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Politique Publié le jeudi 22 mars 2012 | Le Patriote

Dialogue et réconciliation : Ouattara a toujours tendu les deux mains au FPI

Au sortir de l’audience que le Président de la République lui a accordée, le mardi dernier, M. Charles Konan Banny, ancien Premier ministre, président de la Commission dialogue-vérité et réconciliation a prononcé cette phrase: «J’ai demandé au Président de tendre les deux mains au FPI». Ces propos, s’il les a vraiment tenus, portent à confusion et donnent libre cours à des interprétations malheureuses. Cette «demande» du président de la CDVR peut vouloir dire que le président de la République, jusque-là, n’a tendu qu’une seule main à l’opposition sans que l’on ne sache ce que cache celle qu’il garde derrière le dos. Une chicotte? Des friandises? Difficile de répondre. La tendue serait la carotte et la cachée, un bâton. Ou vice versa. Vu sous cet angle, on pourrait dire que le président de la République n’est pas sincère quand il demande à ceux qui sont partis en exil de rentrer. Peut-être même qu’il leur tend un piège, puisqu’il cache une main. En ne tendant qu’une seule main, l’on pourrait conclure que le Chef de l’Etat ne croit pas en cette réconciliation. Il ferait ce geste parce que «contraint par la communauté internationale» comme veulent le faire admettre les journaux de l’opposition. C’est le ministre Don Mello, qui, de l’endroit où il se cache, disait, justement, que le président Ouattara tendait une main aux exilés en leur demandant de rentrer et qu’il utilisait l’autre pour les mettre en prison. C’était à l’époque où certains exilés rentrés au pays avaient été interpellés par la police et remis en liberté. Ce ministre oubliait que d’autres sont revenus et n’ont jamais été inquiétés. L’ancien maire de Yopougon Gbamnan Guidan est toujours rentré, n’a jamais été inquiété et des exemples de ce genre sont légion. Des caciques du FPI qui n’ont jamais quitté le pays, se promènent ici, vaquent à leurs occupations, font des déclarations enflammées sans que le ciel ne leur tombe dessus. Le ministre Amani N’Guessan, Laurent Akoun, Miaka Ouretto et bien d’autres ont toujours été libres. Cette phrase du président de la CDVR renvoie, malheureusement, à cela.
Or, Alassane Ouattara a toujours tendu ses deux mains au FPI. Ne parlons pas de l’épisode Front républicain sinon, l’on nous rétorquera que c’est de l’histoire ancienne. Mais les militants du FPI n’oublient pas qu’Alassane Ouattara a toujours considéré Laurent Gbagbo comme son frère avec tout ce que cela comporte comme disponibilités. Pendant la campagne présidentielle, lors du débat télévisé, c’est toujours en termes de fraternité qu’il s’est adressé à lui. Pendant la grave crise post-électorale, là où certains se seraient lancés dans des menaces de tout genre, le réel vainqueur du scrutin qu’était le candidat du RDR devenu celui du RHDP, a toujours demandé à «son frère Gbagbo» de revenir à la raison pour sauver le pays, pour épargner la souffrance aux populations. Ceux qui sont dans le bois sacré, savent les concessions que le président élu était prêt à faire à son frère Gbagbo pour qu’il ne perde, ni sa dignité d’homme, ni ses privilèges d’ancien président de la République. Si la sagesse et la raison avaient gagné l’ancien président et ses partisans, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Au lendemain du 11 avril 2011, date à laquelle, Laurent Gbagbo a été déchu, Mamadou Koulibaly, alors personnalité en vue du camp présidentiel, a été parmi les premiers à être reçus par le nouveau président de la République C’était exactement le 20 avril 2011. Après les turbulences de fin de guerre, après le gouvernement d’urgence et pour donner corps à sa promesse électorale d’associer toutes les sensibilités politiques à la gestion du pouvoir, Alassane Ouattara a tendu les deux mains au FPI, lui demandant d’entrer dans le gouvernement. Les Ivoiriens et autres observateurs de la vie politique nationale se souviennent encore des tergiversations des responsables intérimaires de ce parti, allant de préalables en préalables, pour, en définitive refuser d’entrer dans le gouvernement, snobant ainsi les deux mains tendues du Chef de l’Etat. Et pourtant, le pouvoir avait démontré sa bonne foi. Le solde de la subvention de l’Etat de leur parti a été versé. Cela représentait une rondelette somme de 125millions de FCFA. Certains de leurs cadres détenus ont été élargis. Malgré tout, le FPI n’a pas voulu franchir le pas. Si Alassane Ouattara ne voulait pas l’association du FPI, il aurait fait comme bien d’autres avant lui: choisir dans le camp de Laurent Gbagbo, des personnalités prêtes à venir s’asseoir au gouvernement, sans attendre l’onction de leur parti. Mais, il n’en a pas voulu. Pour lui, il ne s’agit pas de faire du saupoudrage. Il veut une réconciliation vraie. Quand il tend les deux mains, il ne met pas en place un piège pour ses adversaires. C’est donc à l’opposition qu’il faut demander de saisir les mains tendues du président de la République. La Commission-dialogue-vérité et réconciliation est l’un des instruments qu’il a mis en place dès les premiers jours (1er mai 2011), pour parvenir à la normalisation de la situation du pays. Pour mettre fin, définitivement, à la haine et à l’état de guerre larvée. Le président de cette structure, dans l’accomplissement de sa mission peut demander au président de la République, de continuer à tendre les deux mains à ses frères de l’opposition, plutôt que de donner l’impression qu’il y a manque de sincérité dans le geste de celui qui l’a commis à cette tâche. Personne ne se satisfait de l’exil auquel se contraignent des personnalités de l’ancien camp présidentiel. Aucune guillotine ne les attend au pays à leur retour. Personne n’est poursuivi ici, rien que pour avoir milité à LMP. Ne se retrouvent devant la justice que ceux qui sont soupçonnés d’avoir commis tel ou tel forfait. Dans ce cas, celui qui n’a rien à se reprocher ne peut pas s’imposer, inutilement, les souffrances d’un exil. A La Haye, Laurent Gbagbo sera jugé. S’il est reconnu innocent personne ne peut ou ne doit l’empêcher de retrouver le pays avec qui, disait-il, il a une longue histoire. Il verrait alors comment les choses ont changé. Si demain, la Côte d’Ivoire se réconcilie, elle le devra au président de la République. Il en aura créé les conditions, en dotant le pays d’instruments adéquats, tenant le discours d’apaisement qui convient, posant les actes de rassemblement nécessaires. C’est d’abord à lui que reviendra ce mérite.
Raphaël Lakpé
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