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Politique Publié le mardi 28 août 2012 | Le Temps

Ouattara déclare : «La haine et la violence ne résoudront rien» :Ouattara rattrapé par ses propres menaces

Depuis l’attaque du camp militaire d’Akouédo, dans la nuit du 5 au 6 août, il est à ce jour difficile voire impossible de dénombrer avec exactitude combien d’assauts ont essuyés les Frci. Absent depuis le 12 août pour des visites en Arabie Saoudite et en France, Alassane Ouattara est enfin de retour le dimanche 26 août, pour reprendre le contrôle d’un pays qui tangue sur des eaux impétueuses, après 14 jours, soit deux semaines jour pour jour. Il renoue le contact et convoque au pas de course, aujourd’hui mardi 28 août, une réunion du Conseil national de sécurité (Cns) censée remettre de l’ordre dans le pays. Une Côte d’Ivoire bel et bien abonnée aux attaques armées dont ses forces, les Frci sont les principales cibles. Pour certains spécialistes de la question, cette réunion du Cns n’est pas trop tôt si l’on s’en tient aux attaques répétées qui n’épargnent aucune localité. C’est toute la Côte d’Ivoire qui risque, en effet, de s’embraser si ce n’est déjà le cas. La situation est telle qu’elle renvoie à l’allégorie du chat et de la souris. A défaut d’avoir la peau de la souris, le chat se résigne à la cohabitation au risque de voir nuitamment le rongeur déchiqueter les documents importants contenus dans les malles de la maison. Quel sort est-il réservé aux Ivoiriens et autres habitants de ce pays ? Le dimanche 26 août à l’aéroport, Ouattara a semblé sortir de sa torpeur. Menaçant d’éteindre toute velléité subversive. «Bien évidemment, j’ai suivi de très près les attaques meurtrières de ces dernières semaines contre les Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Je condamne ces actes répréhensibles, car la Côte d’Ivoire est un pays de paix. Les Ivoiriens aspirent à la paix et à la tranquillité». A-t-il dit pour rassurer ses concitoyens qui n’attendent rien d’autre que vivre en paix. Cette paix, denrée rare, qu’ils n’auraient jamais dû perdre, a foutu le camp il y a un peu plus de dix ans. Disons-le tout net, par la faute de ce même Alassane Ouattara. Ses menaces sont encore vivaces dans les esprits. C’est en effet, en 2001 alors qu’il était en campagne des élections municipales à Korhogo pour le compte de son parti le Rassemblement des républicains (Rdr), qu’Alassane Ouattara lançait cette phrase dont les effets continuent de traumatiser les consciences :«Je n’attendrai pas cinq (5) ans pour venir au pouvoir». Alors qu’il en faut bien cinq selon la Constitution ivoirienne en vigueur. Le Président Laurent Gbagbo, rappelons-le, élu démocratiquement au suffrage universel en octobre 2000 - pour un mandat constitutionnel de cinq ans - venait à peine d’exercer douze premiers mois de pouvoir que tombait cette menace. Laquelle s’illustrait seulement un an après. En septembre 2002, la Côte d’Ivoire pour laquelle Laurent Gbagbo nourrissait un ambitieux projet de société venait d’être frappée par un sanglant coup d’Etat dans la nuit du 18 au 19 septembre de cette même année. Ayant échoué dans leur tentative de prise de pouvoir, les assaillants se replient sur la moitié nord du pays où ils forment une rébellion. S’étant solidement incrustés, les acteurs de l’ex-rébellion conduite par Guillaume Soro révèlent qu’ils ont «pris les armes pour que Alassane Ouattara soit président». Le lien est vite fait avec les menaces verbales... Ce dernier ne fait rien pour contrarier ses détracteurs. D’ailleurs, il ne tarit pas de propos subversifs à l’encontre du pouvoir naissant du Président Laurent Gbagbo. «S’ils veulent que ce pays soit gnagami (ndlr : mélangé en langue Malinké), je vais le rendre ingouvernable», a-t-il continué. Menacant les institutions de la République sans que le ciel ne lui tombe dessus, sans que les garants desdites institutions ne l’interpellent. Ceux-ci se contentant de «voir le dos du nageur». Mieux, Laurent Gbagbo tranche la question de nationalité qui l’a opposé à Bédié et permet à Alassane Ouattara de postuler à la présidence de la République ivoirienne. C’était à l’issue de l’Accord de Tshwané (Pretoria - Afrique du Sud). Accord signé le 6 avril 2005 par le président Laurent Gbagbo lui-même, Henri-Konan Bédié du Pdci, le Premier ministre du gouvernement de réconciliation, Seydou Elimane Diarra, Alassane Ouattara du Rdr et le ministre d'Etat Guillaume Soro, Secrétaire général des Forces nouvelles. Sous l'égide du médiateur sud-africain, le président Thabo Mbeki, mandaté en novembre 2004 par l'Union africaine pour tenter de trouver une issue à la crise que traversait le pays depuis la tentative de coup d'Etat de septembre 2002. C’est cela le charme de l’histoire : remuer la mémoire pour restituer au présent les choses du passé, en vue de rendre vivant tout témoignage. Alassane Ouattara alors nommément soutenu par les assaillants qui revendiquent et partagent sa cause, n’apportera aucun démenti pour rassurer l’opinion nationale et internationale ne serait-ce que pour dire qu’il n’est «ni de loin ni de près concerné par ces allégations». D’ailleurs pouvait-il en être autrement lorsque l’on sait que la plupart des acteurs de l’ex-rébellion sont des transfuges de sa garde rapprochée ? Dès lors, c’était parti pour une longue période d’incertitude parsemée de tueries, de tentatives de subversion infructueuses, d’attaques ciblées des objectifs militaires et sites stratégiques dans lesquelles des dizaines de civils et leurs familles périssent, etc. C’est donc un Alassane Ouattara, handicapé par l’histoire, rattrapé par ses propres menaces qui tente de rassurer ses concitoyens face au commando invisible qui attaque sa nouvelle armée. Comme si ces «assaillants» sans visage voulaient lui renvoyer l’ascenseur. Et lorsque le mentor du Rdr «condamne» vivement les attaques qui perturbent son régime, c’est à peine si ses paroles et actes du passé ne contredisent pas ses propos d’aujourd’hui. «Je voudrais à cette étape dire que ces actes (ndlr ; les attaques répétées des assaillants non identifiés contre les Frci) sont vraiment répréhensibles et inacceptables. Ce n’est pas par la haine et la violence que nous allons résoudre nos problèmes en Côte d’Ivoire. La violence, comme le disait le Président Houphouët-Boigny, est l’arme des faibles. J’ajouterais d’ailleurs que cette violence est l’arme des désespérés…». La question que bon nombre de citoyens ivoiriens et l’opinion internationale se posent depuis dimanche 26 août 2012, est de savoir pourquoi est-ce maintenant qu’Alassane Ouattara se rend compte que «Ce n’est pas par la haine et la violence que nous allons résoudre nos problèmes en Côte d’Ivoire». Lui dont le régime transpire les menaces et la violence qu’il a érigée en mécanismes de gestion du pouvoir ? Se trouvait-il par le passé dans une situation de «désespéré» ? Comment se sentait-il lorsqu’il menaçait de «mélanger» le pays et le rendre «ingouvernable» ? Lui seul pourra répondre à ces questions.

Gnakabi Vacouh
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