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Art et Culture Publié le mercredi 18 avril 2012 | Le Nouveau Réveil

Dortoirs vétustes, réfectoire fermé, manque de matériel didactique : A l’Injs, on ne forme plus, on déforme

L’Institut National de la Jeunesse et des Sports (I.N.J.S) d’Abidjan-Côte d’Ivoire, a été créé par Décret n° 69-141 du 15 avril 1961. Établissement Public National (EPN) par Décret n° 81-983 du 13 novembre 1981, il est érigé en Institut à Vocation Régionale (IVR) par la CONFEJES. En 1980, un arrêté n° 113 /MJEPS/INJS du 22 décembre 1980 portant création d’une Licence d’enseignement en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives fut paraphé. Cet arrêté stipule en son article 1 que cette Licence est délivrée par la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Nationale de Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, le programme de formation de la licence STAPS est parrainé par le département de Psychologie de l’Université d’Abidjan. L’INJS est composé de quatre (04) entités 1. École Normale Supérieure de l’Éducation Physique et Sportive (ENSEPS), 2. École Normale Supérieure de l’Éducation Permanente (ENSEP) . 3. Centre de Formation Continue, des Stages et du Recyclage (FCSR) 4. Centre National du Sport de Haut Niveau (CNSHN). L’Injs a pour missions de former des enseignants d’Eps/Ep, d’assurer la formation continue des enseignants d’Eps/Ep et des animateurs des groupements, des associations et mouvements de jeunesse. Cet Institut assure également l’entrainement et le perfectionnement des sportifs de haut niveau. Il œuvre aussi pour la promotion et le développement de la médecine du sport. Il a pour mission aussi de faire la présélection des jeunes talents. Il fait aussi de la recherche fondamentale et appliquée en Eps/Ep. Cet établissement de référence dans le domaine du sport en Côte d’Ivoire, naguère fierté de la jeunesse sportive, a perdu son lustre d’antan. Les bâtiments tombent en ruines. Les conditions de vie et de travail des étudiants se sont considérablement dégradées. Depuis quelques semaines, ils se plaignent.

L’insalubrité, le mal
Ce qui frappe dès l’entrée dans le périmètre de la cité des étudiants, c’est la vétusté des bâtiments. Les murs rendus verdâtres par la moisissure car, il y a longtemps, la peinture, qui devait être jaune, est partie sous l’effet du soleil et de la pluie. Juste derrière la fenêtre des étudiants qui ont la malchance d’habiter la seule maison basse, coule une eau noirâtre pleine de déchets humains : «Vous l’avez constaté, ceux du premier et du deuxième étages, lorsqu’ils finissent de déféquer, on vient retrouver nos déchets en plein gazon au bas du bâtiment. En plus, il n’y a pas d’eau pour ceux qui sont en hauteur. En tout cas, on ne vit pas dans de bonnes conditions de vie ici à l’Injs», a révélé un étudiant qui a voulu garder l’anonymat : «On vit mal et quand on en parle, on fait reprendre votre année ou on vous renvoie», a-t-il ajouté, apeuré. Un coup d’œil dans les toilettes, une odeur de pissat et de déchets vous accueille à l’entrée, les urinoirs et les W.C étant pour la plupart inutilisables. A cela, il faut ajouter la promiscuité dans laquelle les étudiants vivent. Une chambre individuelle, c’est-à-dire prévue pour un seul étudiant, est attribuée à trois personnes. Les étudiants eux-mêmes sont obligés de créer des cloisons à l’aide de feuilles de contreplaqué. Ils vivent entassés comme des moutons (le mot n’est pas trop fort).

"Regarder mourir"
Les étudiants de l’Injs, avec beaucoup d’humour, décrivent leur situation avec résignation. Le terme qu’ils utilisent pour dire qu’ils ne mangent pas ou qu’ils mangent une fois par jour, c’est le "Regarder mourir" en abrégé "Rm". En d’autres termes, les étudiants de l’Injs crient famine. Depuis la rentrée en février, le réfectoire resté hermétiquement fermé. Du coup, les étudiants ne peuvent que se débrouiller pour se trouver la pitance quotidienne : «Le grand problème ici, c’est le réfectoire qui n’est pas ouvert. Depuis la rentrée, il reste fermé. Du coup, nous ne mangeons pas. Le peu d’argent que nos parents nous donnent pour nos fascicules et nos petits besoins, nous sommes obligés de l’utiliser pour manger. Et nous mangeons mal. Nous sommes des sportifs, nous faisons des efforts physiques. Quand on utilise les muscles, il faut récupérer des calories. Malheureusement, ce n’est pas le cas», a dit A. M. Un petit marché de fortune à l’intérieur de la cité permet aux étudiants de s’acheter du pain ghanéen avec du beurre. En face de la cité, un "garbadrome" leur procure de l’attiéké au thon grillé à la va-vite : «Regardez ce qu’on mange ici», nous lance un étudiant en brandissant son assiette dans laquelle flotte une poignée d’attiéké et un petit morceau de poisson thon. «L’insalubrité et les mauvaise conditions de vie et la mauvaise alimentation a déclenché une épidémie de diarrhée dans le mois de mars», a révélé A.M.

Ni salle ni matériel didactique
L’un des problèmes cruciaux de l’Injs, c’est l’insuffisance de salle de cours. Pour les étudiants de la deuxième année, lorsque que ceux qui sont en stage reviendront de leur stage, il n’y a plus de salle pour eux. D’ailleurs, ils affirment faire les cours parfois en plein air, sous le soleil. En plus, il n’y a pas de bancs dans les amphis pour les cours : «Pour quitter une salle pour une autre, il faut transporter son banc sur la tête pour pouvoir s’asseoir», a affirmé notre interlocuteur. Mais, plus que tous, le matériel didactique manque avec acuité. Les étudiants dénoncent le manque de ballon. «Depuis la rentrée, on a fait une seule fois le cours de volet parce qu’il n’y a pas de ballon», a dit en chœur un groupe d’étudiants. Pour eux, d’ailleurs, ce sont les étudiants eux-mêmes qui ont fourni les ballons de basket-ball. En plus, selon notre source, deux des trois terrains de football sont fermés pour travaux du 3e pont. Le seul qui est resté est loué au Séwé sports de San Pedro. La compétition nationale et les entrainements de certains clubs ivoiriens occupent à 90% les terrains de hand-ball, de volet, de basket-ball, etc. D’ailleurs, selon notre interlocuteur, les aires de jeux sont aussi mis en location parfois pour des mariages ou des séances de prières de certaines églises. Ce qui perturberait la quiétude des étudiants. Enfin, pour l’ensemble des étudiants rencontrés, «à l’Injs, on ne forme plus, on déforme».

François Konan
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