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Société Publié le mardi 24 juillet 2012 | L’Elephant Déchaîné

A la barre, Le vendeur de briques «fabriqué» par le juge

© L’Elephant Déchaîné Par Emma
Crise post-électorale: les abidjanais se barricadent en attendant le redéploiement des forces de l`ordre
Vendredi 8 avril 2011. Abidjan. Photos: murs de briques sur la chaussée, pour se protéger contre l`insécurité
Bli Zohou Rodolphe est né en 1982 à Kouibly. Il est vendeur de briques à Yopougon. Ainsi, dans le cadre de ses activités, a-t-il été contacté par Kouassi Ahou Suzanne pour la livraison de 2.000 briques. Cette dernière s’acquitte aussitôt des frais estimés à 690.000FCFA. Sa part du contrat remplie, il revenait désormais au vendeur de briques de lui livrer sa commande. Mais celui-ci profitant de la situation de crise née aux lendemains des élections présidentielles, va faillir à ses engagements. La paix revenue, la cliente décide de recourir à la justice pour être rétablie dans ses droits renvoyés aux calendes grecques par le jeune indélicat. Elle porte alors plainte contre ce dernier pour abus de confiance. Bli Zohou Rodolphe est appréhendé par la police et placé sous mandat de dépôt. Le mercredi 11 juillet dernier, il a été présenté au tribunal de Yopougon pour être jugé. Convoqué à la barre par le juge pour s’expliquer, il a tenté de distraire les magistrats et la plaignante en étalant sa bonne foi. «Avez-vous reçu de l’argent de cette dame ?», demande le juge ; «Oui», répond-il. Réplique du juge : «A quelle fin ?». Le prévenu observe un moment de silence et devient très fébrile à la barre. Il semble avoir perdu le verbe. La raison : «J’ai reçu l’argent, mais je n’ai pas livré la totalité des briques ». Belle confession ! «Êtes-vous sûr d’avoir livré des briques à cette dame ?», demande encore le juge de nouveau. Plus de commentaires ! Le prévenu a perdu sa langue pour de bon face à l’insistance du magistrat. Sa tentative pour convaincre le tribunal a été vaine. Après une brève concertation entre les trois juges, le président le déclare coupable d’abus de confiance portant sur des numéraires et a scellé son sort en le condamnant à purger une douce peine de 3 mois de prison et à payer une amende 50.000F dès qu’il recouvrira la liberté. Il pourra donc tranquillement méditer sur cet adage qu’utilisent souvent les riches : « les bons comptes font les bons amis».

Trahi par la culotte chipée
Venus au nombre de trois à la barre pour répondre des faits mis à leur charge, les prévenus Toh Boignon Marcel et Toh-Bi Tié Germain ont été intégralement blanchis par le troisième prévenu Zoro-Bi Djé Alexis. Ils ont été arrêtés et conduits, le mardi 26 juin dernier au parquet pour les faits de vol de nuit en réunion à la suite d’une plainte de leur victime. Chronologie des faits. Dans la nuit du samedi 23 juin dernier à Yopougon, Irié Carine gérante d’un kiosque à café a été agressée par un inconnu à sa descente d’une journée de rude labeur. Au cours de cette agression, son sac a été emporté par le malfrat. Traumatisée par cette attaque injuste, elle décide de rentrer chez elle, sans porter son agression à la connaissance de la police. Le lendemain, à son arrivée sur son lieu de travail, elle constate avec amertume que la porte de son kiosque a été ouverte et le local vidé de tous les objets de valeur. Son sac volé contenait la clé du kiosque et son agresseur avait certainement agi en connaissance de cause. Mais comme on dit à Abidjan que « Dieu ne dort pas », elle va croiser dans la matinée du mardi 26 juin 2012 Zoro-Bi Djé Alexis son bourreau très sapé dans une culotte subtilisée au kiosque qu’il avait cambriolé. Discrètement, la victime alerte quelques passants. Lesquels en ces temps d’amertume généralisée à cause de la cherté de la vie, n’hésitent pas à neutralité le voyou et à lui faire passer un sale quart d’heure. Plus tard, il est conduit à la gendarmerie. Là bas, il passe très vite à table en citant le nom de ses complices Toh Boignon Marcel, Toh-Bi Tié germain et un certain Jean Claude, en cavale. Les deux complices sont aussi mis aux arrêts. Devant le Tribunal de Yopougon, à la surprise générale, Zoro Bi Djé Alexis, est visité par la sagesse. Il va déclarer à la barre dans un langage pénal : «Nous n’avons pas volé en réunion…j’ai reçu des coups, c’est ce qui m’a poussé à accuser les deux autres à la gendarmerie ». Le juge pour l’aider dans son raisonnement complète ses propos : « C’est donc sous le coup de l’émotion ?». Et au prévenu d’argumenter encore plus : «Oui madame la présidente ! Sous la pression des gendarmes, j’ai eu peur». Le juge revient à la charge : «Quels rapports avez-vous avec ces personnes ?» Et au prévenu Zoro-Bi Djé Alexis de répondre: «On se voit comme ça (…) je n’ai pas d’amis dans mon quartier ». Mais les propos du prévenu qui tente de jouer au bon samaritain, ne concordent pas avec les faits car, deux bouteilles de gaz, un ventilateur, deux plaquettes d’œufs et des sachets de lait ont été emportés le jour du forfait. Et ce dernier clame haut et fort qu’il a été seul à commettre ce vol en effectuant un seul tour. « Comment est-ce possible, il a forcément été aidé », murmure l’assistance. Les deux autres prévenus confortés par les «aveux» de l’auteur principal du vol ne se sont plus donnés de peine. Ils ont simplement nié les faits pour lesquels ils sont poursuivis. L’auteur principal ayant été formellement identifié par la victime, le tribunal les a déclarés non coupables et relaxés au bénéfice du doute. Quant à Zoro-Bi Djé Alexis, sa culpabilité a été reconnue. Le tribunal l’a condamné à purger une peine méritée de 5 années de prison et à payer une amende de 100.000F. Il est aussi privé pendant 10 ans de ses droits civiques et interdit de paraître pendant 3ans sur le territoire national, sauf Zuénoula son lieu de naissance. Il va apprécier les joies de la ville natale. Enfin si la justice a les moyens de faire exécuter ce genre de mesures de sûreté.

