaient certes de se qualifier, mais ils y avaient surtout ajouté la manière. Trois buts de belle facture plantés au pays coorganisateur, devant son public, sans en encaisser, il fallait être Didier Drogba, Yaya Touré, Gervihno, Gosso Gosso, Kopa Barry, Kolo Touré, Max Gradel, Kafoumba, Maestro, Bamba Souleyman, Boka Arthur… pour le faire. En tout cas, cette belle performance donne une nette idée de ce que seront la capitale ivoirienne et les villes de la Côte d’Ivoire, si les Eléphants remportent au soir du 12 février prochain, le trophée.

COULIBALY Vamara
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