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Économie Publié le jeudi 25 octobre 2012 |

Interview / Guy-Francis Kodjo, directeur de Côte d’Ivoire Tourisme : "500.000 visiteurs à l’horizon 2015"

© Par Emma
32è Journée mondiale du tourisme: la Sodertours-Lacs et ses partenaires célèbrent l`événement à Yamoussoukro
Jeudi 27 septembre 2012. Yamoussoukro. A l`initiative de la Sodertours-Lacs dirigée par Mme Malekah Mourad-Condé, opérateurs du monde de la restauration, de l`hôtellerie, du transport et du tourisme et autorités administratives et coutumières se retrouvent pour célébrer la 32è Journée mondiale du tourisme sur le thème: "Tourisme et énergie durable: propulser le développement durable". Au programme: cross populaire, parade, concours de garçons de café, visite de sites touristiques, etc.
La Côte d’Ivoire remonte à pas de géant la pente après la plus grave crise de sa vie. Tous les secteurs d’activité ont été sinistrés. L’industrie touristique n’a pas été épargnée. Elle a payé un lourd tribut à la guerre. Dans cette interview, M. Guy-Francis Kodjo, directeur de Côte d’Ivoire Tourisme, fait le bilan de la crise et jette les bases d’une nouvelle Côte d’Ivoire touristique. Tout simplement merveilleux et prometteur !


Monsieur Guy-Francis Kodjo, depuis quand êtes-vous à la tête de Côte d’Ivoire Tourisme ?
J’ai pris fonction à la tête de Côte d’Ivoire Tourisme, après un appel à candidatures. J’ai donc été retenu au début du mois d’août 2012 pour conduire les destinées du Tourisme ivoirien.

Vous dirigerez cette direction du ministère du Tourisme pendant combien d’années ?

Le nombre d’années n’est pas défini. Je suis un fonctionnaire. L’appel à candidatures n’était pas une obligation pour le ministère. Habituellement les directeurs qui m’ont précédé ont été nommés directement par le Président de la République sur proposition du ministère. Mais cette fois-ci le ministre a voulu choisir parmi les meilleurs atouts pour le Tourisme ivoirien et conduire sa politique de promotion de la destination Côte d’Ivoire. J’ai donc soumissionné et j’ai été retenu. Le temps de présence ici n’a pas été indiqué dans cet appel à candidatures. En tout cas, je souhaite rester le plus longtemps possible pour mettre en œuvre tout mon plan et mon programme stratégique que j’ai proposé à tous mes collaborateurs.

Aujourd’hui, vous êtes à la tête de Côte d’Ivoire Tourisme. Pouvons-nous savoir dans quel état vous l’avez trouvé ?

(Rire). Vous savez que l’administration est une continuité. Des activités ont été menées, des actions aussi avec une vision précise. La Côte d’Ivoire a participé par le biais de Côte d’Ivoire Tourisme à pas mal de manifestations promotionnelles. La Côte d’Ivoire est assez connue à l’étranger. Le problème que nous avions eu est que nous étions en pleine crise. Cette crise a contribué à ternir notre image. Aujourd’hui, nous venons dans un souci de réhabiliter cette image écornée par près de 10 ans de crise. Et nous pensons qu’à la fin de notre mandat à réussir à replacer notre pays dans la position qu’elle occupait et faire en sorte que notre pays compte vraiment dans le concert des Nations.

Dix ans de crise. Est-ce à dire qu’il n’y avait pas de tourisme en Côte d’Ivoire ?

Bon, quand on regarde les chiffres, il y en a eu. Mais en 1999, nous avons eu le pique avec 376000 arrivées et nous avons chuté en 2010 avec 260000 touristes. En 2011, nous avons remonté avec 16000 en plus et nous avions 276000 touristes. Vous savez que là où il y a des problèmes, les touristes n’y vont pas. Aujourd’hui, avec la paix retrouvée et la politique de relance du Chef de l’État, les visiteurs commencent à se bousculer à nos portes. En tout cas, nous sentons une reprise.

Pour cette reprise du tourisme ivoirien, peut-on savoir ce que vous proposez pour que les touristes se bousculent à nouveau à vos portes ?

Nous jouons sur ce que nous avons de particulier par rapport aux autres destinations concurrentes. Nous vendons par exemple notre cacao. Vous savez que nous sommes premier producteur de cacao dans le monde.

