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Politique Publié le mercredi 29 août 2012 | Nord-Sud

Mathurin Toualo Bi Doulo, député: «On nous dit qu’il y a des camps d’entraînement à Vavoua»

Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le député de Vavoua, Mathurin Toualo Bi Doulo, alerte l’opinion sur une possible présence de miliciens dans sa circonscription.


Il y a environ un an, Vavoua a été secouée par une violence qui a fait cinq morts. Est-ce qu’aujourd’hui, on peut dire que la localité est à l’abri des attaques auxquelles on assiste çà et là ?
On ne peut pas être affirmatif sur le sujet parce qu’il y a quelques jours, nous avons reçu les informations nous disant qu’il existe des camps d’entraînement, juste à une vingtaine de kilomètres de Vavoua. Donc, nous avons saisi les autorités militaires afin qu’elles aillent investiguer pour voir la réalité de cette information-là. Donc, on ne peut pas dire que Vavoua est à l’abri, d’autant plus que nous sommes dans une zone où il y a quand même une force présence des partisans de l’ex-président (Laurent Gbagbo, ndlr), de telle sorte qu’il y a cet esprit de vengeance qui les anime. Il faut par conséquent que nos autorités soient vigilantes dans le département pour éviter de mauvaises surprises.

Avez-vous un retour sur le travail d’investigation que les militaires ont eu à faire pour savoir si des camps d’entraînement existent réellement ou pas ?
Pour être franc, il faut dire qu’il y a seulement deux jours que j’ai informé ces autorités militaires de la présence de ce camp d’entraînement puisqu’il y a des responsables politiques qui sont sur le terrain et qui vivent avec les populations et qui nous font des retours. Donc ces autorités militaires n’ont pas encore fait le retour. En tant que cadres, c’est ce que nous pouvons faire. Nous n’avons pas de possibilité d’investigation. Nous n’avons que la possibilité de les informer. A ces autorités-là de faire le travail qu’il faut.

L’un des chantiers qui s’attache à cet environnement un peu délétère, c’est le processus de réconciliation. Le président Guillaume Soro vous a demandé de vous investir dans la réconciliation. Comment cela se passe-t-il effectivement à Vavoua ?
Le processus fonctionne correctement. Depuis la crise de 2002 jusqu’à la crise postélectorale, il n’y a pas eu véritablement d’affrontement entre les populations au niveau du département. Donc, nous nous réjouissons au moins de ce climat-là.

La cohabitation est donc bonne ?
La cohabitation est bonne. Honnêtement, à part quelques petits désagréments liés aux humeursvéhiculéesparles uns et les autres, la cohabitation a toujours été bonne même pendant la crise de 2002 et la crise postélectorale. De sorte que nous n’avons pas le sentiment que la cohésion soit véritablement en danger. Mais, n’empêche que par mesure de prudence, nous nous attelons chaque fois à faire des rencontres avec les populations pour leur expliquer le bien-fondé de la cohésion, le bien-fondé de se mettre ensemble pour le département de Vavoua. Nous sommes l’un des départements les plus démunis aujourd’hui. Si nous ne nous entendons pas, je ne vois pas qui viendra à notre secours pour développer notre région. C’est le message que nous délivrons, durant toutes les tournées.

Y compris aux partisans de l’ancien chef de l’Etat ?
Y compris aux partisans de l’ancien chef de l’Etat. Nous véhiculons ce message à travers les organisations de jeunes, aux chefs. Et je vous informe que récemment le corps préfectoral du département a invité à un séminaire tous les chefs de villages ainsi que les élus. Nous avons participé à ces rencontres pour sensibiliser les parents sur la nécessité de la cohésion sociale. Pour l’instant, tout ce qui se passe sur le terrain nous laisse penser que le message est compris. Mais cela ne nous empêche pas d’ouvrir les yeux sur quelques personnes qui seront toujours en marge de ce processus de réconciliation.

