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Politique Publié le lundi 4 juin 2012 | Partis Politiques

Réunion du Bureau politique du PDCI-RDA : l’intervention du Président Henri Konan Bedié

© Partis Politiques Par Emma
PDCI-RDA : le Président Henri Konan Bedié a dirigé le Bureau politique du samedi 2 juin
Samedi 2 juin 2012. Abidjan. Maison du PDCI-RDA, a Cocody. Le Président du parti, Henri Konan Bedié a dirigé la réunion du Bureau politique
Mesdames et Messieurs,

Nous venons d’écouter la synthèse des travaux des Commissions du Secrétariat général, des Délégués départementaux et communaux, de l’Union des Femmes du PDCI (UFPDCI), de la Jeunesse du PDCI(JPDCI) et du Comité de Direction.

Je tiens à féliciter le Professeur Alphonse Mady, Secrétaire général du Parti et les membres des commissions mises en place, pour le travail de qualité qui a été produit et qui nous a été présenté.

Je me réjouis de ce que les commissaires soient allés au fond du mal qui mine notre organisation et qu’ils n’aient pas observé, « la langue de bois ».

J’ai noté que les Commissions mises sur pied se sont livrés à une véritable catharsis de notre parti. Elles ont mis le doigt sur les raisons de notre déroute à ces deux consultations importantes, les élections présidentielles et législatives.

Le Comité national de campagne, les organes spécialisés du Parti, l’UFPDCI et la JPDCI n’ont pas été à la hauteur des espoirs placés en eux. Il en a été de même des délégués départementaux et communaux. Nos structures de base, les comités de base et les sections n’ont pas, elles non plus, fonctionné. Enfin, pendant les opérations de vote, nos représentants dans les bureaux de vote n’ont pas su mener à bien le travail qui leur a été confié, soit parce qu’ils n’ont pas été bien encadrés soit pour mille et une autres raisons évoquées dans la synthèse.

Les commissaires ont relevé les faiblesses qui ont été observées dans notre organisation au moment où nous nous engagions dans ces consultations. La conséquence de notre manque de préparation ou de notre amateurisme s’est traduite par les résultats décevants que nous avons enregistrés aussi bien à l’élection présidentielle qu’aux élections législatives. Nous n’avons donc pas réussi.

Par ailleurs, les commissaires ont montré que l’amitié se nourrit de vérité et que dans une alliance, les alliés doivent se donner des règles claires et précises, faute de quoi des quiproquos regrettables peuvent survenir, sources d’incompréhensions inutiles.
Les membres du corps médical savent que l’on ne peut soigner une plaie et espérer la guérir si elle n’est pas correctement nettoyée.

Nos commissaires et les différents intervenants au cours de la séance de travail ont donc diagnostiqué le mal. Il faut, à présent, trouver la médication adéquate, prendre les mesures idoines pour trouver le chemin de la guérison, le chemin du progrès et de la réussite.
Oui, nous devons prendre à présent les décisions qui s’imposent pour permettre à notre Parti de faire sa mue, faute de quoi nous serons comptables de son effritement et de sa disparition.

Mais nous ne devons pas nous décourager. Nous devons trouver des solutions et ne pas faire comme ces pauvres matelots qui, dès qu’ils rencontrent le premier obstacle, fuient leur bateau et le laissent tout seul dans la tempête.

De même, évitons de nous accuser mutuellement en recherchant des boucs émissaires partout, car en fin de compte, nous sommes tous responsables de cette déroute.
Ne faisons surtout pas l’autruche, ce grand oiseau des campagnes qui, dit-on, lorsqu’il perçoit un danger à l’horizon, s’aplatit au solen espérant de la sorte le repousser. Nous devons au contraire relever la tête et aller de l’avant, mais dans la cohésion, l’unité et le respect de nos idéaux. C’est de cette façon que le PDCI-RDA retrouvera le chemin de son succès.

Oui, avançons et faisons l’effort de regarder dans la même direction et d’accepter les critiques. C’est la seule manière de trouver des solutions à nos problèmes.
J’ai pris connaissance avec beaucoup d’intérêt des recommandations faites par les commissaires ; j’y adhère pleinement.