Qu’est-ce que le cacao a de touristique ?

Je vais vous l’expliquer. Aujourd’hui, les visiteurs ne se déplacement pas pour aller voir des buildings, des restaurants ou des hôtels huppés. S’il s’agit de voir ça, ils en ont chez eux. Ils recherchent le dépaysement. Ils recherchent ce qui est particulier. Ils recherchent cette joie de vivre qu’ils ont perdue chez eux. Ils cherchent à vivre les rites et traditions des populations d’accueil. Et nous, nous sommes premiers producteurs de cacao. Nous créons des circuits autour du cacao. Le planting d’abord, ensuite la cueillette de la cabosse de cacao, l’ouverture de la cabosse, le séchage des fèves, la fermentation, la réduction en poudre dans les plantations, les contes, le soir après le travail des champs autour d’un feu de bois soit à la belle étoile, soit dans des établissements comparables aux campements qui sont en réalité des loges, comme l’a dit le Chef de l’Etat dans l’un de ses axes de développement du Tourisme dans son discours programme. Il souhaite que nous puissions construire des hôtels qui sont comparables aux loges d’Afrique du Sud ou de la Tanzanie. Donc il faut créer ces types d’hébergements à l’intérieur ou à la périphérie des plantations et des autres produits d’exportations. Il faut jouer sur ce que nous avons de particulier. On ne peut pas mettre en avant le balnéaire.

Les gens ne voient pas les produits d’exportation comme des opportunités pour attirer des touristes. Cependant, qu’en est-il pour les civilisations et les cultures traditionnelles ivoiriennes ?

Nous ne voyons pas d’intérêt touristique autour de nos produits agricoles. Mais ceux qui viennent de l’extérieur le voient et ça les intéresse. Au mois de septembre dernier, nous étions à Top Resa à Paris, le plus grand salon en France. Je vous informe en passant que 40% de notre clientèle provient de la France. Alors que dans notre stratégie, nous avions voulu inscrire la Côte d’Ivoire au programme des T.O. (Tour opérateur) sur la saison touristique 2013-2014, nous sommes partis avec des produits autour des circuits cacao, déjà en 2013, les T. O vont commercialiser la destination Côte d’Ivoire. Ce sont des T.O d’aventure. Nous sortons de crise, le potentiel touristique a été entaché. Nous savons vendre du tourisme et c’est par ces T.O que nous allons replacer la Côte d’Ivoire là où elle était avant la crise. Nous jouons aussi sur d’autres produits culturels. Nous avons la plus grande basilique au monde, les gens oublient de la dire. Au début de ce mois, nous étions à Yamoussoukro avec le recteur de la basilique Notre-Dame de la Paix avec qui nous avons entamé des démarches en vue de la commercialisation de cette destination. Nous avons en projet de créer une liaison entre Rio de Janeiro et Yamoussoukro pour vendre la basilique Notre-Dame de la Paix, la Grotte d’Issia, la cathédrale de Raviart, le sanctuaire marial, la cathédrale Saint Paul, vous avez dû apprendre tout ce qu’il y a eu autour de la Vierge Marie ces derniers temps. Tout cela constitue autant de curiosité et de produit à vendre aux touristes. De l’autre côté, nous avons des mosquées séculaires de Samory Touré à Kong, les mosquées de Sorobongo, les 1000 mosquées de Bondoukou, le camp des féticheuses de Tanguela. Donc le produit culturel et religieux est viable. Nous le commercialisons. Nous avons créé des circuits qui sont en train d’être testés par nos équipes ici et enfin, nous les mettrons à la disposition des grossistes, des opérateurs et de nos agences de voyages pour la commercialisation.

Est-ce seulement au cours des salons où est-ce que vous-mêmes vous faites la promotion autour du tourisme ivoirien ?

En matière de communication, nous avons décidé de prendre une offensive en arrivant à la tête de Côte d’Ivoire Tourisme. La communication est vraiment importante dans la commercialisation de nos atouts touristiques. Pour l’instant, nous sommes en train de renouveler la banque d’images de Côte d’Ivoire Tourisme. D’ici à quelques semaines, nous aurons plus de 3000 différentes images disponibles. Notre équipe de communication est en train d’achever une mission que nous lui avons confiée. Toute la Côte d’Ivoire a été sillonnée de long en large pour capter des images photographiques et des images vidéo. Nous sommes en train d’engager un partenariat avec la télévision ivoirienne, la RTI1 et la RTI2 pour avoir des temps d’antenne, avec aussi les journaux pour présenter les potentialités touristiques de notre pays. Nous développons aussi le tourisme intérieur pour amener les Ivoiriens à se déplacer dans les autres régions du pays.

