x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Art et Culture Publié le samedi 5 mai 2012 | Le Mandat

Littérature : Regard sur ‘’l’éternel amour’’ de Bandama Maurice

Histoire orientale emprunte d’une saveur ivoirienne, l’œuvre romanesque de l’écrivain Bandama Maurice plonge le lecteur dans un monde à la fois réel et fantastique. Paru aux Editions Sésame, ce livre de 216 pages d’une histoire en 16 chapitres raconte les difficultés du citoyen lambda, dans un quartier mal famé d’Abidjan : Abobo-Derrière-Rail. L’auteur, dans une narration extraordinaire, justifie une fois de plus qu’il ne demeure pas en vain le lauréat du grand prix littéraire de l’Afrique noire en 1993, avec son roman ‘’le fils de la femme mâle’’.

«Un inconnu vous arrache votre femme : vous pouvez, à défaut d’en pleurer, à la limite en rire, une fois la douleur passée, et vous moquer des nouveaux tourtereaux, puis vous consoler dans les bras d’une amie de votre traitresse d’épouse, question de vous venger sur le tard ». Ce sont les toutes premières phrases qui résument parfaitement l’œuvre. Conçu pendant qu’il était en exil en Tunisie, le livre utilise un cocktail de culture ivoiro-arabe pour peaufiner une histoire des plus émouvantes. « Pendant mon exil, je me suis documenté en lisant plusieurs livres maghrébins», disait-il à la dédicace de son ouvrage. Celui-ci dépeint avec une réalité déconcertante la société ivoirienne. Abobo-Derrière-Rail, quartier précaire, partie de la ville considérée comme l’enfer sur terre ; c’est là que vit le héros du livre, Adama, apprenti de ‘’gbaka’’. ‘’Warifatché’’, son tout puissant patron, est son ami, son modèle. Mais, Adama a un objectif : sortir de ce gouffre. Une femme est la motivation première du jeune homme. De l’argot ivoirien au français, c’est un entremêlement de langage, dans un humour déconcertant dont seul l’ivoirien possède la magie. Comme l’atteste ce passage paraphrasé : « si on gagne deux millions au PMU, je te laisse le Wouroufato et je fangne aux States ». Généralement, dans ce genre de quartier, une lumière vient illuminer les habitants. Une douce beauté sortie des abîmes les plus ténébreux pour enivrer tous ceux qu’elle rencontre. Awa, c’est son nom. Adama s’est amouraché d’elle, mais il est inquiet. Car, dira l’auteur, « il (Adama) lit(…) le rêve de sa fiancée de quitter ce trou pour apparaître à la lumière. Surtout, il tremble quand sa belle amie l’informe d’ouvrir un salon de coiffure aux Deux-Plateaux, rêve pour lequel il doit trouver au moins cinq millions ». Elle viendra briser une amitié scellée depuis des lustres. Car, sa beauté fera succomber le maître, devenu riche, qui réalisera ce fameux salon de coiffure d’Awa.

A la recherche de la fortune pour reconquérir son amour

Se battre et retrouver sa dignité perdue : Awa. Tel est l’objectif d’Adama. De son Abobo natal, convaincu que son salut ne se trouve que dans la fortune, Adama entreprend un périple vers l’Arabie Saoudite, son eldorado. Malgré des difficultés multiples, ce dernier, armé d’une pugnacité extraordinaire, réussit à se défaire des dures réalités que peut connaître une personne à la recherche d’un lendemain meilleur. L’auteur de cet ouvrage utilise deux noms qui sont bien connus dans la terminologie musulmane. Adama et Awa sont en réalité Adam et Eve (premières créatures humaines d’Allah dans le Coran sur terre). Pour rendre hommage à cette référence coranique, Adama, dans toutes ses difficultés rencontrées, identifient celles-ci à des épreuves que « Allah » lui envoie. Peut-être un peu fataliste, l’auteur signifie qu’on doit s’en remettre à Dieu pour tout ce qui arrivera. Puisque, grâce à son invocation, il réussit à soustraire son égo pour aider l’autre. Cette œuvre romanesque simple et fluide est une invite à la lecture. C’est un questionnement multiple et perpétuel, qui se heurte aux réalités du temps : trahison, déception, désir de vengeance et surtout don de soi. C’est une œuvre à la croisée des chemins entre ‘’Zadig ou la destinée’’ de Votaire et la réalité ivoirienne. C’est dire que Maurice Bandaman est un écrivain doué. Rien de plus.

MAURYTH GBANE
gmauryth@yahoo.fr
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Art et Culture

Toutes les vidéos Art et Culture à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