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Société Publié le samedi 7 avril 2012 | Soir Info

Sekongo Félicien: “Les exilés sont des victimes des faux prophètes”

© Soir Info Par Prisca
2ème tour de la Présidentielle 2010 : les Forces nouvelles se concertent à Abidjan
Mardi 23 novembre 2010. Abidjan. Hôtel du Golf, à Cocody Riviera. Les délégués FN se concertent par rapport à la situation qui prévaut à la veille du 2ème tour de l`élection présidentielle. Photo: Félicien Sékongo
• “Il faut trouver à Banny, un psychologue…”
• L’ex-porte-parole des Fn parle de Ouattara, Soro, et Gbagbo

Ex-porte-parole des Forces nouvelles (Fn), et récemment conseiller de l’ex-premier ministre Guillaume Soro, Sékongo Félicien pense que les Ivoiriens n’ont de choix que d’aller à la reconciliation. Dans l’interview qu’il nous a accordée, il fait des propositions à Charles Konan Banny. Par ailleurs, il se prononce entre autres, sur le cas des exiles politique, le process de l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo, la visite du chef de l’Etat et le dialogue républicain.

Sékongo parle évidemment de son Patron devenu president de l’Assemblée nationale.

Que devient Sékongo Félicien après le départ de la Primature de son leader Guillaume Soro ?
SEKONGO FELICIEN: Je suppose que ce que devient Sėkongo n'est pas une question essentielle pour le pays. Et puis, la démission de mon leader de la primature n'implique pas la perte de sa qualité d'être mon leader et au delà de moi, de bien nombre d'Ivoiriens. Donc, il n'y a pas d'inquiétude à avoir d'autant plus que je n'ai pas perdu mon repère . Cela dit, je suis là, me battant pour me rendre utile sans tambours ni trompettes.

La fonction de Président de l’Assemblée nationale ne va-t-elle pas noyer les ambitions de Guillaume Soro ?

Cela dépend des ambitions qu'il avait. Si c'était pour aller se reposer ou s'il ambitionnait avoir une retraite politique, je pense que c'est raté. (Rire)

Cependant, si vous voulez parler d'ambitions politiques, je crois que penser ainsi, c'est se tromper de la plus niaise des façons. Pour être Président de l'Assemblée nationale, il a fallu qu'il soit élu député. Son élection lui confère la lėgimitė dont pouvaient douter certains ‘’Saints Thomas’’. En plus, son plébiscite à la Présidence de l'Assemblée nationale finit de convaincre de ce que dans la grande majorité de la classe politique, il fait l'unanimité. Comment peut-on donc dire objectivement que cette fonction peut faire ombrage à ses ambitions politique?.

Non! Je pense qu'elle le place plutôt en pôle position et le présente en fédérateur. C'est une chance divine et une consécration quand, dans ce milieu difficile de la politique, on parvient à mettre tout le monde sinon, la grande majorité d'accord sur ses valeurs, ses qualités. En claire, cela présage à n'en point douter, d'un avenir certain et lumineux même si je concède qu'il ne faut pas dormir sur ses lauriers et bailler aux corbeilles comme dirait l'autre. Le connaissant battant et perfectionniste à la limite de l'idéalisme, je pus vous assurer qu'il capitalisera au mieux cette situation pour se définir comme la meilleure sinon, l'unique alternative politique dans un futur donné.

Certains Ivoiriens estiment que dans le cadre des crimes survenus en Côte d’Ivoire, Guillaume Soro et certains ex-com-zones doivent être transférés à la Cpi. Qu’en dites-vous ?

Balivernes que tout cela! Guillaume Soro et ses hommes n’ont pas commis de crimes. Si cela avait été le cas, pourquoi les populations ont constamment soutenu l’actuel president de l’Assemblée nationale dans les zones centre, nord et ouest (Cno)? J’estime qu’un peuple ne peut pas applaudir celui qui le martyrise. Les Forces nouvelles puis les Forces répuiblicaines de Côte d’Ivoire, ont plutôt mené le combat de la liberté et de l’avènement de la démocratie en Côte d’Ivoire.

Pour avoir été le secrétaire général donc le patron des Fn, ne peut-on pas dire que Soro est responsable des actes poses par ses soldats?

Je vous dis que Guillaume Soro n’est pas responsable de tout ce que certains tentent de faire croire. D’ailleurs, il a la conscience tranquille. Il n’a jamais demandé à qui que ce soit, de massacrer quelqu’un. Il a toujours eu un langage mesuré meme quand la situation nécessitait une réaction vigoureuse.

L’audience de confirmation des charges contre l’ancien président Laurent Gbagbo, est prévue dans deux mois à la Haye. Ses partisans se mobilisent en Côte d’Ivoire comme à l’extérieur, pour qu’il soit relâché. Cela est-il possible?

