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Politique Publié le vendredi 20 avril 2012 | Le Patriote

Les réponses du ministre aux 22 questions des journalistes : “Le Fpi a pris Gbagbo en otage”

© Le Patriote Par Emma
Rassemblement des républicains - Hamed Bakayoko, directeur central de campagne d’ADO, chargé de la jeunesse
A l’occasion des élections législatives passées, vous avez procédé à un nouveau découpage électoral qui a avait été qualifié par l’opposition de découpage politique. Je voudrais savoir ce qui a motivé ce découpage et quels ont été les objectifs que vous vouliez atteindre en agissant ainsi?

Hamed Bakayoko : Il y a eu un découpage pour tenir compte des réalités du pays. Habituellement le découpage se faisait à la dimension de la superficie du territoire pour un certain pourcentage qui est de 25% et de la population pour un certain pourcentage de 75%. Cette démonstration donnait un déséquilibre. Il y a des vastes régions où le député avait besoin de faire des nombreux tours dans les différentes localités pour faire le tour de sa circonscription. Là où certains régions notamment Abidjan, il y avait 4 députés qui n’avaient pas de grandes distances. Nous avons estimé qu’il fallait reprendre en compte la dimension des localités et de la population. Cela a donné le résultat que vous avez vu. On a regardé le nombre de députés dans les pays de la sous-région, on a pensé qu’on pouvait passer de 225 à 255. C’est le travail qui a été fait et approuvé par le gouvernement. Je n’ai pas entendu souvent dire que c’est un découpage politique. Je n’ai pas vu le grand débat concernant cette question. Mais pour une fois, on a indiqué clairement qu’on a utilisé une base technique et scientifique qu’on a partagée avec la Commission électorale indépendante.

Quels seront les nouveaux critères d’attribution les autorisations de permis de port d’arme?

Sur les critères d’attribution du permis de port d’arme, on a d’abord pris la décision d’annuler tous les ports d’arme en circulation parce que en charge de cette question, nous avions échos de ce qu’il circulait beaucoup de faux. Ensuite nous avons constaté que beaucoup de gens qui avaient les autorisations de port d’armes ne savaient pas utiliser les armes. Donc dans les critères d’attribution, nous allons introduire l’attitude de ceux qui postulent à ce privilège de faire la preuve de leur capacité. Nous allons mettre en place à l’école de police, un module de formation comme on l’a fait pour le permis de conduire. Vous allez avoir votre permis parce qu’on sait que vous connaissez l’arme et vous savez l’utiliser. Moi-même, j’ai un permis de port d’arme depuis 20 ans que je n’ai jamais utilisé parce que je ne sais pas me servir d’une arme. Ce n’est pas normal. Donc mon permis a été annulé par moi-même.

Lorsqu’on parle des forces de l’ordre, on voit l’image de la répression, la violence souvent derrière la notion de force. Vous avez annoncé l’arrivée de nouvelles tenues et une nouvelle image que vous voulez donner à la police nationale. Comment allez-vous procéder pour renforcer le dialogue entre les citoyens et les forces de l’ordre?

