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Afrique Publié le mardi 3 avril 2012 | Nord-Sud

Avancée rapide de la rébellion touareg - La peur s’empare de Bamako

© Nord-Sud Par DR
Bamako (Mali) : Manifestation a l`aéroport par des partisans des auteurs du coup d`Etat
Jeudi 29 mars 2012. Bamako (Mali) . La manifestation pro-junte déroulée dans la matinée sur le tarmac de l`aéroport. Photo : Amadou Sanogo chef de la junte
Pris en tenaille entre les pressions de la communauté internationale, désabusé par les revers de son armée, rejeté par une partie des Maliens, le chef de la junte est sur une planche savonneuse. Entre-temps, la rébellion touareg progresse vers la capitale. Bamako retient son souffle…
Pendant combien de temps résistera le capitaine Amadou Haya Sanogo ? Quelques heures, des jours, des semaines ? Dimanche, il n’a pas fallu plus de quarante-cinq minutes pour que les défenses de Tombouctou s’effondrent. Sevaré, la dernière ville avant Mopti, 13 kilomètres plus au sud, était encore le théâtre de rafales dites de ratissages, lundi. Toutes les autorités civiles et militaires ont pris la poudre d’escampette. Alors que la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest cherche sa «méthode » à Dakar, les forces du Mouvement national de libération de l’Azawad et les salafistes d’Ansar Dine dirigés par Iyad Ag Ghaly sont engagées dans une course contre la montre pour élargir leur territoire … et sans doute pour faire monter les enchères en cas de négociations. Des moments de souffrance, de liberté, de jubilation, d’espoir et forcément de peur. Trop long pour revenir en arrière, trop court pour avoir le temps de bâtir un embryon d’Etat, mais pas nécessairement solide pour résister au rouleau compresseur de la communauté internationale qui se met en marche. Sur le terrain, à mesure que les troupes islamistes approchent, un mélange de panique et d’hystérie s’empare de Bamako. Surtout que le puissant général El Hadj Gamou reputé pour son engagement militaire a trahi. Il a quitté les forces gouvernementales pour rejoindre les troupes du Mnla. «Le Mali n’a pas d’armée. Je ne peux pas continuer », dit le natif de Kidal pour justifier sa reddition. Un coup dur pour l’armée malienne. Lui et les 500 hommes qui l’accompagnent jouent leur va-tout. Ils savent qu’ils se sont trop exposés pour échapper à la colère de Bamako si jamais celui-ci venait à reprendre la main. Quelques heures seulement après la prise de Tombouctou, les rebelles ont raconté avec délectation, leur série de «victoires» aussi improbables que désespérées. Ils ont bandit des trophées de guerre : la saisie de citernes remplies de tonnes de gasoil appartenant à l’armée malienne, la prise de 21 prisonniers. Pendant ce temps à Bamako, on cherche toujours le bon pied. Depuis quarante-huit heures, les responsables de la junte sont partagés entre leur désir de sauver la face, pour ne pas décourager la population, et celui d’avouer leur impuissance, afin d’accélérer une hypothétique intervention internationale. Résultat : les informations les plus contradictoires circulent sur ce qui se passe réellement sur le terrain. Lundi après-midi, des salafistes dans une sorte de symbiose avec les populations sont allés jusqu’à tirer des feux d’artifice, persuadés que le président Alassane Ouattara et la Cedeao avaient privilégier «le retour à l’ordre constitutionnel » plutôt que la question des azawadiens… Pas très étonnant dans une zone qui a subi un lavage de cerveau en règle. De même, à mesure que l’étau se resserre sur la junte, les pro- coup d’Etat se montrent de plus en plus suspicieux et hostiles envers les ressortissants de la Cedeao principalement les ivoiriens et les burkinabés, accusés de fragiliser l’action du Cnrdre. «Ils prennent des décisions de principe mais il faut qu’ils viennent voir la réalité du terrain. Le président Touré avait abandonné le Mali.

Cap sur Mopti, chez ATT

Ces militaires qui l’ont renversé sont des patriotes », explique Oumar Mariko, le secrétaire général de Solidarité africaine pour le développement et l’intégration (Sadi). «Nous ne voulons pas de coup d’Etat. C’est puni par la constitution de 1992 », rétorque Siaka Diakité, président de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm), membre du Front pour la défense et la sauvegarde de la démocratie (Fdr). Les deux partis sont au bord de l’affrontement. Le Haut conseil musulman dirigé par Mahmoud Dicko et le clergé catholique administré par Monseigneur Jean Zerbo multiplient les appels au calme. Apparemment sans succès. Divisé entre pro et anti putsch, Bamako est sur le qui-vive. Les nouveaux maîtres se montrent particulièrement habiles à attiser la peur. La nuit, la capitale devient calme, presque trop : rideaux de fer baissés, rues désertées, quasiment pas de passants et peu de véhicules. Ce mélange de panique, d’hystérie euphorique, de paranoïa et de trahison illustre aussi la faiblesse du leadership de la junte, qui pas n’a eu le temps, en deux semaines, ni de raffermir son pouvoir ni de bâtir une alternative institutionnelle. Amadou Touré est toujours à la garnison de Djicoroni entouré des bérets rouges.

Lanciné Bakayoko, envoyé spécial au Mali
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