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Société Publié le lundi 6 août 2012 | AFP

A Abidjan, on peut louer une kalachnikov pour 30 euros

© AFP Par DR
Nouveau recensement des ex-combattants impliqués dans la meurtrière crise post-électorale de 2010-2011
Jeudi 12 Juillet 2012, lors de la destruction des armes remises par les ex-combattants de l`après-élection crise politique en Côte-d`Ivoire. Le gouvernement ivoirien a lancé un nouveau recensement des ex-combattants impliqués dans la meurtrière crise post-électorale de 2010-2011 et le président ivoirien Alassane Ouattara a promis de réformer l`armée et de s`attaquer au problème des ex-combattants, dont un grand nombre d`armes conservées.
Certains à Abidjan ont besoin
d'une "machine" pour "aller sur le terrain". Traduction d'un trafiquant: ils
veulent une arme pour commettre un braquage. Dans la capitale économique
ivoirienne, plus d'un an après la fin d'une crise armée, on peut louer une
kalachnikov pour 30 euros.
"Les +kalach+, ça court les rues à Abidjan", se lamente un policier membre
d'une unité de lutte contre le grand banditisme, interrogé par l'AFP.
Dans un quartier populaire, un trafiquant qui se fait appeler "commandant
Tasman" (le feu, en langue malinké) opère dans l'arrière-cour d'une boutique
transformée en armurerie clandestine. Carrure de basketteur et lunettes
noires, il brandit fièrement une "kalach" et annonce ses tarifs.
Vingt mille francs CFA (30 euros) la journée pour louer ce type de fusil
d'assaut, entre 150.000 et 200.000 FCFA (230-300 euros) à l'achat, un pistolet
automatique autour de 15.000 FCFA (23 euros) à la location et environ 150.000
FCFA à l'achat. "Tasman" explique pouvoir même fournir des lance-roquettes,
pour 500.000 FCFA (750 euros) l'unité.
Il était de ceux qui ont combattu pour le président Alassane Ouattara
durant la crise de décembre 2010-avril 2011, née du refus de l'ex-chef d'Etat
Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à l'élection de novembre 2010.
Epilogue d'une décennie de tourmente politico-militaire, la crise s'est
terminée par dix jours de guerre à Abidjan, a fait quelque 3.000 morts et vu
une prolifération sans précédent d'armes en tous genres, en violation
flagrante d'un embargo sur les armes décrété par l'ONU en 2004.
Des dizaines de milliers d'armes seraient aujourd'hui en circulation, selon
des estimations faites en l'absence de données officielles.
Si l'insécurité a reculé en plus d'un an, le phénomène inspire l'inquiétude
et favorise les actions des bandits, notamment des "coupeurs de route"
présents en particulier dans le nord du pays.
Et trois attaques perpétrées dimanche et lundi par des inconnus lourdement
armés à Abidjan, qui ont coûté la vie à dix militaires, sont venues rappeler
l'ampleur du problème de la circulation des armes.
Structure étatique créée en 2009, la Commission nationale de lutte contre
la prolifération des armes légères et de petit calibre (Comnat) tente, à
travers des opérations de sensibilisation et avec le soutien de la force
onusienne Onuci, d'obtenir que les ex-combattants rendent volontairement leurs
armes.
"Le pays n'a plus besoin de ça, on sort de crise. C'est la reconstruction
du pays qui s'impose à tout le monde", expliquait le général Désiré Adjoussou
à l'occasion d'une cérémonie de destruction d'armes mi-juillet à Abidjan.

"ça peut recommencer"

Mais guère plus de 2.000 armes ont pu jusque-là être collectées et stockées
par l'Onuci. Une goutte d'eau.
"Nous avons pris des armes lors de la bataille d'Abidjan, mais rares sont
ceux qui les ont rendues", confirme "Jagger", un ex-milicien pro-Gbagbo devenu
boucher. "Mon arme est un souvenir", lâche-t-il, installé derrière son étal.
Un autre ancien milicien, désormais vigile dans un quartier chic, a préféré
enterrer dans un terrain vague les kalachnikov que lui et ses compagnons ont
utilisées lors des combats. S'il ne les restitue pas, c'est par peur d'être
identifié et de subir les foudres de l'armée, confie-t-il.
Pour Adama, ex-combattant pro-Ouattara, la situation du pays reste trop
incertaine pour qu'il se débarrasse de sa "machine". "On parle de plus en plus
d'un éventuel retour de Gbagbo et ça (la crise, ndlr) peut recommencer",
soutient-il.
Prévue à partir du 13 août, l'audience de confirmation des charges pesant
sur l'ancien président, incarcéré à La Haye par la Cour pénale internationale
(CPI) qui le soupçonne de crimes contre l'humanité, a été reportée sine die
dans l'attente d'une évaluation médicale. En Côte d'Ivoire certains craignent
et d'autres espèrent sa libération, d'autres encore la jugent improbable.
Une chose est certaine: inutile, pour les ex-combattants, d'attendre que
les autorités leur rachètent leurs armes, comme cela avait été envisagé un
temps. "Il n'en est pas question", insiste le général Adjoussou, car "cela
développerait le trafic".
Les milliers d'ex-combattants devraient en revanche être pris en charge par
un nouveau programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR),
chantier jusque-là conduit par une foule de structures jugées inefficaces.
Réclamé par l'Onuci et les partenaires internationaux, ce programme jugé
crucial pour la stabilité du pays se fait toujours attendre.
Mais dans un discours radiotélévisé lundi, à la veille du 52e anniversaire
de l'indépendance ivoirienne, M. Ouattara a assuré que la réforme de la
sécurité est sur les rails, et promis la création d'une "autorité unique"
chargée du DDR pour les "ex-combattants de tous bords".
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