C’est le sujet majeur. C’est l’enjeu de ma mission. On a aujourd’hui un policier qui a des problèmes, qui n’est pas bien dans sa peau, qui n’a pas la formation nécessaire à l’accomplissement de sa mission. On a un problème. Quand vous êtes braqué à votre domicile et que vous vous rendez à la police pour demander secours, votre traumatisme est plus grand. Parce que la courtoisie n’est pas de mise même dans l’accueil. Cela procédait d’un principe simple. Il n’y a pas de formation dans ce domaine et on ne parlait pas aux policiers. J’ai commencé à leur parler et je leur ai demandé de se prendre au sérieux et de faire attention. Certains m’ont dit ‘’monsieur le ministre tout ceci n’est que parole. Ça n’ira pas loin’’. Mais à un moment donné, j’ai constaté que le combat portait. Des gens m’appelaient pour dire ‘’continuez dans cette voie’’. D’autres m’ont dit ‘’je viens de me faire arrêter à un endroit, j’ai tenté de proposer de l’argent et le policier m’a dit qu’il ne pouvait pas le prendre parce le ministre de l’Intérieur comptait sur la police’’. Donc il faut faire confiance aux policiers. Nous allons nous acharner sur la formation. Mais, il faut dire qu’il y a des brebis galeuses qui ne changeront pas. Ceux-là, nous allons les sortir des fichiers. Le peu qui va rester, nous allons le former conséquemment pour que les policiers eux-mêmes aient une haute idée de leur fonction. Parce que le policier est le régulateur social. C’est lui qui met aux arrêts. Si lui, n’est pas une personne de qualité, toute la population est en danger. C’est quelqu’un à qui l’Etat donne une arme. S’il n’est pas équilibré, s’il a des problèmes quand il rentre chez lui, alors il prend son arme, s’habille autrement, il sort et il fait des choses inacceptables. Nous devons mettre tous nos efforts pour former et reconstruire un policier nouveau, ami du citoyen. C’est possible. Dans les grandes nations, on le voit. Le policier agit avec respect et courtoisie et fermeté. Mais dans nos pays, les policiers se dégradent. Il faut qu’on en sorte. Si on partage la vision et le projet, on va arriver à quelque chose. Le directeur général de la police est là. Ces derniers temps, on a constaté qu’il y a un relâchement. Je lui ai donné 10 jours pour redresser la situation. Je l’ai engagé. Cette semaine, il a mis aux arrêts 5 éléments qu’on a pris à des barrages illégaux. On ne doit plus accepter qu’un policier soit à un endroit où il ne doit pas être. On a fini la sensibilisation aujourd’hui, il faut agir. J’engage ma responsabilité et le Dg engage celle des ses hommes. Si aujourd’hui, on nous signale en zone 4 par exemple, un policier aux comportements tordus, le responsable de cette zone sera sanctionné. On ne communique pas trop là-dessus parce qu’on ne veut pas donner le sentiment qu’on est en chasse contre les policiers. Je vous assure que c’est un combat que je sens, qui ne plait pas mais on va y arriver.

La Côte d’Ivoire a prononcé la suppression des conseils généraux. Conséquences, les opérateurs économiques refusent de travailler avec les conseils généraux par ce que, ne sachant pas qui va régler les factures, alors que ces conseils continuent de fonctionner.

Sur les conseils généraux, je voudrais dire qu’il y a évidemment des décisions transitoires. En attendant la mise en place des conseils régionaux, les conseils généraux fonctionnent.

Des tous les projets annoncés, vous n’avez pas fait cas de la sécurité privée qui est un appoint aux forces de l’ordre pour la sécurisation des biens et des personnes. A quand la mise en place de la commission consultative d’agrément des sociétés privées de sécurités en Côte d’Ivoire?

Pour les sociétés privées de sécurité, je pense qu’elles ont un rôle important à côté de la police et bientôt à côté de la grande police municipale que nous allons mettre en place. Parce que l’Etat ne peut pas tout faire. Des gens ont des moyens, ils ont eux-mêmes envie d’organiser leur sécurité, il faut leur donner l’opportunité. Mais là aussi, il faut qu’on soit organisé. Il y a une quinzaine de jours, nous avons fait le point avec la direction qui est en charge de cette question. Sur 400 sociétés aujourd’hui qui travaillent en Côte d’Ivoire, il y a que 9 qui sont accréditées, 239 dont les dossiers sont en cours d’agrément et puis il en y a qui sont inconnus. On ne peut pas accepter cela. On a donné trois mois et on a réactivé la commission qui sera présidé par DGTN qui va recevoir dans un guichet unique toutes les entreprises pendant les trois mois. Après les trois mois, on va faire la liste pour dire voilà les entreprises agréées. Je vous assure que celles qui ne seront pas agréées, n’opéreront pas.

