x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le mercredi 20 juin 2012 | Le Nouveau Réveil

Procès des ex-dirigeants de la filière café-cacao / Tapé Do Lucien (Pca de la Bcc) révèle: «Je n’ai jamais participé à la gestion de la Bcc»

© Le Nouveau Réveil Par DR
Filière café-cacao : Tapé Doh Lucien, ex-PCA de la Bourse du Café-cacao (BCC)
Comme annoncé mardi, le président du Conseil d’administration de la Bcc (Bourse du café-cacao), Tapé Do Lucien, a comparu devant le tribunal de première instance du Plateau. C’est dans une atmosphère très détendue qu’il a fait face au juge et au procureur de la république. Très attendu, en effet, à ces auditions publiques, l’ancien baron de la filière café-cacao a captivé l’auditoire par sa façon hachée et surtout amusante de répondre à l’interrogatoire du juge Ahmed Coulibaly et du procureur Oulaï Ferdinand. Tapé Do Lucien a clairement fait des révélations qui ont continuellement provoqué l’hilarité générale dans la salle d’audience. "Moi, je n’ai jamais participé à la gestion de la Bcc. Je n’ai signé que des chèques mais je n’ai jamais procédé à des virements bancaires. Nous autres, nous sommes des analphabètes. C’est pour cela que nous avons placé des experts à la tête de nos structures pour gérer les mouvements financiers. Toutes les structures que nous avons mises en place ont été de bonnes structures. Mais pour leur gestion, ça, c’est autre chose", a-t-il déclaré en haussant les épaules. Pour répondre au juge qui lui avait demandé son degré d’implication dans les mouvements financiers de sa structure. "Quels étaient alors vos avantages et votre rémunération en tant que Pca de la Bcc", lui avait systématiquement demandé le juge. Réponse amusante du prévenu : "Est-ce qu’il y avait des avantages dans cette histoire-là même ? Je touchais 3 millions F Cfa comme salaire et j’étais obligé d’avoir au moins une voiture et des bons de carburant". Une réponse qui a fait rire toute l’assistance et qui a poussé le procureur à rebondir : "Mais vous avez contribué à des décaissements importants de fonds. Votre structure a quand même quinze comptes bancaires. Avec tous ces décaissements remarqués, quels ont été les acquis de la filière ?" Et le prévenu de répondre encore : "Non, ce n’est pas comme ça que ça s’est passé, hein. On avait créé le Frc (Ndlr : Fonds de régulation du cacao) pour soutenir le prix. Mais on a constaté que ce sont les exportateurs qui prenaient l’argent. Vous voyez, les producteurs que nous sommes ne sont pas des experts. C’est pour cela que nous avons géré nos structures avec des erreurs. Nous, on a payé de l’argent, à l’époque de la crise, pour participer à l’effort de guerre. C’est comme ça que nous avons fonctionné. Et nos structures ont créé des emplois, des usines pour le ravitaillement, des routes, des écoles, des puits dans tous les villages pour que les paysans ne souffrent pas du manque d’eau (…) On n’a pas bouffé l’argent, on a travaillé avec ça. Chaque année, mon directeur général, Tanoh Kassi Kadjo, nous fait le bilan en présence du commissaire du gouvernement, des exportateurs qui sont nos premiers ennemis, et les commissaires aux comptes. On peut bouffer l’argent, comme ça, devant ceux-là ?" A la suite des dirigeants de la Bcc, ce sont ceux du Frc qui ont été entendus, notamment la présidente du Conseil d’administration, Kili Angéline, et le directeur général Kouakou Firmin. Qui ont déclaré que le montant de la réserve de prudence (un fonds prélevé à hauteur de 64 F Cfa sur le prix des exportations) s’élevait à 182 milliards F Cfa et que 20 milliards F Cfa avaient été, en tout, donnés (en octobre 2002 puis en 2004), à l’ex-président Laurent Gbagbo pour le soutenir dans "l’effort de guerre". Alors que les fonds de la réserve de prudence étaient destinés, selon eux, à "couvrir et gérer les risques au niveau des prix d’exportation pour les producteurs". "Après la libéralisation de la filière, il était très difficile de garantir le prix des produits. L’objectif général de la réforme était l’amélioration des prix bord champ et il était question, pour nous, d’accompagner cet objectif et de faire en sorte que les producteurs deviennent des exportateurs", a indiqué le Dg Kouakou Firmin pour justifier l’institution de la réserve de prudence. Il a aussi révélé, sous l’interrogatoire du procureur, que cette réserve de prudence a également servi à financer, à la demande du ministre de l’Agriculture de l’époque, "les journées du cacao ivoirien", à hauteur de 600 millions F Cfa. La Pca Kili Angéline a, quant à elle, déclenché un débat, avec le procureur, sur son statut au sein du Frc. "J’étais assistante de direction à la Bceao, donc fonctionnaire internationale, quand le gouvernement de l’époque de Laurent Gbagbo a permis mon détachement pour servir mon pays dans la filière café-cacao, à la demande de l’Anaproci. Et j’ai été élue, le 12 avril 2003, Pca du Frc, pour trois ans non renouvelables", a-t-elle dit. "Etes-vous donc fonctionnaire d’Etat au Frc ou représentez-vous la Bceao dans la filière ?", a aussitôt réagi le procureur. La réponse de la prévenue a été claire : "Je suis fonctionnaire internationale à la disposition de mon pays". "Combien perceviez-vous à ce titre ?", lui a rétorqué le procureur. Réponse de Kili Angéline : "Je touchais 3 millions F Cfa par mois au départ, mais pour mon statut et les risques encourus, ce montant est passé à 5 millions F Cfa, à ma demande". Des déclarations qui ont provoqué une confrontation entre le juge et le bâtonnier Bilé Aka Joachim, avocat de la défense. Les auditions des autres prévenus se poursuivent, ce matin.

SYLVAIN TAKOUE
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