Aujourd’hui, avec les TIC, tout va très vite. Est-ce que vous avez un site promotionnel ?

Malheureusement, non ! Nous n’avons pas trouvé de site. Mais ça a été l’une de nos priorités. Nous venons de lancer la préparation du site. D’ici à début janvier 2013, tout sera en ligne. Le site sera déjà disponible pour le mois de décembre 2012. Ce sera un site très dynamique. Il va fédérer toutes les actions de promotion qui invitera à la destination Côte d’Ivoire.

Dans le temps, les ponts de lianes étaient une attraction touristique. Que sont devenus ces mythiques et mystiques ponts de l’Ouest de la Côte d’Ivoire ?

Il ne reste rien des ponts de lianes. Ils ont été détruits malheureusement. Toutefois, nous sommes en train de contacter l’ONUCI qui avait aidé le ministère du Tourisme en 2006 à reconstruire l’un des ponts de liane qui a été celui-là aussi, malheureusement détruit. Vous connaissez l’histoire des ponts de lianes. Ce sont des ponts qui se construisent de manière mystique en une seule nuit. Mais il faut des appuis financiers importants et nous sommes en train de mener une démarche en direction de l’ONUCI pour réhabiliter quelques ponts de liane. Parce que le ministre du Tourisme accorde une attention particulière au tourisme dans les montagnes. Essentiellement le tourisme de santé parce que dans les montagnes, nous avons un climat particulier propice à la santé. L’Ouest montagneux avait un festival important, le Guéhéva qui a disparu aussi. Et nous comptons le ressusciter. C’est un projet à long terme. Le ministre tient à restaurer le tourisme dans l’Ouest. Gouessesso et les Cascades de Man existent toujours. Il faut donc créer autour de ces éléments une attraction et une bonne promotion.

Il y a seulement deux mois et quelques jours que vous êtes à la tête de Côte d’Ivoire Tourisme. Quel est donc votre programme de relance véritable du tourisme ivoirien en 2013?

Le Président de la République a dit qu’il faut commercialiser la destination Côte d’Ivoire à travers un partenariat Secteur public Secteur privé. Le troisième axe qu’il a donné dans son programme. Le deuxième axe était la baisse du coût du transport aérien et le premier axe étant la construction de dix à quinze hôtels de haut standing durant cinq ans. Donc sur ce troisième axe qui nous concerne directement, pour 2013, nous allons amorcer une démarche qui, nous pensons, va être porteuse. Nous avons commencé à administrer un questionnaire auprès des opérateurs privés du secteur, des bailleurs de fonds, auprès des collectivités décentralisées, des établissements de formation et des populations pour recueillir leurs avis et suggestions sur le plan d’action à mener pour la saison touristique 2012-2013 qui commence à la mi-octobre, après la petite saison des pluies, pour s’achever à la mi-mai, avant la grande saison des pluies. Le 5 novembre prochain, nous organisons un atelier de validation. Et cet atelier de validation va donner lieux à un programme minimum consensuel de tout le monde. Ce programme minimum consensuel va être présenté officiellement le 6 novembre 2012 par le ministre du Tourisme, au cours d’une grande cérémonie. Et ce programme-là va nous servir de baromètre pour la relance du Tourisme sur cette période. C’est un plan d’action qui va refléter les aspirations de tous.

Monsieur le directeur, parler de tourisme, c’est aussi parler des guides touristiques. Comment comptez-vous réorganiser ce secteur qui a longtemps vécu du bénévolat ?

