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Politique Publié le mardi 6 mars 2012 | Le Patriote

Guillaume Soro (Premier ministre) à propos de la Primature : “Je ne serai pas Premier ministre à vie”

© Le Patriote Par DR
Activités du premier ministre : Interview du Premier ministre Guillaume Soro avec les médias nationaux et internationaux
Lundi 5 mars 2012. Abidjan. Le Premier ministre accorde une interview radiotélévisée à la presse nationale et internationale sur les questions d`actualité et sur son avenir politique.
Le chef du gouvernement était face à la presse hier. Le Premier ministre dans l’interview radiotélévisée qu’il a accordée à la RTI a été sans détours. Toutes les questions brûlantes du moment ont été abordées sans faux-fuyants. Interview.

(…) Cela fait une année que le pouvoir est en place. C’est vrai qu’il ne faut pas occulter le passé. Mais les populations vivent des difficultés. Je parle de certaines exactions des Frci, et les Frci associées qui dans les régions de l’ouest où les populations vivent terrorisées, où elles n’ont pas beaucoup de liberté de mouvement.

GS : Je vous concède ces critiques. Et c’est normal. Les populations sont impatientes. Je viens d’une mission au Rwanda. Je me suis rendu compte que pour stabiliser ce pays, pour apporter une vraie sécurité à ce pays, ils n’ont pas mis un an, ils n’ont pas mis six mois, ils ont mis 17 ans. Le génocide a été stoppé au Rwanda en 1994. Quelle est la situation exacte en Côte d’Ivoire ? Le gouvernement a été formé le 1er juin 2011. A partir de là, nous avons commencé à faire des réformes en vue de ramener la sécurité dans notre pays. Vous avez vu que nous avons nommé les commandements, de parer au plus pressé en réhabilitant quelques fois sommairement les casernes. Au lendemain du 11 avril, il n’y avait plus de policiers, ni de gendarmes, de commissariats, de brigades de gendarmerie. Tout avait été vandalisé. Evidemment vous avez votre évaluation de la sécurité huit mois après, mais la réalité est celle-là. Aujourd’hui quand vous sortez, vous voyez des policiers pour réguler la circulation, des gendarmes de plus en plus opérationnels, une armée en pleine restructuration. On ne peut pas dire qu’il n’y pas eu de progrès. Ceci dit, il y a encore beaucoup d’efforts à faire pour amener la Côte d’Ivoire à niveau de sécurité parfait. Mais nous avons des contraintes. La première, c’est l’embargo qui nous empêche de doter nos forces de première catégorie que sont la police et la gendarmerie d’armes pour assurer la sécurité de ces populations. En plus, nous avons des contraintes financières. Nous sommes dans une situation de décroissance économique où on a un pays qui n’a pas les ressources qu’il faut. Il faut donc injecter beaucoup d’argent pour reconstruire ces casernes pour intégrer les jeunes associés aux forces armées, c’est-à-dire la réserve. Je suis certes d’accord avec vous, mais vous ne pouvez donc pas dire que la situation sécuritaire en mars 2012 est la même que celle d’avril 2011.

Il y a eu évolution. Mais lorsque des braqueurs s’attaquent au convoi du ministre délégué à la défense, c’est plus que de la provocation.


GS : Je conviens avec vous que ce sont des situations regrettables, déplorables. Ça montre aussi que ce n’est pas le citoyen simple qui est en proie à l’insécurité, que les autorités en sont aussi victimes. Nous en avons conscience, nous y travaillons, et vous verrez que la sécurité va se faire. Je voudrais simplement prendre l’exemple de décembre 2011. Vous savez très bien qu’en Côte d’Ivoire, depuis 1999, chaque fois qu’on approchait des fêtes de fin d’année, c’était comme une sorte de psychose liée aux questions des coups d’Etat. Pourtant, nous avons fait des fêtes paisibles, agréables. Les Ivoiriens se sont retrouvés, ceci a été chanté et loué partout. Ça veut dire qu’il y a eu des progrès. Evidemment, il y a encore des braquages çà et là. Mais ne restons pas les bras croisés. Je suis sûr que le trimestre prochain, les résultats seront palpables.


Certains observateurs notent que chaque fois que Guillaume Soro est menacé dans ses positions, l’insécurité grandit. Comme pour dire, c’est l’homme de la situation, il faut le laisser là.

GS : (Rires) Vous faites écho des ragots de bas étages. Vous savez, quand on est responsable, Premier ministre, on ne peut pas descendre à des choses ainsi faites. Si je veux demeurer ‘’ad vitam aeternam ’’ Premier ministre, j’en parlerai au Président de la République. En l’état actuel des relations que j’ai avec le Président de la République, je pourrais lui en parler, lui demander à continuer ma mission à la Primature. Donc je suis investi de sa confiance et de son soutien.

Les Ivoiriens qui sont sortis de cette crise avaient poussé un ouf de soulagement, et voilà que cette situation continue. Les populations sont prises en otage. Si ce ne sont pas les FRCI déguisés en bandits, ce sont des coupeurs de route qui sévissent de jour et de nuit au vu et au su de vos hommes en armes. N’est-ce pas là la promesse non tenue d’un deal avec eux?


GS : Ça m’amuse. Vous savez que j’ai eu ces types d’accusations très longtemps quand j’étais Premier ministre avec M. Laurent Gbagbo. On m’accusait de retarder les élections, de ne pas les faire parce que je voulais rester Premier Ministre. Vous n’imaginez même pas la charge de Premier ministre. Vous, quand vous finissez votre travaille, vous rentrez paisiblement à la maison. Vous avez votre femme, vos enfants, mais nous, nous avons des insomnies. Au moment où vous et le citoyen lambda êtes en train de dormir, je veille jusqu’à 5h du matin pour m’assurer que la situation sur nos frontières, à l’intérieur du pays sont sécurisées. Ce n’est pas une tâche aisée. Sur la question de la sécurité, je pense pour un pays comme le nôtre qui connu la guerre, qui a à ses frontières, des pays fragilisés par la guerre comme le Libéria, le Mali où il y a une instabilité, vous ne pouvez pas dire que des efforts n’ont pas été faite en terme de sécurisation des populations. Evidemment, il y a encore des dérapages, mais nous ne restons pas insensibles à ce qui se passe. Nous avons aujourd’hui presque 400 éléments des FRCI qui ont été arrêtés et emprisonnés pour des faits qui leur sont reprochés. Il y a quand même la sanction que nous appliquons. Le tribunal militaire a ouvert et nous avons commencé à les juger, à sortir des rangs des FRCI, les brebis galeuses. Il y a donc beaucoup de choses qui sont en train de se réaliser. Je demande beaucoup de patience. Ceci dit, je suis plutôt surpris, car quand je pars dans les autres pays, on voit le nombre d’investisseurs qui viennent à Abidjan. Les gens considèrent pour la plupart que la sécurité est revenue à Abidjan. Mais si nos journalistes insistent pour dépeindre la Côte d’Ivoire comme un pays où il y a des hordes de bandits, je suis surpris.


