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Société Publié le vendredi 1 juin 2012 | Le Nouveau Réveil

Nassian, ville enclavée et démunie : Courant, eau, pain, transport, bière, téléphone, Rti… tout manque

Située à 155km de Bondoukou et à 53 Km de l’axe international bitumé qui mène à Bouna, Nassian est très enclavée parce que la route qui y mène n’est pas goudronnée encore moins entretenue. Des bandes de sables des carrières de graviers, des gros trous, des ponts cassés sont le triste spectacle et les défis à relever pour accéder à cette ville devenue chef-lieu de département en 2006. Une fois ces défis relevés, c’est une cité qui manque de tout qu’il est donné de voir. En effet à Nassian, il n’y a pas d’eau. « On peut faire une semaine sans eau dans nos robinets. Selon des techniciens de la Sodeci, le vieillissement des installations en serait la cause » explique un habitant de la ville. Le courant n’est pas stable à Nassian. « Il nous arrive de passer deux jours sans courant. De vendredi à dimanche dernier, nous étions sans électricité » indique un autre. Il n’y a pas de boulangerie, donc pas de pain. C’est de retour de Bondoukou ou de Bouna qu’un résident de Nassian et ses proches peuvent manger du pain. Le transport n’existe pratiquement pas à cause de l’état des routes. Seulement deux cars de 22 places communément appelés «badjan», font la navette entre Bondoukou et Nassian. Ces véhicules qui partent de la ville aux mille mosquées à 18h, dit-on, arrivent à Nassian à 1H30 du matin. Leur arrivée à 23H est considérée comme un exploit à la grande joie de tous. Les fonctionnaires comme les instituteurs sont donc transportés à moto pour être déposés dans les villages où ils doivent enseigner. Les stagiaires n’en croient pas leurs yeux et leurs oreilles lorsqu’ils arrivent pour la première fois à Nassian. Les images de la télévision ne sont accessibles qu’avec une antenne parabolique. La cité des Eléphants ne dispose pas du réseau de téléphone fixe qui ne fonctionne plus. Seul le sous préfet dispose d’un appareil qui est très souvent en dérangement, révèle un résident. Le réseau des cellulaires n’est non plus pas stable. Il est souvent impossible d’avoir la connexion. Idem pour l’internet. Ce qui indispose les différents services de l’Etat qui sont revenus à Nassian et qui manquent de tout. Un seul restaurant existe dans cette ville et des habitants affirment qu’il ne fonctionne pas tous les jours. Les maquis, dit-on, risquent de ne plus disposer de bière parce que les propriétaires de « badjan », menacent de ne plus convoyer la bière de Bondoukou à Nassian. Le transport d’alcool, auraient-ils avancé, est incompatible avec leur religion, l’Islam. A côté de ces nombreux problèmes, la vie chère règne à Nassian. Le Kg de viande de bœuf est rapidement passé de 800f en 2002 à 1400f aujourd’hui. Pire la viande de bœuf est rare ainsi que le poisson que des vendeuses n’arrivent pas à conserver après l’achat effectué à Bondoukou pour cause de coupures intempestives de courant. Les prix des poulets se négocient à 2500f, presque aux mêmes prix que dans des villes plus ouvertes sur le commerce. Nassian qui attend une usine de traitement des noix d’acajou dont il aurait la palme mondiale de la meilleure qualité. La sécurité est le seul trésor de cette localité. De jour comme de nuit, il n’y a rien à craindre, disent les habitants de la ville qui déplorent le manque d’activités génératrices de revenus pour les jeunes et les femmes. Les parents du maire Kouakou Massadé attendent des solutions du président de la République, Alassane Ouattara.

Le parc national de la Comoé massivement infiltré par des braconniers burkinabé
A l'instar des la plupart de parcs et réserves ivoiriens, le parc national de la Comoé est livré est aux activités clandestines. Situé dans le département de Nassian, il est surtout menacé par des braconniers burkinabé. Ces hordes de chasseurs traversent le fleuve Comoé et s'infiltrent dans ce patrimoine mondial protégé, grand de plusieurs milliers d'hectares, riche pour la qualité et la diversité de ses essences. Ces braconniers peuvent y séjourner pendant plusieurs semaines sans attirer le moindre soupçon des riverains. Ils peuvent retourner chez eux sans craindre d'être inquiétés. Difficile, dans ces conditions, d'évaluer leurs dégâts écologiques. Mais selon plusieurs témoignages de populations et d'autorités administratives de Nassian, ces tueurs en série de la faune sont attirés par les éléphants, d'autant que Nassian est considérée comme "la cité de l’éléphant". D'autres gros gibiers sont également agressés. Cette infiltration massive est encouragée par l'absence de surveillance et de contrôle du parc. Et par l'absence de répression contre l'activité de braconnage. Au pays des hommes intègres, en effet, les pouvoirs publics seraient sans pitié pour les braconniers. Les lois en vigueur seraient aussi très répressives. Ce qui oriente les chasseurs burkinabé vers les terres ivoiriennes avec lesquelles ils font frontière. Comme partout ailleurs, la crise de 2002 a fait fuir de la zone, les corps habillés, les eaux et forêts et tout ce qui représente l’Etat. Elle a laissé le champ libre à toutes sortes d'exploitations de la Comoé. Le laxisme du gouvernement a fait le reste. Seules les actions de la Banque mondiale et de l'organisation Gtz (Agence de coopération allemande) font de leur mieux pour protéger et préserver ce qu'il en reste. La Banque a mis en place une radio locale dénommée Boutourou. Elle permet de sensibiliser les populations locales. Sur place, les autorités administratives parlent d'une "lutte perpétuelle avec les hors-la loi". "Le braconnage se fait à grande échelle. Il n'y a pas encore de mesures suffisamment contraignantes pour empêcher l'infiltration du parc. Je pense que les pouvoirs publics devraient y réfléchir pour trouver une politique afin que le parc soit moins infiltré et sauvegardé parce que les essences qui y sont, sont en voie de disparition" déplore Ninsemon Clément, 2eme adjoint au maire local qui parle de "patrimoine en péril". La déforestation du parc, par les cultivateurs, a été aggravée par la crise de 2002. Celle-ci a fait fuir les opérateurs économiques, marquant un coup d'arrêt aux projets touristiques dans la région. Aujourd’hui, Nassian est victime, pour ainsi dire, de sa propre richesse.
DIARRASSOUBA SORY, Benoit HILI
Envoyés spéciaux
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