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Politique Publié le mardi 10 avril 2012 | Le Patriote

Devoir de mémoire / 10 avril 2011 : Début des frappes aériennes sur la résidence de Gbagbo

De toutes les journées de ce mois d’avril 2011, le 10 a été celle qui a le plus, marqué les esprits. Après l’échec des négociations entre Laurent Gbagbo et l’ONUCI pour sa reddition, les forces onusiennes avec l’appui de la force Licorne décident de passer à la vitesse supérieure. Désormais, les intentions de la communauté internationale sont claires. Il s’agit de faire plier l’échine par tous les moyens au président sortant qui continue de nier sa défaite dans les urnes. Rétrospective sur la journée la plus décisive de la crise post-électorale.
Contrairement aux autres, la journée du 10 avril 2011 s’est vite dessinée. Très tôt, les signes d’une journée exceptionnelle et historique sont perceptibles. A minuit 49 minutes, une déclaration du côté de Washington donne le ton. Les Etats Unis annoncent les couleurs en condamnant les violences perpétrées par les forces de Laurent Gbagbo et qualifient, après leur échec, les tentatives de négociations de Laurent Gbagbo de « ruse pour se regrouper et se réarmer ». « Nous appelons M. Laurent Gbagbo à cesser les hostilités, à demander à ses partisans de se retirer et à se rendre au président du gouvernement Ouattara légitimement élu », précise le porte-parole du département d’Etat, Mark Toner, dans un communiqué. A Abidjan, à 9 h entre 200 et 300 personnes fuient l’hôtel du Golf. Pendant ce temps, le dispositif sécuritaire se corse. Plusieurs 4x4 bourrés de combattants pénètrent l’hôtel du Golf. A midi, à Paris, le porte-parole du Parti socialiste français, Benoît Hamon, déclare sur les antennes de Canal + qu’il faut clarifier ce que fait actuellement en Côte d’Ivoire, la force Licorne. Interrogé sur les massacres perpétrés à Duékoué fin mars, M. Hamon souhaite que la France ne s’engage aux côtés d’un « acteur qui aurait perpétré de tels massacres ». Une déclaration perçue dans le camp Gbagbo comme un soutien à l’obstination aveugle dans laquelle ses proches et lui se sont enfermés. La communauté internationale craint un enlisement de la crise. Il faut désormais vite réagir. Quinze minutes plus tard, les avocats d’Alassane Ouattara demandent à l’ONU et à la France de « neutraliser les miliciens à la solde de Laurent Gbagbo » et de « remettre à la justice, le candidat battu ». A 14 h, des tirs à l’arme lourde reprennent dans la commune du Plateau. Les forces proches de l’ancien président qui s’y sont repliées, se battent avec acharnement contre les FRCI. A 17 h, sur les antennes de RFI, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Côte d’Ivoire, Yong Jin-Choi accuse les forces pro-Gbagbo de tirer à l’arme lourde sur le QG de l’ONUCI à Sébroko et annonce que l’ONUCI va riposter « rapidement » et « très fermement ». A 17 h 30, des hélicoptères de l’ONUCI et la force Licorne tirent sur des blindés dans l’enceinte du palais présidentiel et dans les environs de la résidence de Laurent Gbagbo. A 18 h, la résidence de Laurent Gbagbo est « partiellement détruite » par des missiles tirées par des hélicoptères de l’ONUCI et de la force française Licorne, déclare Ahoua Don Mello, le porte-parole du président sortant, sans dire si Laurent Gbagbo se trouve actuellement dans la résidence. A Paris, sur France 5, l’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin défend la présence de l’armée française en Côte d’Ivoire, après une marche de protestation qui a réuni 1300 personnes contre cette présence organisée un peu plus tôt par les partisans de Laurent Gbagbo. L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac estime qu’il faut aller « aussi loin que possible pour éviter les massacres ». Il appelle néanmoins à une solution diplomatique que militaire pour mettre fin à la crise. A 19h, Benoît Hamon, invité dans l’émission « Internationales » sur RFI, revient à la charge. Il estime que « ce n’est pas un service à rendre aux Ivoiriens qu’une force française installe M. Ouattara par la force ». Il se déclare, néanmoins, pour un départ de Laurent Gbagbo sans pour autant soutenir une partie. Car selon lui, des soupçons de massacres pèsent sur les deux forces ivoiriennes. A 19 h 18, le ton monte d’un cran du côté de New York. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon annonce qu’il a demandé aux casques bleus déployés à Abidjan de recourir à « tous les moyens nécessaires » pour réduire au silence les armes lourdes de Laurent Gbagbo « conformément aux résolutions 1975 (adoptée en 2011) et 1960 (adoptée en 2010) du Conseil de sécurité ». Quelques minutes plus tard, le porte-parole de Laurent Gbagbo, Ahoua Don Mello dénonce les frappes aériennes et affirme que « la France cherchait des prétextes pour réattaquer et en rassembler », en référence à l’attaque contre l’hôtel du Golf, la veille, démentie par le camp Gbagbo. Pour lui, l’objectif visé par la France à travers ces frappes, est l’assassinat de Laurent Gbagbo. A 20 h 18, Médecins sans Frontières annoncent que la poursuite des combattants fait peser sur Abidjan, un désastre sanitaire. Alors que l’on s’attendait comme pour le 4 avril dernier, à l’arrêt des frappes aériennes la nuit tombée, les hélicoptères de l’ONUCI et de la force Licorne continuent leur opération tout le long de la nuit. Les Abidjanais qui ont vécu au rythme de ces frappes toute la nuit, s’attendent au pire le lendemain. Après plusieurs moments de péripéties et de faux espoirs, ils étaient loin de s’imaginer que ces frappes précédaient un grand moment historique. Les heures qui vont suivre situeront tout le monde. L’épilogue de la crise post-électorale n’était plus loin.

Jean-Claude Coulibaly
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