On entend beaucoup dire qu’il y a des tentatives de déstabilisation. Notamment à la frontière vers le Libéria. Même des camps d’entrainement qui seraient démantelé dans le pays. On pourrait avoir un point là-dessus ?

GS : Il faut que les Ivoiriens restent sereins, nous veillons au grain, nous ne craignons pas ces déstabilisateurs. Evidemment, il est vrai que certains miliciens dans leur repli se sont réfugiés dans des forêts quelque part, mais ils sont suivis par nos forces. Et je suis convaincu que le suivi que nous faisons permet d’anticiper toute forme d’action. Je peux donc rassurer les Ivoiriens que nous sommes biens là et nous veillons au grain.


Les producteurs de café-cacao sur l’axe sud-ouest, les axes sud-nord, maintenant Bouaké aux frontières, les gens sévissent tous les jours, et on a l’impression que vos hommes font trop de réunions.

GS : Evidemment, il faut commencer par une réunion. On ne va pas en rangs dispersés pour combattre la sécurité. Il faut un minimum d’organisation. On peut vous sortir les statistiques. Mars 2012 n’est pas mars 2011, je comprends l’impatience des Ivoiriens, je comprends la préoccupation des Ivoiriens, et nous sommes-là pour donner des réponses aux préoccupations des Ivoiriens. Mais je peux vous dire que lorsque nous constatons la recrudescence de l’insécurité dans des régions, des dispositions sont aussitôt prises. La gendarmerie a mis un dispositif spécifique anti-coupeurs de route dénommé ‘’renard’’ qui fonctionne parfaitement.


Il y a aussi le transfèrement de Laurent Gbagbo à La Haye. Beaucoup de questions sont posées. Est-ce qu’on n’aurait pas pu juger Laurent Gbagbo ici à Abidjan ? Ou bien ça vous arrangeait de le juger à La Haye, ainsi vous seriez tranquille.

GS : Sur cette question, il me faut certainement donner des éléments d’appréciation. Le Président de la République, le gouvernement ivoirien depuis décembre 2010, nous avons demandé à la CPI de venir enquêter en Côte d’Ivoire. Si M. Gbagbo ne voulait pas d’un tel destin, il aurait estompé les tueries. Peut-être qu’on n’en serait pas là. Première chose. Deuxième chose, les tueries ont non seulement continuer, mais se sont intensifiées. Et si vous vous souvenez, la CPI avait fait des mises en garde qui n’avaient d’autres objectifs que d’empêcher la continuation des tueries. Aujourd’hui, la CPI est venue et a enquêté et a trouvé qu’il y avait suffisamment d’éléments pour inculper certaines personnalités ivoiriennes. Entre temps, le Président de la République à la recherche de l’apaisement, de la réconciliation nationale, au mois de mai, m’a demandé de former un gouvernement de réconciliation nationale. J’ai moi-même rencontré toutes les forces politiques en vue de former ce gouvernement de réconciliation nationale. J’ai rencontré le FPI, à l’époque, c’était M. Mamadou Koulibaly qui était le premier responsable du FPI. Je lui ai donné les raisons qui fondaient la démarche que j’effectuais auprès de lui. A savoir qu’il rentre au gouvernement. Alors qu’il était totalement bien disposé, quelle ne fut ma surprise, de recevoir un courrier quelques jours plus tard pour dire que le FPI n’entrerait pas au gouvernement. Nous avons donc formé le gouvernement sans le FPI.


Et pour la réconciliation ?

GS : Evidemment ce n’est pas une bonne chose. Rappelez-vous en 2006, au début du dialogue direct, M. Laurent Gbagbo lui-même a tendu la main aux Forces nouvelles. Si nous avions refusé de faire le dialogue direct, où en serions-nous aujourd’hui ? Contre la volonté de certaines personnes de mon camp des Forces nouvelles et de l’opposition, j’ai considéré que l’intérêt de la Côte d’Ivoire devrait prévaloir avant tout. J’ai accepté le dialogue direct. J’ai été taxé de tous les noms dans ce pays. J’ai même échappé à un attentat parce que certaines personnes n’étaient pas d’accord pour que j’aille au dialogue direct. Mais pour accepter le dialogue direct, il faut être courageux pour le faire. Mais pourquoi, le Président Alassane Ouattara tend la main au FPI qui, lui, refuse de saisir cette main tendue. Ils ne sont pas allés au gouvernement. Vous savez, certaines choses se règlent au détail près. Si le FPI était au gouvernement, tous les jours avec le Président de la république, il serait en conseil avec le Président, il lui aurait parlé en disant, M. le Président, il est vrai nous avons fauté. Mais nous sommes entre Ivoiriens, réconcilions-nous, votre frère Laurent Gbagbo est à Korhogo, nous voulons aller lui rendre visite. Nous voulons que vous vous parliez au téléphone. Peut-être que les choses auraient été différentes. Mais qu’est-ce que nous avons constaté ? Non seulement on refuse d’aller au gouvernement, mais on incite les partisans à faire des révoltes dans le pays. On joue contre la réconciliation. Dans ces conditions, comme la CPI, au terme de son enquête décide de transférer M. Laurent Gbagbo à La Haye, parce que sachez que ce n’est pas le gouvernement qui l’a transféré, le gouvernement ivoirien n’a aucune capacité d’influencer les juges de la CPI, décide de transférer M. Laurent Gbagbo à La Haye, que voulez-vous que nous fassions ? M. Ouattara n’a pas d’argument pour dire : « Nous sommes dans un processus de réconciliation. Voyez, le FPI est au gouvernement, ils vont aller à l’Assemblée nationale. Permettez que la réconciliation se fasse ». Je pense que c’est une erreur de ne pas aller au gouvernement.


Aux dernières nouvelles, la CPI a décidé d’élargir son champ d’investigation pour s’intéresser aux évènements de 2002. Est-ce que ça vous inquiète ?Surtout que vous ...
On vient de parler de Laurent Gbagbo qui est soupçonné d’être co-auteur direct de crimes durant cette crise, vous êtes le chef des FN, les enquêtes ont été remontées, est-ce que vous ne craignez pas d’être mis en cause comme co-auteur ?
GS : Comme disent les latins, ‘’non timore’’. Cela veut dire je n’ai aucune crainte. C’est le gouvernement et je l’ai dit depuis 2008, j’ai demandé que la CPI viennent faire des investigations. On ne peut pas être contradictoire. On demande à la CPI de faire des enquêtes, ce n’est pas contre quelqu’un. On demande des enquêtes impartiales. Donc, si la CPI au terme de ces enquêtes en venait à inculper quelques personnalités que ce soient, celles-ci devront répondre. C’est mon point de vue et je suis serein, parce que je considère que la justice de la CPI est une justice impartiale.


Les Nations Unies ont condamnés quelques com’zone et vous êtes leurs chefs…
GS : Bien sûr, j’ai assumé la responsabilité de secrétaire général des Forces nouvelles, certains effectivement ont été condamnés. Je le sais, mais je demeure serein parce que ni le niveau de crime, ni l’origine des crimes ne sont comparables.


Même à Duékoué ?

GS : Bien sûr, même à Duékoué où il y a une commission nationale que nous avons mise en place pour enquêter.


Qui n’a pas encore fini ses enquêtes jusqu’à présent.
GS : Oui la commission n’a pas encore fini, donc n’anticipons pas. Laissons la commission faire tranquillement ses enquêtes. Ni vous, ni moi ne sommes juges, donc attendons les résultats.


Revenons au transfèrement. Il de plus en plus question d’éventualité du transfèrement de Mme Gbagbo à La Haye. Qu’en savez-vous ?

GS : Ce que je peux dire en tant que gouvernement, c’est que la CPI, donc est indépendante. Donc, ne pensez pas que la CPI nous rend compte tous les jours. Alors, donc nous savons que les enquêtes sont faites. Nous avons que des éléments sont recherchés. Maintenant pour l’heure, je n’ai pas encore entendu dire que Mme Gbagbo était inculpée, nous attendons de voir.


Mais vous attendez certainement de voir que cela peut arriver. Mais dans un gouvernement qui compte ministère de la femme de la famille et de l’enfant, est-ce qu’il n’y a pas une certaine émotion à avoir vis-à-vis d’une famille qui risque d’être décapitée à ce niveau.
GS : Ecoutez, je dis que la CPI est en train de faire ses enquêtes. Elle n’a pas encore achevé ses enquêtes, rien ne vous dis que la CPI a décidé de transférer Mme Simone Gbagbo ? En tout cas, je n’ai pas encore les éléments. Ceci dit, vous savez, on oublie trop vite aussi que la Côte d’Ivoire est sortie d’un traumatisme où il y a eu près de 3000 morts. Les Etats-Unis qui ont eu un peu moins de 3000 morts le 11 septembre 2002 n’ont pas encore fini de faire le deuil de ses morts. Donc, je pense qu’effectivement on peut bien s’inquiéter pour Mme Simone Gbagbo et autres (...)


J’aimerais aussi qu’on fasse le point sur les dignitaires de l’ancien régime qui sont soupçonnés, en tout cas leurs enquêtes sont en cours et quand pense-t-on qu’ils pourront comparaître éventuellement devant un juge ?

GS : Je veux quand même insister sur ce que nous avons trouvé le 11 avril 2011. Tout a été détruit. Il n’y a avait pas de MACA, il n’y avait pas de prisons, il n’y avait pas de tribunaux ; tout avait été saccagé. Et vous avez très bien qu’on ne construit pas une prison en un mois ; au moins les architectes le savent. Donc, il fallait que nous puissions procéder à la réhabilitation des infrastructures. Cela nous a pris au moins 6 à 8 mois. C’est maintenant que nous sommes dans des dispositions optimales pour mieux faire évoluer ces enquêtes. Donc, ces dignitaires ont été détenus comme vous le savez, mais bien d’entre eux ont été mis en liberté. Vous le savez aussi et le dégel de leur compte a été effectif pour bien d’entre eux on l’a fait par plusieurs vagues. Donc, ceux qui sont là les enquêtes sont en cours. Le ministre de la Justice a eu l’opportunité de nous rendre compte il y a seulement quelques semaines. Les enquêtes sont en cours et quand on aura fini, on sera transparent avec les Ivoiriens, ont leur dira ce que nous entendons de faire. Et les procès, évidemment, suivront.


Et ceux qui sont en exil ? Ils attendent de vous un signe pour rentrer en Côte d’Ivoire.
GS : Ah oui, mais le président de la République a lancé plusieurs appels pour leur demander de rentrer. Bien d’autres sont déjà rentrés.


Est-ce qu’il n’y a pas un piège là-dessous ?

GS : Mais pourquoi vous voulez qu’un gouvernement sérieux, un président de la République qui s’engage, on veuille jouer au piège de la souris. Ça n’a rien à voir.


Les gens de l’opposition estiment que les conditions ne sont pas réunies. Certains dignitaires du FPI, par exemple, ont toujours leurs maisons occupées par des militaires, d’autres effectivement ont toujours leurs avoirs gelés. Et il y a beaucoup de choses aussi qui se disent à l’extérieur sur la sécurité ici. Donc, qu’est-ce qu’il vaudrait trouver pour les rassurer, surtout rassurer leur inquiétude pour qu’ils aient envie de rentrer?


GS : Déjà, que ceux qui veulent rentrer, qu’ils entrent. Je n’ai pas encore eu ou entendu dire qu’un seul est rentré et n’a pas pu occuper sa maison. Donc, ceux qui veulent rentrer de bonne foi, qu’ils viennent. Nous prendront toutes les dispositions, j’en donne la garantie pour qu’ils soient sécurisés et qu’ils soient ici au pays. Je dis encore, bien d’entre eux sont rentrés, depuis les opérateurs économiques jusqu’aux politiques qui sont là.


M. le Premier ministre, on vous a vu dans ce rôle d’attaquant, au stade Houphouët-Boigny, lors de ce match Gouvernement-FIF , vous avez montré des prouesses et tout cela pour nous montrer la voix à suivre. Et toujours est-il que nous sommes partis et vous connaissez la suite. Pour certains, c’était plutôt un calcul politicien ; si vous aviez gagné, peut-être que ça aurait pu vous servir pour accélérer certaines choses, notamment, la réconciliation. Vous avez jouez et perdu. Commentaire.


GS : Vous savez, la posture des hommes publiques et des dirigeants est toujours difficile. Nous sommes l’objet de bien de procès d’intention. Nous voulions que notre équipe remporte la coupe pour la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens. Ce serait quand même un sentiment patriotique de fierté de remporter cette coupe. Malheureusement, nous n’avons pas remporté la coupe et certains Ivoiriens ont célébrés cette défaite. C’est bien regrettable qu’on en soit là, mais toujours est-il que nous ne désespérons pas de continuer à travailler sur les mentalités, pour que nous allions à la construction d’une nation. C’est cela le vrai problème. Que tous les Ivoiriens de quelque bord politique, de quelque religion, de quelque région, se sentent concernés par la Côte d’Ivoire. Ce que je peux dire, notre équipe n’a pas remportée la coupe ; mais elle n’a pas démérité. Et je dois dire personnellement que j’ai plutôt bien digéré.

Et, certains ivoiriens ont célébré cette défaite !


GS : C’est bien regrettable qu’on en soit arrivé là. Mais nous ne désespérons pas de continuer à travailler sur les mentalités pour que nous allions à la construction d’une vraie Nation. Que tous les Ivoiriens, de quelque bord politique, de quelque religion, de quelque région se sentent concerner par la Côte d’Ivoire. Ce que je peux dire, c’est que notre équipe nationale n’a pas remporté la coupe mais elle n’a pas démérité. Et je dois dire que, personnellement, j’ai plutôt bien digéré cette défaite en finale, parce que nous avons une équipe qui a pratiqué du beau football, qui n’a pas encaissé de but. On a vu une équipe solidaire, des garçons déterminés.


