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Société Publié le vendredi 20 juillet 2012 | Le Patriote

Abengourou / Amoa urbain : “On n’a pas suffisamment privilégié la diplomatie coutumière”

© Le Patriote Par Prisca
Académie des sciences, des arts, des cultures d`Afrique et des diasporas (Ascad): les Immortels rendent hommage au Pr Samba Diarra
Mercredi 28 juillet 2010. Abidjan. Photo: Amoa Urbain (à g.)
A l’initiative de la LINA-CI (Ligue nationale des alliances de Côte d’Ivoire), le Professeur Amoa Urbain était récemment à Abengourou, où il a animé une conférence sur le rôle des alliances interethniques dans la réconciliation nationale. Nous l’avons rencontré.
Le Patriote: Professeur Amoa Urbain, pensez-vous que les alliances interethniques sont encore d’actualité aujourd’hui ?

Professeur Amoa Urbain: Chaque peuple génère ses propres valeurs. Dans le cadre des alliances interethniques, ce n’est pas une panacée. On ne va pas régler tous les problèmes avec. Je pense que toute pratique humaine qui n’a pas une charge de vertus est vouée à l’échec. Sans doute est-il bon de rappeler que la charte de Kurukan Fuga qui a permis d’amorcer les premières 44 lois à la suite de la guerre qui a opposé Soumahoro Kanté à Soundjata Kéita a jeté les bases d’une codification de ces pratiques. Mais peut-être faudrait-il que chacun puise en soi ses propres valeurs et ses propres mécanismes pour aller vers la résolution des conflits et puis de toutes les façons, un conflit n’est jamais résolu de façon définitive. Il faut s’armer d’éveil de conscience, d’intelligence pour anticiper et dédramatiser.


LP: Justement, on constate que la CDVR est critiquée de toutes parts. Croyez-vous que la réconciliation est encore possible ? Si oui, à quelles conditions ?

Pr A.U : Je ne crois même pas que les Ivoiriens soient en conflit. Il y a eu des incompréhensions. Chaque fois qu’il y a des incompréhensions entre les peuples, il s’agit de trouver des personnes qui portent l’objet et qui règlent beaucoup de problèmes en douceur. Parce qu’en fait, dans nos valeurs et civilisations, il y a des règlements de conflits qui se font dans la case, c’est-à-dire à huis clos. Lorsque tout est vraiment organisé, on arrive sur la place publique pour une grande harmonisation. Il faut éviter que chacun campe sur sa position. Je crois que les clefs sont disponibles. Est-ce qu’on s’est dit les vérités et est-ce qu’on a choisi les lieux et les moments pour les dire ? Est-ce qu’on utilise les mécanismes d’expression qui conviennent ? Est-ce qu’on a pris la peine de penser que dans la démarche il va y avoir des agressions, des agressivités verbales. Il y a des clefs. Moi, je propose entre autres la diplomatie coutumière, la promotion de la laïcité comme valeur, la théorie de l’élégance langagière et le principe des quatre vérités: la vérité intérieure, la vérité scientifique, la vérité divine et la vérité consensuelle dans une volonté de régler cette crise. Mais, il ne faut pas se leurrer. Ce n’est pas parce qu’on a fait toutes ces cérémonies que tous les villages et tous les quartiers vont rester calmes 365 jours sur 365. Il faut donner les conditions pour que l’on n’aille pas vers les dérapages. Il faut être en éveil.


LP : A propos, quel regard jetez-vous sur des initiatives comme celle de la LINA-CI ?

Pr A.U: J’estime que beaucoup de raisons font que nous avons pris du retard. On a privilégié la diplomatie classique. C’est une excellente chose. On n’a pas suffisamment privilégié la diplomatie coutumière. Je propose qu’il y ait une correction à faire. Il me semble que la diplomatie académique ait pris une dimension d’élévation et, a été colorée politiquement. Donc, il faut la dépoussiérer pour en faire une diplomatie acceptée. Ce sont des clefs qui vont permettre d’aller vers la résolution des conflits.


LP : A quand votre prochain livre?

Pr A.U : J’ai en ce moment beaucoup de livres en chantier. J’ai même une encyclopédie sur les croyances et civilisations africaines en 10 tomes. Une autre encyclopédie sur le management et les techniques de prise de parole en public également en 10 volumes. Je suis le rédacteur en chef d’une revue internationale qu’on appelle: « Synergie Afrique de l’Ouest et centrale ». J’ai des recueils, des manuscrits, mais je fais mon petit bonhomme de chemin. Je ne peux pas vous dire quand le prochain livre sortira. On attend toujours l’appui des bonnes volontés. C’est douloureux à dire. Je veux faire de la qualité. Si je n’y arrive pas, on les publiera à titre posthume.

Réalisée à Abengourou par Armand Déa, correspondant
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