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Politique Publié le lundi 14 mai 2012 | Le Temps

Une semaine après la chute de Sarkozy : Gbagbo déroute déjà Dramane Ouattara

© Le Temps
Crise post-électorale : Le président Gbagbo accorde une interview à Canal+
Mardi 11 janvier 2011 à Abidjan
Le procès du Président Gbagbo à La Haye était une affaire personnelle pour Nicolas Sarkozy. C’est pourquoi il s’est impliqué dans sa déportation dans cette prison onusienne. L’objectif étant de l’éloigner de la scène politique ivoirienne. Un cadre du Rdr avait même à l’occasion, clairement dit que «si Ouattara libère Gbagbo, il tombe». A La Haye, Sarkozy s’est encore personnellement impliqué dans ce dossier, pour que le début du procès soit placé au 18 juin 2012. Cette date n’est pas fortuite. Celui qui est désormais l’ex-Président français, est bien convaincu que l’affaire Gbagbo est le procès de la Françafrique. C’est même le procès de la crise ivoirienne. L’homme ne voudrait pas être rattrapé par des vérités qui pourraient déranger sa campagne pour la présidentielle passée. Mais manque de pot pour lui, il est parti au grand dam de Ouattara qui se retrouve maintenant seul. Alors qu’il est établi que le dossier Gbagbo est un montage grossier, entre les mains de la justice onusienne. Sur ce plan, la Cpi joue aussi sa crédibilité. Cette juridiction internationale voudrait se départir de l’idée répandue dans le monde qui fait d’elle, une cour de justice pour les pays du Sud, surtout pour les Africains. A La Haye, l’idée du recomptage des voix fait donc son chemin. Car c’est même ça le nœud de la crise ivoirienne. Tout le monde se rappelle qu’au plus fort de ce conflit postélectoral, le Président Gbagbo avait proposé le recomptage des voix, au moment où son adversaire Ouattara soutenu par Sarkozy, proposait une solution militaire. On sait ce qui s’est passé… Les 3000 morts dont parle le pouvoir sans convaincre, ne sont donc pas du fait Gbagbo qui a proposé des solutions négociées. Depuis la semaine dernière, Sarkozy n’est plus le Président de la France. Alors que c’est sa position à l’Elysée qui faisait de lui, un grand de ce monde. C’est même la carapace qui lui permettait de tirer les ficelles au niveau de la Cpi. Ouattara est bien conscient qu’il perd ainsi, son plus grand soutien. Pourtant, la date du 18 juin approche à grands pas. François Hollande qui remplace Sarkozy à l’Elysée, n’est pas dans son réseau. Du moins, ils n’ont pas la même vision politique. Un démocrate-socialiste ne pouvant s’accommoder d’un ultralibéralisme, qui de surcroît, est à la tête d’un pays africain. En plus, dans l’entourage du nouveau Président français, il y a déjà des voix qui se lèvent pour dénoncer ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. Les fréquentes sorties de Mélenchon et Koffi Gnamgnane sont des exemples bien patents. Ouattara sait bien que la partie ne sera pas facile pour lui. Surtout que toute sa politique a été basée sur le soutien de la Droite alors au pouvoir en France. Sarkozy parti, il se rabat alors sur des alliés de seconde zone qui ont quand même joué un grand rôle dans sa prise de pouvoir le 11 avril 2011. Aux Usa, il y a Choi qui est désormais ambassadeur à l’Onu, au nom de son pays, la Corée du sud. Cet homme, par le passé, Représentant spécial de Ban Ki-Moon à Abidjan, a avec le soutien de Sarkozy, outrepassé son mandat pour s’inviter dans la crise ivoirienne avec chars et avions de combats. Il est convaincu qu’il sera aussi cité le 18 juin au procès de Gbagbo. En fait, le 18 juin, ce sera aussi le procès de la Représentation de l’Onu en Côte d’Ivoire. Sentant le danger venir après le départ du plus grand parapluie, Choi décide de voler au secours de Ouattara. La semaine dernière, il a alors fait une sortie qui tombe comme un cheveu sur la soupe. «Gbagbo s’apprêtait à raser Abobo», a-t-il lâché à la grande joie du pouvoir qui n’en demandait pas mieux. Mais qui connaît le