Revenons à l’actualité pour parler de l’assemblée nationale. A quel genre de débats parlementaires doit-on s’attendre d’un parlement dans lequel ne siège pas l’opposition significative ?

GS : Première des choses, vous voulez me faire participer à un débat qui n’a pas encore lieu. L’Assemblée nationale ne siège pas pour l’instant.


Gérer c’est prévoir…

GS : Je veux bien ! Celui qui présidera aux destinées de l’Assemblée nationale, je crois, est en train d’y réfléchir. Moi je suis député. Si je devais siéger dans cette assemblée, j’y apporterai ma contribution. Mais j’ai un sentiment contraire à ce que vous dites. La démocratie, ce n’est pas la démocratie des partis politiques. La démocratie, c’est le peuple. Et, les partis politiques, ce n’est pas forcément tout le peuple. Combien de petits partis, faute de moyens financiers, n’ont peut-être pas pu présenter de candidats aux législatives et ne se retrouveront pas à l’Assemblée nationale ?


L’opposition, dans chacune de ses déclarations, demande aux autorités d’ouvrir le dialogue. Qu’est-ce qu’il en est actuellement ?

GS : Nous ne pouvons pas nous en tenir aux déclarations démagogiques. La réalité est là. Moi je suis partisan d’un vrai dialogue avec l’opposition. Et, je militerai pour cela. J’ai déjà eu des entretiens avec le président de la République qui est soucieux d’avoir ce contact avec cette opposition. Mais, malheureusement, elle ne m’a pas l’air prête, aujourd’hui, pour ce dialogue. Il y a du reste une Commission Dialogue, vérité et réconciliation qui existe. On a même créé une instance pour engager ce dialogue. Donc, je pense que l’opposition a tellement de possibilité pour engager le dialogue. Nous sommes disponibles. Je vous dirai qu’on ne peut pas m’apprendre le dialogue. En ma qualité de secrétaire général des Forces nouvelles, j’ai fait le dialogue direct. Ce n’était pas à moi de faire de récrimination sur les conditions du dialogue. Vous savez, si je devais écouter mes partisans à l’époque, jamais je ne serais allé à la table des négociations. L’erreur qui est en train d’être commise, c’est de pratiquer la politique de la chaise vide. Ça ne mène à rien. Je pense que c’est important et, je prie le FPI d’accepter le dialogue quelles que soient les conditions. C’est en commençant ce dialogue qu’on peut progressivement engranger des résultats. Mais on ne peut pas dire : « Nous avons des préalables pour engager le dialogue ». Vous croyez que si moi j’avais posé des préalables à l’ancien président, Laurent Gbagbo en 2006 pour faire le dialogue direct, ce dialogue n’aurait jamais eu lieu.


Dernièrement, il y a eu beaucoup de personnes qui ont été arrêtées, maintenues en garde à vue prolongée de façon illégale allant au-delà des 48 heures requises. Vous ne pensez pas que ce sont là des dérapages qu’on peut facilement contrôler ?


GS : Je n’ai pas ces informations. De qui s’agit-il ?

Il y a eu les journalistes de Notre Voie, par exemple, des investisseurs qui s’occupent de la réfection des commissariats...

GS : Je considère que le ministre, Garde des Sceaux, un ministre compétent, qui fait son travail avec efficacité et qui connaît bien les procédures judiciaires pour être lui-même avocat, laisse prospérer de tels dérapages.


Toujours est-il que pour une partie de l’opinion, il y a une justice à deux vitesses pour ne pas dire une justice des vainqueurs contre les vaincus.

GS : Où ?


En Côte d’Ivoire !

GS : C’est pour ne pas être accusé de justice des vainqueurs que certains ont jugé que c’était une bonne chose de transférer monsieur Laurent Gbagbo à La Haye. Au moins, on ne dira pas que cette justice est partiale. Et qu’il aura un traitement dû à un prisonnier de son rang. Et, qu’il sera traité avec équité. Si nous l’avions jugé ici, c’est ce que vous auriez dit. C’est ce que ses partisans auraient dit. Je pense donc qu’il ne faut pas systématiquement dénigrer ces institutions. Notre justice, je vous l’ai dit, a eu des difficultés au-delà des infrastructures, au niveau des ressources humaines. Nous sommes en train de la construire. Il faut encourager le ministre garde des sceaux dans cette entreprise. Je suis convaincu que les choses iront de mieux en mieux.


Vous encouragez le garde des sceaux, mais des préoccupations demeurent notamment avec les législatives où on a dit qu’il y a eu des fraudes. On est reparti à des partielles et on s’est arrêté-là. Mais quand il y a eu des fraudes, quand on fait voter des morts on doit rechercher les coupables.

GS : Le principe de la séparation des pouvoirs existent en Côte d’Ivoire. Le gouvernement n’est pas chargé d’organiser les élections. Il y a une commission électorale indépendante qui organise les élections. Le juge de ces élections, c’est le Conseil constitutionnel. Et, je m’interdis, en tant que chef d’institution, de porter des jugements de valeur sur une autre institution. Je considère que le conseil constitutionnel a fait son travail. Et, qu’il l’a bien fait. La preuve : des circonscriptions ont été annulées. Je m’en tiens à cela.


Quel sentiment vous a-t-il animé lorsque vous avez appris, en tant que chef de gouvernement, qu’il y a eu des fraudes dans des localités où des ministres étaient candidats ?

GS : Bah, je considère que le Conseil constitutionnel a bien fait son travail. Je ne connais pas les motivations de l’annulation de telle ou telle circonscription parce que je ne m’en suis pas préoccupé particulièrement. Mais je considère simplement que c’est une bonne chose qui renforce la démocratie, s’il y a des fraudes ça et là, que le Conseil constitutionnel prenne ses responsabilités en les invalidant, c’est cela qui renforce la démocratie. Ce n’est pas parce qu’il y a des policiers, qu’il y a des gendarmes, qu’il n’y a pas de voleurs. La société est ainsi faite. Mais ce qui aurait été condamnable, c’est que le Conseil constitutionnel laisse faire les fraudes. Vous devez vous réjouir qu’on ait, aujourd’hui, un Conseil constitutionnel suffisamment crédible, capable de frapper là où il faut.


J’aimerais que le Premier ministre réagisse à cette violence qui nous colle finalement à la peau. A chaque élection, nous avons des morts. Les Ivoiriens sont-ils préparés à aller au vote par rapport à la sensibilisation et à la préparation des scrutins ?

GS : Je concède la grande déception que vous avez. Mais vous savez la démocratie est un long apprentissage. Il faudra bien que les Ivoiriens admettent que les élections, ce n’est pas un lieu de guéguerre ou d’affrontement de gladiateurs. Mais que c’est comme une compétition de football. On peut gagner, aujourd’hui ou perdre. Il faut simplement avoir à l’idée qu’à la prochaine élection on peut gagner. Cette responsabilité nous incombe à tous, aussi bien les journalistes que les hommes politiques et le gouvernement de continuer à sensibiliser. Mais je ne suis pas non plus pessimiste parce que la violence qu’il y a eu lors de l’élection présidentielle n’est en rien comparable à ce qu’il y a eu pour les législatives.