Un bégayeur à la barre
Doumbia Daouda est né en 1978 à Odiénné, il est gardien de son état à Yopougon et il est poursuivi pour tentative de vol de nuit. Les faits. Engagé auparavant comme gardien par le propriétaire d’un immeuble, il sera laissé pour compte, après le départ de son employeur dans son pays d’origine. Tout simplement parce que les locataires de l’immeuble ne veulent pas de lui. Il a toutefois continué à exercer ce métier, pour des raisons qui lui sont certainement propres et qu’on découvrira plus tard. Dans la nuit du mardi 3 juillet dernier, aux environs de 4 heures du matin. Ce jour là, armé d’un pied de biche et d’une scie à métaux, il décide d’aller faire à sa manière des amplettes dans la superette située au rez-de-chaussée de l’immeuble qu’il est censé surveiller. Client atypique, il a l’intention de rentrer par effraction dans le magasin pour se servir sans passer à la caisse. Déterminé à en découdre avec ces locataires ingrats qui l’ignorent, il se pointe muni de son arsenal aux portes de la boutique. En plein sciage des grilles de protection d’entrée du magasin, il est aperçu par Nana Marina, une locataire de l’immeuble. Celle-ci alerte aussitôt ses voisins. Ensemble ils décident de saisir la police pour prendre ce malfrat en flagrant délit de vol. Aussitôt dit aussitôt fait. La police, à la vitesse d’un TGV débarque promptement sur les lieux et interrompt le «noble»projet de Doumbia Daouda. Il est pris sur les faits. Mais quelle admirable audace de sa part ! «Il a trouvé le courage de renier les objets trouvés sur les lieux», selon les propos d’un témoin de la scène. Cependant, il sera trahi par son téléphone portable trouvé dans les objets qu’il a reniés. Son numéro composé et lancé par l’un des locataires a commencé à émettre depuis les ordures. Plus de doute. Devant le Tribunal, il répond aux questions du juge : «Vous êtes gardien ?». Doumbia Daouda dans un bagayement chronique répond : «C’est pas ga-ga-ga-gardien comme les autres ! » « Je comprends», retorque le juge. «Qu’avez-vous à dire pour vous défendre», redemande le juge. C’est l’occasion que le prévenu semblait attendre pour étaler son grand talent de trompeur. Dans un bégayement inégalable avec des saccades interminables, il a tenté de nier encore une fois la paternité des pièces à convictions. «Arrêtez de nous prendre pour des enfants ! ». Six mois de prison ferme, 10 ans de privation des droits, 50.000F d’amende. Au suivant, on n’a pas le temps.

NOEL KONAN
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