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Art et Culture Publié le mardi 14 février 2012 | Trait d’Union

Bernard Binlin Dadié: : La constance dans la lutte

Depuis l’ère coloniale, l’influence de Bernard Binlin Dadié transcende toutes les générations. Tant sa production est féconde et sa lutte constante. Visite de la vie d’un nonagénaire, toujours en avant de la lutte contre le néo-colonialisme. Figure emblématique de la littérature ivoirienne, Bernard Binlin Dadié est un auteur prolifique, qui a abordé tous les genres littéraires: poésie, roman, théâtre. Ainsi que les chroniques, les contes traditionnels… Son genre de prédilection reste le théâtre. Négritudien dans l’âme et dans la mouvance des Césaire, Senghor et Damas, son œuvre se distingue par la diversité de genres qu’il manie sans se fourvoyer. Avec une certaine aisance dans le récit (nouvelles, romans). Ouverte sur le monde, notamment, avec ses séjours dakarois et parisien, dans les années 1930. Mais bien trempée dans la tradition africaine, sa plume traduit à la fois une négation et une affirmation. Affirmation de l’identité africaine dont il vante les mérites, tout en fustigeant les revers. Négation d’une assimilation stupide de la culture occidentale, dont il dénonce le complexe de supériorité.

Combattant le colonialisme, Bernard Dadié, à la fois journaliste et militant politique, est une référence artistique en Afrique francophone. Né à Assinie, au sud de la Côte d’Ivoire en 1916, fils de Gabriel Dadié, compagnon de lutte du premier président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, Bernard Dadié se distingue, par son activisme politique. Qui, de toute évidence, transparaît entre les méandres de son abondante œuvre. Il est considéré unanimement comme le chef de file des écrivains ivoiriens, le porte flambeau. Combat et engagement politique Après des études à l`Ecole normale William-Ponty de Gorée, il travaille pendant dix ans à l`Institut fondamental d`Afrique noire (IFAN) de Dakar. Dadié répond d’une activité politique intense, marquée par son militantisme au sein du RDA, de Félix Houphouët-Boigny. Incarcéré en 1949 à Grand-Bassam - pour seize mois, où il tient un journal, Carnets de prison, qui ne sera publié qu`en 1981- par l’administration coloniale avec des compagnons de lutte tels que Mathieu Ekra, Jacob William, Jean Baptiste Mockey,Viera, Ladji Sidibé, Alloh Jérôme, Jacob Williams, Paraiso, ( huit au total ndlr).Il écrit à cet effet : ‘‘Le corbillard de la liberté ’’ dont l’extrait permet de comprendre le dégré de négation des libertés. ‘‘Une voix partie d’une force homicide, dit : tuez-les, comme cela le monde sera libre. Tuez-les, comme cela nous pourrons digérer en paix… Mais ils hésitaient.

Cependant les monstres, car, ils savaient bien qu’on ne tue pas comme cela la liberté…». Depuis lors, il reste sensible à une thématique centrale : assurer la libération totale de l’homme noir, par la lutte contre toute forme de colonialisme – politique ou économique. C’est encore cette posture qui le fait militer, depuis la survenue de la crise militaro-politique, le 19 septembre 2002, en Côte d’Ivoire, au sein du Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd), proche de Laurent Gbagbo, et résolument contre toute forme de néo-impérialisme. Il ne manque pas d’occasion pour dénoncer les abus des colonisateurs et surtout ceux des temps nouveaux et prend l’histoire à témoin.« L’histoire, c’est l’histoire du wagon dans la forêt dans lequel furent signés des traités d’armistice, l’histoire, c’est Hitler qui accepte de mourir et Mussolini pendu par les pieds. Le pouvoir, ils sont nombreux qui l’ont exercé et l’ont aussi abandonné.

Les événements depuis 2002, des murs ; des cœurs et des corps en portent encore des traces, des balles des envahisseurs qui sèment la mort sur leur trajet. Des envahisseurs qui veulent éclairer leur voie à la lueur des mosquées et des églises. FRCI ! L’Europe industrielle a-t-elle encore besoin de bucher, de bois d’ébène ? Maître du jour mais pas du temps, au terme de mon séjour que vos armes se reposent. Je ne suis pas sûr qu’un coup ne parte d’une arme affamée. Épargnez-moi cet affront. Les morts d’hier et les morts d’aujourd’hui, des rues, des maisons et des prisons vous saluent’’, ainsi déclarait-il dans Le Nouveau Courrier n° 286 du 5 aout 2011, après que les Forces Républicaine de Côte d’Ivoire(FRCI) ont fait irruption chez lui ; et piller tout au passage. Il a assuré la présidence du Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd) à sa création.

