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Politique Publié le samedi 13 octobre 2012 | Le Patriote

Condamnation des assassins du colonel-major Adama Dosso : Les grandes leçons d’un procès

© Le Patriote Par PRISCA
Tribunal d`Abidjan Plateau: le procès du général Dogbo Blé et des militaires ex-FDS en cours
Mercredi 03 octobre 2012. Abidjan. Palais de justice du Plateau. Poursuite du procès du général Dogbo Blé et des militaires ex-FDS poursuivis pour les crimes commis pendant la période post-électorale
Débuté le 2 octobre dernier, le procès de l’assassinat du colonel major-major Adama Dosso, a livré son verdict avant-hier. Le juge Kanga Maturin, premier président de la cour d’appel d’Abidjan, après des débats houleux à la barre, a tranché. Il a ainsi établi la culpabilité des sous-officiers, qui, très vite passés à table, ont surtout reconnu la complicité des officiers, notamment, le commandant Kipré Yagba et le général Diogbo Blé Brunot, dans la commission du crime du 12 mars 2011. Après quoi, il a infligé aux prévenus des peines allant de 5 à 15 ans de prison ferme.

Mais que retenir du premier grand procès sous le régime Ouattara, qui a dominé l’actualité en Côte d’Ivoire pendant plus d’une semaine?

Au plan de l’organisation, tout le monde s’accorde à dire que les choses ont été faites dans les règles de l’art. La cour a tenu à ce que toutes les parties jouissent de leurs droits en matière de procédures judiciaires. La défense, la partie civile, le parquet militaire et les prévenus se sont quant à eux exprimés et cela a donné lieu à des débats enlevés et à un procès chaud. Avec un calme olympien, le juge et ses assistants ont religieusement écouté, ont pris beaucoup de notes.

En somme, la cour a mené les débats avec brio. Au-delà des commentaires des uns et des autres, la première grande leçon à tirer est sans conteste celle qui dresse le constat, si ce n’est la fin, tout au moins l’amorce réelle de la fin du règne de l’impunité en Côte d’Ivoire. A travers ce procès, le message lancé par le gouvernement est clair : la parenthèse de l’impunité est définitivement fermée. Désormais, la justice est de mise. Et aucun criminel ne doit échapper à l’appareil judiciaire en ce qu’il doit répondre de ses actes et purger sa peine, s’il est reconnu coupable.

La parenthèse de l’impunité fermée

Ceci dans la droite ligne de l’engagement pris par le président de la République, dans la conduite des affaires de l’Etat, de donner toute sa place à la justice et à un état de droit où l’impunité sous toutes ses formes doit être combattue. Le premier grand procès sur les évènements qui ont émaillé la crise postélectorale, qui a pris fin avant-hier, matérialise, en effet, cette volonté ferme de faire de la Côte d’Ivoire un pays de justice où les droits des citoyens ne peuvent pas être piétinés sans crainte et en toute impunité. Cela d’autant que sous l’ancien régime des frontistes, cette impunité était devenue la norme. Des militaires et des civils, sans foi ni loi, disposaient du droit de vie ou de mort sur les citoyens ivoiriens. La vie humaine, pourtant sacrée, était devenue si banale que les tueurs de la République n’hésitaient pas un seul instant à ordonner et à faire assassiner de tous ceux qui ne chantaient pas l’hymne de la refondation. A la place du jugement et de la prison en cas de culpabilité, les commandos de l’ancien président donnaient la mort sans coup férir. Ainsi des milliers de personnes sur de simples soupçons d’appartenance à l’opposition d’alors sont passés de vie à trépas, par des exécutions sommaires et extrajudiciaires. Le chapelet des assassinats, des violations massives des droits de l’homme, des crimes… est long. «Mille morts à droite, mille morts à gauche, moi j’avance», avait déclaré l’ancien président à l’entame de son magistère, une sorte de carte blanche pour la commission des crimes. La suite on la connait. L’impunité étant la mère de toute les dérives, les soldats à la solde du l’ex-régime se sont vite abandonnés aux crimes de sang. Comme dans un film d’horreur, les tueurs du défunt régime ont fait montre de leur cruauté.

La vie humaine retrouve son caractère sacré

Aveuglés par la haine tribale, les soldats mais aussi des civils, se sont transformés en de véritables monstres pour leur peuple, surtout celui qui ne luisait pas dans le miroir du régime alors en place. Avec la bénédiction des anciens dirigeants de la Côte d’Ivoire, ils tuaient, massacraient sans être inquiétés outre mesure. Les escadrons de la mort la nuit tombée, procedaient à la chasse à l’homme en sillonnant les domiciles des personnes identifiées comme ennemis du pouvoir des refondateurs. En cas de capture, la sentence suprême était prononcée. Sans autre forme de procès, les victimes étaient sommairement exécutées. La dictature sans précédant instaurée à couté la vie à des milliers et de milliers de personnes.
Et le procès de l’assassinat du colonel major Adama Dosso a donné des preuves éloquentes de cette cruauté. «Le commandant Kipré m’a appelé dans son bureau et il m’a dit : ‘’sur ordre du général Dogbo Blé, vous allez au blocus du Golf, vous récupérez le colonel-major, vous l’éliminez physiquement et vous venez me rendre compte», n’a cessé de répéter à la barre le tueur du colonel, le sergent-chef Lagaud Léo Jean Noël. Ainsi, de manière froide, l’ancien pilote du premier président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, a été atrocement arraché à l’affection des siens par deux coups de feu de kalachnikov AK 47 tirés à bout portant au PK 42, sur l’autoroute du Nord. Dieu seul sait combien de personnes ont été tuées dans les mêmes circonstances durant ces 10 dernières années. En effet, les Ivoiriens ont encore en mémoire l’application du fameux article ‘’125’’, ordonné à ses troupes par Charles Blé Goudé. Sur ses instructions aux jeunes dits ‘’patriotes’’ des pères de familles comme ont été jetés dans les flammes sous le regard excité de leur bourreaux. Des êtres humains ligotés, aspergés de pétrole avant d’être jetés dans le feu. Il fallait être sous le régime de Laurent Gbagbo pour voir une telle cruauté en Côte d’Ivoire. Une cruauté qui défiait les dictatures les plus féroces dans le monde. Champion en tueries massives, le régime des socialistes ivoiriens a achevé de convaincre les observateurs de sa férocité en ouvrant le feu sur des femmes qui manifestaient leur ras-le-bol devant sa volonté de confisquer le pouvoir d’Etat malgré une lourde défaite dans les urnes.

L’opinion nationale et internationale constate certainement avec enthousiasme le retour en force de la justice en Côte d’Ivoire. Ce pays qui avait perdu de sa superbe sous le régime de Laurent Gbagbo retrouve ses lettres de noblesses et surtout sa place dans la marche des nations du monde.
Lacina Ouattara
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