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Politique Publié le jeudi 16 février 2012 | Le Nouveau Réveil

Conflit armé entre Agni et Frci à Arrah : Des témoins et des autorités parlent



Durant deux jours, du dimanche au lundi dernier, un affrontement entre jeunes Agni et éléments des Frci a dégénéré en conflit interethnique. Faisant trois morts, une quarantaine de blessés, des maisons, boutiques et magasins saccagés et incendiés. A la faveur de l’arrivée d’une délégation conduite par le ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi, dans la ville pour ramener le calme, les différentes parties et des autorités se sont exprimées.

Nanan Téhua II (Roi d’Arrah) : « Je n’ai pas apprécié l’acte posé par les jeunes »

« J’ai sermonné les jeunes gens qui sont allés s’attaquer aux Frci. Le secrétaire général de préfecture est témoin, le capitaine Alani est témoin, le commandant de brigade est témoin. Je n’ai nullement approuvé leur acte. Mais, nul n’est censé se rendre justice soi-même. Vous êtes nos autorités, si l’on vous offense, c’est vous qui devez prendre le dessus, puisque vous êtes en armes. Nos enfants ne savent pas ce qu’ils font et c’est ce que les éléments Frci devaient se dire. Ils sont venus m’enlever avant de m’arrêter comme un vulgaire bandit. Ils étaient au nombre de trois, même l’élément des FRCI que j’ai protégé lors des attaques des jeunes, était derrière les jeunes Dioula qui tiraient (…) Il faut que les FRCI qui vont être envoyées ici soient vraiment impartiales. »

Brou N’Da Alain (Fils du Roi) :« Les Malinké n’ont pas à entrer dans notre affaire avec les Frci »

« Nos jeunes frères que nous avons rencontrés nous ont dit qu’ils viennent du corridor où ils sont allés attraper des Frci. Le chef les a interpellés, ils n’ont pas voulu entendre raison parce qu’ils voulaient leur faire ce qu’ils avaient envie de faire. (…) Au niveau du camp des Frci, les jeunes Malinké ont barricadé la voie et lorsque les jeunes Agni voulaient passer en voulant les en empêcher, il y a eu des affrontements. Et les jeunes Malinké ont été les premiers à casser. Les Agni également ont riposté. Les Frci sont rentrées dans la danse, le lundi. Et ils ont aidé les jeunes Malinké à casser. Or, nul n’a le droit de se faire justice et leur rôle, c’est de nous protéger. Qu’est-ce qu’on a fait pour que les jeunes Malinké nous attaquent ? Pour un problème avec notre armée, ils s’en prennent à nous. Qu’ils sachent qu’ici, nous sommes sur la terre de nos parents, ce n’est pas pour autant qu’on leur demande de partir. Nous présentons nos excuses aux éléments des Frci. Nous savons que l’acte qui a été posé n’est pas bien. Mais, eux à leur tour, ils ne devaient pas se mettre aux côtés des Malinké. »


Kessé Venance (président de la jeunesse communale d’Arrah) : « Les problèmes ont commencé depuis l’arrivée des Frci »

«Des jeunes sont allés déloger des Frci parce qu’ils disent qu’ils se sentent menacés par leur présence. Ils ont, pour ce faire, capturé trois éléments des Frci leur demandant de quitter la ville. Ils disent avoir appris que les Frci ont caché des armes et qu’ils souhaitaient avoir des informations sur cette cache d’armes. Le roi d’Arrah, la gendarmerie venue de Daoukro et moi-même sommes intervenus pour la libération des Frci. J’apprends par la suite que des jeunes Agni ont été attaqués à Dioulakro sous prétexte qu’ils ont traversé leur quartier. J’ai interpellé le président des jeunes de Dioulakro qui est membre de mon bureau. Je lui ai dit que s’il devait prendre position, c’est plutôt pour les jeunes qui demandent le départ des Frci. Par la suite, les choses ont dégénéré et je me suis retiré. Les jeunes Agni n’ont pas mené d’action contre les Malinké, c’est plutôt l’inverse. Est-ce que nous devrons en arriver là pour une affaire où on demande le départ des Frci ? Je dis non. Je demande poliment que les Frci partent d’Arrah parce que c’est depuis leur arrivée que les problèmes ont commencé ici. »


Le général de brigade, Gervais Kouassi (commandant supérieur de la Gendarmerie) : « Les élections sont terminées, rentrez dans la République»

«Nous sommes tous des Frci. Mais, nous sommes des Frci gendarmes, eux ils sont des Frci militaires. Nous travaillons de façon complémentaire. Même les gendarmes qui sont ici, s’il y a des problèmes avec eux, il y a leur commandant de légion et leur commandant de compagnie à qui vous devez vous adresser pour dire ce qu’ils ont fait. Leur mission, c’est d’assurer votre sécurité. Il en est de même pour les éléments Frci qui sont ici. C’est nous qui les avons envoyés ici. S’il y a un problème, c’est à nous que vous devez vous adresser. Mais ce n’est pas à vous de prendre la décision de les faire partir. Cette décision que certains parmi vous ont prise de les faire partir a entraîné des dégâts que nous avons constatés. Et c’est très malheureux. Vous avez un de nos frères qui est d’ici, Ange Kessy, commissaire du gouvernement. L’acte que vous avez posé ne l’honore pas. Nous avons lu dans les journaux que chez lui, il y avait des armes. Il faut qu’on vérifie. Je vous demande de rentrer dans la République. La guerre est terminée, les élections sont terminées, vous devez rentrer dans la République. »