Concrètement, qu’attendez-vous de l’Etat ?
Nous attendons beaucoup de choses du président de la République. Nous attendons beaucoup de choses en ce sens que notre département a été délaissé par les différents régimes qui se sont succédé avant lui. Pendant sa tournée au niveau de notre département en juillet 2010, il a été le seul responsable politique qui a chiffré de manière précise les besoins de notre département en matière de développement. Nous attendons donc que le président fasse tout son possible pour que notre département s’ouvre au développement maintenant, notamment en ce qui concerne nos pistes villageoises. Je pense qu’au-delà de tout autre projet de développement, la réfection de nos pistes villageoises serait un bon facteur de cohésion.

Est-ce à dire que le programme présidentiel d’urgence n’est pas arrivé à Vavoua ?
Si. Le Programme présidentiel d’urgence est arrivé mais sur certains secteurs seulement. Au niveau de la santé, quelque chose a été fait. Au niveau de l’hydraulique villageoise, des efforts ont été faits, mais il reste les plus gros chantiers, à savoir nos pistes villageoises. Déjà, il y eu la crise de 2002 qui a fait qu’il n’y a eu aucun entretien de ces pistes. Donc, il se trouve que nous avons des régions qui sont totalement enclavées. S’attaquer à ce domaine-là serait vraiment d’un très bon apport pour nos populations.

Bientôt se tiendront les élections municipales. Comment entrevoyez-vous cette échéance qui est souvent l’occasion de déchirements pour cette région ?
Il n’y a pas que les municipales. Il y a aussi les régionales. En ce qui concerne le Rdr de Vavoua, nous sommes une structure bien organisée. Et nous faisons confiance à nos responsables pour que le moment venu, sur la base des Cv, sur la base des expériences des uns et des autres, les choix puissent se faire en toute équité. Donc, nous n’avons de souci particulier contrairement aux législatives où le parti même avait demandé à tous les postulants et aux sympathisants de présenter leur candidature. Ce qui a effectivement créé des déchirements. Imaginez-vous qu’il y a des gens qui étaient sur le terrain, qui ont travaillé. Et, du jour au lendemain, on se retrouve avec des candidatures de personnes qui nous sont totalement inconnues au niveau du parti. Cela a créé quelques tensions. J’ose espérer que pour ces municipales, il n’y aura pas ce genre de problème. Ensuite, au niveau des régionales, je crois qu’il est bon que le Rdr de Vavoua précise maintenant que nous aussi, nous avons un candidat. Nous assistons actuellement à l’arrivée de cadres de Daloa et d’Issia pour venir battre campagne à Vavoua, comme s’il n’y avait pas sur place des cadres pouvant prétendre à occuper ces postes de responsabilité.

Pourquoi ne se manifestent-ils pas ?
Ils vont le faire. Je veux dire que nous n’avons pas besoin de nous précipiter. Mais, comme les autres sont venus, il est bon que nous marquons déjà notre territoire pour dire qu’effectivement, à Vavoua, nous allons présenter les candidats. Dans le Haut-Sassandra, il y a les départements de Daloa, d’Issia, de Vavoua et le département de Zoukougbeu. Si nous raisonnons en termes d’occupation de hauts postes, Daloa a eu un ministre dans le gouvernement, et d’autres cadres de Daloa occupent des fonctions de président du conseil d’administration. Issia a eu un poste de vice-président de l’Assemblée nationale et un poste de directeur central d’administration… Nous pensons raisonnablement qu’il est bon que la direction regarde un peu cet aspect pour voir dans quelle mesure le candidat de Vavoua peut occuper le poste de président du conseil régional.

Dans ces conditions, pourriez-vous aller en Rhdp à ces prochaines échéances ?
Nous appartenons à un parti politique et nous attendons les mots d’ordre de ce parti. Nous ne parlons pas en termes d’aller en Rhdp ou non. De toute façon, nous attendons les instructions du parti. Ce que nous expliquons, c’est qu’il faudrait que nos responsables regardent le département de Vavoua avec un œil bienveillant.


Entretien réalisé par Marc Dossa
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