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Société Publié le vendredi 24 février 2012 | Le Democrate

Réhabilitation des infrastructures / Akpro Diop Latif : ‘‘Il faut équiper les directions départementales d’engins lourds’’

Membre du Bureau politique du Pdci-Rda et Secrétaire général de section de Dabou 13 et 14, Akpro Diop Latif a accepté de nous accorder un entretien le week-end dernier. Dans cette interview, l’ancien collaborateur du ministre Ezan Akélé, nous parle de la réhabilitation du réseau routier, des canalisations bouchées à Abidjan ainsi que des perspectives dans le domaine agricole avec le pouvoir actuel. Commandeur dans l’Ordre du Bélier et Officier dans l’Ordre du mérite Agricole, l’homme s’y connait.

La Côte d’Ivoire va certainement bénéficier bientôt des retombées du Ppte, qu’est-ce que cela représente pour notre pays ?

C’est une très bonne initiative pour nous dans la mesure où toutes nos dettes avec les Institutions financières internationales, notamment celles de Bretton Woods, seront annulées y compris même celles avec le Club de Paris. C’est quelque chose d’absolument formidable parce que cela va nous permettre d’avoir un budget allégé. Toutes les recettes que l’Etat va engranger, vont servir à beaucoup d’investissements, tandis que le budget de fonctionnement sera moyen. Voyez-vous, aujourd’hui notre réseau routier qui couvrait 6600 Kms de route bitumée, est totalement dégradé, là où il existe encore. Par ailleurs, la route en terre autrefois bien entretenue par les Travaux Publics (TP), s’étend aujourd’hui sur 86 000 Kms. Quand nous étions aux affaires, les routes en terre étaient entretenues par chaque direction départementale avec le préfet de région comme, coordonnateur des travaux. Parce que les procès verbaux de réception des travaux se faisaient en sa présence, ou en présence de son représentant avec l’appui du contrôleur financier. C’est de cette façon que nous avons travaillé sous le ministre Ezan Akélé. Je pense qu’il faut remettre l’ancien système au gout du jour.

C'est-à-dire…

C ‘est à dire qu’il faut équiper chaque direction départementale de bulldozers, gradaires, pelleteuses, de chargeuses et de camions bennes. Ensuite, il faut ensuite faire un dispatching de tous les besoins au niveau de la direction centrale. Voyez comment notre réseau routier a été détruit par l’ancien régime qui était incapable d’entretenir l’existant. Je vous fais remarquer que d’ici la fin du mois, tous les nids de poule entre Dabou et Songon-Agban seront entièrement fermés. Et je suis convaincu que les travaux vont se déporter sur la côtière, pour aller à Tabou en passant par Fresco, Sassandra et San-Pedro. Et peut-être ça sera le tour de l’autoroute. Vous savez qu’à partir de Singrobo, la voie n’est plus du tout praticable. C’est ce qui explique les nombreux accidents sur cette partie de la voie. Notre pays commence à renaitre sur tous les plans, c’est le signe que le gouvernement travaille et cela se voit. Le président Ouattara a donné des instructions fermes à ses collaborateurs et tout le monde est au travail.

Vous avez évoqué le cas de la direction des Travaux publics, comme étant la seule structure qui s’occupait des routes. Aujourd’hui, il y a une multiplicité de structures engagées dans la voirie, et pourtant les voies sont de mauvaises qualités. Pourquoi ?