Touré Issa (porte-parole de la communauté Malinké) : « Les jeunes Agni ont traité les Frci de milice à la solde du président»

« Ce qui s’est passé à Arrah est la suite de ce qui a eu lieu à Kotobi. J’ai l’impression que l’on se focalise seulement sur ce qui s’est passé à Arrah, alors que ça a commencé le mardi 07 février dernier à Kotobi. Le mardi, le responsable de base des Frci m’a appelé pour me dire qu’actuellement, à Kotobi, il y a des manifestations de jeunes qui réclament le départ des Frci. Donc, il souhaiterait que je vienne leur parler afin de circonscrire les choses. Lorsque je suis arrivé sur les lieux à 16 heures, j’ai vu des jeunes surexcités qui avaient allumé des feux autour du camp des Frci. Lorsque je me suis entretenu avec eux, ils m’ont dit qu’ils voulaient que les Frci quittent Kotobi parce que c’est une milice au service du président Alassane Ouattara. Ils disent que c’est ce qu’ils ont appris parce qu’ils sont des miliciens et ils ont été formés dans ce sens. J’ai essayé de les calmer. J’ai même essayé de rentrer en contact avec le chef, en vain. Et un des leurs m’a lancé comme ça que le chef ne peut pas intervenir parce que c’est avec lui qu’ils ont préparé cela. Ensuite, ils ont saccagé le camp des Frci et incendié leurs affaires. Appelée autour de 18 heures, c’est à 21 heures que la gendarmerie est arrivée. Ce jour-là, le meneur de cette attaque répondait au prénom de Kader. Ils disent que cette attaque, ils l’avaient préparée pour chasser les Frci parce que ce sont des miliciens, et qu’à Kotobi, c’est Laurent Gbagbo qui est le président officiel et qu’ils ne reconnaissent pas un autre président. C’est à partir de là qu’ils ont décidé après avoir fait partir les Frci de Kotobi, qu’ils s’occuperaient de celles d’Arrah. C’est le même scénario qui s’est produit à Arrah. Lorsque je suis arrivé sur les lieux, ils avaient déjà entre leurs mains deux éléments des Frci qu’ils trimbalaient sur le goudron, l’autre avait le torse nu. Le meneur, c’était un certain Hétilé. Et il s’en est suivi ce que vous avez appris. Si les autorités étaient intervenues, on aurait pu circonscrire les choses parce qu’au moment des faits, le chef est passé avec sa voiture. Plusieurs fois, le commissaire du gouvernement est passé avec sa voiture. Ce qui est arrivé est déplorable. Et ces jeunes gens ont tenu certains propos. »


Lt Kamagaté (responsable Frci de Daoukro) : « Les autorités n’ont pas réagi »
"C’était le dimanche dernier aux environs de 06 heures du matin. Les trois éléments qui étaient en poste au corridor d’Arrah en provenance d’Abidjan ont été attaqués par un groupe de jeunes qui leur ont arraché leurs armes. Ils tenaient des propos selon lesquels, ils ne voulaient pas du président actuel parce que leur village n’a pas voté pour lui. Ce sont les mêmes propos qui ont été tenus à Kotobi. Que ce soit à Kotobi comme à Arrah, ils ont dit qu’ils ne reconnaissaient pas le président actuel. Les trois éléments pris en otage ont été passés à tabac. Avant de se retrouver entre les mains du roi. Du corridor, ces jeunes sont venus encercler le camp des Frci. Ils ont mis le feu, réclamant le départ de « la bande armée du président Alassane » et que ici, c’est leur village. Je crois que ce sont les propos tenus par ces derniers qui ont amené d’autres jeunes à se manifester. Mais nous avons fait de notre mieux, avec l’armée onusienne pour ramener le calme. Mais ce qui m’a beaucoup marqué, c’est que j’ai tenté de joindre le gouverneur en vain. C’est le sous-préfet qui a pu être joint mais là non plus il n’y a pas eu de réaction. La deuxième chose, c’est que le commissaire du gouvernement, le Colonel Ange Kessy qui, depuis le dimanche, était présent à sa résidence, n’a pas daigné réagir. Il est passé quatre fois devant le camp au moment où la foule forçait le portail pour essayer de rentrer. Personne n’est intervenu. Les Forces républicaines étaient livrées à elles-mêmes. C’est certainement la raison pour laquelle, la jeunesse Malinké s’est dirigée vers la résidence du commissaire du gouvernement dans l’intention de la brûler. Mais grâce à M. Touré, président du Rhdp, les jeunes ont été dissuadés. »

Propos recueillis par Lance Touré
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