On va suivre cela avec une tolérance zéro. Parce que cette question est importante. Il y a des gens à qui on donne des permis de port d’armes, parce qu’ils doivent acheter des armes pour leur société. Donc on va compétir. Les gens vont trainer les dossiers dans les ministères parce qu’il y a tellement d’étapes à franchir et chacun, à une étape, veut prendre un peu de gombo. Cela tourne trop alors que cela n’est pas compliqué. Il y a un plan, une enquête de moralité et un business plan. En une semaine, on doit pouvoir dire que celui-là, il peut, parce qu’il est capable. Et on lui donne l’autorisation d’exercer. Je voudrais vous rassurer que d’ici trois mois, cette question sera complètement revue et les entreprises qui doivent exercer légalement en Côte d’Ivoire, seront informées

Dans le dialogue engagé, on demande au FPI de ne pas poser de préalable. Est-ce qu’il n’y a pas une volonté du gouvernement de piéger la direction actuelle du FPI? Pourquoi écartez-vous la CDVR du processus?

H.B.: J’ai parlé de la réconciliation même si je n’ai pas mis l’accent sur le dialogue que le Premier ministre a annoncé comme une priorité de l’action de son gouvernement qui aura lieu les 27 et les 28 avril à Bassam. Hier, (NDLR mercredi) nous étions avec le Premier ministre pour les rencontres préliminaires. Nous avions rencontré le FPI, Lider, LMP et le CNRD. Je pense que les discussions sont en cours et les choses se présentent assez bien. Je vais vous dire que certains leaders ont manifesté leur volonté de venir spécialement à la faveur de ce conclave. Je peux annoncer le président Mel Théodore, Kabran Appiah, Lagou Henriette. C’est une opportunité pour tous ceux qui sont en exil depuis un moment de revenir. Nous lançons un appel à tous ces frères pour leur dire de venir dans le cadre du dialogue républicain ivoirien pour faire avancer les choses. Nous ne mettons pas à l’écart la CDVR. Ici c’est le gouvernement, par la volonté du Premier ministre, qui crée un cadre d’échange. Les partis de l’opposition ont exprimé des problèmes et des préoccupations.

Certaines de ces préoccupations sont connues auxquelles le gouvernement a des réponses à apporter. C’est l’amorce donc d’un processus qui, au contraire, vient renforcer toute la politique de la CDVR.

On n’a pas demandé au FPI de ne pas poser de préalable. Mais il ne faut pas qu’on plombe des débats en posant des préalables. Je donne un exemple. On veut discuter et les gens disent : « avant les discussions, il faut libérer Gbagbo ». Que voulez- vous que le Premier ministre ou le gouvernement puisse faire ? Nous, on estime qu’on peut avancer beaucoup si on est très sincère dans le processus de réconciliation. On n’a pas de choix que d’avancer dans la réconciliation et on l’a signifié à nos amis qui pour certains, voulaient revenir sur des préalables. Dans tous les camps, il y a des extrêmes. Chez eux, il y a des gens qui disent : pourquoi vous allez voir le gouvernement ? Chez nous aussi, des gens demandent : « qu’est-ce que vous allez faire avec ces gens, vous perdez votre temps avec eux. » Mais pour nous, il ne faut pas arrêter de se parler. En parlant, on peut aboutir à quelque chose. En parlant il y a beaucoup de questions, qu’on peut régler. Il y a une volonté et je dois dire qu’il y a beaucoup de gens qui ne croient pas à la réconciliation, qui ne veulent pas le dialogue, parce qu’ils attendent autre chose. Mais si cette autre chose ne vient pas, ils vont faire quoi?