Parlant de votre arrivée probable à l’Assemblée nationale, certaines personnes parlent de point de chute, mais d’autres estiment que c’est un tremplin pour accéder rapidement à la présidence de la République en cas de vacance du pouvoir. Avez-vous lu ce texte là récemment ?

GS : Les Ivoiriens ont vraiment l’esprit fertile et l’imagination féconde. Qu’est-ce qu’on va chercher-là ? Je suis député. Rien n’est encore arrêté pour l’Assemblée nationale. Rien ne dit que je suis intéressé pour briguer la tête de cette institution. Je dis simplement que je ne ferai rien qui n’ait l’assentiment du Président de la République. Je suis en mission, je suis Premier ministre, le président m’a fait confiance, je ne veux pas décevoir cette confiance. Pour l’instant, il me demande de demeurer Premier ministre. Donc je n’ai pas d’autres ambitions que d’assumer la responsabilité que le président me confie.


Vous ne resterez pas Premier ministre toute la vie. Est-ce que dans votre avenir politique envisagez-vous vous présenter à la présidence de la République ?

GS : Le problème est je ne suis pas devin. L’avenir, qui sait ? Je m’attèle à cultiver la confiance avec le président. Si le président, un jour, dans un an, dans deux ans, dans trois ans me demande d’être son conseiller, je suis prêt à assumer cette responsabilité. Je l’ai déjà dit, et je l’ai dit au président de la République, je répète cela au cours de cette interview : monsieur le Président de la République, c’est vous seul qui êtes élu président de la République. Moi je suis à votre disposition et je suis prêt à servir là où il vous plaira. Je m’en tiens à cette déclaration.


Questions socio-économiques

M. le Premier ministre, le gouvernement appelle de tous ses vœux le point d’achèvement de l’initiative PPTE, qui peut apparaître aux yeux d’une certaine opinion comme une panacée. Votre ministre de l’Economie disait que ce n’était pas l’arrivée, mais un point de départ. Comment expliquez-vous le chef du gouvernement le fait que vous soyez accroché à cette initiative ? Et si cela n’avait pas existé ?


GS : Effectivement le PPTE est une quête importante pour l’Etat de Côte d’Ivoire. Depuis 2007 que nous sommes dans ce programme avec le FMI et la Banque mondiale, évidemment que nous avons fait beaucoup d’efforts pour arriver au point d’achèvement. C’est en 2009 que nous avons atteint ce point de décision et nous sommes en quête du point d’achèvement. Ce qui va se passer, c’est que l’Etat de Côte d’Ivoire est endetté à hauteur de 6.000 milliards de FCFA. Si nous atteignons le point d’achèvement, c’est autour de 80% de cette dette qui sera annulé. C’est autant de capacités pour la Côte d’Ivoire à recourir à un financement beaucoup plus important pour s’occuper de la situation de notre pays. Je pense que c’est important. D’autres pays ont eu cette initiative et on pu voir le redécollage de leur économie. La Côte d’Ivoire est en train de poursuivre. Parce que ce n’est pas marrant de savoir que chaque année dans le budget, nous sommes obligés de consacrer 500 milliards FCFA pour le remboursement de la dette extérieure. C’est autant de contraintes qui engendrent des difficultés. Je pense, aujourd’hui, que nous avons effectivement raison et que le ministre de l’Economie a suffisamment de raisons de considérer qu’une des priorités est d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE.


On a l’impression que ce point vous fuit un peu et qu’il avance au fur et à mesure que vous y arrivez. Il apparaît comme une forme d’horizon…

GS : Non. Il faut reconnaître qu’il y a eu une parenthèse de la crise postélectorale de décembre à avril 2011. Il est même heureux que les institutions ne soient pas revenues sur le point de décision que nous avons acquis.


Il y a quand même des obstacles ?

GS : Non. L’une des conditionnalités était que nous fassions la reforme de la filière café-cacao et qu’elle soit mise en œuvre six mois durant pour être évaluée. Ceci a été fait. Maintenant nous avons bon espoir, d’ailleurs la mission du FMI était là, vous avez entendu leur déclaration. Nous avons bon espoir que dans quelques mois nous pourrons atteindre le point d’achèvement. Je vous signale qu’effectivement ça pourrait changer les choses.


Justement, les Ivoiriens veulent savoir quand est-ce que les prix ne vont plus augmenter ? Quand est-ce qu’ils ne vont plus serrer la ceinture ? Quand est-ce que les choses vont vraiment commencer à se sentir dans population ? Nous croyons savoir que l’une des conditionnalités pour atteindre ce point d’achèvement concerne les efforts pour lutter contre la pauvreté ?

GS : Tout à fait. Il faut séparer les deux choses. Effectivement, nous sommes dans une situation de crise économique et financière. Nous avons pris la Côte d’ivoire, le 11 avril 2011, au bord de la faillite. N’eut été les soutiens que nous avons eus, le pays n’était presque plus en mesure de payer les salaires de ses fonctionnaires. C’est dans cette situation que nous avons pris le pays. Heureusement, avec les efforts fait par le gouvernement, il n’y a pas eu rupture de payement de salaire. Il faut savoir d’où nous venons. Nous étions dans une situation où il n’y avait plus de ports ou les ports étaient sous embargo, nous n’avions plus de banques etc. Les circuits de distributions étaient déglingués, désarticulés. Et c’est à quelques mois que nous avons déjà commencé à travailler. C’est quasiment en un miracle que nous avons monté un budget pour qu’il soit adopté en décembre 2011. Vous savez bien que les institutions internationales avait projeté le taux de croissance de notre PIB à moins de 8%. C’est parce que le gouvernement s’est mis au travail avec un président de la République rompu aux arcanes économiques et financières que nous avons réussi à monter la pente pour finir en décembre 2011 avec un taux de croissance de notre PIB à moins de 4%. Je suis convaincu que le meilleur est à venir puisque les mêmes spécialistes projettent notre taux de croissance à 8% en 2012. Nous avons espéré faire mieux au niveau de l’inflation, malheureusement, cela n’a pas été. C’est dû au fait que les circuits de distribution n’ont pas fonctionné du fait de la crise postélectorale. Nous somme à une inflation autour de 5%. Mais, nous sommes convaincus que cette année nous allons juguler cette inflation à autour de 2%. Sachez que la moyenne dans la sous-région, c’est autour de 3%. Le gouvernement est conscient de cela Et ce n’est pas au président Alassane Ouattara que vous apprendrez comment jouer sur les mécanismes économiques pour améliorer la situation financière de notre pays. Nous sommes en train de travailler et je pense que cette année les choses vont aller pour le mieux. Mais, quand vous parlez l’augmentation des produits sur les marchés, c’est dû à une conjoncture internationale qui n’est pas forcément nationale. On a le prix du baril de pétrole qui est à 106 dollars aujourd’hui. Ce sont des difficultés supplémentaires de voir le cours du baril du pétrole augmentés. Nous avons été déjà en 2008 confrontés à une situation pareille que nous avons gérée avec les mécanismes de stabilisation des prix au niveau de la pompe. A l’heure où nous parlons, le gouvernement est en train d’étudier tous ces mécanismes avec le ministre Toungara pour voir comment stabiliser tous ces prix et que la conjoncture internationale n’agit pas fortement sur la Côte d’Ivoire.