Ce que je peux vous dire, c’est dans le programme de formation du ministère du Tourisme, pas de Côte d’Ivoire tourisme, il y a un pan important qui a trait à la formation. Le ministre du Tourisme a envoyé en formation au Maroc, la première tranche de 32 bacheliers, l’année dernière pour les métiers de l’hôtellerie, du guidage et de l’animation touristique. Et cette année, 38 bacheliers ont été admis dans les établissements de l’office de formation professionnelle et de la promotion du travail du Maroc. Il y a aussi une vingtaine d’opérateurs économiques du secteur qui ont été aussi envoyés en formation continue par le ministre du Tourisme en cet office-là. Et cette année, des guides seront formés dans notre Centre d’application de Daoukro et au Maroc, très bientôt. C’est important, parce que depuis près de vingt ans, nous n’avons plus formé de guide en Côte d’Ivoire.

Le tourisme, c’est aussi la garantie de la sécurité des visiteurs. Y a-t-il des procédures particulières à suivre pour bénéficier de la sécurité pour les familles ou des groupes touristiques ?

Je voudrais vous dire que nous avons envoyé une équipe sillonner la Côte d’Ivoire à la recherche d’images et réaliser des films promotionnels. C’était une équipe de quatre Français. Une Française et trois Français qui étaient accompagnés par deux de mes collaborateurs de Côte d’Ivoire Tourisme qui ont sillonné durant quinze jours toute la Côte d’Ivoire. Nous n’avons pas mis d’agent de force de l’ordre à leur disposition. Ils se sont déplacés à travers la Côte d’Ivoire sans armes et sans garde du corps. Nous avons été nous-mêmes surpris du compte rendu qu’ils nous ont fait. Partout où ils sont passés, c’était l’accueil, l’ambiance, sur la route, ils n’ont pas été dérangés par les forces de l’ordre qui étaient assez contents de les voir parce que depuis des années, ils n’avaient plus vu de blanc. Et c’était la preuve pour eux que le touriste était en train de revenir. Donc il n’y a pas de disposition particulière à prendre. La Côte d’Ivoire est classée zone jaune depuis quelque temps par le Quai d’Orsay. Cela veut dire qu’elle est fréquentable. On n’est pas dans la zone orange encore moins dans la zone rouge. Nous sommes dans la zone jeune. Et vous n’avez qu’à voir avec les arrivées à l’aéroport Félix Houphouët Boigny. Les gens reviennent. On vient d’achever le Forum Frano Ivoirien qui a drainé de nombreux investisseurs français. Ils ont vécu cet événement dans une convivialité sans pareille. Et ils sont prêts à en parler dans leur pays. C’est aussi important pour le tourisme ivoirien.

Le Tourisme, ce n’est pas seulement l’affaire du ministère et de Côte d’Ivoire tourisme. Il y a aussi la population. Quelle est donc la partition à jouer par la population ivoirienne ?

Je vous ai dit que le gouvernement fait du tourisme l’un des piliers essentiels du développement économique et social de la Côte d’Ivoire. Et l’aspect social concerne la population. En faisant la promotion du circuit autour du cacao qui est planté en zone rurale, les premiers bénéficiaires sont les populations. Nous mettons en avant le tourisme solidaire où les populations recueillent directement les fruits sans passer par des intermédiaires. Nous sommes en train de promouvoir l’hébergement chez l’habitant. Nous sommes en train de recenser dans les villages et campements des chambres que nous aménagerons avec un certain confort pour que les populations, les Asiatiques, les Européens, les étrangers puissent vivre les réalités de nos populations ivoiriennes. Nous allons bâtir une école à la périphérie des plantations dans la région de Soubré, la région de Soubré étant la première productrice de cacao en Côte d’Ivoire. Donc les populations ivoiriennes bénéficient directement des retombées du tourisme de Côte d’Ivoire.

Que doivent-elles faire pour vous accompagner dans cette relance du tourisme ?

Nous ne leur réclamons que le sourire. Seulement le sourire. Quand nous sommes allés au Salon Top Resa, nous avons confectionné une pancarte de 12,5m sur laquelle il y avait une jeune fille avec un sourire. Cela a accroché tout le monde. Parce que chez eux, ils ne sourient plus. On demande aux populations de revenir dans leurs valeurs anciennes. Sourire, accueil, hospitalité. Et c’est tout. Sur ce point, le sourire est un investissement de plusieurs milliards. Le sourire accroche les visiteurs.

Après toutes ces choses acquises. Quel est l’objectif à atteindre ?
À l’horizon 2015, nous visons 500.000 touristes par an.

Interview réalisée par Guy TRESSIA.(Source Lebanco.net)
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