Le PDCI est un grand parti, mais face aux défis nouveaux et nombreux du moment, nous devons innover dans nos méthodes de gestion et nous adapter aux conditions nouvelles.
Il importe d’abord, de faire un retour en arrière et d’observer sa longévité sur la scène politique nationale. Cette longévité est la source des problèmes qu’il rencontre et notamment de l’animosité nourrie à son égard.

Créé en 1946, le PDCI a gouverné la Côte d’Ivoire depuis l’indépendance du pays jusqu’en 1999, soit pendant près de quarante années, sans interruption. Cette présence régulière sur la scène politique nationale a été, on l’oublie trop souvent, l’une des raisons du coup d’Etat de 1999. Sans le dire expressément, beaucoup de nos compatriotes, parce qu’ils voulaient, eux aussi, « goûter »à l’exercice du pouvoir, se sont réjouis du coup d’Etat, parce qu’ils voyaient là l’unique opportunité pour eux de se retrouver au sommet de l’Etat.

Il est important que les jeunes générations comprennent pourquoi le PDCI-RDA verra toujours se dresser contre lui, des formations politiques plus jeunes avec pour objectif soit de l’écarter, soit de l’écraser .Chacun se souvient encore de l’expression « le serpent n’est pas encore mort » !

Par contre, la forte implantation de notre Parti sur la scène politique nationale, résulte de la solidité de ses structures et du bilan qu’il peut présenter à tout moment et qui n’a pas encore être égalé.

Mais nous devons être conscients que le monde évolue. Combien sont-ils encore en vie, les militants qui se souviennent, de nos jours, de l’histoire héroïque de notre Parti, de ses combats contre le colonialisme, de ses batailles pour la libération de l’homme noir ? Ce type de militant, reconnaissant au PDCI pour l’avoir libéré du joug colonial, n’existe presque plus. Les jeunes générations qui n’ont pas connu cette période, veulent entendre un langage autre que celui qui était destiné à leurs parents. C’est pour cette raison que nous devons innover.
Les commissaires ont insisté, avec raison, sur le problème de financement du Parti.
Il y a quelques années, le Parti était financé par des cotisations des militants, prélevées à la source chez ceux d’entre eux qui étaient payés par les services de la solde. L’adoption du multipartisme a sonné la fin de ce mode de financement. Aujourd’hui, le militant doit être amené à payer sa cotisation en posant en personne cet acte qui devient un acte individuel et volontaire. Si je me risquais à poser la question de savoir combien parmi vous, dans cette salle sont à jour de leurs cotisations, je suis certain que beaucoup seraient embarrassés.
A cela, il faut ajouter et j’en suis conscient, la situation que vivent les militants depuis le coup d’Etat de 1999 où par jalousie, par simple brigandage ou par méchanceté, ils ont été pris pour cible et ont été dépouillés de leurs biens, sans compter la perte de leur emploi. Dès lors, payer sa cotisation, devient pour beaucoup, une gageure.

C’est la raison pour laquelle nous devons imaginer des modes de financement nouveaux aussi bien pour le Parti que pour les différentes élections : présidentielle, législatives, municipales, régionales.

Les collectes de fonds doivent être une priorité pour notre organisation et cela devrait se refléter au sein de sa structure organisationnelle. Au niveau national du Parti, il convient de nommer un Directeur des Finances, qui ne soit pas obligatoirement un membre des instances, mais un vrai directeur de finances avec des objectifs à atteindre. Celui-ci aura la responsabilité générale du développement des stratégies de collecte de fonds et du suivi de la vente des cartes du Parti. Cet expert devra rendre compte au Président du Parti.
La synthèse des travaux mentionne l’indiscipline en notre sein, ce qui a provoqué la perte de plusieurs postes d’élus, singulièrement au niveau des députés. Je veux remercier et féliciter ceux des nôtres qui se sont présentés comme candidats indépendants et qui sont revenus à la maison après avoir été élus. Nous les acceptons les bras ouverts, mais il n’empêche qu’ils ont commis un acte d’indiscipline qui a fait perdre de nombreux postes au Parti.

