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Santé Publié le samedi 4 août 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Ministère de la Santé publique et de la lutte contre le Sida / Après une année d’exercice : Les actions de Thérèse N’Dri-Yoman passées au scanner

© L’intelligent d’Abidjan Par Serge T.
Lutte contre le diabète : l`industriel pharmaceutique Sanofi aux cotés du ministère de la santé
Mercredi 28 mars 2012. Abidjan 2012. Cabinet du ministère de la santé, au Plateau. Signature d`accord entre Christophe A. Viehbacher, Directeur Général de Sanofi et Mme la ministre de la santé, N`Dri Yoman dans le cadre de la lutte contre le diabète.
- Pr Thérèse N’Dri-Yoman

Agrégée de médecine, Thérèse N’Dri-Yoman est titulaire du poste de la Santé et de la Lutte contre le Sida dans le Gouvernement Jeannot Ahoussou Kouadio. Ayant hérité de ce département à un moment où la Côte d’Ivoire sortait d’une grave crise postélectorale qui a affecté le pays surtout au plan sanitaire, Thérèse N’Dri-Yoman s’est mise au devant du programme de la gratuité totale des frais de santé aujourd’hui devenus gratuité ciblée sur tout l’ensemble du territoire national. Son grand combat aujourd’hui, c’est de faire élire la Côte d’Ivoire au programme du Millenium Challence Corporation (MCC), programme du Congrès américain pour financer, à hauteur de 475 milliards de FCFA, des projets susceptibles de contribuer à la réduction de la pauvreté et par ricochet créer, les conditions d’un développement durable.

Le mauvais goût de la gratuité des soins
Dès la fin de la crise postélectorale, le président de la République, Alassane Ouattara lance l’opération de la gratuité des soins dans les centres de santé publique. Une action qui a permis aux populations, notamment les plus démunis de bénéficier, sans payer, de soins sanitaires, pendant environ dix (10) mois. Toutefois, force est de reconnaître que cette opération a été émaillée de difficultés qui ont jeté le discrédit sur son caractère social. Au premier rang de ces difficultés, des acteurs de la santé qui ont ramé à contre-courant de cette action à travers le détournement du matériel soignant ou en obligeant les populations à payer pour leur traitement sous le fallacieux prétexte qu’ils ( acteurs de la santé ) sont en manque de médicaments ou d’appareils médicaux. Ces mauvais comportements ont conduit à la sanction en interne ou par la justice de 32 agents de santé. La sanction la plus lourde concerne un agent condamné à deux (2) ans de prison ferme. Infirmiers, sages-femmes, médecins et pharmaciens ne sont pas les seuls qui ont handicapé le bon déroulement de l’opération de la gratuité des soins. Autre difficulté, une population qui s’est faite sienne l’expression triviale selon laquelle : « Ivoirien aime cadeau ». Pour un rien, on est à l’hôpital parce que les soins sont gratuits. L’on a constaté des cas d’indiscipline de certains malades qui passaient dans les différents centres de santé pour constituer leur stock de médicaments qu’ils revendaient par la suite. Ces attitudes n’ont fait que compliquer la tâche aux agents de santé qui étaient déjà en proie à une forte présence des véritables malades. On a également assisté à des intrusions de certains éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) dans des centres de santé. Refusant d’accepter que le personnel soignant soit en rupture de médicaments ou en manque d’appareils médicaux (même quand cette thèse était avérée), ces forces de l’ordre ont perturbé l’opération de la gratuité des soins. Des acteurs de la santé, en plein exercice, ont même été molestés par des éléments des FRCI. S’il faut reconnaître que la gratuité des soins a été d’un appui réel pour les populations, l’apport aurait été plus si des personnes (populations et agents de santé), à travers des comportements pas civiques n’avaient pas sapé, par endroits, l’opération. Dans le cadre de cette action, l’Etat de Côte d’Ivoire a engagé environ 30 milliards FCFA (Au moins 4 milliards FCFA par mois, d’août 2011 à février 2012).