Président Gbagbo, se rend très vite à l’évidence que le diplomate coréen fait une sortie véritablement maladroite qui l’enfonce lui-même. En 2011, comment le Président Gbagbo pourrait raser une commune dans laquelle il a pourtant des milliers de partisans. Simone Gbagbo est quand même député de cette circonscription. Choi sait en plus que Gbagbo n’a jamais voulu faire cette guerre qu’on lui a imposée, malgré l’armement au point dont disposait l’armée ivoirienne. Il tente de justifier la guerre de l’Onu contre les institutions ivoiriennes, en voyant l’ouragan qui risque de s’abattre sur la mafia qui attaque la Côte d’Ivoire. N’est-ce pas Choi qui s’étonnait après le 11 avril 2011, que le Président Gbagbo dispose d’un armement aussi lourd et très sophistiqué qu’il n’a jamais utilisé ! A la vérité, tout le système mis en place commence à prendre de l’eau. Chacun y va donc à sa manière. Et Choi n’est pas le seul dans ce cas à vouloir sauver les meubles avant le 18 juin. Dominique Ouattara, la bien heureuse épouse se met à son tour, dans la danse. Car il s’agit quand même de Gbagbo, un homme qui a un passé qui plaide grandement en sa faveur. Gbagbo n’est pas Taylor. Et il n’est pas aussi un chef de guerre. Tout le monde s’accorde à reconnaître que dans la crise ivoirienne, l’ancien président déchu est victime de sa trop grande vision démocratique et sa probité intellectuelle, morale, et son humanisme. Dans l’histoire de La Haye, il est le premier et le seul prisonnier dont le cas mobilise l’opinion mondiale qui demande justice pour lui. Et Ouattara sait que malgré tout ce qui se dit, l’homme dispose encore d’amitiés très solides au sein du Ps qui vient de prendre le pouvoir en France. C’est pourquoi son épouse à son tour, a décidé de se jeter dans l’arène. Elle fait actuellement mains et pieds pour s’offrir les bonnes grâces des socialistes français. Très connue dans le milieu de la Droite française, elle s’est donné pour mission de convaincre les nouveaux dirigeants hexagonaux à la cause d’Abidjan. Et il y a au menu de tout ce lobbying, la délicate affaire Gbagbo. Car c’est en vérité, ça le vrai problème de Ouattara. Un acquittement du Président Laurent Gbagbo à la Cpi n’est pas fait pour l’arranger. Surtout que sur ce plan, les Grandes oreilles hexagonales sont très précises. Le Président Gbagbo à Abidjan marque la fin du pouvoir en place. Des nouvelles pas du tout bonnes pour Ouattara, qui voudrait garder aussi loin qu’il le peut, celui qu’il appelle avec fausse affection, «mon frère Laurent». Et on ne serait pas étonné d’entendre Jean Marc Simon, anciennement ambassadeur de la France en Côte d’Ivoire au plus fort de cette crise. Car il est question de sauver la maison commune qui commence à prendre feu de tous parts. Tout le monde connaît le rôle joué par ce diplomate dans ce dossier. Au départ hésitant, et ne manquait pas par moment, de dénoncer l’acharnement de Sarkozy contre le Président Gbagbo, Jean Marc Simon a fini par se ranger derrière son patron. Il n’en saurait d’ailleurs être autrement. Et dans ce dossier, Ouattara est bien décidé à sortir tous ses jokers. Au plan local, il se rend aussi compte qu’il y a des noms qui peuvent lui être utiles. C’est en tout cas, ce qui justifie la sortie de Youssouf Bakayoko, le Président à problèmes de la Cei. Il n’y a pas longtemps, ce dernier confiait dans la presse que le Président Gbagbo voulait le tuer. Evidemment, là aussi, on rit aux éclats. Car Gbagbo gagnerait quoi à le tuer. Et pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Puisque Youssouf Bakayoko était protégé en ce moment, par des éléments de l’armée ivoirienne que l’Etat de Côte d’Ivoire a mis à sa disposition. A la vérité, le pouvoir est hanté par le 18 juin après le départ de Sarkozy. Il jette donc tous ses alliés dans la bataille. C’est tout ce qu’il peut faire. Et rien d’autre.

Guehi Brence (gbrence02063193@yahoo.fr)
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