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Politique Publié le lundi 9 juillet 2012 | Le Mandat

Entretien/ Alassane Ouattara sur AFRICA 24 “La situation de Gbagbo à la CPI est la meilleure : La condition de l’Ivoirien moyen s’améliore”

© Le Mandat Par DR
Financement de la 2e phase du Programme économique régional (PER) de l`UEMOA: le Président Alassane Ouattara à la Table ronde des bailleurs de fonds
Lundi 2 juillet 2012. Abidjan. Palais présidentiel, du Plateau. Le chef de l`Etat, SEM Alassane Ouattara à la Table ronde des bailleurs de fonds sur le financement de la 2e phase du Programme économique régional (PER) de l`UEMOA
Le président de la République, Alassane Ouattara était l’invité de la chaîne AFRICA 24 hier dimanche 8 juillet. Le n°1 ivoirien a fait le décryptage de la situation politique, économique et sociale en Côte d’Ivoire. Sans faux fuyant, le chef de l’Etat a éclairci la lanterne des téléspectateurs sur la vie politique en Côte d’Ivoire. Abordant le cas de l’ex-président Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara a indiqué que la présence de l’ancien président à la CPI est la meilleure et contribue même à la réconciliation.
Amélioration des conditions de vie
Nous avons une petite série de sondages. L’Ivoirien moyen constate que son environnement est meilleur. Que la sécurité est meilleure. II y a un an, l’Ivoirien moyen ne pouvait pas sortir de chez lui. Il y a la paix aujourd’hui. Deuxièmement, l’Ivoirien moyen constate que dans son quartier les routes ont été réhabilitées. Troisièmement, l’Ivoirien moyen constate que les centres de santé, les hôpitaux sont pourvus en médicaments. Et mieux, il y a des médicaments et que même les soins sont gratuits pour les femmes et surtout les femmes enceintes ; les soins sont gratuits pour les enfants d’un jour à cinq ans. L’Ivoirien moyen le sait. Et tous les Chu le pratiquent. Nous avons, d’ailleurs eu à licencier un certain nombre de médecins qui ne travaillent pas dans ce sens. L’Ivoirien moyen constate que les coupures d’eau, les coupures d’électricité partout en ville sont maintenant localisées. Dans un an, il n’y aura plus de coupure d’électricité à Abidjan ou dans les grandes villes. Pour un Ivoirien moyen, qu’est-ce qui importe ? C’est d’abord son environnement immédiat ; se nourrir, envoyer ses enfants à l’école, se loger. Je peux développer toutes ces choses. Ce que nous avons fait, c’est ce qui est visible. Ce n’est pas seulement des mots. Nous sommes en train de reconstruire, réhabiliter toutes les cités universitaires. A Abidjan comme à Bouaké. Cela va nous coûter plus de 100 milliards F CFA. Les travaux s’achèveront dans quelques semaines. L’université va rouvrir au mois de septembre. Nous sommes en train de réhabiliter les centres de santé. Si nous prenons l’Ouest ; où nous avons eu une situation de conflit, nous sommes en train de réhabiliter toutes les infrastructures.
Le PPTE est l’œuvre de la bonne gestion des ressources
La macro-économie, les problèmes d’ajustement et de restructuration…, nous savons ce qu’il faut faire. Que ce soit en matière de gestion économique, de restructuration des entreprises ainsi de suite. L’allégement porte sur 2.200 milliards FCFA. Il reste encore à peu près 3000 milliards de dette essentiellement sur pour le club de Paris, de la Banque commerciale et autre. Au moment de la crise postélectorale, la dette de la Côte d’Ivoire s’étendait à 5% de sa valeur. Aujourd’hui, elle se vend à 75% de sa valeur. C’est pour vous dire que la confiance est revenue. C’est un élément important en matière de politique macro-économique. En 10 ans, le taux de croissance a été de 5% voire 4%. Mais aujourd’hui, en une année seulement, nous aurons un taux de croissance de 8% en 2012. Annuellement, nous avons surpassé l’ancien régime en 10 ans. Pour atteindre ce but, nous avons resserré le budget, fait en sorte que la corruption diminue et accru les investissements. Et, à compter du 1er octobre prochain, (ferons) en sorte que les producteurs aient des prix réels. Il s’agit d’améliorer les investissements, la gestion, afin que la plus grande partie de la population, notamment les paysans, ait une bonne rémunération. L’année prochaine, nous avons l’ambition d’aboutir à une croissance à deux chiffres.
