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Politique Publié le samedi 30 juin 2012 | L’intelligent d’Abidjan

CPI / La procureure Fatou Bensouda sans détours : ‘’Gbagbo sera jugé très rapidement’’

© L’intelligent d’Abidjan
Vice présidente de la Cour Pénal International (CPI) Fatou Bensouda
Elle est devenue l’une des femmes les plus puissantes au monde. Nommée procureur général de la Cour pénale internationale en juin, Fatou Bensouda dirige les services d’enquête et d’accusation de la CPI, qui traque les génocidaires, auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Née en Gambie, en Afrique de l’Ouest, dans une famille musulmane et polygame, cette avocate de 51 ans, mariée à un homme d’affaires maroco-gambien et mère de deux enfants, a été ministre de la Justice dans son pays puis procureur au Tribunal pénal international pour le Rwanda avant de devenir procureur adjoint à la CPI en 2004. Elle nous reçoit aux Pays-Bas, à La Haye, dans l’enceinte ultra sécurisée de la Cour pénale.
Vous venez d’être élue procureur pour neuf ans, quels sont vos principaux objectifs à la CPI ?
D’abord, je veux continuer ce que nous avons entamé. La CPI d’existe que depuis une décennie, et c’est déjà devenu un acteur important sur la scène internationale, avec lequel les autres puissances savent qu’elles doivent composer. Nous avons prononcé notre première condamnation cette année. Je veux accélérer la cadence. Mais, au-delà, j’aimerais surtout imprimer ma marque dans deux domaines : celui du droit des enfants et celui du droit des femmes. Je veux que ceux qui enrôlent des enfants de force dans une milice ou qui orchestrent des crimes sexuels à grande échelle sachent qu’ils seront tous poursuivis par mon tribunal.

Certains taxent la CPI de “néocolonialiste”, car elle ne s’est attaquée qu’à des Africains. Que leur répondez-vous ?
C’est désolant de penser cela. La justice doit être la même pour tout le monde. La vie d’un Africain vaut autant que celle d’un autre, et y attenter doit être un crime aussi grave que partout ailleurs. Certes, notre travail nous a surtout menés en Afrique. Mais n’oublions pas les millions de victimes du continent. Si, pour ces victimes, il faut encore cibler l’Afrique, je continuerai de le faire. Par ailleurs, nous sommes aussi en train de mener des enquêtes préliminaires en Afghanistan, en Géorgie, en Corée du Nord, etc.

L’autre critique, c’est que votre cour est trop lente et trop chère. Est-ce vrai ?
Nous avons mis du temps à nous lancer, mais il faut se souvenir que c’était un terrain complètement inconnu. Maintenant, la cour a établi des procédures qui font jurisprudence et nous avançons plus vite. Laurent Gbagbo [l’ex-président ivoirien], par exemple, va être jugé très rapidement. Il faut aussi savoir que notre influence s’étend au-delà des procès que nous instruisons. Ainsi, certains pays sont en train d’expulser de l’armée leurs enfants-soldats, parce qu’ils craignent nos poursuites. Quant au prix : oui, la justice internationale coûte cher. Il faut mener des procès équitables, faire venir des témoins, payer les traducteurs, etc. Mais quel que soit notre coût, comparez-le à celui de n’importe quel conflit. Je vous assure que le coût de la justice n’est qu’une fraction de celui de la guerre !

Et pourtant, les crimes de guerre continuent tous les jours. Que comptez-vous faire en Syrie, par exemple?
Tant que le Conseil de sécurité de l’Onu ne nous réfère pas le cas syrien, nous n’avons pas juridiction. Donc, pour l’instant, nous n’enquêtons pas. Mais les chefs d’Etat qui attaquent leur peuple doivent comprendre qu’ils ne resteront pas impunis. Il faut que ceux qui commettent des crimes contre l’humanité comprennent qu’ils finiront tous derrière des barreaux. Le temps de l’immunité est révolu.

In Paris Match du 29 /06/ 12
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