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Art et Culture Publié le mardi 5 juin 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Sarah Kouamé, créatrice de parures : ‘’Il faut montrer dans tout ce que nous faisons l’identité africaine’’

Jeune et instruite, la créatrice de parures Sarah Kouamé manie avec finesse les rubans, les perles et les fleurs pour en faire des parures authentiques. Une passion qu’elle a su développer pour en faire une de ses spécialités.

Parlez-nous de vos créations
Mes créations s’adressent généralement à tout le monde aux jeunes filles, aux cadres dynamiques, aux mères de familles, aux femmes ... Je fais rarement la même création parce que je tiens compte de la personnalité de chaque cliente. Chaque femme a une personnalité qui doit être mise en avant. Je ne ferai pas un collier pour une femme dynamique, de la même façon que je ferai un collier pour une jeune fille qui a envie de s’éclater en boîte de nuit.

Quels sont les matières que vous utilisez pour la confection de vos créations ?
Pour la confection de mes parures j’utilise des perles de verre, du pagne, et des fleurs. J’utilise rarement des fleurs naturelles, en général je me sers de fleurs artificielles qui servent souvent pour la décoration et je m’en inspire pour créer des bijoux. Je peux aussi utiliser des cauris et des rubans qui remplacent le plus souvent les chaînes sur lesquels je monte les différentes perles où les fleurs. Cela dépend en fait de l’inspiration et il peut arriver que je me serve du pagne baoulé, du kita et du bogolan. Souvent, je confectionne des parures pour des cérémonies, en tenant compte de la tenue qui sera portée.

Combien de temps mettez-vous pour réaliser une parure?
La durée dépend du budget de la cliente, mais au minimum la réalisation dure trois jours à cause de mes obligations professionnelles. En quelques heures, je peux réaliser une parure, mais du fait de mes obligations actuelles je préfère dire trois jours. C’est pour moi une passion. Sur le long terme, j’envisage m’installer à 100% dans ce domaine d’activité.

Quelles sont les étapes pour la réalisation d’une parure ?
D’abord, il y a l’idée qui constitue la première étape. Quand une cliente doit prendre part à un mariage, il y a une idée et dans l’idée on retrouve les caractéristiques comme la couleur, le message à véhiculer. Est-ce qu’elle veut être glamour ou sobre ? Comment veut-elle paraître ce jour ? Ensuite, je me demande ce que la cliente recherche comme style de colliers. Certaines me diront un ras-le-cou, un sautoir pendant que d’autres l’ignorent et veulent simplement être belles. L’idée se conçoit autour de ces différentes questions et quand on parvient à en avoir, on la développe en essayant de la dépasser. Mais, en tenant compte de sa corpulence, son statut social, la cérémonie où elle part. Je pense à ce que je peux proposer à cette cliente pour qu’elle se sente différente et que les gens l’apprécient. C’est de là que part l’idée et ensuite il faut acheter le matériel qui traduit véritablement le désir de la cliente. On se demande s’il faut prendre des fleurs, des papillons, des perles, des cauris ou du pagne. La troisième étape, c’est le montage et ce n’est vraiment pas évident de monter. Le plus souvent quand ce n’est pas beau, je reprends le montage jusqu’à ce que je sois totalement satisfaite.

Pour vous, la beauté chez une femme est-ce innée ou se façonne-t-elle à partir de gestes comme l’habillement avec en complément les accessoires ?
Je pense que la beauté chez une femme se façonne au jour le jour par notre manière de nous vêtir, de nous maquiller, de nous tenir, de nous coiffer. Chaque femme se façonne à sa manière pour être belle et c’est son identité à elle. Ce que je veux faire ressortir dans mes créations en utilisant le ruban, c’est de rappeler la petite fille devenue femme. C’est un peu dans cet esprit que je l’utilise pour montrer à toutes ces femmes, qu’il y avait une époque où elles étaient jeunes avec ces rubans dans les cheveux. Et qu’aujourd’hui elles le portent au cou en tant qu’accessoire de beauté. Pour montrer en quelque sorte qu’elles ont grandi en maturité. J’utilise les perles de verre pour mettre en exergue la fragilité de la femme. Les fleurs montrent la beauté de la femme, la femme gracieuse qui possède beaucoup de potentiels. Dans chaque matériel que j’utilise dans la fabrication de ces parures je fais passer un message.

Etes-vous pour la consommation locale, la valorisation des richesses africaines ?
J’essaie à chaque fois que je travaille de ne pas faire du 100% européen. Par exemple, j’ai remplacé la chaîne par un ruban et toutes les fois que j’ai à confectionner des parures, j’utilise des éléments qui peuvent rappeler le côté traditionnel. Cela peut ne pas forcément être dans les matières mais dans le rendu, le design mais on reconnaît l’Afrique. La dernière création que j’ai eue à faire pour Yehni Djidji, la meilleure bloggeuse de Côte d’Ivoire était à base de pagne. C’était un mélange de fleurs pailletées avec du pagne. En ce moment, je prépare la sortie d’une nouvelle collection 100% pagne. Une collection qui mettra en exergue le bogolan, le kita…

Etes-vous de l’avis de ceux qui pensent qu’il revient à l’Africain de faire valoir les richesses de son terroir ?
Je pense qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même et donc il faut faire valoir ce qu’on a en Afrique. Et de plus en plus, les créateurs de mode le font et des gens portent aujourd’hui le pagne en Europe. On retrouve beaucoup d’articles faits à base de pagne. Les Africains sont en train de comprendre qu’on a des richesses africaines au niveau de la mode qu’on doit valoriser. Et plus tard, je compte m’inscrire dans cette ligne et je ferai des accessoires 100% pagne. Mon travail constitue ma principale source de revenus, et je dirai que je confectionne ces parures par plaisir. Je crois effectivement qu’au fur et à mesure que j’aurai à concevoir par plaisir je vais affiner mes compétences et dans le long terme cela me rapportera comme je le souhaite.

Seriez-vous prête à vous y adonner à plein temps ?
Comme je le disais, mon objectif est d’avoir un fonds de commerce pour asseoir mon activité et être autonome. Mais bien entendu il faut pouvoir travailler pour s’offrir le financement qu’il faut pour se lancer dans sa carrière. Mon objectif est donc d’ouvrir une boutique de confection et de vente d’accessoires.

Pensez vous que l’univers de la mode africaine pourra s’éclore à partir de telles créations ?
Chaque créateur de mode a sa spécificité et si nous pensons que la mode européenne peut nous apporter un plus dans la valorisation de la mode africaine, pourquoi ne pas s’en inspirer ? Mais en essayant un tant soi peu de faire ressortir le côté africain. On peut s’inspirer du savoir européen, mais il faut montrer dans tout ce que nous faisons l’identité africaine.

Quel conseil donneriez-vous à une jeune fille qui aimerait embrasser ce métier?
J’exhorte la jeunesse à avoir un esprit d’entrepreneuriat. C’est une activité qui nourrit son homme et mon souhait est que chaque jeune fille s’inscrive dans un domaine d’activité qui la passionne réellement. L’entrepreneuriat porte des fruits et on n’entreprend pas parce qu’on est obligé mais plutôt par passion, dans un domaine d’activité qui pourra apporter un plus au pays.

Réalisée par Larissa G
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