On note en interne des actions qui sont posées qui risquent d’appauvrir davantage les Ivoiriens. Les mises en chômage technique. Plus de 300 agents à la RTI ?

GS : Vous pensez d’abord à vous-même…

Il y a des cas pratiques. On peut comprendre l’augmentation du prix du baril de pétrole au plan international. Mais, lorsque le kilo de la viande bovine passe à 2.000 FCFA, ce sont des facteurs endogènes. On peut agir sur cela. Lorsque le prix du riz augmente, cela signifie que malgré les bassins rizicoles que nous avons, nous ne sommes pas en mesure de satisfaire nos besoins nationaux ?


Malgré tous les bas-fonds que nous avons que nous avons-nous ne sommes pas encore capables de satisfaire nos besoins nationaux, je pense qu’on peut agir la dessus
GS : Je suis parfaitement d’accord. C’est pourquoi si vous avez suivis le conseil des ministres de la semaine dernière il y a deux semaines nous avons adopté un plan d’urgence pour le riz. Parce que vous dites que nous avons des bas-fonds, mais je peux vous dire qu’ évidemment, il faut que l’Etat puisse investir dans ces infrastructures. L’aménagement de ces bas-fonds pour faire la promotion de la culture du riz parce que malheureusement on continue d’importer le riz donc l’objectif c’est de parvenir en 2015 selon le plan que nous avons adopter 2015-2016 à l’autosuffisance alimentaire en riz en Côte d’Ivoire c’est pourquoi je dis je suis d’accord avec vous c’est pourquoi je dis que le gouvernement est au travail mais nous héritons d’une situation où la Côte d’Ivoire était au bord du gouffre. Ça aussi il faut l’admettre vous ne pouvez pas parler de perspectives sans faire un diagnostic et le diagnostic c’est quoi? C’est justement qu’on n’avait pas de politique cohérente sur toutes ces questions aujourd’hui nous avons avec le ministère du plan élaboré ce qu’on appelle le plan national de développement quadriennale qui prend en compte toutes ces préoccupations que vous avez évoqués aussi bien le développement du vivrier en Côte d’Ivoire vous avez parlé de la viande etc donc il y a des programme que nous avons élaborés. Le plan national quadriennal sera adopté et donne des solutions à court et moyen terme à ces problèmes que vous posez.


Monsieur le ministre comment expliquez-vous cette avalanche de mise en chômage technique alors qu’on a promis 2000 emplois ?

GS : Je crois que la situation à la RTI est bien particulière. Je sais que ça vous préoccupe parce que vous êtes de la maison je vais vous répondre et ensuite revenir aux autres. Je pense que le ministre de la Communication à trouver une situation bien singulière à la RTI il y avait un personnel semble-t-il pléthorique. C’est une société d’Etat de type mixte. L’objectif d’une société est de faire des profits. Evidemment, quand il y a un trop plein de personnel à se tourner les pouces, il faut mettre de l’ordre. Il fallait restructurer et c’est que ce que les nouvelles autorités de la RTI sont en train de faire. C’est vrai, il y a des chômages techniques, mais on ne peut pas être pessimistes. Sinon la RTI elle-même arrivera à une situation de cessation de payement de paiement. Donc il fallait prendre des mesures vigoureuses douloureuses certes, mais vigoureuses pour relancer cette machine. Aujourd’hui on a libéralisé l’espace audiovisuel. Toutes ces compétences peuvent aller dans le privé, avoir des emplois. Donc je veux dire qu’ il ne faut pas croire dans un pays que c’est l’Etat qui donne les emplois. Le grand pourvoyeur d’emploi, c’est le secteur privé. Parce que la Fonction publique, il y a combien de fonctionnaires que l’Etat emploie, mais la politique du gouvernement c’est de dire qu’il faut créer un environnement d’affaires pour permettre aux investisseurs de venir en Côte d’Ivoire pour créer un secteur privé dynamique qui puisse employer les Ivoiriens et c’est ce que nous sommes en train de faire.


Quelles mesures d’accompagnement?

GS : Il y a des mesures dans le plan d’action de développement quadriennale nous avons de façon spécifique consacré donc dans l’amélioration des affaires en Côte d’Ivoire des aides aux secteurs privé pour lui permettre d’être dynamique et ça été déjà discuté avec le secteur privé lui-même.


Sauf que la dette intérieure en ce qui concerne le secteur privé non bancaire est encore lourde?

GS : Bien sûr d’ailleurs l’année dernière nous avons consentir des efforts pour apurer cette dette et ces efforts seront continuels(…) Ce que je peux dire, au plan économique, c’est vrai que la conjoncture est là c’est vrai que nous sommes dans une situation décroissante d’économie, mais je suis sûr que le trimestre prochain, les choses vont s’améliorer. Ces chiffres que je donnes ne sont pas des chiffres du gouvernement que nous avons fabriqués entre nous. Mais ce sont des chiffres certifiés par la Banque mondiale et le FMI. Ils ont projeté un taux de croissance de notre PIB de 8% en 2012, c’est à dire que les choses seront fleurissantes dans notre pays.


Vous avez adopté une politique de gratuité qui s’est appliqué à la santé et dans l’éducation, sauf que dans l’applicabilité il y a des faiblesses. Comment entendez-vous corriger ces faiblesses surtout que le budget 2012 est assez timide vis-à-vis de ces deux secteurs importants pour la population?

GS : Alors deux choses effectivement vous faites bien de le dire nous avions adopté la politique de la gratuité au niveau de la santé effectivement il ya eu des difficultés donc quelques fois des ruptures des ruptures pour les médicaments il y avait le fait aussi que les médecins étaient surchargés, débordés sans compter la mauvaise fois de certaines personnes qui partaient se déclarer malades alors qu’il n’en est rien c’était juste pour profiter de la gratuité des soins c’est pourquoi en faisant le bilan de cette gratuité nous avons récemment il ya quelques semaines pris des mesures pour limiter cette gratuité à des couches sociales précises ce qui aura pour avantage de mieux focaliser l’aide que l’Etat apporte à des personnes cibles par exemple les accouchements pour bien d’autres choses on n’a dit on va faire la gratuité à ce niveau donc je penses que c’est important vous avez regardez le budget mais je vous signale que ce budget en ma matière de fond que nous apportons à la santé , à l’éducation il y aussi un programme présidentiel qui vient en complément du budget que nous avons alloué pour la santé et l’éducation mieux dans le dsrp avec la banque mondiale vous savez que les deux secteurs prioritaires c’est
bien la santé et l’éducation nationale au niveau de l’éducation nationale nous avons faire des kits gratuits on a aider les élèves nous a proposé un plan de nous sommes aussi en train de continuer dans cette voie Mme la ministre de l’éducation nous a proposer un plan de réhabilitation et de construction de ces infrastructures et nous sommes en plein reconstruction de ces infrastructures là et je pense que c’est une bonne chose actuellement elle-même face aux déficits d’enseignants, elle est en train de recruter des enseignants


Quelles sont les réelles motivations de la non réouverture des universités?