Vous connaissez bien le Fonds d’entretien routier (Fer). Quand nous étions aux affaires, nous n’avions que 7 milliards de Fcfa comme fonds pour l’entretien des routes. Mais depuis que la Banque mondiale a décidé d’apporter un appui budgétaire à notre pays, cette enveloppe a été portée à 55 milliards de Fcfa. C’est une importante enveloppe sans oublier l’apport de l’Union européenne et certainement celui de la Bad. Vous avez dit qu’il y a aujourd’hui une multitude de structures engagées dans la voirie, c’est vrai. Mais je pense sûrement que c’est pour parer au plus pressé. Mais il est bon à mon avis de revenir à l’ancien système, qui consistait à équiper les directions départementales en engins lourds. Aujourd’hui, si vous n’avez pas un véhicule 4X4, vous ne pouvez pas aller dans votre village surtout en saison pluvieuse. Même à Abidjan, on a vu qu’entre Yopougon et les autres communes, au niveau de la forêt du Banco notamment, la route est coupée à chaque pluie. Les travailleurs du Plateau, Deux-plateaux, rencontraient de sérieuses difficultés pour se rendre à leur lieu de travail, parce que la route était entièrement coupée par les eaux. Mais c’est parce qu’il y a eu un délaissement total de ce pays par les autorités de l’ancien régime. Toutes les eaux usées d’Abidjan sont directement déversées dans la lagune. Regardez comment le Café de Rome est ensablé de partout et baigne dans des odeurs nauséeuses. Et pourtant, c’était la « Perle des lagunes » où les européens venaient faire du ski nautique, à l’époque. Il fallait passer par là les dimanches et samedis après midi, comme c’était beau ! Il faut très rapidement trouver une solution à cette situation ; en donnant des moyens aux directions départementales.

Vous évoquiez tantôt le fait que la voie est régulièrement coupée au niveau de la forêt du Banco à chaque pluie, et puis l’ensablement du Café de Rome. Quelle en est la cause et quelles solutions préconisez-vous afin de mettre un terme à cette situation ?

Mais c’est parce que les eaux n’ont jamais été traitées ! A l’époque avec le président Bédié, nous avions commencé à faire une grande canalisation pour évacuer les eaux usées directement dans la mer. Mais ceux qui sont venus après le coup d’Etat et ceux d’après, n’ont rien fait du tout. Lorsque le président Bédié était au pouvoir, on a ouvert une zone depuis Agboville qui rejoignait l’autoroute. Après le coup d’Etat les travaux ont été arrêtés et qu’est ce cela a donné comme évolution, rien! Au contraire ce coup d’Etat nous a fait reculer de plus 30 ans en arrière. Quelques rares pays limitrophes nous ont même devancés ! Aujourd’hui, certains pays qui ne sont pas des producteurs de cacao sont devenus subitement des exportateurs de la fève de cacao. Si les pays sahéliens vendent du cacao, où allons-nous ? Regardez un peu dans le domaine du bois. Mais les refondateurs ont coupé tous les arbres. Toute cette chaleur torride que nous sommes obligés de supporter trouve aussi une partie de son explication par ce fait là !

Revenons, au problème de canalisation qui appelle nécessairement le problème d’assainissement. La baie est complètement ensablée et les eaux usées trainent quelquefois sur la voie publique. Pourtant la ville d’Abidjan dispose d’un plan directeur. Est-ce un problème de financement ou d’incompétences ?

Effectivement Abidjan a été construite selon des normes strictes et avec des règles bien précises. Vous pouvez voir la route qui passe devant la Cie et qui débouche directement sur la voie du Banco. Elle devait rejoindre également Petro Ivoire sur le prolongement du Boulevard Latrille. Mais cette voie n’est pas encore ouverte. Il faut le faire ! Où va l’argent de la taxe d’assainissement que nous payons sur la facture de Sodeci ? Tout récemment j’ai vu des tuyaux de conduit d’eaux usées de 200 mm au Plateau Dokui. Ce sont des tuyaux de 20 cm de diamètre. Mais entre nous, ça peut laisser passer quelle quantité d’eau? Connaissant les pratiques chez nous, qu’on ne s’étonne pas que les canalisations soient rapidement bouchées. Il faut reconnaitre que l’équipe qui est restée au pouvoir pendant ces dix dernières années n’a rien fait. Tous ces nids de poules qu’on voyait dans presque tout Abidjan, ont été maintenant bouchés depuis qu’Alassane Ouattara est au pouvoir.