Il y a pleins de gens qui sont manipulés qui disent attendez, on arrive. Mais nous aussi, on est là. Je suis en relation avec certains que je ne veux pas citer et qui sont en détresse. Il y a plusieurs catégories d’exilés. Il y en a qui sont à Abidjan et rien ne leur est arrivé. Le chef des opérations militaires du système Gbagbo, le Colonel Konan Boniface, est en Côte d’Ivoire. On se parle. Il avait à faire des opérations, il a joué son rôle et il est sorti. Le Président Alassane Ouattara a tendu la main et il est rentré. Notre volonté de réconcilier les Ivoiriens est réelle. Mais la réconciliation, c’est dans la vérité et la justice. Il y a des gens qui ont fait des choses même si au nom de la réconciliation, on doit pardonner ils doivent reconnaître que ce qu’ils ont fait n’est pas bien. Il y a des victimes, donc nous sommes dans un processus qui est complexe. Il faut que chacun donne un peu pour qu’on avance. Moi, je fonde beaucoup d’espoir dans cette initiative du Premier ministre. Aujourd’hui, c’est le Premier ministre lui-même qui porte le projet, donc tout le gouvernement. Cela peut donner des résultats. Nous, on veut développer la Côte d’Ivoire. Le Président de la république est toujours obnubilé par l’idée de changer la vie des Ivoiriens. C’est un grand projet. Tous ceux qui se sont inscrits dans la réconciliation, il leur a tendu la main. On a vu le cas des Généraux Mangou et Kassaraté. Des militaires proches du Président de la république, n’acceptaient pas qu’ils soient nommés ambassadeurs. Mais lui, a estimé qu’ils ont joué un rôle à un moment clé de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Il faut être juste. Cela est important.

C’est vrai qu’à un moment, ils ont fait des choses, mais il ne faut pas faire payer aux militaires les fautes des politiques. Mais il y en a qui sont allés trop loin en allant recruter des mercenaires qui ont tué des personnes d’une certaine façon et des preuves sont là. Ceux qui ont pris à la BCEAO des caisses d’argent et qui ont signé avant de partir au Ghana comme Katina Koné , ce sont ceux-là qui se cachent. Il y a quand même une différence entre les cas et je considère que la meilleure manière de se faire pardonner c’est de reconnaître d’abord qu’on a fait quelque chose. C’est important. Nous, nous avons été brimés pendant longtemps. On n’a pas lâché et nous sommes arrivés. Mais on n’a pas envie de reprendre la même chose. A l’époque, il y avait des exilés au Burkina et le Président Gbagbo a refusé de parler avec eux en disant qu’ils n’ont qu’à faire ce qu’ils veulent. Nous ne faisons pas cela.

Nous parlons avec des exilés militaires ou politiques. Je parle avec des jeunes de la galaxie patriotique qui sont en exil et des militaires non des moindres. Il y en a qui ont des problèmes que je gère. Je parle également avec mes collègues de l’intérieur du Ghana, du Bénin et du Togo. On se parle toujours. On sait où sont les exilés. Mais nous ne sommes pas en train de faire des palabres avec ces pays parce que des exilés ivoiriens se trouvent sur leur sol. On comprend, on veut quand même qu’il n’y ait pas d’activités subversives de ces exilés qui s’inscrivent dans le cadre des menaces pour la Côte d’Ivoire. Nous n’avons rien contre le FPI. Ce parti et LMP ont eu leur candidat qui a eu 46 % aux élections. Ce serait complètement fou d’imaginer qu’on puisse ignorer toutes ces personnes. On fait tout, mais au FPI, il y a deux catégories de personnes. Il y a une catégorie qui se dit ‘’on a perdu l’affaire, on a forcé et on a perdu’’. Mais ils ne veulent pas assumer devant leurs militants. Il y a une autre catégorie qui dit toujours « ce n’est pas encore fini ». Il faut qu’ils se déterminent eux-mêmes. Aujourd’hui beaucoup prennent leur leader Gbagbo en otage. Chacun prend son nom pour jouer avec comme ils l’ont pris en otage pendant de la crise postélectorale. Moi je pense qu’il faut libérer les débats, il faut libérer la Côte d’Ivoire. Il faut des contradictions mais de haut niveau pour faire avancer le pays. C’est cela notre projet pour la Côte d’Ivoire.

On ne peut pas le faire sans la prise en compte d’un parti majeur comme le FPI.

Monsieur le ministre, il est de plus en plus question de découpages des communes de Yopougon, Cocody et Abobo lors des municipales à venir. Qu’en est-il exactement?

Le découpage des communes de Yopougon, Cocody, Abobo suscite un débat. C’est un débat dans lequel il y a des «pour» et des «contres». Il y a beaucoup d’avis pour dire que ces communes sont trop grandes et qu’il faut les couper en deux ou trois. Je pense qu’on a tout le mois de mai pour proposer un schéma au gouvernement qui arrêtera à son tour après débat, le découpage final.