A ce niveau, il convient de s’arrêter quelques instants pour nous demander si nous avons toujours tenu compte de la volonté de la base, car, en fin de compte, c’est elle qui décide, c’est elle qui a le dernier mot, c’est elle qui vote. C’est pour éviter ces errements que les élections primaires, inscrites dans les statuts du parti, ont été suggérées comme mode de sélection. Elles permettent ainsi de départager plusieurs candidats de même valeur dans une circonscription. Nous devons y revenir.

S’agissant de notre alliance, personne ne peut nier le rôle joué par le RHDP que nous avons créé à Paris, le 18mai 2005.Devant le dilemme auquel nous étions confrontés, face à un Chef d’Etat sans foi ni loi qui n’avait rien appris de ce qu’est la gestion d’un Etat, l’unique solution de préserver l’héritage du père fondateur était de nous mettre ensemble pour vaincre l’ennemi commun. Nous avons donc décidé de taire nos rancœurs, nos différends, de nous pardonner mutuellement et de nous mettre ensemble. C’est ce qui nous a rapporté le succès que nous avons connu à l’élection présidentielle de 2010.Cette expérience a fait école, au Sénégal notamment. Nous connaissons le cas de certains partis politiques en Afrique qui ont choisi d’autres voies et qui n’ont pas connu le même résultat!

Mais, il faut des règles dans une alliance et s’il y a, à l’évidence, des grincements de dents dans nos rangs, cela est dû au fait que ces règles n’ont pas été appliquées. Il importe donc, à cet effet que, sur des points précis de politique nationale, les partis membres de l’alliance se concertent et prennent la décision qui convient le mieux pour tous.

Pour vivre ensemble, il est indispensable que chaque membre se retrouve dans les décisions prises au nom de l’alliance du RHDP. C’est pour cela que, le 8février 2012, je parlais de dysfonctionnement et de réglages, « dysfonctionnements » qu’il faut rectifier, de sorte que la situation ne ressemble pas à celle du cheval et du cavalier.

Dans quelques mois seront organisées les consultations locales, les élections municipales et régionales. Il s’agit de consultations importantes et nous devons, dès maintenant nous y préparer.

Les recommandations faites dans la synthèse sont naturellement à prendre en compte, ainsi que je l’ai déjà indiqué. Il y a toutefois des urgences auxquelles il faut faire face dans les meilleurs délais.

L’une des faiblesses de notre organisation a été la communication dont le rôle est essentiel en ce XXIème siècle. Cette faiblesse a été relevée par tous. La circulation de l’information a fait défaut, au point que souvent, on ne savait pas toujours à qui s’adresser. Nous devons regarder cette situation en face et trouver rapidement la solution. Il nous faut des spécialistes en la matière et les responsabiliser. Le PDCI-RDA doit donc se doter d’un service de communication de pointe.

Une autre mesure urgente à prendre est la mise sur pied d’un comité électoral autonome. Un appel à candidature permettra de désigner un expert qui se chargera des élections au titre du PDCI-RDA et fonctionnera avec des agents qui recevraient un intéressement du parti, à l’image de la Commission électorale indépendante. Etant fonctionnaires du PDCI-RDA, les agents qui travailleront dans ce comité, n’auraient d’autre préoccupation que de s’occuper des élections du Parti. Ce comité aura à rendre compte au Président du Parti.
En plus de cet expert chargé des élections, le Parti devra mettre en place une structure uniquement chargée de la partie technique des élections. Cette structure pourrait s’appeler Comité de Suivi des Elections et devra proposer une organisation pour le suivi des différentes élections :
-indiquer une procédure de collecte et d’exploitation des données ;

-recenser les moyens (ordinateurs, fax, téléphones, etc…) nécessaires au bon déroulement du suivi des élections ;

-élaborer un programme informatique pour la saisie et l’exploitation des résultats, suivant le découpage administratif du Parti ;

-faire des études statistiques à partir des résultats des élections passées en vue de déterminer les différentes zones suivantes : zones acquises au Parti, zones à forte concurrence et zones à risques ;

-enfin, élaborer le budget humain et financier de la structure, pendant la précampagne, la campagne et surtout le jour des élections.

Le Parti dispose de cadres compétents pour mener à bien cette opération ; il suffit tout simplement les responsabiliser.

