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Art et Culture Publié le jeudi 15 mars 2012 | Le Patriote

Armand Déa, correspondant : Et si c`était un mal nécessaire ?

On le pressentait depuis quatre mois après la mise en chômage technique de 322 agents en novembre 2011. Pour la Direction générale de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI), c'était indispensable, pour éviter un dépôt de bilan. Le dégraissage, tant redouté, de l'effectif, il est vrai pléthorique, de la RTI a fini par arriver. Et le douloureux scalpel de ses responsables a, au bout du compte, “tranché la tête” de 300 agents lundi, ramenant ainsi le nombre du personnel qui avoisinait les 1000 travailleurs, à un peu plus de 600 employés. A dire vrai, ce licenciement collectif n'est véritablement pas une surprise.

En optant pour la mesure de chômage technique, il était clair dans l'esprit des responsables de la RTI que le dégraissage du personnel était inéluctable. On se souvient, peu avant que la mesure de chômage technique ne soit effective, lors d'une rencontre avec les agents, dans la Cour de la maison de la télévision, Aka Sayé Lazare avait, sans ambages, indiqué que c'était la « solution pour sauver la RTI ». Mieux, dans un entretien qu'il nous accordera quelques semaines plus tard, il soulignera que l'entreprise était dans une situation de quasi-faillite. Il fallait donc cela, sinon c'était la banqueroute. On devine donc aisément que le licenciement qui est effectif, depuis lundi, n'est que l'aboutissement d'un processus mûrement réfléchi et donc prévisible. Pour autant, elle semblait, à l'analyse, inévitable d'autant que la RTI croule sous le poids d'une dette colossale que d'aucuns chiffrent à des milliards de francs CFA. L'essentiel de ses recettes étant englouti dans ses charges de fonctionnement notamment la masse salariale. Du coup, l'entreprise était en proie à un déficit chronique et donc dans une situation chaotique. Il fallait donc agir, pour freiner la descente aux enfers ! Pour la Direction générale de la RTI, cela passait nécessairement par une baisse sensible de la masse salariale, autrement dit un dégraissage massif des effectifs.
S'il est vrai que cette pilule est dure à avaler, elle peut, cependant, se comprendre pour certains cas, singulièrement ceux qui n'apportaient réellement pas grand-chose à la RTI. On pense notamment aux « bras cassés », ces agents qui passaient le plus clair de leur temps à errer dans la Cour de la RTI qu'à travailler véritablement. Ou encore à ces centaines de jeunes, sans qualification aucune pour beaucoup d'entre eux, déversés à la RTI, sous l'ancien régime, plus pour leur appartenance politique que pour leurs aptitudes professionnelles. On peut, à un degré moindre, comprendre aussi la mesure pour ceux qui sont touchés par l'âge de la retraite. En revanche, ce qui laisse perplexe, c'est la présence sur la liste des 300 « remerciés », des noms de monstres sacrés de la télé, comme Barthélémy Inabo Zouzoua, Tonton Bouba, Jacques Zadi, pour ne citer qu'eux…qui ont écrit, c'est indéniable, l'une des plus belles pages de l'histoire de la RTI. Se séparer des gens qui ont, non seulement, du talent mais surtout du vécu professionnel, paraît incompréhensible pour une RTI qui fera bientôt face à la rude concurrence que les chaînes de télé privées s'apprêtent à lui livrer. De toute évidence, un mélange de jeunesse et d'expérience est toujours porteur qu'un rajeunissement tout azimut, quoique que ces jeunes soient talentueux. La perte de ces icônes, pourrait être un sérieux handicap pour la RTI dans les mois à venir. En se séparant de 300 agents, Aka Sayé Lazare, fait certes une substantielle économie, s'offrant ainsi une bonne bouffée d'oxygène, qui lui permettra sans doute de vivre des fins de mois moins stressantes. Mais, les experts en matière de gestion le savent bien, pour sauver une entreprise, il ne faut pas seulement regarder les finances. Il faut aussi compter avec les ressources humaines. Ne dit-on pas qu'elles sont la première richesse d'une société ? En tout cas, Aka Sayé Lazare et son équipe doivent redoubler de vigilance pour ne pas que ce média d’Etat perde en qualité. La concurrence du privé n’est pas loin…

Y. Sangaré
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