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Économie Publié le jeudi 12 avril 2012 | Le Mandat

Si la crise de l’Euro perdure : Des économistes africains préviennent: ‘’La dévaluation du FCFA peut être envisagée à l’horizon 2012-2013’’

© Le Mandat Par Nathan Koné
Cinquantenaire / colloque international pluridisciplinaire : les travaux, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix
Mardi 3 août 2010. Yamoussoukro, Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Photo: Pr Albert Ondo Ossa, de l`Université Omar Bongo, Libreville (Gabon)
Pour le moment, aucun élément ne milite en faveur d’une dévaluation du franc CFA, d’après l’économiste et ancien ministre gabonais Albert Ondo Ossa. Une idée que partage son confrère sénégalais Amady Aly Dieng. Mais si l’Euro continue de s’apprécier face au dollar, une dévaluation peut être envisagée à l’horizon 2013-2014. Cependant, la création d’une nouvelle monnaie, fut-elle continentale, ne constitue pas forcément une panacée.

Au stade actuel, aucun élément ne justifie une dévaluation du franc CFA. Telle est la conviction du Prof. Albert Ondo Ossa, agrégé en sciences économiques et de gestion et ancien ministre de la Recherche scientifique et du Développement technologique du Gabon. Il animait une conférence organisée par l’Institut africain de développement économique et de planification (Idep), mardi 10 avril dernier, à Dakar, sur le thème : ‘’L’instabilité financière internationale et le franc CFA’’. Le Prof. Ondo Ossa partage cette conviction avec Amady Aly Dieng, économiste et ancien fonctionnaire à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Selon Amady Dieng, une éventuelle dévaluation du franc CFA serait une «catastrophe pour les classes moyennes». Toutefois, au rythme où évoluent les choses, notamment l’appréciation de l’Euro face au dollar, la Zone CFA pourrait connaître de réels problèmes à partir de 2013, prévient le Prof. Ondo Ossa. Selon lui, le taux de couverture des économies africaines risque de dépasser le seuil de 20 % à l’horizon 2013-2014, et par conséquent, nécessiterait une dévaluation du franc CFA à partir de 2012-2013 pour la zone Cemac et 2013-2014 pour celle de l’Uemoa.

Faut-il continuer de s’arrimer à l’Euro ?
Suffisant pour s’interroger sur l’opportunité de continuer de s’arrimer à un euro fort, ce qui défavorise les exportations des pays de la zone CFA et à l’avenir incertain, du fait de la crise de la dette souveraine. Le Prof. Ondo Ossa examine trois hypothèses avant de les rejeter quasiment toutes. D’abord, la création d’une monnaie nationale. Autrement dit, que chaque pays dispose de sa propre monnaie. «C’est une hypothèse qui n’est pas viable et qui présente plus d’inconvénients que d’avantages». Car, une monnaie propre «accroîtrait nécessairement les déficits et aboutirait à une perte de crédibilité sur le marché financier international».

Ensuite, l’élargissement des structures existantes, c`est-à-dire l’extension de l’utilisation du franc CFA à tous les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cela entraînerait «nécessairement une accentuation de l’inflation», du fait de l’absence de critères de convergence entre les différents pays. Sans compter une détérioration de la valeur de la monnaie qui impacterait négativement sur la compétitivité et sur les politiques budgétaires. Etre ensemble, c’est se priver d’une marge de manœuvre en matière de politique budgétaire. La troisième hypothèse, la création d’une monnaie continentale, n’est pas non plus la solution pour le moment, à cause de l’« égoïsme des Etats » du fait de la disparité de leurs orientations en matière de politique économique : les Etats africains n’ont pas les mêmes préoccupations. Il y a aussi la difficulté d’une coordination des politiques budgétaires. Au total, dans le court terme, le conférencier propose la création de ce qu’il appelle une ‘’zone cible’’ permettant d’avoir une «marge de fluctuation réduite et un degré de liberté supplémentaire (en termes de politique monétaire)». En clair, il s’agit de maintenir un peu de déficit et d’inflation, afin de créer de la croissance et, incidemment, des emplois, afin de réduire la pauvreté. L’autre avantage, à son avis, c’est qu’une telle option découragerait la spéculation et redonnerait une plus grande stabilité à la monnaie, dans un contexte d’instabilité monétaire à l’échelle internationale. Même dans l’hypothèse d’une dévaluation du franc CFA, hormis la Côte d’Ivoire, « nos économies n’en tireraient pas profit », estime le Prof. Ondo Ossa.

Ce que dit le dernier rapport du FMI
Le dernier ‘’Rapport des services du Fmi sur les politiques communes des pays membres de l’Uemoa se veut plutôt rassurant. Sur la question, le taux de change réel du franc CFA est globalement aligné. Se fondant sur les méthodes du taux de change d’équilibre, de l’équilibre macroéconomique et de la viabilité extérieure, le FMI trouve ce taux largement en harmonie avec les fondamentaux économiques de la région. Il n’empêche par contre que la rumeur d’une dévaluation du franc CFA distillée en 2011 est surtout alimentée par les craintes liées à l’avenir de l’Euro exprimées à l’époque par des analystes. Sur ce point, le rapport tempère : « la crise dans la zone Euro ne touche pas directement la zone franc, qui est avant tout un arrangement avec le Trésor français », estime M. Ossa. Par contre, l’Uemoa peut tirer des leçons de la crise qui secoue la zone Euro, notamment en matière de gouvernance et de stabilité monétaire.

Benjamin Soro
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