Bonne gouvernance et réconciliation
Je n’ai rien à cacher. Tout le monde sait que j’avais des biens quand j’étais dans l’opposition. J’ai quand même occupé des fonctions importantes. J’étais Directeur général de la Banque centrale, Premier ministre, Directeur général adjoint au FMI, donc je n’ai rien à cacher. Mais, je peux vous dire que je dépense beaucoup moins que mon prédécesseur. Ceci étant, il faut la transparence et cela ne se limite pas seulement au chef de l’Etat mais s’applique aussi aux ministres. Le Premier ministre Guillaume Soro, en son temps, avait fait adopter un code d’éthique par les ministres. Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur vient d’adopter un code d’éthique pour les policiers. Le ministre de la Fonction publique et de la reforme administrative va faire un code de bonne conduite pour les fonctionnaires. Donc, ceux qui ne sont pas conformes à ce code seront sanctionnés. Nous serons donc dans cette transparence, dans la bonne gouvernance, parce que je tiens à cela, car c’est ce qui crée la confiance chez les investisseurs.
La réconciliation nationale, l’opposition et le cas Laurent Gbagbo
D’abord, la réconciliation est une priorité pour moi. J’ai mis en place, dès mon investiture, une Commission dialogue, vérité et réconciliation. Mais, pour qu’il y ait une vraie réconciliation, il faut le pardon ; (…) il faut également la repentance. Je peux vous signaler que quand j’ai pris fonction, il y avait plus de 250.000 réfugiés dans les pays voisins. Aujourd’hui, il en reste encore 60.000 et je veux que tous mes compatriotes rentrent. J’ai fais le tour des pays de l’Afrique de l’Ouest, demandant à mes compatriotes de rentrer. La plupart de ceux qui n’avaient rien à se reprocher sont rentrés. Même certains militaires, qui avaient commis des actes pas criminels sont de retour. Maintenant, il y a un groupe de personnes qui ont commis des crimes de sang, des crimes économiques, qui ne veulent pas rentrer parce qu’ils ne veulent pas faire face à la justice. Je leur demande de rentrer, car la justice est équitable. Nous tenons à l’Etat de droit. Cela nécessite aussi un dialogue, et nous allons faire ce dialogue. J’ai demandé au FPI de venir au gouvernement, il n’a pas accepté. Je leur aie demandé de participer aux élections législatives, ils n’ont pas accepté. Maintenant, il y a un dialogue politique qui est en cours je leur demande de rentrer dans ce dialogue. Si nous sortons du processus politique, il ne reste que la violence. Je ne souhaite pas, ayant connu l’exil, que des personnes qui ont occupé de hautes responsabilités dans ce pays restent en exil pendant des mois et des années. Maintenant, s’agissant de l’ancien président, il s’est accroché au pouvoir après sa défaite. Il a utilisé des armes lourdes ; plus de 3000 personnes ont été tuées ; il a commis des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre. Si j’avais décidé de le juger ici, on m’aurait accusé de tous les maux. Il est entre les mains de la Cour pénale internationale ; c’est une justice qui est impartiale. Je ne peux pas manipuler la CPI. Alors, ceci étant, quand on commet de tels crimes, il faut pouvoir les juger, mais la Côte d’Ivoire n’avait pas la possibilité de le faire. Les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre, nous n’avons pas les instruments, les infrastructures (pour les juger, ndlr). Vous savez que les prisons d’Abidjan ont toutes été détruites. Pour l’ancien président, je considère que la situation actuelle est la meilleure et participe d’ailleurs à la réconciliation.
Au plan sécuritaire
Le niveau sécuritaire s’est fortement amélioré ces dernières années, contrairement au passé, ce qui justifie le retour et la confiance des investisseurs. Et à ce niveau, je reçois des rapports quotidiens de la Gendarmerie, de la Police… Je peux donc vous affirmer que la situation est meilleure qu’il y a un an ou dix ans, ou il y a vingt ans en arrière. Par ailleurs, il n’y a pas que la question de la sécurité qui retient notre attention. Il y a également la restructuration de l’armée. Et, à ce niveau, il y a un comité qui a été mis en place pour restructurer et intégrer de manière définitive les deux armées qui se sont battues. Ce qui permettra par la suite de doter cette armée (de moyens) pour qu’elle puisse accomplir sa mission de protection de la Côte d’Ivoire.
L’Etat des arriérés des entreprises
On parle d’environ 220 milliards de francs. Je veux être équitable et je ne suis pas guidé par un esprit de vengeance. C’est pour cette raison que j’ai fais un travail de recensement des arriérés intérieures dans d’autres pays, notamment en Afrique centrale. Et le constat c’est que lorsqu’un pays sort de crise, il y a un phénomène de surfacturation qui s’opère de la part des opérateurs économiques et pas seulement du fait de la corruption. Et les montants sont quatre fois surévalués. J’ai demandé à cet effet un audit et à l’issue de cela nous commencerons à payer les vrais arriérés.
