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Politique Publié le lundi 8 octobre 2012 | L’Inter

Editorial : La nécessaire paix ivoirienne…

Depuis le week-end dernier, un rapport d’experts, pas de l’ONU comme initialement annoncé, a été rendu public par les médias occidentaux, notamment RFI, établissant de probables connexions entre les exilés du camp Gbagbo, basés principalement au Ghana, et les islamistes radicaux d’Ansar Dine basés au Mali. Objectif : Renverser le régime Ouattara. Ce rapport d’experts (?) a eu pour effet de mettre encore à mal le fragile équilibre sociopolitique dans lequel les Ivoiriens vivent depuis le 11 avril 2011, date de la chute de l’ex-président Laurent Gbagbo, mais aussi et surtout d’en rajouter à la psychose ambiante depuis les récentes attaques du camp d’Akouédo et d'un des commissariats de Yopougon début août dernier, de Dabou et de Noé plus récemment. Même si l’on ne voit pas comment Marcel Gossio (qui a démenti d’ailleurs), Damana Pickass (qui a démenti aussi) ou Assoa Adou pourraient se retrouver à une table de négociation ou de discussion avec Mocktar Bel Mocktar d’AQMI, le deuxième prêchant carrément pour la création d’un ‘’califat’’ islamique géant dans toute l’Afrique de l’Ouest et donc loin des rêves de renversement du président Ouattara, ce rapport a pour effet de faire déchanter, ou du moins de mettre un bémol à l’activisme débordant des quelques ardents partisans de la paix que nous avons encore dans notre pays. Finalement, on en est à se demander si la Côte d’Ivoire connaîtra la paix ces temps-ci ? Si oui, quelles voies ou quelles méthodes mettre en ?uvre pour avoir à nouveau cette denrée rare dont on usait à satiété sous l’ère Houphouët-Boigny ? La haine, la suspicion, la méfiance, les murmures de conciliabules claniques, ethniques ou partisans sont devenus le lot quotidien des habitants de ce pays. On est bien loin des images de rassemblement, d’unité, de cohésion, de quiétude ou de concorde sociale dans lesquelles les Ivoiriens ont baigné et vécu des décennies durant. Les valeurs de la Côte d’Ivoire pré-crise, ou la Côte d’Ivoire d’avant le retour au multipartisme comme l’amitié, la fraternité, la solidarité, l’entraide sociale et l’humanisme ont proprement disparu de notre lot quotidien. Aujourd’hui, les habitants de ce pays vivent par groupes concentriques en fonction de leurs affinités ethniques, de leurs religions ou de leurs appartenances idéologiques. Si vous n’êtes pas du clan ou pour le clan, c’est que vous êtes contre le clan. Alors, les regards sombres, les murmures de suspicion et les paroles d’exclusion commencent à être proférées à votre endroit. Quelle société veut-on construire avec autant de différences marquées et affichées dans nos quotidiens respectifs ? Quel développement espère-t-on si tel est que quand vous prononcez votre nom, immédiatement on vous colle une ethnie, une religion, un parti politique, pis même votre équipe de football ? Il y a même aujourd’hui une certaine gêne à s’afficher publiquement. Quand dans une causerie, vous commencez à développer les valeurs de paix, de concorde, d’unité, de pardon de l’offense, de l’oubli de la faute de l’autre à votre endroit, quand vous commencez à prêcher les valeurs d’un redécollage ensemble, si vous n’êtes pas traité de lâche, de poltron, on vous affuble du sobriquet de ‘’traître’’ ou de ‘’faux jeton’’. C’est l’apologie de la guerre, du conflit ethnico-politique permanent. Ou vous vous inscrivez là-dedans et vous êtes adoubé, ou vous vous braquez et vous êtes exclu. Après toute cette période de guerre, vient inéluctablement la période de paix et de la cohabitation sociale, vainqueurs avec vaincus. C’est l’histoire des peuples qui nous l’enseigne. Nulle part, l’histoire ne nous donne l’exemple d’un seul peuple qui a vécu dans la guerre, dans la psychose, tout le temps et de façon permanente. Ce n’est pas possible, ce n’est pas faisable. Il est important aujourd’hui de penser à définir et redéfinir une nouvelle paix à l’ivoirienne. L’obtiendra-t-on par la ‘’méthode Banny’’ faite d’avancées à petits pas ? Ou par la ‘’méthode Ahoussou’’ faite de concertations avec les décideurs sociopolitiques ? Peu importe, pourvu que la paix revienne. Depuis 1999, la vie de ce pays est rythmée par les coups d’Etat, tentatives de coups d’Etat, staccatos de fusils mitrailleurs, attaques, contre-attaques, menaces verbales et atteinte à l’intégrité physique des populations. Au point qu’on en est arrivé à banaliser la mort. Là où avec un mort, c’est déjà une victime de trop, les récentes attaques ont fait plus de 20 morts sans que cela n’émeuve qui que ce soit. Il n’y a que les tenants de l’actuel pouvoir pour s’inquiéter. Dans certains camps, on annonce même un ‘’match retour’’. De quoi ? On ne le dit pas. Et on fait le rêve d’être émergents à l’orée 2020. Avec une telle ambiance délétère ? Quel investisseur sérieux, consciencieux et crédible se risquerait dans un pays en guerre ? Le temps de la guerre est fini, passons à la paix….

Editorial signé JMK AHOUSSOU
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