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Politique Publié le mercredi 3 octobre 2012 | Nord-Sud

procès des militaires pro-Gbagbo/1ère audience hier Le film de la journée

Le procès relatif à l’assassinat du colonel major Dosso Adama s’est ouvert hier, à la cour d’appel d’Abidjan. Lors des débats, l’un des prévenus, le gal Dogbo Blé a eu une attitude hautaine tout au long de l’audience.

Quand la sirène du cargo retentit, la meute de journalistes et de curieux se rue vers le violon du parquet. A peine le véhicule stationne sur le parking que les reporters-photographes prennent position avec leurs appareils pour immortaliser l’instant. Contre toute attente, ce sont des détenus de droit commun qui sortent du camion de couleur bleue marine immatriculé D46 079. Ils se dirigent vers les cellules du violon sous le regard de la foule et des chasseurs d’images. «Ce n’est pas Dogbo Blé et ses amis», lance une jeune femme au milieu de la masse. Il est déjà 8h30 et l’on se demande à quel moment l’ex-commandant de la Garde républicaine et ses co-accusés vont arriver au palais de justice d’Abidjan-Plateau. Il va falloir patienter jusqu’à 11h30 mn. Puis une colonne de trois véhicules de type 4x4 franchit le portail de l’entrée principale, côté est. Ils traversent la cour et avancent vers le poste de police du parquet. Une 4X4 double cabine de couleur blanche ouvre le convoi. Une Pathinder, couleur kaki, vitres fumées, se trouve au milieu. La troisième voiture est de couleur marron. Le cortège s’arrête devant les bureaux des juges d’instruction du 4ème cabinet. Le lt. de gendarmerie, Zonkondé Issa, commandant de la Brigade de sécurité (Bs), descend de la 4X4 blanche. Il se dirige au poste de police.

Entre-temps, ses hommes, arme au poing, prennent position. Le patron de la brigade de sécurité ressort dix minutes plus tard du violon en compagnie de quelques gardes pénitenciers. Les photographes sont aux aguets. La foule ne cesse de grossir. Les trois véhicules font marche-arrière. La 4x4 de couleur blanche serre à droite.

C’est l’instant tant attendu. Le premier homme à descendre est vêtu d’une chemise manche longue rouge (bordeaux). Il porte un pantalon jean noir. Escorté par les éléments de la Bs, il monte nonchalamment les marches du poste de police. « C’est lui. C’est Dogbo Blé. C’est bien lui !», répète notre voisine. Elle n’a pas tort. Le général de division Dogbo Blé est bien là. Un peu amaigri et le crâne rasé, il va dans l’une des cellules du violon du parquet. Trois minutes plus tard, c’est le col Ange Kessi, procureur militaire, qui arrive à bord d’une voiture blanche de marque Hunday immatriculée 5104FJ01. Comme d’habitude, il est tiré à quatre épingles. Il rentre au poste de police puis en ressort cinq minutes après. Il discute brièvement avec les avocats des prévenus, et quitte le palais pour y revenir à 12h54, en compagnie de deux officiers généraux.

La cour du palais de justice s’anime. Les commentaires vont bon train. « Les quatre autres accusés sont à la Maca (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan). Le cargo est allé les chercher», informe un garde pénitencier. 13h57, un camion escorté par un véhicule blindé (Vab) du groupe d’escadron blindé (Geb), un char de la gendarmerie et trois véhicules de type 4x4 fait son apparition. Des éléments de l’Unité d’intervention de la gendarmerie nationale (Uign) commandée par le cdt Bassanté Badra quadrillent le tribunal. Ils sont vêtus de treillis noirs, les visages cagoulés. Les occupants du cargo, habillés en tenues civiles, descendent. Ils vont vers les cellules du violon. Une quinzaine de minutes après, les cinq prévenus sortent du violon sous bonne escorte des hommes du cdt Bassanté Badra. Il s’agit du gal Dogbo Blé, du cdt Kipré Yagba, du sergent chef Laguaud Léon Jean Noël et des sergents Touali Noël et Toh Ferdinand. L’ancien patron de la Gr a eu le temps de changer ses vêtements. Il est maintenant sanglé dans un costume marron foncé, une chemise bleu-ciel, une cravate marron, sans oublier sa paire de souliers. Ils portent tous des gilets pare-balles et des casques de couleur kaki. Alignés en file indienne, ils traversent la cour puis empruntent l’escalier. On leur ôte les gilets avant l’entrée dans la grande salle de la Cour d’appel. Une salle pleine comme un œuf. Le moment fatidique arrive.

Dogbo Blé sans respect pour le tribunal

Le président du tribunal appelle les accusés à la barre à tour de rôle. Le sergent-chef Laguaud Léon Jean Noël, les sergents Touali Noël, Toh Ferdinand et le cdt Kipré Yagba saluent le tribunal. Ils présentent le garde-à-vous et répondent aux questions relatives à leur identité et leur situation matrimoniale. Avant de regagner le box des accusés, ils présentent à nouveau le garde-à-vous. En signe de respect pour le tribunal.

Cela est d’usage devant toute cour militaire. Quand le juge appelle le général Dogbo Blé, celui-ci se lève. Il se dirige à la barre. Il ne présente pas le garde-à-vous. Sous un ton désinvolte, il répond aux questions. Puis il retourne s’asseoir. Toujours sans le garde-à-vous. Pendant la lecture des chefs d’inculpation, les prévenus se mettent debout. Mais ils ne sont pas attentionnés. En l’occurrence, le général Dogbo Blé qui passe son temps à ajuster sa cravate. Tantôt, il jette des coups d’œil dans le public. Il avait régulièrement le sourire au coin. Quant aux autres, ils ont la tête carrément baissée. C’est dans cette ambiance que leurs avocats ont attaqué le dossier dans sa forme. Il s’agit de Me Gohi Bi Raoul, Djirabou Mathurin N’Caillaud, Martial Gahoua. Ils ont déclaré que « la procédure a été bâclée car le dossier n’a pas été instruit par un juge d’instruction militaire».

Pour le commissaire du gouvernement, cette stratégie de défense ne tient pas la route. Selon lui, l’affaire avait été confiée au procureur de la République car la plainte avait été déposée contre X. Le juge d’instruction civile du 2ème cabinet a donc instruit le dossier. « Lorsque le procureur de la République s’est rendu compte que des militaires étaient impliqués dans le meurtre du colonel Dosso, alors le juge d’instruction civile a repris une ordonnance de renvoi au tribunal militaire. Nous n’avons pas jugé utile de faire instruire à nouveau le dossier par le juge d’instruction militaire. Donc, la procédure n’est pas frappée de nullité selon le code de procédure militaire », a soutenu le parquet militaire. Ses propos ont été appuyés par Me Ouattara Moussa, avocat de la partie civile. Le président du tribunal a renvoyé l’audience à ce matin à 10h pour rendre sa décision concernant ce débat de forme entre le parquet et les avocats des prévenus. Le gal Dogbo Blé et ses co-détenus sont retournés dans leurs cellules. Comme ils sont arrivés.

Ouattara Moussa
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