Pour ce qui concerne les élections à venir, les élections municipales et régionales, le Parti devra s’atteler dans les meilleurs délais, au choix des têtes de liste .Il est souhaitable que cela soit fait le plus tôt possible pour éviter les situations que nous avons connues dans le passé. Les électeurs doivent être largement informés de la personnalité qui les représentera, évitant ainsi les candidatures de dernière heure. Les choix de dernière minute constituent souvent des sources de désagréments, comme nous l’avons observé ces derniers temps.
S’agissant d’élections locales, nous devons aller à ces consultations en RHDP. Les listes proposées doivent comporter des éléments de chacun des partis de l’alliance. La municipalité ou la présidence du Conseil régional devrait comporter des personnalités issues de chacun des partis membres de l’alliance. De la sorte, nous mettrons véritablement en pratique le « gouverner ensemble » que nous avons adopté à Yamoussoukro. J’invite, ce faisant, à une gestion participative et inclusive des affaires de la nation.

Dans ce cadre, des démarches seront entreprises en direction du Président Alassane Ouattara, Président du Rassemblement des Républicains, afin que cette notion de gestion participative puisse s’appliquer aux services, aux directions et aux ministères. En effet, le développement national, le programme commun de gouvernement ne peuvent être une œuvre réservée à des groupements d’hommes et de femmes de même profil ethnique, confessionnel, régional ou politique.

Les cabinets des différents ministères devraient arborer les couleurs de notre alliance, le RHDP, et non celles d’un seul parti. Chaque structure, chaque entreprise, publique ou privée, doit être le creuset de la diversité et de la richesse de l’unité nationale.

La mise en place d’une cellule de vivre ensemble ou de gouverner ensemble s’impose. Cette cellule devra définir les règles (nominations dans l’administration et sociétés d’Etat) du « gouvernement RHDP » et attirer l’attention des décideurs sur le non-respect de celle-ci.
Voici, très brièvement, quelques commentaires qu’il m’a paru nécessaire de faire à cette assemblée et je vous remercie de l’attention que vous m’avez accordée.

Henri Konan BEDIE
Président du PDCI-RDA



Mais auparavant, d’importantes allocutions ont été prononcées. Nous vous les proposons en intégralité.


Message introductif à la Réunion du Bureau Politique


Monsieur le Secrétaire général du PDCI-RDA,
Honorables membres du Bureau Politique,
Mesdames et Messieurs,

Au début de cette année, précisément le 8 février à l’occasion de la présentation traditionnelle des vœux, je vous avais fait part de ma volonté de convoquer une réunion de l’organe exécutif de notre formation politique, le Bureau Politique. Vous savez tous que cet organe se réunit sur convocation du Président du parti pour exécuter les résolutions et décisions prises et veiller à ce que l’orientation politique générale du Parti soit conforme à celles qui ont été définies par le Congrès.

J’avais alors instruit le Secrétaire général du Parti de préparer cette rencontre qui devait se pencher sur le bilan de notre participation à l’élection présidentielle et aux élections législatives .Une réflexion devait être menée sur l’alliance des partis houphouetistes regroupés au sein du Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la Paix, le RHDP et une autre devait porter sur la vie nationale, ce que j’ai appelé « notre vivre en commun ». Pendant le déroulement des travaux, j’avais demandé que le Comité de Direction se penche tout spécialement sur la discipline au sein du parti.

Nous voici réunis pour examiner ces différents points et tout à l’heure, je donnerai la parole à M. le Professeur Alphonse Djedje Mady pour nous donner les résultats des travaux effectués depuis le mois de février dernier.

Mais avant l’intervention de notre Secrétaire général, qui va livrer les fruits des différentes réflexions conduites dans les commissions mises sur pied, et en introduction à cette séance de travail dont l’importance n’échappe à aucun d’entre vous, je voudrais commencer par faire un rapide tour d’horizon de la situation socio- politique de notre pays et ensuite la situation au sein de notre organisation.