Vous n’êtes certes pas un ingénieur des Travaux Publics, mais pour avoir longtemps travaillé avec le ministre Ezan Akélé, dites-nous : quel est le véritable problème au niveau de l’Indenié qui est toujours inondé?

Quand on fait des calculs on tient compte du débit des bassins versant. Lorsque le calcul est mal fait, on peut rendre la partie qui coule vers la lagune plus petite. Alors que c’est cette partie qu’il faut élargir. Et puis les caniveaux sont mal curés ! Pendant la saison sèche, il faut enlever tout ce qui peut empêcher l’eau de circuler au moment de la saison des pluies. C’est une question d’entretien. C’est le même problème qui se pose au niveau de la forêt du Banco. Mais voyez ce qui se fait aujourd’hui depuis que le nouveau président est au pouvoir. Ce sont des travaux à haute intensité de main-d’œuvre qui se font à ce niveau là. On a eu affaire à des incompétents qui sont restés à la tête du pays pendant dix ans et qui n’ont rien fait. Aujourd’hui le changement est net et clair. Ce sont des choses possibles quand on a la volonté.

Pensez-vous que les travaux actuels vont porter leurs fruits ?

Je suis convaincu, parce que depuis un moment la ville Abidjan présente un nouveau visage en si peu de temps. Dans certains endroits le bitume a été remplacé, contrairement à ceux qui venaient fermer ces trous avec du sable, on voit ainsi tout le sérieux d’un gouvernement soucieux du bien-être de sa population. Actuellement des travaux se font un peu partout dans toutes les communes. Je dois vous dire que dès les débuts des travaux, les équipes sur le terrain ont sorti plus de 200 000 tonnes de sable. Que les Ivoiriens soient patients. Fini les temps où le chef de l’Etat faisait la promotion des boites de nuit en y invitant ses amis socialistes pour aller danser pendant que le peuple souffre.

En 2006, Trafigura a déversé des déchets toxiques à Abidjan. C’est une question d’ordre environnemental qui n’est pas encore résolue. En attendant l’indemnisation des victimes, que faut-il faire ?

Je pense qu’il faut recourir à des spécialistes pour enlever ces déchets toxiques. Voyez-vous la voie express qui part de la Maca jusqu’au Pk 18, est jonchée de déchets toxiques en plusieurs endroits, même dans les environs du zoo. Mais, je ne vous apprends rien, les 100 milliards que Trafigura a débloqué pour indemniser les pauvres victimes ont été pillés par les refondateurs. Donc c’est bien beau de parler d’indemnisation, mais il est absolument nécessaire de débarrasser définitivement Abidjan de ces déchets toxiques pour qu’il n’y ait pas de nouvelles victimes.

Pendant de longues années sous Félix Houphouët-Boigny, on a entendu dire que ‘’le succès de ce pays repose sur l’agriculture’’. Ce qui est vrai. Mais en même temps la forêt prend un coup et la désertification avance à grands pas. Alors, que faut-il faire aujourd’hui pour avoir le juste milieu ?

Le juste milieu c’est le reboisement. A l’époque, il y avait la Motoragri qui était de moderniser l’agriculture. Il fallait faire les pistes et assister les paysans. Aujourd’hui, toute cette technique a disparu. Il y a même des gens qui ont construit leur maison de famille dans la cour de la Motoragri. Le président Félix Houphouët-Boigny disait que l’agriculture est trop importante pour qu’on la laisse aux seules mains des ingénieurs agronomes. Alors, moi je pense qu’il faut reboiser. Quand le président Bédié était encore en exil à Paris, j’étais allé lui rendre visite au 4 Rue Beethoven. Je lui ai dit, ‘’ monsieur le président vous n’allez pas reconnaitre la Côte d’Ivoire lors que vous rentrerez au pays », parce que dans un village situé à 18 km de Daoukro, où j’ai passé une semaine à cette époque, les camions de billes de bois quittaient ce village là toutes les 5 mn. Ce sont ces grumiers qui ont abimé la voie Kotobi-Akoupé. En tout cas, notre forêt avait été très bien conservée par le Pdci. Mais malheureusement le Fpi a tout gâté. Ces refondateurs ont pillé toutes nos ressources. Mais même l’or et le diamant, ont été extraits et vendus à Paris dans le 9ème Arrondissement. En tout cas, pour l’agriculture nous avons de la compétence en la matière, et ceux qui sont là actuellement savent, ce qu’il y a lieu de faire pour que la forêt ne disparaisse pas totalement.

