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Politique Publié le mardi 21 février 2012 | L’Inter

Violences post-electorales : Les preuves qui accablent dozos et miliciens

 Les témoignages poignants des victimes
 Les localités les plus touchées par l`horreur


Ils sont tous pointés du doigt. Les combattants de tous bords sont accusés par une Ong ivoirienne d`avoir commis des viols et crimes souvent en rapport avec l`origine ethnique ou l`appartenance politique. Dozos ( chasseurs traditionnels), miliciens, ex-Fds, Frci (Forces républicaines de Côte d`Ivoire), tous sont accablés par le rapport d`enquête publié par l`organisation des femmes actives de Côte d`Ivoire (Ofaci) relativement aux violences post-électorales. Dans ce document, intitulé « Violences faites aux femmes durant la période post-électorale de novembre 2010 à mai 2011, Côte d`Ivoire », l`Ong épingle, sans distinction, tous les combattants qui ont perpétré des exactions sur les femmes. 766 femmes au total ont été répertoriées dans 16 localités du pays. Sur ces 766, 129 ont été tuées. Le plus fort taux de pertes en vies humaines a été enregistré à Duékoué, soit 34,11 %. Par ailleurs, 71 femmes de l`échantillon ont été victimes de viols. La commune de Yopougon détient le plus grand nombre de viols, soit 52, 11 %. « Les jeunes filles, les femmes mariées, les femmes âgées, tout âge confondu, ont été violées par des hommes en armes et d`autres groupes de personnes pro-Gbagbo ou pro-Ouattara »(p 6), chargent d`entrée les auteurs du rapport. Et de pointer un doigt accusateur sur Dozos, miliciens, ex-Fds, Frci. S`agissant des Dozos, voici ce dit le rapport : « Les dozos font partie des forces supplétives ayant soutenu les Frci lors de l`offensive générale lancée dans l`ouest du pays, le 28 mars 2011. Composés de chasseurs traditionnels, c`est une confrérie qui se caractérise par le port d`une tenue surmontée d`amulettes et de gris-gris « dotée » d`un pouvoir mystique. Soutenues par les dozos, les Frci ont conquis en trois jours, la quasi-totalité du pays qui était encore aux mains des Fds. Dans les jours qui ont suivi, les dozos ont perpétré des violences, notamment des abus sexuels, des violences physiques et des pillages et destruction de biens matériels, au dire de certaines victimes »(p 20). Toujours à propos des Dozos, le document assène : « Outre la commune de Yopougon, les victimes des communes d`Abobo et de Guiglo témoignent avoir été violées par des Dozos, des hommes en treillis non identifiées et d`autres personnes »(p 25).

DES FAITS ACCABLANTS

Rapportant le témoignage d`une victime de 12 ans, l`enquête indique que ses parents ont soutenu « qu`elle a été violée par des Dozos le 10 avril à Bedi Boizon », dans la commune de Guiglo »(p 26). Comme les Dozos, les miliciens pro-Gbagbo et les Frci sont accusés d`avoir perpétré eux aussi des viols et crimes ethniques : « Certaines victimes, notamment celles de la commune de Yopougon qui a enregistré le plus fort taux de viol, déclarent avoir été violées par des miliciens, des Frci, soit pour leur appartenance politique (Rhdp), (Lmp) ; soit à cause de leur groupe ethnique »( p 25).
Concernant spécifiquement les miliciens pro-Gbagbo, les rapporteurs ont fait le constat suivant : « Des groupes de milices violents vont s`illustrer de façon cruelle les derniers jours précédant la fin du régime de Laurent Gbagbo. Se livrant à des assassinats en masse, des viols à motivation ethnique, ils vont lancer dans leur sillage des morts et des blessés par centaine, des femmes et filles violées et brisées, des maisons détruites et pillées »( p 25). Et pour appuyer ces accusations, l`Ong rapporte le témoignage d`une victime de Yopougon : « Le 12 avril, lorsque l`ancien président Gbagbo a été arrêté, les miliciens sont venus au sein de mon quartier, Sogefiha, et ont dit que toutes les femmes doivent subir la guerre parce que ce sont nos frères qui sont rebelles et que ce sont ces derniers qui ont contribué à l`arrestation de Gbagbo ( je suis de l`ethnie dioula). Parmi eux, il y avait des femmes et l`une d`entre elles m`a menacé en disant : si tu ne te laisse pas faire, je vais te tuer, je te connais très bien au marché. Ils m`ont par la suite violée, ils étaient au nombre de 3 hommes ». Les Frci non plus ne sont pas épargnées, ce passage du rapport est sans équivoque sur les exactions auxquelles elles se sont livrées : « Les violences perpétrées à l`égard des femmes par les Frci ont été enregistrées lors de leur offensive générale contre les Fds dans certaines localités de l`intérieur du pays (Duekoué, Guiglo, Zouan-hounien) et Abidjan. En effet, l`arrivée des Frci a provoqué de nombreux actes de violences et abus. Dans l`Ouest de la Côte d`Ivoire, les soldats des Frci s`en sont pris aux pro-Gbagbo, en leur faisant subir des traitements atroces. Au cours de ces représailles, des femmes et des jeunes filles ont été violées, des maisons pillées et incendiées sur leur passage. De nombreux habitants ont fui en prévision ou à l`arrivée des Frci dans les villages. Les actes de violence des Frci s`intensifient au cours des offensives de Cocody, d`Adjamé, d`Abobo et de Yopougon. Au cours des opérations de ratissage, les maisons ont été fouillées et vidées de leur contenu. Des violences sexuelles ont été commises lors de ces actions de ratissage, profitant de cette situation d`insécurité. » (pp 19-20). Selon le rapport, les femmes victimes de viol durant la guerre post-électorale portent encore les séquelles de ce traumatisme. L`enquête note notamment que « certaines sont exposées au syndrome traumatique du viol se manifestant par des réactions émotionnelles : les troubles de mémoire, les sentiments de peur, de colère et d`anxiété se traduisant par des pleurs, des rires et des agitations ».

Assane NIADA
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