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Politique Publié le samedi 11 août 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton : Quand l’Afrique décollait

Ecoliers, nous avons vu l’Afrique noire décoller dans les années de l’indépendance. Comme tout vol qui décolle, l’enthousiasme du passager et du spectateur est contagieux et cela est normal. On voit le bout du tunnel. Ici, c’était le développement qui était l’objectif à atteindre. Nous étions déjà les pays en voie de développement. On venait de sortir des indépendances du sous-développement. Rien qu’une petite vingtaine d’années, on nous disait, nos pays seront sur le chemin du progrès et du développement au même niveau que les pays nantis. C’était l’Afrique qui chantait et dansait. En écrivant : « la cigale «et la fourmi », La Fontaine ne savait pas qu’il cadrerait parfaitement avec un continent. Avant même qu’on sorte de la jeunesse et qu’on commence même à travailler, on a compris les quelques ratés du décollage que le bruit du départ ne permettait pas d’entendre. La première erreur fut ce qu’on a appelé la balkanisation. Curieusement, elle va profiter à la Côte d’Ivoire grâce au génie de Félix-Houphouët-Boigny. Il va réussir à créer un cadre régional qui fera du pays un débouché naturel et économique pour une dizaine de pays de la sous-région. En ce moment-là, de nombreux pays se retrouvaient à l’étroit sur des territoires hérités de la colonisation. Il était difficile d’amorcer un développement économique avec une si faible population. Chaque pays va reconnaître et chanter la création d’ensembles régionaux indispensables, mais ce sera pour les discours. Un continent où le beau discours signifie efficacité. Jusqu’aujourd’hui, le continent a mal de ses organismes régionaux, solides en théorie, mais de véritables désastres sur le plan de la réalité. Il suffit de prendre un véhicule pour aller d’un pays à l’autre. La deuxième erreur fut de couper les liens avec l’Occident. Du moins pour beaucoup de pays. Combattre l’Occident, l’impérialisme, le néo-colonialisme était un programme de combat. Pour être véritablement indépendant, il fallait dénoncer l’occupation étrangère sur notre sol et notre sous-sol sachant qu’on n’avait pas les hommes et les moyens pour le faire. Mais parler pour ne rien dire reste une spécialité africaine, du moins parler pour se faire voir, rien que pour se faire voir, pour dire qu’on compte. Beau parler 1. Efficacité 2. On ne voyait pas la troisième erreur poindre. La démographie. On disait d’ailleurs que le contient était sous-peuplé et que l’Afrique avait besoin d’une population dense. Nous pouvions comprendre tout le drame qui s’annonçait. Dès notre arrivée au collège, nous n’avons plus bénéficié de certains avantages comme nos aînés. On nous fit comprendre que le nombre d’élèves ne cessait d’augmenter. Un enseignant nous fit comprendre pourquoi les blancs ne faisaient pas autant d’enfants comme les noirs. Car eux voulaient donner une bonne éducation, une excellente santé et une prospérité à leur progéniture. Et qu’avec un nombre élevé d’enfants on ne pouvait pas bien assurer leur avenir. Et que l’Afrique aura tôt ou tard des problèmes. On voyait donc les problèmes venir. Quelques séminaires ou conférences en parlaient et tout cela passait aux oubliettes. Partout, les plans de développement étaient faussés ou plombés par une démographie galopante. Car sans moyen d’en assumer. Un véritable drame qui est comme un ouragan qui détruit toute digue. Quatrième erreur. Elle est bien connue et fit partie de la légende africaine. Le tribalisme, le régionalisme. Impossible de la juguler. Cette erreur continue de tout balayer sur son chemin. Quand nous étions adolescents ce sont nos aînés qui disaient compter sur nous pour sortir l’Afrique du tribalisme. Toutes les générations repassent à la génération suivante le témoin. Une vraie course de haie sans limite. Chaque coureur sait qu’il remet une sagaie mais elle est et reste une nécessité de développement de destruction. Rien que pour faire plaisir à la tribu. Le colon avait partagé un sol pas une population. Cette erreur de vision continue de se payer cash après des siècles. Cinquième erreur. Rapidement on a cru qu’il fallait travailler dans un bureau pour réussir. Toutes les études avaient pour finalité de trouver un travail dans un bureau. Le travail sur un chantier qui apporte le développement intégral a été négligé ou délaissé. Le réveil est tardif et difficile. Voici donc quelques réflexions que je me suis donné en regardant les images des festivités de l’indépendance. Je ne pouvais pas me rappeler ma première jeunesse. Aujourd’hui, la jeunesse entend l’émergence comme nous entendions en voie de développement. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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