Ce que vous appelez mobilisation de ses partisans est une réaction normale de certaines personnes qui lui doivent tout et qui sont convaincues que c'est l'unique manière de lui démontrer leur gratitude. Et je crois que cela peut avoir un effet positif sur le moral du prisonnier. C’est de bonne guerre. Maintenant, que cela puisse imposer qu'il soit relâché, c'est une autre paire de manche. Je crois fortement en la justice et je suis convaincu que si les charges contre lui, n'étaient pas avérées, (hic) il sera mis en liberté. Donc, c'est exclusivement une affaire de justice et seule elle peut déterminer le sort de l'ex-Chef de l'Etat.

Une fois la justice finit son travail, il restera à coup sûr, d'autre voies de recours qui ne pourront être explorer que dans le dialogue politique tant souhaité par le pouvoir en place. Il appartiendra dès l'ors à ses partisans d'intégrer cette composante en quittant les chantiers de la belligérance et de la défiance vis à vis des autorités établies. Je tiens du Président de l'Assemblée nationale, que toute action politique est indéniablement fonction de la faveur du rapport de force. Et parlant de rapport de force politique, il est nettement en leur défaveur.

S'ils ne prennent même pas garde, cette défiance tous azimuts leur fera perdre le minimum qui leur reste et entrainera leur formation politique qui clopine en ce moment, à la ruine. Les discours guerriers sans résultats probants finiront par lasser la base et l'emmènera à la résignation. Il n'existe pas pire situation pour un parti politique.

Le gouvernement a annoncé, il y a quelques jours, la reprise du dialogue avec l’opposition notamment l’ex-parti au pouvoir. Le Fpi après quelques hésitations fait savoir qu’il est disposé à participer à ce dialogue. Pensez-vous que cette fois-ci, est la bonne ?

Objectivement, je pense qu'il n’y a pas d'autre choix que celui du dialogue. Je pense que le FPI fera la bonne lecture et saura s'inscrire fermement dans cette voie. Et puis, je crois que ce parti finira par se convaincre que pour compter dans le milieu politique et éviter de devenir la risée sinon, pour ne pas se présenter en ennemi de la paix et de la quiétude des Ivoiriens, il n'y a pas d'autre choix raisonné et raisonnable que celui du dialogue. Quant à l'interrogation sur l'aboutissement dudit dialogue, j'exhorte à l'optimisme, à la franchise.

La question sécuritaire en Côte d’Ivoire, est constamment évoquée par des organisations politiques et des droits de l’homme. Quel constat faites-vous après les 9 mois de présence du président Ouattara?

Quand on aborde la question sécuritaire, je souhaite qu'on soit "relativiste". Dans ce domaine, on juge la situation sécuritaire en se référant. Sinon, on conclurait aisément que dans le monde, il n'y a aucun endroit où la sécurité existe. Pour ce qui est de la Côte d'Ivoire, quand on compare la situation des années passées avec celle d'aujourd'hui, il y a une relative amélioration. Ce qu'il faut surtout retenir, c'est la bonne volonté politique qu'affiche le gouvernement face cette question. Retenons d'ailleurs dans notre jugement du niveau de sécurité, que nous sortons d'une grave crise dont les collatéraux ne s'estompent pas aussi aisément après un an. Des efforts sont faits, des résultats encourageants existent, il faut soutenir tout cela et travailler à rendre serein l'environnement pour la bonne application de toutes les politiques utiles.

A partir du 21 avril prochain, le chef de l’Etat entreprendra une visite d’Etat dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Pensez-vous que les conditions sécuritaires sont réunies ? Quel sens donnez-vous à cette visite ?

Vous savez, le Président de la République préside aux destinées de toute la Côte d'Ivoire.

De ce fait, il est le président de tous les Ivoiriens sans exclusive. C'est vrai que l'ouest du pays a souffert le martyr pendant cette crise. Il est aussi vrai que les dirigeants actuels n'ont pas été les bourreaux de ces populations même si des esprits malins essaient de tronquer l'histoire. Ce faisant, je pense que cette visite du Président dans cette zone est d'une importance inestimable. C'est le moment d'aller prendre langue avec ces populations et leur faire comprendre qu'elles ne sont pas apatrides et encore moins, orphelines de l'Etat. Vous remarquerez que je ne parle pas des conditions sécuritaires car, à mon sens, si on pose ce problème comme tel et on arrive a s'interroger sur la réalisation de cette visite du Chef de l'Etat, ce serait des témoignages des limites de l'Etat. En d'autres termes, aucune partie de la Côte d'Ivoire ne peut être inaccessible au Président. C'est pourquoi, je vois en cette visite, l'accomplissement du devoir d'homme d'Etat, et lui donne le sens de l'affirmation d'une Côte d'Ivoire qui se retrouve avec elle même. C'est aussi un acte qui participera à assister et à apaiser des populations qui ont subi un certain traumatisme. Donc, elle a aussi un sens humanitaire.

