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Sport Publié le vendredi 22 juin 2012 | Notre Voie

Maguy Alain Serge, ex- international ivoirien : « Je suis allé à l’Asec pour faire mal à Simplice Zinsou »

© Notre Voie Par mousnabi
Football: Jubilé de Ben Badi
Abidjan (F.H.B), Match de Gala du jubile de Ben Badi. Les amis de Ben Badi 8 - 2 Selection Senegal 92
Revenu en Côte d’Ivoire à la faveur du jubilé de Traoré Abdoulaye dit Ben Badi, Maguy Alain Serge, vainqueur de Sénégal 92 avec les Eléphants, a accordé un entretien à Notre Voie.

Notre Voie : Que devient Maguy Alain Serge depuis sa retraite ?
Maguy Alain Serge : Je suis éducateur sportif à la mairie de Lille, en France. Je m’occupe des gamins de 8 à 10 ans et des U 15. En tant qu’ancien footballeur, j’ai été tenté par le concours. J’ai été heureusement admis et je m’investis à 100% parce que c’est mon domaine.

N.V : Une question intéresse les Ivoiriens depuis des années. Vous étiez une grosse vedette à l’Africa sports, club que vous quittez à l’étonnement de tous au profit de l’Asec mimosas, le grand rival. Quelles en sont les raisons ?
M.A.S : Plusieurs facteurs ont milité en faveur de mon départ à l’Asec. Je n’ai pas envie de revenir sur le passé. Je préfère parler du présent.

N.V : C’est votre droit…
M.A.S : Sachez simplement que j’ai eu beaucoup de problèmes à l’époque. Certains Ivoiriens le savent.

N.V : Vos rapports avec les dirigeants de l’Asec ?
M.A.S : J’ai de bons rapports avec Me Roger Ouégnin, le PCA.

N.V : Il se raconte que le montant de votre transfert à l’Athletico Madrid favorisé par Simplice Zinsou aurait coûté à l’époque la bagatelle de 300.000.000FCFA. Qu’en est-il exactement ?
M.A.S : Je l’ai lu dans la presse aussi. D’aucuns ont même parlé de 320.000.000FCFA.
Pour être franc, je ne sais pas comment s’est passée la transaction.

N.V : Qu’est- ce à dire ?
M.A.S : Je ne sais pas où l’argent est passé. J’ai seulement signé le contrat à Madrid en présence de Jean Vincent Zinsou, le frère de Simplice Zinsou, qui était dans le bureau avec moi. Les dirigeants madrilènes lui ont remis un chèque. Aucun compte rendu ne m’a été fait par la suite. Je sais que j’ai eu beaucoup d’argent grâce à ce contrat dont je n’ai malheureusement pas tiré profit.
De mauvaises langues ont raconté que j’ai échoué en Espagne parce que je venais à Abidjan après certains matches pour faire la fête. Il faut être vraiment débile pour faire cela. Je n’ai jamais fait ça.
N.V : Etiez- vous vraiment prêt pour l’aventure professionnelle ? Le talent seul suffisait-il, vu que vous alliez affronter le froid et qu’il y avait surtout la barrière linguistique ?
M.A.S : Quel que soit l’endroit où un footballeur se trouve, ce qui parle pour lui tout le temps, c’est le ballon. Je me sentais bien à Madrid. Mon talent a été reconnu puisque j’ai été retenu à la suite d’un essai. J’étais content d’être à Madrid, fier pour les Ivoiriens car il n’est pas donné à tout le monde de jouer à l’Athletico. J’y ai passé de bons moments et il y a eu des problèmes après. C’est normal.

N.V : Pourquoi ?
M.A.S : Parce que je n’ai rien vu de l’argent du contrat. Je cours dans le froid et je n’ai rien en retour. Je ne pouvais plus accepter cela. C’est ce qui m’a poussé à revenir au pays. Je pouvais bien retourner à l’Africa, mais Simplice Zinsou était toujours à la tête du club. En allant à l’Asec, ce n’était pas pour faire du mal aux supporters de l’Africa mais pour faire mal à Simplice Zinsou. Parce que l’Africa et l’Asec, c’est la grande rivalité. Pour tout dire, j’ai signé à l’Asec pour faire mal à Simplice Zinsou qui m’a fait du mal.
Certains supporters de l’Africa malheureusement ont très mal pris mon départ à l’Asec. Je ne me suis pas expliqué parce qu’à cette époque, Zinsou était un monsieur à qui et de qui on pouvait parler sans risquer quelque chose. J’ai préféré me taire pour préserver ma vie. C’est après 22 ans que je parle de cette affaire.

N.V : Vous êtes vraiment patient…
M.A.S : Oui, j’ai toujours été patient et c’est un trait de mon caractère.

N.V : Vous avez toujours pardonné aussi ?
M.A.S : Il faut toujours pardonner à son prochain tant qu’on est en vie. C’est ce que j’ai fait pour Zinsou. Peut- être que quelqu’un d’autre ne lui aurait plus jamais adressé la parole ou se bagarrerait avec lui dans la rue. Je sais d’où je viens, j’ai tout pardonné.
Je n’ai également rien contre les supporters qui se sont vantés d’être à la base de ma fracture quand je suis allé à l’Asec. Certains d’entre eux sont morts, moi je suis en vie. Je rends gloire à Dieu.

