On ne sait jamais ce qui se passe dans la tête d`un entraîneur au moment où il compose son onze entrant. On l`a vu avec Sabri Lamouchi dont les choix initiaux ont failli mettre en péril la qualification des Eléphants pour les phases finales de la CAN 2013. La titularisation de Tiéné Siaka, l`utilisation de Kolo Touré dans une paire défensive avec Bamba Souleymane, ont été autant de moments de « douleur » et le sélectionneur devrait s`en plaindre à lui-même si tout n`est que « douleur » depuis qu`il a atterri sur le banc des pachydermes, comme il l`a dit lors de la conférence de presse d`après match. On se demande encore comment il a pu préférer Tiéné, qui ne joue même plus au PSG, à Boka Arthur, titulaire avec son club. Certes, `Chico` a pour lui la précision de ses passes et peut à tout moment, de loin, délivrer la balle décisive. Mais il n`est pas à 100% de sa forme physique. Il n`a pas tenu de ce côté et a perdu tous ses duels. A part Eboué qui a tenu son rang et nonobstant l`entrée de Boka, la défense des Eléphants est apparue le ventre mou d`une équipe ivoirienne qui a, pendant longtemps, manqué d`initiative avant de se ressaisir. Les deux buts que les Sénégalais marquent sont la preuve de la fébrilité dont la garde ivoirienne a fait preuve tout au long de la rencontre. Surtout dans son axe où Kolo manque de timing et de vitesse. Tant qu`il peut jouer en libéro derrière un premier rideau défensif, le frère de Yaya donne le net sentiment d`être très bon. Et Zahoui François l`avait compris, qui l`a utilisé dans un tel registre. Lamouchi, lui, n`a pas encore compris la chose de cette oreille. En attaque, le sélectionneur aurait dû faire débuter Max Gradel. L`intelligence de jeu du jeune stéphanois aurait grandement profité au trio Kalou-Gervinho-Drogba. Lamouchi s`est sans doute laissé aller face aux tirs groupés que les jeunes appelés ont essuyés lors de la conférence de presse d`avant-match mercredi dernier à l`Ivoire. On avait reproché au sélectionneur de vite titulariser des novices. Résultats ? Gradel et Razak ont débuté sur le banc. C`était une erreur. Valait mieux des jeunes qui se battent que des cadres qui marchent dans le match. Heureusement qu`il s`est rattrapé en mettant fin aux errances et aux souffrances de Kader Kéita visiblement pas dans le coup. L`entrée de Gradel a été un coaching gagnant pour le technicien franco-tunisien. Le problème des sélectionneurs depuis bien longtemps semble être Yaya dans le secteur médian. Titulaire indiscutable, Yaya ne donne pas toujours le meilleur de lui-même, surtout au moment où on s`y attend le plus. Le problème est qu`il est intouchable. Personne n`a le droit de le renvoyer sur le banc. Samedi, il marchait pratiquement dans le match, perdait toutes les balles alors que le jeu des Eléphants stagnait terriblement. Il a donné du travail supplémentaire à Zokora qui réparait ses bourdes. Lamouchi aurait donné une autre image au secteur médian avec un véritable patron capable d`impulser les offensives en attaque. Ya Konan aurait pu jouer ce rôle. Malheureusement, on a laissé évoluer deux blocs : une défense sinistrée et une attaque à la peine reliées par un Yaya nonchalant et un Zokra débordé. Ayant vite perçu cette cassure, Didier Drogba, le capitaine, s`est senti obligé de décrocher pour jouer les milieux relayeurs. Ses passes, ses remises et ses talonnades de déviation ont été un véritable régal. A Dakar, un tel tableau ne peut guère profiter aux Eléphants face à des Lions plus que revanchards, adossés à leur public.
Litié BOAGNON
Litié BOAGNON