Certains usagers se plaignent de ce que la police, lors des contrôles, exige des pièces qui ne rentrent pas dans le cadre légal de contrôle. Un cas pratique: les moniteurs d’auto-école disent que les agents exigent la carte de stationnement aux véhicules de formation des Auto-écoles. Qu’allez-vous faire pour que lors des contrôles, les agents n’exigent que les pièces strictement exigées par la loi ?

Brindou Mbia (DG Police nationale): Les pièces à la date d’aujourd’hui qui doivent être exigées lors des contrôles sont: l’assurance pour la responsabilité du propriétaire du véhicule, le permis de conduire pour s’assurer que celui qui est au volant sait conduire, la carte grise pour attester que le véhicule appartient effectivement à son propriétaire et la visite technique pour savoir si le véhicule est en bon état. A cela, il faut ajouter la carte de stationnement pour les gros camions et les mini cars dans la ville d’Abidjan.


Vous avez fait cas des commissariats qui ont été réhabilités. Nous savons qu’il y a des entrepreneurs qui vous ont aidé à réaliser ce projet. Pourquoi jusqu’à présent, certains de ces entrepreneurs n’ont pas encore été payés? Pourquoi les policiers ivoiriens ne sont pas armés? Est-ce une politique volontaire du gouvernement?

Le 14 avril 2011, mes bureaux étaient encore au Golf. J’ai eu une rencontre avec les entrepreneurs. Nous leur avons lancé un appel afin de nous aider à la réhabilitation urgente des commissariats de police. Je vous assure qu’à cette époque, ce n’était pas facile, c’était des centaines d’interpellations par rapport à l’insécurité. Par une procédure simplifiée, nous avons donné des marchés à des entrepreneurs. On m’apprend plus tard qu’ils veulent mener une grève. Parce que l’Etat leur doit 6 ou 7 milliards. Je regarde les dossiers et je vois les factures de 200, 150, 80 millions. J’ai alors ordonné des vérifications à la police économique. Sur le terrain, dans les commissariats, il n’y a même pas une fenêtre changée et on nous fait une facture de 80 millions. J’ai ordonné donc l’arrestation de ceux qui étaient dans les cas flagrants. Ensuite, ils ont demandé pardon. On a donc fait une évaluation de travail qui a été fait et on est revenu à 3 milliards. On a demandé au ministre de l’Economie de l’incorporer dans les dépenses de l’Etat. Et les entrepreneurs seront payés. Ce que je veux dire, c’est qu’il ne faut pas plomber l’efficacité du travail par ce genre d’actes.

Pourquoi les policiers n’ont pas d’armes?
Ce ne sont pas tous les policiers qui n’ont pas une arme. Des policiers ont des armes. Dans la rue, il y en a quelques-uns. Pendant la crise, il y a eu deux choses : ou bien le policier a été dépossédé, ou bien il a profité du cafouillage pour dire qu’on m’a pris mon arme. Mais depuis, on fait beaucoup d’efforts. On a récupéré les armes. Et beaucoup de services comme la police criminelle ont été armés. On a commandé des armes. Il y a un embargo, mais il y a une procédure spéciale de lever l’embargo sur les commandes spéciales. La France nous a déjà offert 500 PA qui sont en route. Bientôt, il y a des questions sur lesquelles on doit pouvoir progresser. Ce n’est pas une volonté du gouvernement de ne pas armer les policiers.

Quels seront les critères pour la formation de la grande police municipale que vous annoncez?

Le projet de la police municipale que nous portons est un grand projet. Nous allons nous mettre avec la Banque mondiale pour voir comment financer ce grand projet avec une grande direction qui coordonne les actions de toutes les polices municipales. On va établir des règles de recrutement de ces policiers municipaux. Cela nous donnera l’opportunité de réinsérer 12.000 personnes. Si vous avez une moyenne de 25 agents par commune, avec 500 communes et une complémentarité avec la police nationale, il peut y avoir de l’efficacité.