GS :Moi je me suis rendu à l’université et j’ai vu une situation je dirais dramatique l’université était devenu un cimetière de frotture nous avons découvert des monticules je ne veux pas revenir sur ces choses tristes mais ce que je peux dire c’est que c’est infrastructures à l’université étaient totalement dégradés comment voulez-vous qu’on laisse des étudiants dans ces conditions c’est d’être humains tout était délabrés il faut faire un tour dans ces universités pour comprendre qu’on ne peut pas envoyez raisonnablement des étudiants aller faire des étudiants la bas il fallait faire les infrastructures et réhabilité ces infrastructures et même agrandir la capacité d’accueil des étudiants je vous dire construire un amphi malheureusement ne ce fait pas en un mois nous avons faire beaucoup d’efforts sa va à l’état autour de 50 milliards pour réhabiliter aussi bien l’université les résidences universitaires Abobo- Adjamé et tout ça pour que l’année prochaine les étudiants puissent aller dans des conditions acceptables à l’université


La plupart des étudiants auront perdus trois mois…

GS : C’est salutaire le fait qu’on injecte de l’argent sérieusement pour permettre aux étudiants de repartir dans un cadre de vie et de travail fiable nous voulons qu’il est des diplômes crédibles et certifiés pour notre université s’il faut le fait il ya des sacrifices à consentir le gouvernement l’a annoncée la rentrée sa sera en septembre bien que l’université soit fermé il ya quand même des grandes écoles où il ya des gens qui sont aller s’inscrire.


Le gouvernement l’a annoncé, la rentrée sera en septembre et nous allons prendre le temps de permettre aux étudiants, ceux qui veulent le faire d’y aller. Bien que l’université soit fermée, il y a quand même les grandes écoles où certains ont pu s’inscrire ou aller à l’école. Donc, il ne faut pas voir la question de façon stagnante, elle est dynamique. Quand un étudiant n’a pas la possibilité d’aller à l’université de Cocody, il va dans une grande école où il a un emploi.


Le président de la République a promis un million d’emplois d’ici 2015. Mais nous ne sentons pas cette politique d’emploi des jeunes.

GS : Il faut quand même concéder que ce gouvernement a créé plus d’emplois qu’on aurait pu penser. Pas plus tard que deux semaines, 2400 emplois ont été créés à Bouaké. J’étais moi-même sur des chantiers créateurs d’emplois. Et c’est une politique volontariste que nous allons appuyer. Nous allons atteindre à un moment donné une vitesse de croisière pour la création de ces emplois. Le secteur privé est en train de reprendre, l’économie est en train de reprendre. Même une vraie politique a été adoptée. Faites confiance au gouvernement. Evidemment, cela ne se transforme pas en deux jours. Et, acceptez que je dise que ce n’est pas en six mois qu’on règle les problèmes d’un pays. Le président de la République, Alassane Ouattara a un mandat de cinq ans , on pourrait peut être fait le bilan de ce mandat.


Aujourd’hui, les syndicats semblent avoir baissé pavillon. Aujourd’hui, il y a une sorte de trêve.

GS : Vous me posez la question du chômage dans un période où le gouvernement est encore en programme et nous cherchons à atteindre l’initiative Ppte. Il faut de mon point de vue une programmation même des préoccupations des syndicalistes. C’est pourquoi les plus avisée considérant aujourd’hui qu’il faut laisser le temps au gouvernement de faire ses preuves. Qu’ils nous observent parce que, nous sommes à la tache pour pouvoir leur donner des réponses au moment opportun. La situation n’est pas spécifique à la Côte d’Ivoire


Est-ce qu’il y a des délais ?

GS : Pour l’instant, je ne peux pas vous donner des délais ici, parce qu’il a tellement de conditions que nous devons d’abord lever, franchir avant de posséder à redistribution de richesse. Mais je suis content que les syndicats comprennent l’urgence. Aujourd’hui, la priorité des ivoiriens, c’est de faire leur réconciliation, de procéder à la reconstruction du pays, de créer les emplois, de rendre dynamique le secteur privé pour accompagner le processus.


Réconciliation nationale

Vous avez parlé de réconciliation. Est-ce que vous avez constaté dans les faits et gestes que les Ivoiriens le font réellement

GS : Je crois que passer les chaudes heures du ressentiment de plus en plus, cette réconciliation gagne en intensité. La réconciliation sera une quête permanente. Je suis plutôt rassuré à partir du moment où les outils de cette réconciliation existent.


Est-ce que Charles Konan Banny pourrait faire son travail dans l’ouest du pays. Quand on la situation par exemple des populations qui ne peuvent pas aller au champ. Que les villages sont détruits et le fait que certains ont du mal à retourner dans leurs villages d’origine ?

GS : Cette question mériterait d’être posée à Banny lui-même qui a eu plus de temps à se consacrer à la question. Mais quand nous sommes sollicités, nous faisons ce qu’il y a à faire. Et je vous dis encore que la réconciliation est une quête de longue haleine. Donc ne penser pas que cette réconciliation viendrait par coup de baguette magique. Donc Banny prend le temps de faire son travail. Et le gouvernement doit l’accompagner dans sa mission. Même dans des pays qui n’ont pas connu la guerre, on parle de réconciliation, notamment en Guinée.


Selon vous, quelles leçons pourraient tirer les ivoiriens de cette crise post électorale ?

GS : Je suis très triste et malheureux de constater que nous n’avons pas réussir notre révolution démocratique en douceur. D’autres pays l’ont réussir mais ça été difficile chez nous. La crise post électorale est la pour rappeler les difficultés que nous avons eu. L’important n’est pas la guerre que nous avons connue mais comment nous sortons de cette guerre. Je souhaite que la Côte d’Ivoire sorte de la guerre renforcée parce que toutes les nations fortes ont connu un jour une crise. Aujourd’hui nous sommes sortis de cette guerre et nous sommes dans la case de départ. Nous essayons de mettre en place des institutions crédibles qui pourraient jouer leur rôle dans le renforcement de la démocratie dans notre pays. je souhaite que tous les ivoiriens y adhèrent. Je voudrais également lancé un appel au Front populaire ivoirien(Fpi) à enter dans le dialogue. Il ne faut pas croire que se mettre en marge de la réconciliation peut faire avancer le pays.


Est-ce que le FPI entre dans le gouvernement est envisageable ?
GS : Vous en savez des choses sur le gouvernement


Vous allez nous le confirmer oui ou non

Le président de la République est ouvert et disponible. Si le FPI s’inscrire dans la voie de la réconciliation du dialogue, il n’y a pas de raison que les filles et fils ne se mettre pas ensemble pour sauver la Côte d’Ivoire. Pour cela, je n’ai aucun doute


Est que les autorités crient qu’ils veulent prendre l’angle avec le Fpi et le Fpi le fait également mais apparemment rien ne marche.