Train de vie de l’Etat et transparence
Rien à changer concernant le train de vie de l’Etat. J’applique les frais d’installation qui étaient déjà en vigueur. Rien à changer dans le mode de vie des ministres ivoiriens. Car, je considère que les ministres sont également des citoyens. Il n’y a pas eu donc d’augmentation de leur pouvoir d’achat. Moi, à mon niveau, je suis en train de réduire le train de vie de l’Etat. Et quant à la déclaration de mon patrimoine, la Constitution demande la publication du patrimoine du président devant la Cour des comptes de la Cour suprême. Je vous répète que je n’ai rien à cacher. Tout le monde sait que je vivais bien quand j’étais dans l’opposition. J’ai occupé des fonctions importantes. J’ai été Gouverneur de la BCEAO, Directeur adjoint du Fonds monétaire International (FMI). Mais, je dépense beaucoup moins que mon prédécesseur. Il faut de la transparence. Cela ne se limite pas uniquement au président mais s’applique également aux ministres. Guillaume Soro, à son temps, avait adopté un code d’éthique et nous cherchons à adopter un code d’éthique pour les politiques. Ceux qui ne seront pas conformes à ce code seront sanctionnés. Cela permettra de créer la confiance des investisseurs. Pour ce faire, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur vient d’adopter, hier, un code de l’éthique pour les policiers. Le ministre de la Fonction public et de la Réforme administrative va faire un code de bonne conduite pour les fonctionnaires. Et toutes les entraves à ce code seront sanctionnées. Nous serons dans la bonne gouvernance et la transparence, car je tiens à cela.
La vision de la Cedeao au sujet des coups d’Etat
Je trouve que la Cedeao a fait preuve de beaucoup d’efficacité. Avec ma présidence, je n’ai pas beaucoup de chance, puisque je tombe dans des crises importantes, le Mali et la Guinée-Bissau, mais cela nous amène à nous dire que la paix et la sécurité doivent être une priorité. La crise ivoirienne a été gérée, comme vous le savez, mais cette fois-ci nous avons eu des coups d’Etat. Nous condamnons les coups d’Etat et je m’impliquerai pour que ce soit les derniers coups d’Etat en Afrique de l’Ouest. Nous prendrons toutes les sanctions nécessaires contre les auteurs de ces coups d’Etat. Nous irons le plus loin possible. Bien sûr, nos devons tenir compte des souffrances de la population, mais il est inadmissible qu’un pays démocratique comme le Mali, à deux mois des élections, soit (…) frappé par un coup d’Etat. Nous ferons donc en sorte que le Mali retrouve son intégrité territoriale, retrouve, bien entendu, la démocratie, un processus électoral normal et apaisé.
Le statut d’ancien chef d’Etat au capitaine Sanogo
Non, non et non ! Jamais la Cedeao n’a donné un statut d’ancien chef d’Etat au capitaine Sanogo. Nous condamnons cela. Les négociateurs ont cru bien faire en s’associant à cette imposture. Je condamne, en tant que président en exercice de la Cedeao, le fait que le capitaine Sanogo ait le statut d’ancien chef de l’Etat. Le sommet de la Cedeao dira cela de manière publique : nous ne reconnaissons pas ce statut d’ancien chef de l’Etat au capitaine Sanogo. (…)
La force d’intervention de la Cedeao au Mali
La Cedeao a toujours été très claire dans la hiérarchie des décisions dans ce processus international. Les choses prennent du temps et les uns et les autres s’expriment comme ils le souhaitent, ce qui est démocratique d’ailleurs. Ceci étant, dès le coup d’Etat, nous l’avons condamné, imposé des sanctions, nous avons exigé le transfert du pouvoir aux autorités constitutionnelles. Cela a été fait avec tout ce nous savons, avec la situation du président Dioncounda Traoré. Ensuite, nous avons réuni la Cedeao et nous nous sommes mis d’accord qu’il fallait faire en sorte qu’une intervention (soit déployée) pour assurer l’intégrité territoriale du Mali. Nous avons saisi les Nations unies ; nous avons envoyé une forte délégation au conseil de sécurité et il y aura bientôt une déclaration suivie d’une résolution. Cela permettra une intervention au Mali. Pendant ce temps, il y a des négociations, ce qui est normal. Nous souhaitons qu’elles aboutissent, parce que tous, nous ne souhaitons pas une guerre au Mali, mais nous ne pouvons laisser le Mali aux mains des terroristes ; il n’est pas question pour nous de négocier avec eux, non, pas en tant que président en exercice ; je ne négocierai pas avec les terroristes. Les terroristes doivent être boutés dehors. Nous devons appuyer l’armée malienne pour faire cela. Pour redonner aux maliens leur liberté, leur intégrité. Nous attendons la résolution des Nations unies ; nous avons une force en attente de la Cedeao, 3270 personnes qui sont en entrainement. Nous avons demandé l’appui logistique aux grandes puissances. Nous interviendrons.

Retranscris par
JERÔME N’DRI
FRANCIS TAKI
LORNESMEL
RUTH KAMONOU
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