Sous le président Houphouët-Boigny, on a longuement parlé d’autosuffisance alimentaire. Aujourd’hui encore cela reste d’actualité. Après le point d’achèvement de l’initiative Ppte, quelle va être la politique d’insertion des jeunes diplômés dans le domaine agricole ?

A l’époque Félix Houphouët-Boigny avait créé une zone verte. Elle s’étendait depuis le pont de Moossou jusqu’à Assinie. Toute cette zone devait servir à faire la culture du riz. Il y avait aussi la zone de l’Agnéby jusqu’à Songon-Agban qui était réservée à l’agriculture. A cette époque, il y avait nos amis chinois de l’île de Formose qui étaient dans la zone et même à Tiassalé. Donc il est clair que le président de la République a un plan pour les jeunes dans le domaine de l’agriculture. Et les retombées du point d’achèvement de l’initiative Ppte vont servir aussi à réorganiser ce domaine. Aujourd’hui la population a augmenté et les jeunes sont les plus nombreux. Beaucoup sont diplômés mais ne font rien, si ce n’est que gérer des cabines de téléphone. Je crois que le président a les clés pour ouvrir grandement les portes de l’agriculture afin de permettre aux jeunes d’avoir du travail, grâce à des projets ambitieux que le chef de l’Etat va mettre en route.

Vous êtes membre du bureau politique du Pdci-Rda, Secrétaire général de section de Dabou 13 et 14. Qu’attendez-vous du prochain Bureau politique et quelles sont vos doléances ?

Après la présidentielle et les législatives, le président de notre grand parti a décidé qu’on se retrouve avant d’aller aux municipales. Il s’agira pour nous d’aller faire le point afin d’identifier nos forces et nos faibles. Comme doléances, je souhaiterais que le renouvellement total ou partiel des délégués départementaux soit soumis à un vote. Je voudrais aussi demander à tous les cadres, militants et sympathisants du Pdci-Rda de se décider à réhabiliter la Maison du Congrès du Pdci-Rda de Treichville. Il n’est pas normal que nous laissions cette maison tomber totalement en ruine. Je lance donc un appel pressant à tous, d’apporter leur contribution pour que nous puissions ressusciter la mémoire de notre parti construite par notre père à nous tous, le président Félix Houphouët-Boigny. C’est dans cette maison qu’on se retrouvait autour du président Houphouët-Boigny pour évoquer tous les problèmes y compris nos griefs contre lui. Bernard Dadié, Laurent Dona Fologo et autres qui ne partagent plus avec nous la même conviction aujourd’hui, peuvent témoigner que cette maison détient une partie de l’histoire de Côte d’Ivoire. C’est dans cette même maison que Fologo, Djédjé Mady, Balla Kéita, Lanzeni Coulibaly, Paul Akoto Yao et bien d’autres encore ont été coptés pour entrer au Secrétariat exécutif du Pdci-Rda. Je voudrais, demander aux cadres de notre parti d’apporter également un soutien fort et franc au journal ‘’Le Démocrate’’ qui est un journal de combat créé par le père fondateur. Ce quotidien porte aujourd’hui les valeurs de notre parti. Il faut que ses animateurs sentent que derrière eux, il y a le parti et les cadres du parti.

Interview réalisée
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