Malgré les appels lancés par le président de la République, les exilés politiques n’ont toujours pas regagné la Côte d’Ivoire. Ils évoquent pour la plupart, des questions sécuritaires. Que penser vous qu’il faut faire ?

Je vous avoue que j'ai souvent du mal à comprendre cette position des exilés. Je peux comprendre que des gens qui sont recherchés par la justice, mus par leur instinct de liberté, puissent être en cavale. Cela est normal et c'est le propre de tous les humains. Mais ceux qui y sont parce que se disant partisans du pouvoir déchu, ceux-là, leur attitude m'intrigue.

J'en arrive à me demander s'ils n'y sont pas là-bas pour attendre la réalisation des prophéties de ces faux prophètes qui à la recherche du gain facile, ont fabriqué et corrompu avec des mensonges, l'intellect de ces Ivoiriens aux fins de soutirer des sous. Vu sous cet angle, ce sont des victimes de ces vendeurs d'illusions.

Pour donc les faire revenir, il faut retrouver ces faux prophètes et les emmener vers les exilés pour qu'ils aillent confesser leur mensonge.

Autrement dit, poser le problème de sécurité, on en arrive à se demander pourquoi Koua Justin, le Ministre Amani et bien d'autres vivent au pays et sont bel et bien portants. Je souhaite honnêtement qu'ils viennent pour que le débat politique se mène et que dans les limites de l'ordre, la contradiction participe à emmener le pouvoir à se sublimer pour faire avancer le pays. Observant le Président de la République, je sais que démocrate qu'il est, il n'est pas preneur de la pensée unique. En venant, ils doivent seulement savoir que le fascisme qu'ils avaient instauré est mort. Qu'ils viennent pour que nous devenons tous de grands artisans de la grandeur de notre pays comme nous le conseille le Président de l'Assemblée nationale, en se référant à l'Hymne nationale de notre pays.

Au plan socio-économique, la cherté de la vie préoccupe les Ivoiriens. Le gouvernement a pris une série de mesures pour réduire le coût de la vie dans trois mois. Vous y croyez ?
Donnez moi une raison de ne pas y croire. Le Président de la République sait que la meilleur manière d'asseoir sa tactique de défense de son pouvoir, c'est d'améliorer le vécu du peuple.

Donc, je suis convaincu qu'il a instruit fermement le gouvernement pour que cela soit. Partant, il est clair que ledit gouvernement fera tout ce qui est humainement possible pour réduire le coût de la vie.

La réconciliation nationale, vous y croyez aussi?

Pour moi, maîtriser la réconciliation en Côte d'Ivoire revient à maîtriser les causes de la crise ivoirienne. Une fois cela fait, on devra trouver une définition au terme réconciliation qui sied au cas spécifique de la Côte d'Ivoire. Si l'on procède ainsi, les moyens et le mode opératoire pour une réconciliation réussie se dégageront de fait.

Parlant de crise, il faut noter qu'elle est la résultante d'une défaillance politique qui a conduit certains de nos politiques à développer et à exacerber des théories fondées sur l'ethnie, la tribu. Bien évidemment cela nous a conduit au repli identitaire occasionnant la fracture sociale. De ce fait, réconcilier les Ivoiriens reviendra à détruire ces théories. A partir de là, les populations recouvreront la concorde, l'entente entre elles. Si vous me suivez, vous verrez que pour moi, en Côte d'Ivoire, il s'agit de réconcilier les peuples et non des chapelles politiques et encore moins des individus isolés. Il nous faudra rendre cette réconciliation impersonnelle et la dévêtir des oripeaux politiciens. Cette réconciliation ne pas être obtenue dans les pleures et les petits calculs. Il nous faudra aller la rechercher dans les cultures et us des peuples. Ce procédé nous permettra de découvrir aux peuples des similitudes, des centres d'intérêts communs. Une fois cela fait, ajouté à l'intérêt de la nation que nous avons en commun, les peuples n'auront d'autre choix que de vivre ensemble dans la concorde et l'entente au nom de l'interdépendance qu'ils se découvriront. Je suis d'ailleurs convaincu que le Premier ministre Banny qui travaille à cette réconciliation le sait bien plus que moi et, est à coup sûr, en train de travailler dans ce sens. Je pense d'ailleurs qu'il faut lui trouver un conseil composé de psychologue, de sociologue, de politologue... venant de la société civile.

Interview réalisée par
BAMBA Idrissa
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