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Économie Publié le mercredi 19 septembre 2012 | Nord-Sud

Eaux ivoiriennes: Il n’y a rien à pêcher

La pêche ivoirienne traverse de durs moments. Le piratage des eaux, le coût élevé du carburant, une flottille vieillissante…, sont entre autres maux. Notre dossier.


La situation est alarmante. Les eaux ivoiriennes s’appauvrissent de jour en jour. Au dire du ministre des Ressources animales et halieutiques, Kobenan Kouassi Adjoumani, sur un besoin en consommation de 500.000 tonnes de poissons, la Côte d’Ivoire ne produit que 44.000 à 50.000 tonnes. Or, affirme le ministre, dans les années 90, la production nationale s’élevait à 115.000 tonnes par an et 81.000 tonnes en 2000. « Le problème est grave. Il faut réagir », a reconnu le premier responsable de ce secteur. Les statistiques sont effarantes. Selon le président de l’Union des armateurs à la pêche fraîche de Côte d’Ivoire, Salim Maguiraga, il y a dix ans, les pêcheurs pouvaient ramener de leur expédition journalière 5000 à 10.000 caisses de poissons contre 1500 seulement aujourd’hui. Que se passe-t-il ? Les poissons auraient-ils déserté les eaux de ce pays ? Ce n’est pas l’avis du président de l’Union des armateurs. Salim Madjira indique que c’est la surexploitation des ressources halieutiques par des navires étrangers sans aucune autorisation qui est à l’origine de la pauvreté des eaux en poissons. « La dernière fois, mes bateaux sont partis en mer, ils ont ramené moins d’une tonne de poissons après quatre jours », a-t-il révélé avec beaucoup d’amertume. Et de poursuivre que si rien n’est fait, il va vendre ses bateaux pour entreprendre une autre activité. Car, avance-t-il, il éprouve d’énormes difficultés à faire face à ses charges. Les conséquences du piratage des eaux ivoiriennes sont énormes. Les armateurs ferment boutique. En effet, de 17 bateaux, on est passé à 8 aujourd’hui. Selon un cadre du ministère des Ressources animales et halieutiques, en dix ans, le nombre de bateaux sous licence est passé de 72 à 27. Face à l’ampleur de la surpêche, Kobenan Kouassi Adjoumani interpelle ses partenaires, notamment l’Union européenne (Ue), avec qui la Côte d’Ivoire a signé un accord de pêche. Pour lui, avec 550 km de côtes, il faut à son pays des navires pour assurer la surveillance. Et pourtant, argue-t-il, l’Etat ne dispose d’aucun navire. « Les 600 millions FCFA que l’Ue verse à son département dans le cadre de cet accord restent insuffisants pour payer les équipements adéquats. L’Ue doit nous aider », a-t-il souhaité récemment lors de la table ronde de mobilisation des ressources pour le Programme national d’investissements agricoles (Pnia). C’est la raison pour laquelle, le ministre a annoncé que des dispositions sont en train d’être prises pour l’acquisition d’une vedette afin de combattre le mal. « Actuellement, nous voyons des bateaux pirates aux larges de nos eaux, mais nous n’avons aucun moyen pour y faire face », révèle-t-il. Et de d’ajouter que ce problème contribue chaque jour à appauvrir nos eaux et à rendre précaires les conditions de vie des pêcheurs. Autre problème, c’est le coût élevé du carburant. Selon Mamadou Bakayoko, président de la Coopérative des pêcheurs artisans marins d’Abidjan (Coopama), l’un des obstacles à la pêche, c’est la cherté du gazole. «Un litre de carburant coûte 539,11 FCFA. Un bateau de 14 mètres a besoin de 5000 litres pour une marée d’une semaine, soit environ 2 millions Frs uniquement pour le gazole », clame-t-il. Et d’indiquer que si à cette somme on ajoute les dépenses éventuelles liées aux pannes après la marée ainsi que les charges du personnel (10 personnes), les frais s’annoncent exorbitants. « L’armateur ne peut que répercuter ses dépenses sur le coût du poisson », affirme-t-il. Pour lui, il faut que l’Etat réduise encore le prix du carburant pour la pêche. «Le gazole doit être vendu à 350 f tout au plus », soutient M. Bakayoko. Pour lui, c’est à cette seule condition que le coût du poisson sera accessible à l’ensemble des ménages.

Des mesures contre la pêche illicite

Le ministère des Ressources animales et halieutiques a pris la pleine mesure des effets catastrophiques de la pêche illicite. Il y a quelques mois, il a signé un accord avec son homologue du Libéria afin que les deux pays unissent leurs forces pour contrôler leurs côtes et mettre fin au piratage de leurs eaux. En outre, Kobenan Kouassi Adjoumani, lors de sa récente mission en France, a demandé que cette grande puissance apporte son appui à la Côte d’Ivoire en vue de développer la pêche qui est un secteur porteur d’emplois. « C’est grâce à nos tilapias que les Chinois sont devenus de grands exportateurs de poissons. Pourquoi pas nous ? », s’est plaint le premier responsable de ce secteur.

AK
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