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Société Publié le mercredi 22 février 2012 | L’expression

Encadré: Des conséquences à connaître

Les juristes sont formels en la matière. Les personnes responsables de ce type d’acte doivent être punies. Selon Adou Honorine de l’Association des femmes juristes (Afj-ci), la Côte d’Ivoire s’est dotée de la loi n° 98-6757 du 23 décembre 1998, portant répression de certaines formes de violence à l’égard des femmes. Cette loi punit l’excision et condamne à des peines d’emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende de 360.000 Fcfa à deux millions Fcfa. «La peine est portée à son double lorsque l’auteur appartient au corps médical ou paramédical, et la peine est celle d’un emprisonnement de cinq à vingt ans lorsque la victime en est décédée », révèle la juriste qui plaide pour la vulgarisation de cette loi. Mais au-delà, les exciseuses doivent savoir que les Mutilations génitales féminines (Mgf) ont de nombreuses conséquences allant des hémorragies au décès du nouveau-né ou de la parturiente. Les plus immédiates sont les complications hémorragiques importantes expliquées par la riche vascularisation de la région périnéale et du clitoris, pouvant entraîner la mort par un choc hémorragique. «On observe également des cas d’anémies sévères dues aux épisodes hémorragiques et pouvant nécessiter une transfusion. La douleur est aiguë et omniprésente de par l’innervation importante de la région. Cette douleur entraîne des réflexes de défense responsables de blessures des organes voisins : plaie du périnée postérieur et du périnée antérieur, source de fistules et de rétention aiguë d’urines provoquant une insuffisance rénale aiguë », soutient Dr Amétchi Kouassi, gynécologue obstétricien à l’hôpital général de Port-Bouet. A ces complications hémorragiques, s’adjoignent les complications infectieuses. Celles-ci sont locales, selon le gynécologue, mais peuvent se généraliser secondairement et être responsables du décès de la mère. «Les complications peuvent être causées par l’utilisation d’instruments non stériles, mais aussi par les pansements traditionnellement utilisés et l’immobilisation, qui sont des facteurs de surinfection de la plaie», ajoute le spécialiste. Quant aux conséquences tardives, elles sont, au dire des médecins, un facteur d’invalidité grave : cicatrices vicieuses, chéloïdiennes, et inesthétiques plus fréquentes chez la femme noire. Les infections génitales basses (vulvovaginites, cervicites) et hautes par voie ascendante sont responsables de salpingites et d’endométrites sources d’une stérilité qui peut entraîner, selon le médecin, une répudiation de la femme. «On observe également une augmentation des avortements et de la mortalité in utero qui peut être expliquée par les complications infectieuses. Les mutilations augmentent le risque de diffusion du virus de l’immunodéficience humaine et de l’hépatite B, du fait de l’utilisation des mêmes instruments pour plusieurs opérations. Les prolapsus génitaux sont plus fréquents ainsi que l’incontinence urinaire. Les fistules vésico-vaginales peuvent également s’observer. Les complications psychologiques avec des états antidépressifs et la frigidité sont souvent présents après les mutilations. Les complications obstétricales sont les dystocies dues aux tissus mous, d’origine vulvaire sur des périnées cicatriciels et nécessitent la réalisation d’une épisiotomie pour protéger le périnée, explique le médecin.

Jusque très récemment encore, certaines personnes liaient ces pratiques à la religion musulmane. Une thèse rejetée par les érudits de l’Islam en Côte d’Ivoire. Les Mgf constituent, selon l'Imam Cissé Djiguiba, directeur de la Fondation Djigui la grande Espérance (Ong luttant contre les Mgf), «une atteinte aux droits de la femme. L'excision est une injustice faite à la femme. Elle ne peut donc pas relever de l'Islam qui protège les droits de la femme», a-t-il précisé. L'Imam du Plateau révèle que tous les érudits de la religion musulmane s'accordent à reconnaître que les Mgf sont une pratique antérieure à l'Islam. La religion musulmane n'a fait que leur donner un caractère plus sobre et les a par la suite classées comme une pratique facultative. «L'excision n'existe plus en Arabie Saoudite», dit-il. De nombreux pays dont le nôtre doivent pouvoir s’en inspirer.

Touré Yelly
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