La gratuité ciblée, une transition pour atteindre la Couverture maladie universelle (CMU)
De la gratuité des soins, le Gouvernement est passé à la gratuité ciblée, depuis le 20 février 2012. Celle-ci comprend la gratuité de l’accouchement et de ses complications, de la césarienne, et des consultations prénatales pour la mère. Chez les enfants de 0 à 5 ans, cette gratuité sélective concerne les maladies les plus fréquentes (diarrhées, anémie, pneumonie…). La gratuité est totale au niveau des urgences médico-chirurgicales et dans la prise en charge du paludisme qui représente plus de 60% de taux de mortalité. En outre, un abattement de 30% est effectué sur les actes sanitaires des populations. Contrairement à l’opération des soins gratuits, cette action, après plus de cinq (5) mois, se déroule sans trop de difficultés. La gratuité sélective qui doit s’achever à la fin de cette année fera place à la Couverture maladie universelle. Au demeurant, ces deux grandes actions (soins cadeaux et gratuité ciblée) traduisent la volonté du Gouvernement d’offrir des facilités aux populations pour se soigner à moindre coût. Un engagement qui doit être parachevé, l’année prochaine, par la mise en place de la Couverture maladie universelle. Une couverture qui entend réduire les dépenses des ménages pour leur soins (en Côte d’Ivoire, 70% des soins de santé sont payés par les ménages), tout en assurant à tous, surtout aux plus démunis un traitement de qualité et ce, à moindre coût. Des experts sont en réflexion sur le sujet pour qu’il soit opérationnel d’ici à 2013. Selon une source qui suit le dossier, cette couverture médicale coûtera environ 1000 FCFA par mois et par personne, soit 12 000 FCFA par an.