C’est qu’il y a de la mauvaise foi quelque part

Où ?
Il y a deux possibilités pour le Fpi. D’abord, la commission dialogue vérité et réconciliation avec le président Banny peut être que vous pourriez lui poser la question de savoir si le Fpi a fait les démarches qu’il faut. Ensuite, il y a l’exécutif. Je rappelle que le ministre de l’intérieur a reçu la direction du Fpi. Le président les a aussi reçus. Ils avaient posé un certains nombre de revendications auxquelles nous avons fait droits.


On parlait tantôt de ce que les législatives nous avaient causé en termes de violences. Est-ce que vous vous apprêtez à préparer les Ivoiriens aux élections à venir ?

GS : Tout à fait, le gouvernement est en phase. Il revient à la Cei de proposer des dates au gouvernement. Et nous prendrons toutes les dispositions pour que les élections puisent se tenir. Il est vraiment important que nous organisons les municipales et les régionales pour donner les moyens aux uns et aux de participer au développement local.


C’est pour quand l’ouverture de la première session de l’Assemblée nationale ?

GS : Notre Constitution fixe pour le troisième mercredi du mois d’avril la séance ordinaire du parlement ivoirien.

Notre constitution fixe, pour le 3ème mercredi du mois d’avril la séance ordinaire du parlement ivoirien.


Quel est le bon et le mauvais souvenir que vous gardez et qui pourraient avoir un impact sur votre futur durant tout le temps que vous êtes premier ministre ?

GS : Il va falloir que je réfléchisse au bon souvenir. Le mauvais souvenir, la grosse déception que j’ai eue c’était après le 28 novembre quand la Côte d’Ivoire a sombré dans la guerre. J’avoue que nous y avions consacré tant d’énergie, nous y avions travaillé et tout donné pour que cette élection soit transparente, libre et démocratique que nous avons été profondément choqué de voir que les acteurs qui pourtant nous avaient promis et s’étaient même engagés à respecter le résultat des urnes n’aient pas tenu parole. Cela nous a fortement marqué, non pas que cet engagement n’était pas tenu, mais c’était même le manque de prise de conscience, de responsabilité face à toute la nation. Tous ces gens qui sont morts d’un camp comme de l’autre ne le devraient pas.


Avez-vous dit au président Gbagbo que son point de vue….

GS : Le 30 novembre 2010, j’ai eu un entretien, le dernier avec l’ancien président à sa résidence. D’ailleurs je vous passe les détails de mon arrivée là-bas qui n’était visiblement pas souhaitée. Nous nous sommes rencontrés en tête-à-tête. Je lui ai dit monsieur le président, les nouvelles ne sont pas bonnes pour vous. Monsieur Ouattara vient en tête. Je souhaite que vous acceptiez qu’on laisse proclamer ces résultats. Monsieur le président on n’est pas un grand homme parce qu’on est président. Vous savez l’histoire a retenu bien de grands hommes qui n’ont pas été chefs d’Etat, présidents de la République. Martin Luther King n’a pas été chef d’Etat, mais il a marqué l’histoire. Monsieur le président, je vous en supplie, laissez l’élection se faire. Parce que si vous refusez, je n’ose même pas imaginer la crise que notre pays va vivre. J’y ai été et je pense que si j’avais été suivi par d’autres acteurs comme moi pour le lui dire, je ne sais pas si on aurait été entendus mais j’ai joué ma responsabilité. Je l’ai dit au président et il m’a regardé quelque peu hagard. Vous savez ce regard qu’il a lorsqu’il a quand il ne veut pas vous écouter. Et il m’a dit monsieur le Premier ministre, je vous rappelle dans trois heures. Je suis parti, j’ai réuni tous mes hommes et je leur ai dit on a échoué de le convaincre à accepter les résultats et ça ne va pas rater.


Ce 11 avril lors de l’arrestation du président Laurent Gbagbo, on l’a vu sur notre petit écran. Mais il y a eu par la suite beaucoup de supputations. Quelle force a arrêté le président ?

GS : Vous savez, les gens aiment inventer. J’ai été un acteur privilégié de cette affaire. Quand nous avons déclenché les hostilités depuis Bouaké, Man et Bouna, j’espère vous allez mener vos enquêtes, il n’y avait pas la force Licorne. Nous sommes venus à Abidjan. Ce que vous ne savez pas, c’est que nous avions voulu éviter la bataille dans la ville d’Abidjan, c’est pourquoi nous avions encerclé la ville. Et nous avions espéré que Gbagbo se sentant encerclé, donc pris, accepterait de discuter et de céder le pouvoir. Mais mieux, j’ai appelé le général Dogbo Blé qui est encore vivant qui est là à qui vous pourrez poser la question. Je lui ai dit mon général, la ville d’Abidjan est encerclé, je ne veux pas de sang versé dans la ville d’Abidjan. Je vous demande en tant que commandant de la Garde Républicaine d’aller voir le président, de lui demander de laisser tomber les armes. S’il n’a pas confiance en ce que je dis, il peut solliciter l’ONUCI ou les Français pour sa sécurité. J’ai même dit à Dogbo Blé que nous étions prêts et que je m’engageais si Gbagbo acceptait de laisser le pouvoir, de négocier un poste pour lui auprès du président Alassane et avec ses pairs de l’Union africaine pour qu’il ait un positionnement comme le président Sékouba Konaté de Guinée. Le général Dogbo Blé m’a répondu qu’il était militaire qu’il savait se battre et qu’il avait les moyens de le faire. A partir de là, j’ai compris que les hostilités ne pouvaient qu’être évidentes. Nous sommes rentrés à Abidjan. Ce qui s’est passé à Abidjan, c’est que les miliciens de Gbagbo ont commencé invariablement à attaquer les citoyens, même les diplomates français. Le cas de l’ambassadeur du Japon est palpable et évident, vous le savez. Et c’est dans ces conditions que les Nations unies ont décidé de bombarder et de détruire les armes lourdes de Gbagbo. C’est dans ces conditions que nos hommes ont pu rentrer jusque à la résidence de Gbagbo. Et on nous dit que ce sont les Français qui sont rentrés chercher Gbagbo, mais les vidéos sont là. Et nous avions même donné les instructions à nos hommes, nous avons dit que nous ne voulons pas qu’il arrive quelque chose à un seul cheveu de Gbagbo. Nous avons préparé les gilets par balle pour le protéger. Vous l’avez vu on l’a protégé. Il y avait plus de 107 personnes dans le bunker. Nous les avons sortis sains et saufs, à l’exception de l’ancien ministre de la Sécurité, Désiré Tagro. Évidemment, c’était un grand acte de réconciliation que nous voulions donner aux Ivoiriens. Dans d’autres pays, certains dirigeants n’ont pas eu cette chance. Kadhafi n’a pas eu cette chance. Mais il faut le reconnaître. Si c’étaient nous qu’on avait encerclé à l’hôtel du Golf, vous pensez que je serai aujourd’hui parmi vous pour vous parler ?

Réalisée par la RTI et la BBC

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