Personne dans cette salle ne peut nier les changements importants survenus dans notre pays depuis l’élection présidentielle et l’avènement du candidat du RHDP, le Dr Alassane Ouattara. C’est le principal objectif que nous voulions atteindre, à savoir, faire partir, par la voie des urnes, le bourreau qu’était devenu Laurent Gbagbo qui avait fini par instaurer une dictature inacceptable dans notre pays. Notre pays, chacun le sait, avait à l’issue des dix années de pouvoir « socialiste ivoirien », perdu toute crédibilité dans le concert des nations. Nous n’avions plus d’amis et étions devenus la risée du monde.

L’élection du Dr Alassane à laquelle nous avons grandement contribué a permis un retournement de la situation. Certes beaucoup de problèmes sont encore à résoudre en matière de sécurité, d’emploi et surtout de cherté du coût de la vie, mais nous sommes convaincus que le gouvernement auquel nous participons d’ailleurs fera en sorte de trouver les solutions idoines pour redonner au pays le visage d’antan. Depuis la mise sur pied du gouvernement de l’après crise, la Côte d’Ivoire a repris sa marche en avant. L’économie a repris, les affaires et la croissance aussi. Le pays est en chantier et les villes deviennent de plus en plus propres et donc habitables. C’est une ère nouvelle qui s’ouvre à notre pays. Il est impossible de résoudre tous les problèmes et en même temps. C’est la raison pour laquelle, il faut s’armer de patience et faire confiance.

S’agissant de notre parti, on ne peut rester sourd aux cris que lancent les militants qui ont été déçus par les résultats que nous avons enregistrés aussi bien à l’élection présidentielle qu’aux élections législatives, au point de noter que c’est bien la première fois que notre parti perd des élections de cette ampleur. Les militants se posent également de multiples questions relatives à notre place dans l’alliance qui semble selon eux, ne pas être à notre avantage. Enfin, dans nos rapports avec le principal parti dont le candidat a été porté au pouvoir, je veux parler du RDR, nos militants semblent ne plus avoir, vis-à-vis de ce parti, la confiance qu’on était en droit d’en attendre.

C’est pour ces différentes raisons qu’il m’a paru nécessaire de convoquer cette réunion du Bureau politique afin qu’ensemble, nous puissions analyser la situation afin de dégager les pistes qui permettront à notre parti de reprendre la place qui était la sienne dans le paysage politique de notre pays.

Je passe à présent, la parole à M. Alphonse Djédjé Mady, Secrétaire général du PDCI-RDA.

Henri Konan BEDIE
Président du PDCI-RDA





PDCI-RDA / Réunion du Bureau politique du 02 juin 2012 : le Communiqué final


Le samedi 02 juin 2012, sur convocation et sous la présidence effective de son Excellence Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA, le Bureau politique s’est réuni de 10 heures à 17 heures 30, à la Maison du Parti à Cocody. L’ordre du jour de cette rencontre a porté sur le bilan de l’élection présidentielle et des législatives, l’évaluation du fonctionnement de l’alliance des partis Houphouëtistes regroupés au sein du RHDP et sur la vie de la nation, afin de dégager les voies et moyens qui permettront à notre parti de reprendre la place qui était la sienne dans le paysage politique de notre pays.

Décidée par le président du parti, le 8 février 2012 à l’occasion de la présentation traditionnelle des vœux de nouvel an et préparée pendant de longs mois par des commissions de travail, sous l’autorité du Secrétaire Général du Parti, la réunion du Bureau Politique a procédé à un examen sans complaisance des résultats des travaux de ces commissions.

Après avoir entendu la déclaration liminaire du président du parti et son rapide tour d’horizon de la situation sociopolitique, le Bureau Politique s’est félicité des changements importants survenus dans notre pays depuis l’élection présidentielle et l’avènement du Président Alassane Ouattara qui a mis un terme au régime dictatorial du président Laurent Gbagbo.
Le Bureau politique note cependant que, malgré le retournement de la situation, beaucoup de problèmes sont encore à résoudre en matière de sécurité, d’emploi et surtout de cherté du coût de la vie et encourage le gouvernement auquel participe le PDCI-RDA à persévérer dans son combat pour redonner à la Côte d‘Ivoire son visage d’antan.

S’agissant de notre formation politique, le Bureau Politique constate avec la plus grande lucidité la déception des militants par les résultats enregistrés à l’élection présidentielle et aux élections législatives.