N.V : Votre regard sur les Eléphants et la qualité de leur jeu…
M.A.S : Franchement, ils savent jouer au football. Tout le monde se demande cependant pourquoi ils ne remportent pas de trophée au plan continental.

N.V : Pouvez-vous risquer une explication ?
M.A.S : Le problème se trouve peut- être au niveau mental ou de l’ambiance. Il me semble que le courant ne passe pas très bien entre les joueurs.

N.V : Soyez plus explicite…
M.A.S : Je veux dire qu’il n’y a pas d’entente au sein du groupe. C’est pourquoi les Eléphants n’arrivent pas à s’imposer. Au niveau de la valeur individuelle, il n’y a rien à dire. Les joueurs ont du talent et du fric, mais on ignore les raisons de leurs échecs répétés. Pourquoi ça ne marche pas alors qu’il y a de la qualité ? Tout le monde doit se poser la question et essayer d’apporter des solutions. Mais apparemment, la fédération est fermée. Il n’y a pas beaucoup d’anciens footballeurs dans le staff technique.

N.V : Il y a Cyril Domoraud et Kouassi Blaise qui sont là…
M.A.S : Je n’ai rien contre Domoraud et Kouassi Blaise, mais j’estime qu’ils ne sont pas ceux qu’il faut pour bousculer les joueurs actuels. Ils sont trop timides. Qui peut parler aujourd’hui à ces enfants ? Personne. Quand un ancien international arrive en sélection, il n’a même pas le droit de parler franchement aux joueurs qui refusent qu’on leur dise la vérité. Oui, ils ont du fric, mais qu’ont-ils remporté ? Ils peuvent gagner cinq ou dix trophées en club, mais qu’ont- ils remporté pour le pays ? Il n’y a personne pour leur tenir ce discours de vérité. Nous avons une bonne équipe qui ne peut malheureusement arriver au sommet avec une mentalité qui s’accommode mal de la vérité.

N.V : Quelle est pour vous la part de responsabilité de la fédération dans cette situation ?
M.A.S : Ils ont tout simplement peur des gamins. Ils n’osent pas leur dire la vérité parce qu’ils ont de l’argent. Zahoui François a voulu changer l’ordre des choses, ça n’a pas plu et ils ont trouvé un alibi pour le limoger.

N.V : Votre regard sur le football local ?
M.A.S : Franchement, je ne le reconnais plus. Il y a une vraie pénurie de grands joueurs et d’encadrements techniques de qualité. Quand un jeune joueur émerge, il est tout de suite tenté d’aller en Europe.

N.V : Peut-on reprocher à un jeune joueur de talent de chercher à vivre décemment du football ?
M.A.S : A notre époque, nous étions tous ou presque sur place. Nombreux sont ceux qui gagnaient bien leur vie. Aujourd’hui, ce n’est malheureusement plus la même chose. Il y a des gamins qui ne gagnent même pas mensuellement 50.000FCFA. C’est ce qui explique ces départs massifs de jeunes joueurs qui ont envie de gagner plus d’argent qu’ils n’en perçoivent ici.

N.V : L’instauration du professionnalisme ou du semi professionnalisme permettrait-elle de juguler l’exode ?
M.A.S : Dans ce cas de figure, combien de clubs suivraient-ils ce mouvement ? Seuls l’Asec et l’Africa pourraient être sur la ligne de départ. Les autres non car ils dépendent trop de la fédération qui leur octroie des subventions qui constituent quasiment leurs budgets de fonctionnement. Il faut revoir en profondeur la politique de financement du football ivoirien si l’on veut vraiment faire du haut niveau.

N.V : La fédération fait ce qu’elle peut. Urge-t-il de voir dans la danse d’autres acteurs comme l’Etat, les mécènes, les gros sponsors ?
M.A.S : Les seuls clubs susceptibles d’avoir de gros sponsors sont l’Asec et l’Africa. Les autres ? Je n’en suis pas certain. Pour qu’un club soit bien structuré, il faut des sponsors. S’il n’y a pas de sponsors, les joueurs ne peuvent pas être bien payés. C’est une condition essentielle pour relever le niveau du football local.
Je suis le championnat ivoirien. Quand je vois un Asec- Africa, j’ai très mal. Les jeunes gens jouent au ping pong. Il n’y a pas de public. Ce sont les supporters qui font les joueurs qui à leur tour font l’entraîneur. Sans supporter, il n’y a pas de club. Il faut une politique vraie pour ramener les supporters dans les stades.
Voyez- vous, il n’y a plus de joueurs étrangers de grande valeur dans notre championnat. Cela est révélateur de la baisse du niveau du football local. A notre époque, ils étaient nombreux à évoluer dans nos clubs parce qu’il y avait de la qualité. Ils n’étaient pas tentés par l’Europe. Je demande à mes jeunes frères actuellement en équipe nationale de donner un coup de pouce aux clubs, aux dirigeants afin de prendre une part active à la renaissance du football local.

N.V : Votre plus mauvais souvenir dans votre carrière de footballeur ?
M.A.S : La blessure dont j’ai été victime quand je suis revenu d’Espagne où j’évoluais à l’Atletico Madrid. Heureusement qu’elle n’a pas duré trop longtemps.

N.V : Le meilleur ?
M.A.S : La Coupe d’Afrique des nations que nous avons remportée en 1992 au Sénégal.

Entretien réalisé par Roger Okou Vabé
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