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Art et Culture Publié le samedi 21 juillet 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton : Quand j’aimais la Chine Populaire

C’était à Dimbokro. Un matin, au Collège moderne de la ville. Notre professeur de Français, une française procède à la distribution des copies de la rédaction de la semaine dernière. Nous étions une cinquantaine d’élèves dans la classe. Comme à son habitude, elle commençait du premier au dernier. Une méthode qui poussait chaque élève à se surpasser. Personne n’aimerait devenir la risée des uns et des autres dans la cour de recréation. Toutes les copies furent remises avec des commentaires sarcastiques pour certains élèves. La blonde de professeur demanda si tout le monde avait reçu sa copie. Déjà, mon voisin s’étonnait qu’on ne m’appelle pas pour me remettre ma copie. J’étais toujours, le premier ou le deuxième en rédaction, en concurrence permanente avec la fille blanche du Directeur. Dès que je levais ma main elle devint furieuse. Elle me traita d’avoir été hors sujet en faisant une rédaction subversive, un véritable tract contre son pays. Le sujet de la rédaction était celle-ci: «Ecrivez à un ami pour lui dire quel est l’homme ou le pays que vous aimez le plus et donnez les raisons de votre choix». J’avais choisi Mao Tsé Toung. Mon introduction commençait par une citation du grand timonier. «L’arrière-garde peut se transformer en avant-garde. L’échec est à l’origine du succès. Du malheur naît le bonheur. La misère est aussi un élan pour changer le monde. De la paresse peut naître l’action. De la peur peuvent naître le courage et le mépris de la mort». Dans mon développement, je montrais comment ce pays était un exemple pour l’Afrique. Chaque citoyen était élevé dans le but d’aimer son pays. C’était une vraie nation. Il n’y avait pas de différence entre les habitants du pays. Le Président Mao avait aboli les classes sociales qui retardaient la marche du pays. Il n’y avait plus de propriétaires privés qui profitent du labeur des masses. Je parlais à mon correspondant fictif de la révolution culturelle qui m’avait tant marqué. Tout comportement bureaucratique et hiérarchique a disparu. On ne reconnaît plus un officier d’un simple soldat. Dès la fin de ses études, un étudiant partait d’abord passer des années dans un champ ou une usine avant d’aller travailler dans un bureau. Apprenant ainsi à être en contact avec le prolétariat et à mieux le respecter. J’insistai sur la bombe atomique que la Chine venait d’acquérir et qui était une véritable protection pour les pays sous-équipés et non sous développés. Je disais à mon correspondant de ne pas suivre la presse bourgeoise et mensongère des pays impérialistes et néocoloniaux. A la lecture de ma rédaction, dans la classe, stupeur et en même temps acclamations, et surtout que je terminais par une autre grande citation du grand timonier : «Nous devons faire comprendre à toute la jeunesse que notre pays est encore très pauvre, qu’il n’est pas encore possible de modifier radicalement cette situation en peu de temps, que c’est seulement par leurs efforts que la jeunesse et tout le peuple pourront créer, de leurs propres mains, un Etat riche et puissant en l’espace de quelques années. Le régime socialiste nous a ouvert la voie vers la société idéale de demain, mais pour que celle-ci devienne une réalité, il nous faut travailler dur». On ne m’a jamais remis mon devoir. La direction, le corps enseignant et l’administration ont tenté de m’intimider et je ne me suis jamais laissé faire. On pourrait s’étonner de mon engagement pour la Chine à cet âge en classe de troisième. Mon admiration pour la Chine provenait des ouvrages de Pearl Buck que je dévorais à la Bibliothèque Kennedy de Treichville depuis la classe de sixième. Tous les romans de l’écrivaine américaine se déroulaient en Chine. J’aimais tellement cet auteur que je lui ai écrit et sa réponse fut pour moi le départ pour écrire des livres. J’écoutais aussi, tous les soirs, Radio-Pékin. Je recevais des ouvrages de Mao que me procuraient des amis venant des pays socialistes africains. J’avais l’insigne de Mao et portais la casquette. Quand le Président Gbagbo visita la Chine, je me suis offusqué que je ne fis pas partie de la délégation car il connaissait, depuis fort longtemps, ma passion pour la Chine. Je lui avais dit que pour ce genre de voyage il devrait faire comme le Président Mitterrand. Partir avec des écrivains, cinéastes et écrivains. Mon choix d’écrire pour le peuple me vient d’ailleurs de ma consommation des ouvrages de Mao. On doit écrire pour le peuple. C'est-à-dire rendre ses écrits accessibles du plus grand au plus petit. Faire de la littérature bourgeoise, écrire pour une minorité, est à mon avis une faute. Le succès actuel de la Chine ne m’étonne guère. L’ouvrage d’Alain Peyrefitte, «Quand la Chine s’éveillera… », permet de comprendre que du travail, du nationalisme peuvent naître une grand pays qui va faire trembler le monde. L’Afrique doit s’inspirer de certains exemples de ce pays. Notamment la discipline, éviter de trop bavarder au lieu d’agir, s’occuper de sa tâche, la réussir, au lieu de regarder et passer son temps à critiquer celle de l’autre. Il ne s’agit pas de copier la Chine dans ce qu’elle est devenue, aujourd’hui, mais d’où elle est partie hier. Je suis persuadé que notre Président reviendra avec une ou deux idées lumineuses qui contribuera à notre émergence. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly
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