Concernant le RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix), le Bureau Politique exprime sa grande préoccupation quant à la place du parti dans l’alliance qui n’est pas à notre avantage aux yeux des militants qui déplorent le manque de confiance dans nos relations avec notre principal allié, le RDR.

Faisant suite à l’intervention liminaire du président du parti, le Secrétaire Général a fait un résumé de la synthèse des travaux des commissions du Secrétariat Général, des Délégués départementaux et communaux, de l’UFPDCI, de la JPDCI et du Comité de Direction.
Le Bureau politique après audition de cette synthèse a félicité le Secrétaire Général du Parti et les membres des commissions pour la qualité de leur travail.

Le Bureau politique s’est réjoui de la sincérité des commissaires qui, sans langue de bois, nous ont livré non seulement une analyse rigoureuse du fonctionnement et de la vie de notre parti en relevant avec pertinence les raisons et les causes de notre échec dans les deux consultations électorales nationales mais également un diagnostic sans complaisance des maux qui minent notre organisation.

Le Bureau politique s’est ensuite livré à un débat franc, ouvert, engagé, riche et démocratique.

Sans chercher à se trouver des boucs émissaires dans des accusations mutuelles inutiles, ni à faire la politique de l’autruche, le Bureau politique conclut, dans ce naufrage collectif, à la responsabilité de tous.

C’est pourquoi, prenant acte de la maxime selon laquelle « l’amitié se nourrit de vérité et que dans toute organisation, dans toute association ou alliance, les partenaires ou les alliés doivent se donner des règles claires et précises au risque d’être en proie aux quiproquos et aux malentendus les plus regrettables », le Bureau Politique s’est résolu, au terme du diagnostic posé, à prendre les décisions qui s’imposent pour permettre à notre parti de faire sa mue et jouer son rôle de leader dans la vie politique de la nation.

Ayant pris connaissance des recommandations, le Bureau Politique leur accorde sa pleine adhésion. Ainsi :

Au plan du bilan de l’élection présidentielle, des élections législatives et de l’organisation du parti,

Considérant l’absolue nécessité pour le PDCI-RDA de reprendre en main le destin de la nation ivoirienne, le Bureau Politique réaffirme l’exigence d’innovation dans les méthodes de gestion du parti pour l’adapter aux conditions nouvelles et relever les défis nouveaux.
Dans cette perspective, le Bureau Politique décide pour le parti, pour les élections générales et locales un mode nouveau de financement et de gestion en proposant la nomination d’un Régisseur du Patrimoine ou Directeur des Finances du Parti. Sans être nécessairement membre des instances, ce dernier devra être un expert rémunéré par le parti et aura la responsabilité générale du développement des stratégies de la recherche des ressources, de la collecte de fonds et du suivi de la vente des cartes du parti, etc. ….Cet expert devra rendre compte au Président du parti.

Au chapitre de l’indiscipline, pour une lutte efficace contre ce mal, le Bureau Politique demande le retour désormais aux élections primaires autant que possible comme mode de sélection des candidats au sein du parti pour tenir compte de la volonté de la base.
Le Bureau Politique insiste sur la nécessité de la prise de sanctions exemplaires allant jusqu’à l’exclusion pour tout candidat ou militant qui contreviendrait aux choix ou aux mots d’ordre du parti. Il recommande le déferrement de tous les cas d’indiscipline devant le Conseil de Discipline afin d’éviter le sentiment d’une application discriminatoire et sélective de la rigueur, source de frustrations.

Au titre des diligences,

Au niveau de la communication, le Bureau Politique reconnaît qu’elle constitue une des faiblesses de notre organisation et propose de doter le parti d’un service de communication de pointe animé par des spécialistes.

Au niveau des élections, le Bureau Politique demande la mise en place d’un comité électoral autonome. Un appel à candidature permettra de désigner un expert qui en assurera la direction. Ce comité fonctionnera avec des agents à plein temps rétribués par le parti et rendra compte au Président du Parti.

