“La situation aujourd`hui rend le dialogue plus que nécessaire. Il faut qu`on s`assoie pour discuter ». C’est le souhait qu’a formulé le président du Front populaire ivoirien le jeudi 30 août dernier. Pour Miaka Oureto, il urge de s’asseoir pour discuter de l’avenir de la Côte d’Ivoire dans le calme et la sérénité. "C`est l`appel que nous voulons réitérer au gouvernement: nous sommes disponibles pour aller à une discussion franche, à un débat sincère", a-t-il poursuivi au cours de la rencontre qu’il a eue avec la presse ce jour-là. Le président de l’ancien parti au pouvoir a même exhorté le président Alassane Ouattara à prendre des initiatives pour relancer le dialogue et inviter son propre camp à accepter la discussion. « Le FPI "est demandeur du dialogue et lance un appel pressant aux décideurs internationaux pour qu`ils ?uvrent au retour à une vie politique normale », a également lancé au cours de cette rencontre le troisième secrétaire général adjoint du FPI, Bruno Oupoh Gnaoulé. Aujourd’hui encore, beaucoup d’Ivoiriens s’interrogent sur ce virement à 180 degré de l’ancien parti au pouvoir. Pourquoi le FPI veut maintenant dialoguer, alors que depuis la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, la consigne était de ne rien concéder au gouvernement du président Alassane Ouattara. Au début, les compagnons de Laurent Gbagbo étaient convaincus d’une chose. Le pouvoir Ouattara ne pourra pas tenir un an. Au sein du parti à la rose, le clan des exilés avaient en projet de renverser le régime d’Abidjan par la force. Les tractions et autres démarches étaient très avancées. Les sécurocrates et les militaires réfugiés au Ghana, Togo et Bénin avaient soumis un projet de déstabilisation assez bien ficelé aux caciques de l’ancienne majorité présidentielle qui détiennent les cordons de la bourse. Tout avait été callé pour le financement des actions subversives contre les nouveaux maitres d’Abidjan. De bouche à oreille, les propagandistes de la case FPI ont passé le message aux militants de ne pas se décourager et que bientôt le FPI reviendrait au pouvoir. Le vendredi 16 septembre 2011, la direction centrale provisoire décide d’aller au Ghana pour une séance de travail avec leurs camarades réfugiés dans ce pays. Au cours de rencontre au sommet en terre ghanéenne, les membres de la direction du FPI réfugiés au Ghana confirment l’existence d’un projet en préparation et défendent clairement à Miaka Oureto et à tous ces amis restés à Abidjan d’initier tout commerce avec le gouvernement. Mieux, ils leur expliquent leur plan de prise de pouvoir et leur communiquent leur foi en la réussite de ce plan. Miaka Oureto et ses amis reviennent à Abidjan confiants et gonflés à bloc. Lui qui n’était pas totalement fermé à l’éventualité d’une entrée du FPI dans le gouvernement de réconciliation nationale qu’envisageait de former le président Alassane Ouattara. En novembre 2011, le président Ouattara invite le FPI à prendre part aux élections législatives qui se tiendront en décembre et à participer au gouvernement d’union nationale qu’il s’apprête à nouveau à mettre en place. Le FPI non seulement refuse de siéger dans le gouvernement. Mais aussi s’abstient de participer aux élections législatives. En dépit des gages de bonne foi donnés par le président de la République- libération des prisonniers, dégel des avoirs de certains cadres LMP, appel au dialogue républicain-Finalement, le gouvernement Guillaume Soro 2 est formé sans le FPI et les élections législatives se déroulent sans participation officielle du FPI-de nombreux indépendants pro-Gbagbo ayant pris part à ces élections-Les arrestations du colonel Katé Gnatoa et du commandant Anselme Séka sont un coup dur pour les pro-Gbagbo qui décident de mettre un peu en veilleuse leur plan funeste pour la Côte d’Ivoire. Mais les maitres à penser du camp Gbagbo ne baissent pas les bras pour autant. Une véritable guerre psychologique est lancée pour troubler la quiétude des Ivoiriens. Pas une seule semaine ne passe sans qu’il y a une rumeur de coup d’Etat ou d’attaque. Jusqu’en en août 2012 où les sécurocrates du FPI décident de mettre leur plan en exécution. Près d’une dizaine d’attaques sont lancées à partir du 5 août contre les positions des FRCI dont la plus sanglante est celle du camp militaire d’Akouédo. Ces attaques ne donnent rien de concret. A part troubler la quiétude des Ivoiriens. Le gouvernement réagit vigoureusement en quadrillant le pays et en portant le danger le camp de l’adversaire. Des perquisitions suivies d’une vague d’arrestations s’opèrent sur toute l’étendue du territoire nationale et dans tous les corps. Les complices et les suspects sont débusqués au sein de l’administration, de la police, de la gendarmerie et des FRCI. Des personnalités politiques suspectées de connivence avec les assaillants sont arrêtées. En l’occurrence l’ancien ministre de la Production animale sous Laurent Gbagbo, Alphonse Douati. La peur change de camp. Le FPI et sa branche armée savent que la partie ne sera pas aussi facile qu’ils le croyaient. Alors ils décident de changer de stratégie. Mettre pour le moment en veilleuse l’option militaire qui montre ses limites et opter pour la politique. D’où le sens de l’appel au dialogue et à la négociation lancé le jeudi dernier.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly