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Société Publié le lundi 26 mars 2012 | Nord-Sud

Crise dans les cocoteraies de Grand-Lahou : Les villageois déterrent la hache de guerre

Les 11 villages de l’île Avikam et le village de Lahou-Kpanda sont sur le pied de guerre. Ils ont demandé à l’Etat de leur rétrocéder leur portion de terre au détriment de la Sicor qu’ils accusent de violer les clauses de la convention.

Samedi 24 mars, il est 13 h, lorsqu’après la traversée de la lagune par le bac, nous arrivons à Likpi Lassié, l’un des 11 villages composant, l’île Avikam, dans le département de Grand-Lahou. Là, 12 chefs de village, y compris celui de Lahou-Kpanda, attendent avec impatience et beaucoup d’enthousiasme des visiteurs afin d’exposer leurs difficultés. C’est le chef du village hôte, Abouré Emmanuel, qui sonne la charge. Selon lui, l’Etat ivoirien, aux premières heures des indépendances, dans sa politique de développement, avait concédé 5000 hectares de cette zone à la Palmindustrie. Cette portion de terre a servi à la création de plantations de cocoteraies.

Non respect des engagements par la Sicor

Au dire d’Emmanuel Abouré, l’Etat avait pris l’engagement de céder la terre aux populations villageoises, 30 ans après. Mais, contre toute attente, en 1996, à l’occasion de la privatisation de la Palmindustrie, suite à un appel d’offres, ces 5000 hectares sont concédés à la Société ivoirienne de coco rapé (Sicor). Pour les chefs, il ne s’agit nullement de se plaindre de cette politique de l’Etat qui ne concerne pas exclusivement Grand-Lahou. Mais, plutôt de dénoncer l’attitude d’un opérateur, en l’occurrence la Sicor, qui est la seule bénéficiaire. Dans la convention que l’Etat a signée avec cette société représentée par Mme Beatrice Amoakon, le 26 juillet 2006, la Sicor avait pris des engagements précis.

Il s’agit de créer entre 1996-1997 une unité industrielle pour l’extraction d’hui­le de coco à partir du coprah. Le coût de l’investissement inscrit dans la convention, est de 500 millions de frs. En outre, la Sicor était tenue d’effectuer un programme de replantation portant sur 2529 hectares pour un coût de 625 millions. Enfin, l’entreprise concessionnaire a envisagé mettre en place des groupements à vocation coopérative (GVC) et des ateliers de tissage de bourre de noix de coco qui généreront 600 emplois. Selon les chefs présents, aucun engagement n’a été tenu par la Sicor. Même les 2500 hectares n’ont jamais été replantés.

Cependant, la Sicor refuse depuis près de 16 ans que les populations cultivent cette portion de terre qui ne sert à rien. « Top c’est trop », a clamé le porte-parole des chefs, Beugré David. C’est pourquoi, il a demandé l’application de l’article 9 de la convention qui stipule que « la convention prendra fin le jour du constat de la non application des engagements énoncés ». En clair, les 12 chefs de villages demandent avec insistance à l’Etat de procéder à la rétrocession des terres aux populations, après avoir mis fin à la convention entre la Sicor et l’Etat.

Pauvreté croissante

Sans espace cultivable, les villages de l’île Avikam ne savent à quel saint se vouer. Selon le chef de Likpi Lassié, les populations Avikam ont deux activités principales que sont la pêche et l’agriculture. En ce qui concerne la pêche, du fait de l’ensablement de l’embouchure, les eaux de Grand-Lahou se sont appauvries en poissons. En effet, les poissons restent dans la mer et n’arrivent pas à accéder aux eaux de la lagune. D’où son appauvrissement. La seconde activité, c’est l’agriculture. Selon Abouré Emmanuel, les populations se déplacent jusqu’à 27 km pour aller chercher le manioc et faire l’attiéké. Ce qui constitue un véritable calvaire pour les femmes. Et pour cause, affirme-t-il, les populations n’ont pas de terre pour cultiver le manioc. Car ce sont 1500 hectares cultivables que se partagent les 11 villages de près de 30.000 habitants. Conséquence, les produits de rente, à savoir le palmier à huile, l’hévéa et les plantations de cocoteraies sont abandonnés. La pauvreté s’accroît donc de jour en jour. Pour les chefs, l’Etat doit les sortir de cette situation qui amène les jeunes à quitter les villages au profit de la ville. « Si rien n’est fait, les générations futures, nos enfants seront sans terre », a-t-il ajouté avec beaucoup d’amertume. Il avoue ne pas comprendre que leurs vœux tardent à se concrétiser alors que la Sicor n’a rien fait pour contribuer à sortir cette zone de la pauvreté, alors même que c’est pour cette principale raison que l’Etat lui a concédé la terre des populations.

Ahua K. Envoyé spécial à Grand-Lahou
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