Je peux vous dire que la Banque mondiale est déjà prête à financier tous les projets qui sont générateurs d’emplois. Donc sur ce projet, on peut créer des emplois. Cela ne ferra que nous arranger. Qu’on ne se le cache pas. Aujourd’hui, l’insécurité qui persiste est due en partie aux supplétifs de guerre. Et toutes les guerres ont leurs conséquences. La guerre de sécession aux Etats-Unis, les guerres mondiales, les hommes sont venus volontairement à la guerre. Ils ont appris le maniement des armes et ils ne sont pas aptes à être insérés à la Police nationale, à la gendarmerie ni à l’Armée. Si on ne prend pas le soin de les insérer, ceux-là constitueront un danger pendant un moment. Donc on peut les former et les utiliser à autre chose. Ensemble, nous allons étudier les critères de recrutement pour la formation d’une forte police de proximité.

Parlant des Baux administratifs, vous avez dit qu’il n’y a que la moitié des propriétaires qui sont venus prendre leur argent. Nous avons eu à échanger avec un propriétaire, qui soutient qu’il y a trop de papiers à fournir. Est-ce que cette panoplie de documents à fournir ne rend pas l’opération difficile ?

Pour les documents à fournir pour les maisons baillées, nous n’avons pas demandé grand-chose. Aujourd’hui, on a 16.500 maisons baillées, qui appartiennent à 6700 propriétaires. Il y a en qui ont 20, 30, 40 maisons et ils ont une association qui gère tout ça. Nous avons demandé au gouvernement de nous donner l’argent pour payer un mois. Cela fait 3 milliards que l’Etat a mis notre disposition. On a demandé tout simplement que le propriétaire qui vient encaisser son argent nous prouve que la maison lui appartient. Qu’il nous présente un certain nombre de documents tel que la pièce d’identité, les factures d’eau, le plan de l’urbanisation, le relevé des montants que l’Etat lui doit et surtout le contrat de bail. Parce que s’il a un bail, c’est qu’il a un contrat. Je ne crois pas que ce sont les documents qui rendent les opérations difficiles. Mais si c’est le cas, on verra. Nous-mêmes avons besoin d’avoir les données qui seront informatisées. Il y a un cas flagrant que j’aime toujours rappeler. C’est celui où à la place d’une maison baillée, on a trouvé une boulangerie. Vous savez, les gens mettaient beaucoup de pression. Maintenant que l’argent est là, ils ne viennent pas. Je préviens que tout ceux qui ne pourront pas prouver qu’ils ont un bail et qui ont reçu de l’argent, seront poursuivis.

En réalité, qu’est-ce qui se passait ? Des gens vont dans un système informatique qui n’est pas sécurisé, ils inscrivent des gens sur le fichier des baux et chaque mois, l’argent leur est viré. On va faire le point et on va aider ceux qui ont des maisons à avoir leurs documents. A ce jour, on a payé la moitié des propriétaires, l’argent est là et nous attendons.

Ma question est relative aux dozos de l’intérieur du pays. Certains estiment qu’ils sont un appendice de la police. l’Etat est-il impuissant face à cette question ?

Le phénomène des dozos ne date pas d’aujourd’hui. C’est un phénomène, d’abord culturel, de chasseurs traditionnels. Maintenant, il y a le fait qu’à un moment donné, ils ont été agressés. Et ils ont pris part dans le mouvement de libération pour se protéger comme beaucoup de jeunes Ivoiriens. Maintenant, il faut les ramener dans leurs attributs naturels ; Nous avons encouragé leur retour dans leur espace naturel. On est en discussion avec eux. Il y a eu des rencontres à Korhogo. On a désigné certaines personnes pour les organiser.

L’autre problème, c’est qu’il ne faut pas qu’on ait le sentiment que certaines situations se sont créées avec la crise. Il y a des gens à Abidjan qui préfèrent les dozos comme gardien. Ils font plus confiance aux dozos. On est en train de traiter la question.

Avec le nouveau découpage électoral, comment vont se faire les prochaines élections municipales et régionales ? Seront-t-elles couplées ? Quand est-ce qu’elles auront lieu exactement ? Quelle sera la part du budget alloué aux Conseils régionaux ?