Le Programme MCC,
la course au jackpot
Le programme du Millenium Challenge Corporation (MCC) fournit aux pays en voie de développement sélectionnés, des subventions très importantes dans l’optique de financer des projets et programmes susceptibles de contribuer à la réduction de la pauvreté, et par ricochet, créer les conditions d’un développement durable de ceux-ci.
Le Millenium Challenge Corporation (MCC) est également une agence d’aide à l’extérieur des Etats- Unis d’Amérique. Institution indépendante, créée par le Congrès américain en janvier 2004, elle intervient dans les pays qui sont fortement engagés dans la bonne gouvernance, la libéralisation de l’économie et l’investissement dans les ressources humaines.
Pour apprécier l’éligibilité d’un pays au programme MCC, le Conseil d’Administration examine la performance de chaque pays sur la base de dix sept (17) indicateurs de performance. Lorsque ces pays sont éligibles, ils ont la latitude d’identifier leurs priorités pour réduire la pauvreté et accroître leur capacité de croissance économique durable. Ces critères sont utilisés pour évaluer la performance des pays.
Au niveau de la catégorie « Investissement dans les ressources humaines (Investing in human ressources) », les critères qui concernent le ministre Thérèse N’Dri Yoman sont : le taux d’immunisation et les dépenses publiques en matière de santé.
Lors du lancement des programmes pour l’éligibilité qui s’est déroulé le mercredi 18 juillet 2012 à l’INHP (Institut national de hygiène publique), le professeur N’Dri Yoman avait indiqué que des efforts devront être faits en matière de vaccination. Au cours de cette réunion, Mme N’Dri Yoman disait être consciente que la majorité des directions régionales et départementales manquent de moyens de mobilité et de fonctionnement. Ce qui a pour conséquence, la persistance d’épidémies dues à l’interruption des services de vaccination dans plus de 70% des districts sanitaires. « Notre pays est classé parmi les trois pays d’Afrique regroupant le maximum d’enfants non vaccinés », s’est-elle inquiétée.
Le programme MCC exige en effet, entre autres, que près de 95% de la population soit couvert, en matière vaccinale. La Côte d’Ivoire n’est pas encore au niveau de ces chiffres. Ce qui veut dire que des efforts importants devront être entrepris. C’est ce qu’a compris le ministre lors du lancement du programme élargi de vaccination (PEV) le 20 juillet 2012 à Anoumambo dans le cadre de la vaccination de routine qui doit toucher l’ensemble du pays. Le Pr Thérèse N’Dri Yoman ce jour-là a souligné que le PEV qui travaille depuis plus de 30 ans, lutte contre 9 maladies évitables par la vaccination qui sont : la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B, la méningite chez le nourrisson, la poliomyélite, la rougeole et la fièvre jaune. Elle s’est souciée du fait que malgré la gratuité des vaccins, de nombreux enfants ne sont pas vaccinés pour diverses raisons, alors que c’est la meilleure façon de les protéger contre ces 9 maladies.
Devant ce tableau peu reluisant, Mme Thérèse N’Dri Yoman a tenu à donner des directives claires à tous les personnels de la santé. Directives qui se fondent sur un certain nombre de valeurs. Elle a parlé entre autres de : service, probité et honnêteté ; proximité de l’offre de soin ; qualité des soins, gouvernance (gestion rationnelle des ressources disponibles) ; leadership (être au devant, sens aigu des responsabilités, lutter contre toutes dérives) ; redevabilité (obligation de résultats, la promptitude). Le ministre de la Santé a exigé des directeurs régionaux et directeurs départementaux, compétence et responsabilité. Pour les 6 mois à venir, Mme le ministre a dit qu’il faudra veiller à la bonne marche de la gratuité ciblée, entreprendre la moralisation des collaborateurs pour un bon comportement au travail, veiller à l’entretien et à l’embellissement des hôpitaux et au renforcement du programme élargi de vaccination (PEV). Elle a aussi plaidé pour une implication spécifique sur les enjeux du PEV, cela dans le cadre du Millénium Challenge Corporation (MCC). Ce programme de dons de plus de 450 milliards de FCFA du gouvernement américain est un challenge. « Notre pays a besoin d’être éligible au MCC. C’est une priorité », a indiqué le ministre. Il faut pour cela des reformes et actions prioritaires telles : un approvisionnement régulier en vaccins et consommables, la réactivité du système de surveillance épidémiologique, le renforcement du matériel roulant…
Le programme MCC est très exigeant et la situation de la Côte d’Ivoire dans le cadre institutionnel et opérationnel du programme MCC est caractérisée par un handicap non négligeable depuis la mise en œuvre du programme : ses performances successives qui ne lui permettent pas d’être en mesure d’être classée dans la liste des pays qui pourraient être éligibles. En ce qui concerne les exigences opérationnelles au niveau du ministère de la Santé, la politique de couverture sanitaire et d’accession aux soins de santé est importante. A ce titre, la lutte contre le VIH/Sida est un indicateur capital pour les membres du MCC. A ce niveau, le professeur Thérèse N’Dri Yoman, une des pionnières dans la lutte en Côte d’Ivoire (elle est à l’origine des travaux sur la transmission mère-enfant) a une feuille de route simple. Lors de la 19ème conférence internationale sur le SIDA du 22 au 27 juillet 2012 à Washington DC autour du thème « inverser ensemble le cours de l'épidémie » et qui a rassemblé plus de 24000 professionnels du Sida en provenance de 195 pays, N’Dri Yoman a présenté sa feuille de route. Travailler toujours à la réduction de la pandémie et mettre le plus tôt possible les patients sous ARV (Antirétroviraux). « Dans les pays africains on attendait que les patients tombent malades avant de les mettre sous traitement, mais aujourd'hui nous traitons les malades avant que la maladie ne se déclenche. La conférence a même préconisé un traitement précoce » a-t-elle indiqué. C’est-à-dire une fois le diagnostic posé, mettre le malade sous traitement car, s’il a les antigènes cela ne sert à rien d’attendre que l’immunité baisse et qu’il y ait des complications avant de le mettre sous traitement. La Côte d’Ivoire suivra donc toutes les indications internationales. «Nous avons opté pour mettre les malades sous traitement à partir de 350 CD4 mais il y a un coût financier sur les ARV et nous cherchons 10 milliards de FCFA pour pouvoir mettre les malades sous traitement très tôt», a indiqué à ce niveau la ministre de la Lutte contre le Sida. Beaucoup de choses ont été faites, mais les chantiers à venir sont importants et Mme Thérèse N’Dri Yoman en est consciente. C’est pourquoi, elle cherche les fonds là où ils sont. Et dans ce monde en concurrence, la Côte d’Ivoire dispose en son ministre, une compétence de choix.

Olivier Guédé, Raymond Dibi
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