Depuis quelques semaines, il s’est retiré officiellement de cette fonction. A cause de son âge avancé. L’homme et sa création littéraire Sa création littéraire s`est développée parallèlement à cette brillante carrière politique et gouvernementale. À l`indépendance, il exerce tour à tour les fonctions de chef de cabinet du ministre de l`Éducation nationale, de directeur des Affaires culturelles, d`inspecteur général des Arts et Lettres, et en 1977, il devient le premier ministre de la Culture et de l`Information de la Côte d’Ivoire. Sa poésie se veut militante, et dit une appropriation décomplexée de son statut d’homme noir, comme en témoignent les vers: «Je vous remercie mon Dieu de m’avoir créé Noir Le blanc est une couleur de circonstance Le noir, la couleur de tous les jours Et je porte le Monde depuis l’aube des temps Et mon rire sur le Monde, dans la nuit, crée le Jour ». Dès ses années d`école normale, il écrit plusieurs saynètes - petite comédie bouffonne, à mi-chemin entre l’opérette et la chanson comique -, dont Assémien Déhylé (1937) qui sera jouée l`année suivante à Paris.

A la fin des années 1960, il revient au genre théâtral avec des pièces d`inspiration historique (Béatrice du Congo, 1970) ou militante (Îles de tempête, 1973), et des comédies comme Monsieur Thôgô-Gnini (1970), caricature d`un nouveau riche Africain, amoral et cupide. Pétri des idées humanistes et de celles de la négritude, il rédige une série de poèmes à caractère patriotique (Afrique debout !, 1950; la Ronde des jours, 1956) dont plusieurs font désormais partie des programmes scolaires en Afrique. À la même époque, il donne deux recueils de contes, Légendes africaines (1954) et le Pagne noir (1955), devenant ainsi l`un des précurseurs du mouvement de sauvegarde et de transmission du patrimoine culturel africain. Avec Climbié (1956), roman largement autobiographique qui s`inscrit dans la thématique classique du jeune héros qui s`affronte au monde moderne, il donne l`une de ses meilleures œuvres. Dadié excelle surtout dans ses chroniques, inspirées par ses séjours à Paris, New York et Rome (Un Nègre à Paris, 1959; Patron de New York, 1964; la Ville où nul ne meurt, 1968). Sur un ton vif et sarcastique, elles mettent en scène un touriste africain, dont le regard ingénu fait ressortir le côté étrange et paradoxal des grandes villes modernes. Ses dernières œuvres sont plus engagées politiquement et s`emploient à dénoncer l`injustice du colonialisme (Les Jambes du fils de Dieu, 1980; Commandant Taureault et ses Nègres, 1980).

Il recevra les distinctions suivantes : Grand prix de l’Afrique Noire ; Grand prix de la Légion d’honneur ; Grand croix. Le palais de la culture de Treichville porte son nom et figure dans tous les documents tel que prévu par le décret 2010 -236 du 31 août 2010. Palais de la Culture Bernard Dadié. C’est l’appellation officielle du ‘‘sanctuaire’’ des artistes de Côte d’Ivoire. Une cérémonie grandiose d’hommage lui a été rendue en septembre 2010, en présence de nombreuses personnalités du monde de la culture et de la politique au rang desquels Derlain Zinsou, ancien président du Bénin, Seydou Badian, Cheikh Hamidou Kane, Bernard Zadi Zaourou, Diop Christiane. Nicole Vincileoni à travers son livre intitulé ‘‘Comprendre l`œuvre de Bernard B. Dadié ’’ rend hommage à l’icône de la littérature ivoirienne. Le professeur Barthélemy Kotchy, président de l’ASCAD appuiera les hommages en ces termes:«Qu’autant Félix Houphouët Boigny représente la Côte d’Ivoire politique autant Bernard Dadié représente la Côte d’Ivoire culturelle »n

B.TAKI
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