Le couplage des élections municipales et régionales est une décision du gouvernement avec la CEI. Je crois que sur les questions d’élections, la CEI est libre, mais, je vais juste donner un sentiment personnel, aujourd’hui. Je pense qu’il faut coupler ces élections. Parce que les élections coûtent cher, on dépense des milliards et des milliards. En tout cas, c’est ma vision.

Même si je suis conscient qu’il y a certaines contraintes. Bien sûr, nous discuterons de ces questions et le meilleur schéma sera arrêté.

Vous avez demandé quel sera le budget à allouer aux Conseils régionaux. Cette question me donne l’opportunité de parler de la vision du président sur la politique de la décentralisation.

La suppression des Conseils généraux est venue d’un constat simple : il y avait une multitude de structures qui se marchaient sur les pieds, bien qu’il y ait peu de moyens. On a crée des communes qui n’apportaient rien aux populations en matière de développement, mais qui engloutissait énormément d’argent de l’Etat. Donc, je dis qu’une bonne politique de décentralisation produit un résultat concret sur le citoyen, l’individu, l’habitant. L’idée aujourd’hui, c’est d’avoir de grands ensembles qui sont les districts. Il y en a douze, dont deux autonomes, Abidjan et Yamoussoukro. Avec ces douze, le président doit pouvoir bénéficier d’un développement harmonieux du pays. Chacun des douze districts sera un pôle de développement. Il y aura douze ou vingt quatre grands projets qui vont porter le développement de tout le pays. Il ne faut plus concentrer les choses à Abidjan.

Il faut oser le développement de grands calibres. En dessous des districts, il y aura des conseils régionaux au nombre de trente. Ils porteront les projets de leur taille. Et les communes aussi porteront leurs projets. Il faut que chacun ait une vraie mission. En fonction de ça, l’Etat répartira l’enveloppe. A ce stade, c’est trop tôt de vous dire quel sera le budget.

Mais toutes ces structures auront un financement et l’Etat va faire une évaluation pour voir ce qui a été fait pour nos parents.

Ma question est relative à la promotion du 2007–2008 de la police nationale. Un agent nous a informé qu’un arrêté a été pris pour corriger le fait que 900 agents sont toujours payés comme stagiaires. Mais cet arrêté peine à être appliqué depuis mars 2012, que comptez-vous faire, M. Le ministre, concernant cette question?

Mme Kambiré (DRH de la Police) : Pour la promotion 2007–2008 de la police, le problème réside dans l’effectif pléthorique de cette promotion. Des documents ont été signés et des efforts sont faits. Contrairement à l’habitude de la prise en compte de la promotion globale, la prise en charge sous le couvert de certaines informations est en train d’être faite.

M. Le Ministre on a parlé de la tenue des policiers. Depuis 2011, un décret a été pris pour donner un statut militaire à la police. Pensez-vous qu’aujourd’hui, cela est opportun ?

Je pense que le policier n’est pas un militaire. Le rôle de la police, c’est d’être le régulateur social. C’est elle qui est au contact avec la population. C’est important que nous redéfinissions une nouvelle politique de la police. C’est important de reconstruire la police.

Quelle police, quelle taille de police veut la Côte d’Ivoire ? Depuis 8 ans, chaque année, on recrutait 1200 policiers pour une école qui a une capacité de 300 places. Le policier qui sort de la police n’a pas de moyen, il a des problèmes. On créait des criminels en puissance.

Dans mon propre bureau, on a vu des listes souvent venus du village et sur ces listes, il y avait des noms des personnes qui sont effectivement à la police. C’est un problème qu’il faut prendre à bras-le-corps. Il ne faut pas qu’on ait peur de le traiter. Je pense que si nous voulons une bonne police, il faut la redimensionner. Il faut la reconstruire, la rebâtir. Il y a la formation et les conditions de travail. Il nous faut mettre l’accent sur la formation. Pour ça, j’ai la confiance du président de la République et il m’a donné le feu vert. Je veux que dans un an ou deux, on retienne que la police de la Côte d’Ivoire a changé grâce à nos actions et à notre persévérance.

