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Économie Publié le lundi 4 juin 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Les échanges avec la presse : Ocampo met les points sur les ‘‘i’’

© L’intelligent d’Abidjan Par EMMA
Crimes commis pendant la période post-électorale : Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo à Abidjan
Samedi 15 octobre 2011. Abidjan. À l’hôtel Tiama (Plateau). Le Procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo a rencontré la presse nationale et internationale.
Il y a eu affrontement entre deux camps. Vous accusez un camp et blanchissez l’autre. Est-ce que vous croyez réellement à l’impartialité de vos travaux ? Et puis dans votre pré enquête, vous avez fait état du massacre de près de 1000 personnes par des partisans présumés de Ouattara. Le rapport officiel fait état de 3000 personnes tuées. Dites-nous qui est responsable de la mort des autres 1000 personnes ?

Nos enquêtes ne sont pas liées à la quantité, mais aux personnes qui ont une plus grande responsabilité. Ce que j’ai retenu dans mon enquête, c’est que des instructions ont été données par l’ancien président pour tuer un certain nombre de personnes.


Vous avez dressé la liste des personnalités ivoiriennes que vous avez rencontrées. Mais le président de l’Assemblée nationale Monsieur Guillaume Soro ne figure pas sur cette liste. Pourquoi est ce que vous ne l’avez pas rencontré, alors que récemment la presse a fait l’écho d’une lettre de félicitation que vous lui avez adressée suite à son élection à la présidence de l’Assemblée nationale ?

Il ne faut jamais confondre la courtoisie et les mandats judiciaires que j’exerce. Je fais mon travail en toute indépendance.


Les enquêtes sur les événements de Duékoué traînent. Est-ce que cela n’est pas de nature à douter de l’impartialité de vos travaux ?

Depuis le début, nous enquêtons sur tous les crimes et nous menons des enquêtes partout.


Vous avez rencontré les personnalités du FPI. Qu’est ce que ceux-ci vous ont dit. Ont-ils confiance à vous et au travail que vous avez réalisé ?

Poser la question au FPI. Ils m’ont expliqué les inquiétudes qu’ils ont par rapport à la Haye. Nous les avons rassurés que la Cour leur apportera assistance pour qu’ils soient à la Haye. Il est important qu’ils y soient et voient ce qui s’y passe. Je ne personnalise jamais mon travail. C’est le travail d’une Institution. Il n’y a pas de calcul politique dans ce que je fais.


Si le président Laurent Gbagbo est déclaré innocent, allez-vous éprouver des regrets ?

Je pense que j’ai raison. J’ai confiance en mes preuves et éléments à charge. Ce sont les juges qui vont décider. Pas moi. Je pense que j’ai des preuves importantes et fortes. Mais on ne peut pas discuter de cela avec les medias. C’est plutôt dans la salle d’audience qu’on va en discuter.


Dans vos propos liminaires, vous vous êtes focalisés sur les crimes commis pendant la crise postélectorale. Nous savons tous que des crimes ont été commis à Duekoué et à Yopougon. Il est connu que les crimes commis dans ces deux zones relève de la responsabilité d’Alassane Ouattara parce que le président Laurent Gbagbo n’était plus aux affaires. Aussi, avant que ces crimes ne soient commis, le président Ouattara avait pris un décret portant création des Forces républicaines. Donc, pouvez-vous nous dire que la responsabilité du président Alassane Ouattara est aussi engagée ?

Les juges ont décidé de mener l’enquête à partir de 2010. J’ai commencé à enquêter sur les crimes les plus graves, incluant ceux de Duekoué. A la suite de cela, les juges ont décidé d’étendre les enquêtes au delà de 2010. La nouvelle Procureur va examiner cela et enquêter sur les crimes commis. On a constaté que les crimes les plus graves ont été commis par l’ancien président Laurent Gbagbo qui a été déféré à la Haye . Toutefois, les enquêtes se poursuivent.


Les juges de la Cpi n’ont pas confirmé les charges contre un chef de milice du mouvement patriotique rwandais . Allez-vous faire d’autres requêtes ?

La raison du rejet est très formelle parce que nous avons présenté les faits d’une manière différente. Nous allons réajuster et puis formuler une requête la semaine à venir.


Si les charges retenues contre Gbagbo sont confirmées, quelles seront les prochaines étapes. Dans le cas contraire, à quoi doit-on s’attendre ? Et puis récemment des rumeurs faisaient état d’un transfèrement de Mme Simone Gbagbo et d’autres personnalités à la Haye. Qu’en est-il ?

Si les charges retenues contre Gbagbo sont confirmées, il ira en procès sur le fond. Si les juges rejettent les charges, il sera libéré. On n’a eu des cas en 2005 où les juges n’ont pas confirmé les charges. Je ne peux pas parler des prochaines étapes, mais actuellement mon bureau suit les procédures judiciaires.


Gbagbo a été déclaré indigent. La CPI avait décidé de lui apporter une assistance financière. Après, on a découvert sur son compte 700 millions de F CFA. Est-ce que avec cette nouvelle donne la CPI va continuer à lui apporter assistance ?

Les greffes sont en train de faire des recherches sur des comptes appartenant à l’ex-président Laurent Gbagbo. S’il a de l’argent, il va payer. Mais en même temps, pour lui garantir un procès équitable, la Cour a pris en charge toutes les charges relatives à la défense. C’est la procédure.


Récemment la défense de Gbagbo a déclaré que la CPI n’était pas compétente pour juger Gbagbo. Quel commentaire ?

L’ex-président Laurent Gbagbo a le droit de présenter toutes les requêtes pour sa défense. Il n’y a que les juges qui décident.


Vous avez dit qu’il y a eu des crimes de part et d’autre. Or aujourd’hui seul Monsieur Gbagbo est à la CPI et les autres criminelles sont en liberté. Les victimes ne sont pas rassurées. Est-ce que vous pouvez leur donner l’assurance que vous allez leur rendre justice ?

Nous croyons que des crimes ont été commis à Duekoué. On vous a dit qu’on continue nos enquêtes. Nous avons constaté que des crimes ont été commis par Laurent Gbagbo à Abidjan et dans d’autres villes. C’est le premier cas que nous avons présenté. Le fait d’avoir mené des enquêtes dans plusieurs localités montre notre impartialité.


Dans deux semaines, vous quittez votre fonction. Est-ce que vous envisagez venir passer des vacances dans le continent africain dans un contexte où le président Jean Ping vous traite de plaisantin, franchement ?

Nous avons plu à des leaders politiques. Nous ne sommes pas appréciés par d’autres. Par contre, nous sommes aimés des victimes. Dans n’importe quel camp de réfugiés, que ce soit au Congo, en Ouganda, au Tchad, en Libye, les victimes nous accueillent chaleureusement. Je travaille pour les victimes et leur rend justice. Personne ne voit d’un mauvais œil que l’on fasse la lumière sur ces crimes. On le fait dans les autres parties du monde. Pourquoi on ne peut pas le faire en Afrique ?

Propos recueillis par Touré Abdoulaye
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