En plus de cette structure, une Commission de suivi des Elections sera créée. Elle se chargera d’organiser le suivi des différentes élections, d’indiquer une procédure de collecte et d’exploitation des données, recenser les moyens nécessaires au bon déroulement du suivi des élections, concevoir un programme de saisie et d’exploitation des résultats suivant le découpage administratif du parti ; faire des études statistiques à partir des résultats des élections passées ; élaborer enfin le budget de précampagne, de campagne, de la journée et de la nuit électorales. Les membres de cette commission seront choisis parmi les cadres du parti. Ils seront pleinement responsabilisés.

Pour les élections municipales et régionales, le Bureau Politique recommande que le Parti s’attèle dans les meilleurs délais au choix des têtes de liste. Dans ce cadre, le Bureau Politique propose la mise en place d’un comité de négociation avec nos alliés du RHDP.
Le Bureau Politique réaffirme la nécessité pour les partis de l’alliance d’aller aux élections municipales et régionales en RHDP. Les listes proposées doivent, dans cette perspective, comporter des personnalités issues de chacun des partis alliés. C’est de cette façon que le RHDP mettra en pratique le principe du «gouverner ensemble » adopté la 18 octobre 2010 à Yamoussoukro.

En ce qui concerne la promotion du genre et des jeunes,

Le Bureau politique recommande le respect du quota de 30% de présence de femmes et de jeunes dans les instances de décision.
Par ailleurs, le Bureau Politique demande au parti de s’engager dans une politique vigoureuse de recrutement de nouveaux militants nécessaire à son renforcement et à sa redynamisation.

Sous ce rapport, il recommande :

- l’organisation d’une tournée de remerciement, de remobilisation et de réconciliation dans toutes nos délégations départementales et communales ;
- La prise en compte des considérations géopolitiques dans la promotion des cadres;
- L’implication effective de l’inspection du parti dans l’appréciation de l’organisation et de la vitalité des structures de base du PDCI et dans la désignation des candidats ;

Au plan de l’alliance RHDP,

Le Bureau Politique se félicite du rôle éminent et indéniable de cette alliance dans notre combat pour vaincre l’ennemi commun et préserver l’héritage du père fondateur. Cette expérience a fait école au Sénégal et nous devons la poursuivre. Toutefois, le Bureau Politique réaffirme qu’il faut des règles dans une alliance.

Ainsi, considérant les difficultés et les dysfonctionnements constatés et l’impérieuse nécessité de faire de ce mouvement houphouëtiste le creuset et le fer de lance de la reconstruction et du rayonnement de la Côte d’Ivoire, le Bureau Politique appelle à l’union des partis alliés et au dépassement de leurs intérêts partisans étroits pour s’attacher au meilleur devenir de notre pays.

A cet effet, le Bureau Politique recommande les réglages suivants :
Au plan éthique, il est impérieux de taire nos rancœurs, nos différends et nous pardonner mutuellement pour nous mettre ensemble.

Sur les sujets de politique nationale, le Bureau Politique demande que les partis membres du RHDP se concertent et prennent la décision qui convient le mieux pour tous. Car pour vivre ensemble, il est indispensable que chaque membre se retrouve dans les décisions prises au nom de l’alliance du RHDP.

Pour ce faire, il est souhaitable que les coordinations régionales et locales du RHDP soient réactivées.

En ce qui concerne les consultations locales, les élections municipales et régionales prochaines, le Bureau Politique accueille favorablement les recommandations contenues dans la synthèse des travaux des commissions et demande qu’elles soient prises en compte urgemment dans la préparation des dites élections.

Par ailleurs, le Bureau Politique demande instamment la rectification du découpage électoral, manifestement, trop favorable aux régions du Nord, en dépit de leur faible poids démographique dans la nation.

Le Bureau Politique invite donc à une gestion participative et inclusive des affaires de la nation.

Dans cette perspective, le Bureau Politique demande au Président du parti, Président de la conférence des présidents du RHDP d’entreprendre auprès du Président Alassane Ouattara des démarches afin que ce principe de gestion participative et inclusive puisse s’appliquer aux services, aux directions, aux ministères. Les cabinets des différents ministères devront arborer les couleurs de notre alliance et non celle d’un seul parti. Chaque structure administrative, chaque entreprise publique doit être le creuset de la diversité et de la richesse de l’unité nationale.