Je pense que nous allons sortir les faux policiers gentiment. Maintenant, s’ils veulent parler, nous allons les poursuivre. C’est un pas important, ce n’est pas autrement qu’on construit les grandes nations. Parce que si la police est gangrenée, on ne peut rien faire. En près de 9 mois, c’est 40 fumoirs qui ont été détruits. Avant, tout le monde voyait ces fumoir et on ne faisait rien. Et la drogue détruit notre jeunesse. On nous a signalé une école où les gens viennent vendre de la drogue aux élèves de 15 ans, douze ans. Mais nous sommes dans le combat et on va y arriver. Parce que le chemin de la drogue a changé. Les européens ont bloqués leurs pays et la drogue a changé de route. C’est une menace dont on ne parle pas beaucoup. Il faut qu’on se mobilise pour parler aux policiers. On croit qu’ils n’entendent pas, mais ils entendent.

Je voudrais savoir pourquoi depuis un certain moment la DST est fortement décriée. Parce que nous constatons que les détentions des personnes arrêtées sont prolongées. Est-ce que la DST est dotée de textes spécifiques différents du code de procédure connue de tous ? Vous avez parlé de 300 policiers aux faux diplômes, qui seront sortis des rangs de la police. Concrètement, comment cela va-t-il se faire ?

C’est vrai, dans ces temps-ci, on a beaucoup parlé de la DST. Je vais vous en dire ma vision. La DST est la surveillance du territoire. C’est elle qui fait qu’on va au travail sans angoisse ? C’est elle qui traite les dossiers très sensibles, qui touchent à la sûreté de la l’Etat. C’est elle qui fait qu’il n’y a pas de coup de feu et de coup d’Etat. Je pense qu’il faut lui adopter des textes spécifiques dans l’accomplissement de sa tâche. Parce que l’instruction dans ce domaine est très cruciale que souvent on ne veut pas mettre le prévenu à la disposition du juge, de façon hâtive. Mais, souvent, on nous dit en 48 heures, il faut présenter le prévenu devant le juge. On a eu des dossiers où on avait pratiquement 10 mille pages à lire et à croiser. J’ai demandé au directeur de se mettre en rapport avec le procureur pour faire connaître les contraintes afin de les combiner avec le règlement en vigueur. Il y a eu des dossiers dont les enquêtes préliminaires ont démontré que des avocats étaient impliqués dans des trafics d’armes. Un avocat a été mis en observation puisque les enquêtes avaient montré qu’il était au cœur des opérations. Et les gens parlent. L’avocat du président Laurent Gbagbo est là en Côte d’Ivoire, on ne l’a pas arrêté. Donc si la DST s’intéresse à quelqu’un, c’est qu’il y a quelque chose. Je veux que la DST travaille en étroite collaboration avec le Procureur pour ne pas qu’on lui reproche la violation des procédures en vigueur. On n’a pas de leçon à recevoir de certaines personnes sur certaines questions. Je considère que nous sommes un régime qui se bat tous les jours pour le respect des droits de l’Homme. Nous, on ne veut pas être spectaculaires, mais on va être fermes. On veut travailler dans l’efficacité et le pays va avancer. Nous allons réussir. Nous avons l’opportunité d’avoir un chef de l’Etat qui ne cesse de penser comment développer son pays.

J’invite tout le monde à saisir le combat de la reconstruction de la Côte d’Ivoire. Le développement ne s’acquiert pas comme ça, il y a un travail à faire. Aujourd’hui, les travaux ont été lancés, les marchés ont été passés. Bientôt, on ira plus loin et la Côte d’Ivoire se portera mieux. J’invite tout le monde à s’inscrire dans cette dynamique et à reconnaître que la Côte d’Ivoire est sur la bonne voie.

M. Le ministre, il y a des tirs à Abobo constamment. Quelle est la stratégie du gouvernement pour désarmer les jeunes gens qui sont encore armés à Abobo?

C’est vrai qu’on nous signale des tirs ça et là à Abobo. La dernière fois, il y a eu des échanges de tirs lors de la destruction d’un fumoir. C’est une zone difficile, mais nous allons régler la question.
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