Enfin, le Bureau Politique conclut à la nécessité d’une cellule opérationnelle de « vivre ensemble » ou de « gouverner ensemble » dont la mise en place s’impose. Elle sera chargée de définir les règles du «gouvernement RHDP», notamment des nominations dans l’administration et les sociétés d’état et d’alerter les décideurs en cas de non- respect de ces règles.

Le Bureau Politique demande que soit, enfin, parachevé le projet RHDP de gouverner ensemble en finalisant les annexes au programme commun de gouvernement signé le 18 octobre 2010 à Yamoussoukro.

Au plan de la vie de la nation

Considérant le caractère délétère de l’environnement politique aggravé par les prises de position tranchées de certains acteurs politiques ;
Considérant que le PDCI-RDA est co-gestionnaire du pouvoir et par conséquent engage sa responsabilité politique dans la conduite des affaires de l’Etat pour le bien-être des Ivoiriens ;
Vu l’urgente nécessité de reconstruire la cohésion et l’unité nationales mises à mal par la crise post-électorale qui se traduit par la persistance des problèmes de sécurité, d’emploi, de cherté du coût de la vie, des difficultés de coexistence pacifique en milieu urbain et rural,
Le Bureau Politique

Au plan politique

Marque son adhésion au processus de réconciliation nationale et invite les militants à s’en approprier.

Le Bureau Politique souscrit à :
- La mise en œuvre des réformes institutionnelles nécessaires à - La restauration l’Etat de droit, au renforcement de la démocratie et à la préservation de la cohésion nationale ;
- La mise en œuvre d’une politique de l’immigration qui en assure le contrôle et la régularité et favorise l’intégration régionale ;
- L’application de la réciprocité dans les obligations des pays membres de la CEDEAO.
Au plan économique et social
Le Bureau Politique recommande :
- La gestion et l’exploitation rationnelle des terres agricoles et du domaine urbain ;
- L’application effective de la loi de 1998 sur le foncier rural ;
- L’équité et l’égalité des citoyens à l’accès aux emplois supérieurs et publics ;
- La réduction du coût de la vie par la répression des fraudes, le respect des règles et principes de la libre concurrence ;
- La revalorisation du pouvoir d’achat et son indexation sur le coût de la vie ;
- La restitution des biens privés confisqués et l’indemnisation des victimes de guerre ;
Au plan de la sécurité
Le Bureau Politique recommande :
- Le rétablissement de la sécurité sur toute l’étendue du territoire ;
- La promotion d’une armée véritablement républicaine et nationale ;
- La mise en œuvre effective de la politique de démobilisation, désarmement et de réinsertion (DDR).
En matière d’Education/Formation
Le Bureau Politique recommande :
- La lutte contre le relâchement moral et le développement des pratiques mercantiles à l’école ;
La révision des textes régissant la vie associative et syndicale dans les établissements scolaires et universitaires en vue d’un meilleur climat social favorable aux études ;
La promotion du civisme pour une participation responsable des citoyens à la vie de la nation.

Conclusion

Au terme de ses travaux, le Bureau Politique souhaite l’appropriation du présent rapport par le prochain Congrès dont la convocation est devenue une nécessité et devrait se faire dans les meilleurs délais après les prochaines élections locales.

Le Bureau Politique tient à féliciter vivement le Président Henri Konan BEDIE, Président du PDCI pour son courage, sa détermination et son engagement sans réserve dans la résolution de la crise post-électorale qui a ébranlé la nation dans ses fondements. Le Bureau Politique salue en lui l’homme de parole, de principe et de paix.

Au nom de tous les militants, le Bureau Politique réaffirme au Président Henri Konan BEDIE son soutien et sa confiance pour ses efforts inlassables en vue de la préservation de la cohésion et de l’unité du Parti fondateur de la Côte d’Ivoire moderne. Le Bureau Politique compte sur sa détermination et sa disponibilité pour remettre le PDCI-RDA sur les rails du renouveau et de l’espérance afin de conduire nos futurs combats et relever les défis de la reconquête du pouvoir.

Fait à Abidjan le 02 Juin 2012

LE BUREAU POLITIQUE
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